Nouvelles de l'environnement

Burundi : Des jeunes créent des usines de production du charbon pour préserver les forêts

Vue interne de l'usine Kage dans la ville de Bujumbura.

Vue interne de l'usine Kage dans la ville de Bujumbura.

  • Le Burundi, pays se trouvant à cheval entre l’Afrique Centrale et l’Afrique de l’est, est un pays montagneux qui a perdu la grande partie de ses forêts ces dernières décennies.
  • Des sources bien informées disent que ce pays, de 27.834 km2, a perdu plus de 90% des forêts notamment suite à la pression démographique, la guerre civile et l’usage des charbons pour la cuisson et d’autres besoins.
  • Pour faire face à ce problème, certains jeunes s’adonnent à la fabrication du charbon et de briquettes à partir des déchets ménagers. Des coopératives et associations naissent dans tout le pays.
  • C’est le cas des associations KAZE Green Economy, dans la ville de Bujumbura, et de la Coopérative pour l’Innovation et Entreprendre au Développement basée dans la province de Cibitoke au nord-ouest du pays.

C’est au nord de la ville de Bujumbura que Delphin Kaze a bâti son usine sur un terrain octroyé par l’Etat burundais.

La société Kaze Green Economy (KAGE) a été créée en 2017 par ce jeune de 27 ans lauréat d’une université basée au centre du pays à Gitega, la capitale politique du Burundi.

Delphin Kaze, directeur général, de Kaze Green Economy explique que cette initiative lui est venue en tête alors qu’il était en 2ème année à l’université dans la faculté des Sciences de l’Environnement en 2017.

Il affirme avoir mis sur pied la société en vue de protéger l’environnement, et surtout pour lutter contre la déforestation à cause du bois de chauffage et le charbon de bois qui sont les principales sources d’énergie pour la cuisson.

« Au KAGE, on produit du charbon écologique à base de rafle de maïs, de balle de riz, de parche de café, de résidus des charbons de bois, de palmiers et d’autres résidus agricoles en général. On contribue dans la gestion des déchets organiques. Ceci est aussi important pour lutter contre la déforestation et ainsi préserver nos forêts », souligne Delphin Kaze.

Selon ce jeune homme, le Burundi perd chaque année 5 milles hectares de forêts à cause du charbon de bois. Ceci, alerte-t-il, est très alarmant. Raison pour laquelle il faut une solution innovante à travers l’énergie propre pour sauver les forêts.

« Mon Souhait était de rendre disponible une source d’énergie propre, créer de l’emploi et monter un business qui contribue dans le développement du pays », justifie M. Kaze.

Alors qu’il a commencé à travailler seul en 2017, l’entreprise a grandi rapidement jusqu’à  8 personnes à fin 2019. Actuellement KAGE a plus 40 employés permanents et plus de 20 journaliers. « Nous devons cette croissance aux efforts fournis par l’équipe. »

La presse, l’Etat et d’autres bailleurs ont joué un rôle important pour l’accompagner dans ce projet et l’aider à avancer.

Les médias dans un premier lieu ont contribué dans sa visibilité en publiant des articles parlant de ses activités. Convaincu par son travail, l’administration qui lui a accordé un terrain pour opérer dans un deuxième temps, estime Kaze.

Après quoi, indique-t-il, KAGE a eu l’appui technique et financier du Programme des Nations Unies pour le Développement (PNUD) Burundi et du ministère de l’Energie du gouvernement burundais.

Quant aux clients, ce sont principalement les ménages, les restaurants, les hôtels, les camps militaires, les camps policiers, les camps des réfugiés, etc. qui s’approvisionnent auprès de lui pour leurs besoins.

Visite de l’usine

A l’intérieur d’une grande parcelle se trouvent quatre départements et l’usine dans la façade est. Des machines interconnectées y fabriquent du charbon et de briquettes sous la supervision d’une équipe technique. On y trouve aussi entreposée des tas de balle de riz qui servent de matières premières.

