Nouvelles de l'environnement

Cameroun : Une plainte contre une activiste environnementale et journaliste

Vue aérienne d'une plantation de palmiers à huile dans une reserve au Cameroun

Vue aérienne d'une plantation de palmiers à huile dans une reserve au Cameroun

  • Malgré l’opposition de certains activistes camerounais, au moins 7500 ha ont été attribués pour une valeur de 22.540.000 FCFA (soit $36.650.40) à la société forestière et des services du Cameroun, la société forestière des frères du Cameroun et la société d’exploitation forestière Sani et fils.
  • C’est dans le cadre d’un projet de développement d’extension des palmeraies de la société Camvert S.A. à Campo, département de l’Océan, région du Sud, que le Ministre Jules Doret Ndongo a signé des arrêtés qui accordent ces terres.
  • Selon certains activistes, l’extension des cultures de palmiers à huile dans certaines régions a perturbé la quiétude des éléphants et ceux-ci ont dû quitter leurs habitats et en passant ils auraient endommagé des cultures, ce qui a fâché les habitants.
  • A part que les sociétés des plantations des palmerais sont accusées de la destruction des forêts, surtout à Campo, les ONG trouvent aussi que les incursions des éléphants sont aussi liées à la perturbation de leurs quiétudes dans la réserve qui porte le même nom. Ainsi, une journaliste militante de l’environnement a été traînée devant la justice par une société impliquée dans la vulgarisation des palmeraies.

Bopanga Chantaline est une amoureuse de l’environnement, connue au Cameroun depuis un certain temps. Mère de 9 enfants, depuis le 13 décembre 2022, elle vit dans la peur de se faire arrêter par les forces de sécurité de Campo qui lui reprocheraient d’avoir porté atteinte à l’image de Camvert S.A.  Cette dernière est une société qui s’occupe de la plantation des palmiers à huile.

Bopanga Chantaline a fait des descentes sur le terrain et a recueilli des témoignages sur l’incursion des pachydermes, des incursions survenues entre fin novembre et début décembre 2022 à Mintom, un village situé non loin du parc national de Campo Ma’an.

Selon Bopanga Chantaline, activiste et journaliste environnementaliste, des réunions sont organisées par certaines des autorités lors desquelles sa culpabilité de ternir l’image de la société Camvert S.A. est souvent répétée, ce qui la pousse à craindre pour sa sécurité.

Même si la militante Bopanga Chantaline semble avoir peur pour son travail, certains des habitants proches de Campo Ma’an veulent des réparations après le passage des pachydermes dans leurs champs de bananes, d’ignames, de manioc et de canne à sucre.

Naomie Akap est l’un des habitants qui sont sur cette voie. Elle souligne qu’elle a déposé une plainte après la destruction de plus ou moins 30% de son champ situé à Mintom Ville non loin du parc national de Campo Ma’an.

Elle indique que 6 éléphants ont quitté leurs habitats pour venir dans son champ, visiblement à cause des dérangements subis par ces pachydermes dans leurs habitats.

Au niveau de Mongabay, nos tentatives de joindre le conservateur du parc national de Campo Ma’an sont restées infructueuses.

 

Les autorités réagissent

Abessolo Evariste, le maire de l’arrondissement de Campo 1er, joint par téléphone, tente de s’assurer que même avant les éléphants sortaient de leurs habitats pour aller se balader dans les champs bien avant l’arrivée de Camvert S.A. à Campo.

Abessolo Evariste nous a expliqué : « Ces sorties sont assez récurrentes, les éléphants sortent du parc national de Campo Ma’an, les populations ont tendance à dire que c’est à cause de Camvert.  Je dirais non, vivre à côté du parc national Campo Ma’an qui n’a pas d’enclos expose les populations des villages frontaliers à des sorties des animaux… »

Cependant, le maire de Campo 1er n’exclut pas le fait que l’extension démesurée des plantations de Camvert S.A. à proximité du parc national de Campo Ma’an pourrait être « un levier » des sorties plus fréquentes des pachydermes.

Des terres au profit d’un projet de développement pour Camvert à Campo

Plusieurs ventes de coupes de bois ont été accordées à plusieurs sociétés forestières, notamment la société forestière et des services du Cameroun, la société forestière des frères du Cameroun, et la société d’exploitation forestière Sani et fils, selon des informations des autorités locales.

Selon ces mêmes informations, chacune de ces sociétés bénéficie de 2500 ha de terres, ce qui signifie un cumul de 7500 ha dans le domaine de l’Etat à Campo, non loin du parc national de Campo Ma’an dans le département de l’Océan.

Que disent les ONG de défense de l’environnement ?

Dans la note d’analyse publiée conjointement par les ONG Greenpeace Africa et Green Development Advocates, elles dénoncent entre autres « des irrégularités » sur le plan juridique des arrêtés et appellent à l’annulation de ceux-ci.

Se basant sur une loi de 1994 portant régime des forêts, de la faune et de la pêche au Cameroun, dans son article 55 (1), « Une vente de coupe dans une forêt du domaine national est au sens de la présente loi, une autorisation d’exploiter une superficie ne pouvant dépasser deux milles cinq cent (2500) hectares ».

Mais selon les défenseurs de l’environnement, un total de 7500 ha de terres a été attribué à Camvert S.A. par les arrêtés des autorités.

Les 3 arrêtés, signés du ministre des forêts et de la faune Jules Doret Ndongo et cités plus haut, laissent apparaitre dans l’article 15 la possibilité de renouvellement des concessions sans un simple avis d’experts compétent.

Par ailleurs, la loi de 1994 portant sur régime des forêts au Cameroun en son article 55 (2) dit que « dans la forêt du domaine national, les ventes de coupe sont attribuées après avis d’une commission compétente pour une période de trois ans non renouvelable ».

La chargée de la communication de Greenpeace Africa Cameroun Feukeng Luchelle a annoncé à la rédaction, jointe par téléphone jeudi en fin de journée, que Bopanga Chantaline, l’activiste qui avait pris les images des dégâts causés par les éléphants, avait été libérée après une brève détention au commissariat de sa région.

 

Photo:Vue aérienne d’une plantation de palmiers à huile dans une reserve au Cameroun/ Photo de Mongabay

 

Quitter la version mobile