Des foyers améliorés et des tonnes de charbon sont dans un grand hangar se trouvant dans la partie nord tout  comme une partie des bureaux.

Dans la partie sud de l’entreprise, des techniciens s’activent dans l’atelier de fabrications  des foyers améliorés qui ne gaspillent pas le charbon, tandis que la partie ouest est composée de l’accueil et d’autres bureaux.

Difficile de comprendre comment un jeune homme de 27 ans qui est parti de rien a su atteindre un tel niveau en 5 ans. Mais, Kaze Delphin a la réponse. Selon lui, ce travail a été abattu par des membres de son personnel qui ont cru en son rêve et qui ont contribué à la réussite du projet.

Des jeunes travaillant dans la coppérative COIEDE qui produit des briqutte et charbon à base des dechets des ménages/Photo de Onesphore Nibigira

Un autre projet similaire à Cibitoke au nord-ouest du Burundi

A Cibitoke, les habitudes de certains habitants du centre urbain commencent à changer.

Quatorze jeunes se sont mis ensemble pour créer la Coopérative pour l’Innovation et Entreprendre pour le Développement (COIEDE). Celle-ci fabrique du charbon et des briquettes carbonisées à partir de déchets ménagers et de balle de riz.

« Nous collectons les déchets ménagers et la balle de riz dans différents coins de Cibitoke et Rugombo. Nous  produisons 2 tonnes et 400 kg par mois », fait savoir James Kwizerimana, assistant administratif, au sein la COIEDE.

La coopérative a commencé avec 14 membres. Aujourd’hui, indique James Kwizerimana, elle compte 40 membres, avec 16 employés.

Compte tenu des exigences, en moyens financiers, pour un tel investissement, M. Kwizerimana précise :

« Le grand capital c’était leur force d’abord. Au départ, ils avaient une machine manuelle. L’ONG néerlandaise SPARKS a constaté le sérieux de nos réalisations. Elle nous a octroyés une machine électrique. Par la suite, nous avons contracté un crédit auprès de la Banque d’Investissement des Jeunes (BIJ). »

Qui sont les clients ?

Les clients sont essentiellement des hôpitaux ; les habitants des environs et ceux de la ville.

Pour ne pas gaspiller le charbon qu’ils produisent, ils fabriquent eux aussi des foyers améliorés qu’ils installent dans les différents ménages selon les commandes.

Le charbon est emballé dans des sacs de 50 kg. Il coûte 20 mille francs burundais, soit 400F le kg. Ceci est moins cher que le charbon de bois que l’on obtient après déforestation et dont le sac coûte au moins 45000F actuellement.

Selon l’assistant administratif, l’objectif de la COIEDE est de parvenir à préserver l’environnement tout en favorisant la création d’emploi, l’auto-suffisante et en contribuant aux caisses de l’Etat à travers les impôts et taxes.

« Il est de notre devoir que la population ait accès à ce charbon et à ces briquettes », conclut-il.

Kaze Delphin, fondateur de KAGE/Photo de de Onesphore Nibigira
Kaze Delphin, fondateur de KAGE/Photo de de Onesphore Nibigira

Des problèmes

Les principaux problèmes rencontrés concernent les manques de moyens pour augmenter la production, pour ceux qui produisent le charbon à l’intérieur comme en ville.

Delphin Kaze ajoute que le transport vers les centres urbains pour la vente des produits reste un grand défi.

« Il y aussi une forte demande à l’extérieur du pays, que ce soit pour les foyers améliorés et les briquettes », dit Kaze Delphin.

KAGE et COIEDE veulent chacun sensibiliser les gens sur les bonnes pratiques en vue de préserver l’environnement et aussi dans la lutte contre les changements climatiques. Ils veulent promulguer les bonnes pratiques à adopter pour consommer et produire responsable.

« On sensibilise les population sur les manières de vivre au quotidien. Nous avons beaucoup de projets liés aux énergies renouvelables : la promotion de biogaz, la promotion des énergies solaires», fait savoir Dephin Kaze.

 

 

 

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