Nouvelles de l'environnement

Tous les yeux sont rivés sur Tesla à l’heure où le géant américain investit dans une mine de nickel en crise

  • Les investissements du géant américain Tesla dans la mine de Goro en 2021 ont ravivé l’espoir parmi la population locale de voir se profiler, grâce à la communauté internationale et aux nouveaux propriétaires du site, une solution aux problèmes de mauvaise gestion de l’environnement et aux déboires du passé.
  • Depuis 2010, cinq déversements d’acides, qui ont affecté les baies et les récifs environnants, ont été enregistrés dans la mine de Goro. Le site minier est également associé aux luttes du peuple autochtone kanak pour le droit à la souveraineté sur ses ressources et aux violentes manifestations de 2020.
  • La mine a été récemment rachetée par Prony Resources, dont les parts sont majoritairement détenues par des actionnaires néo-calédoniens, y compris les communautés locales. Les Kanaks se considèrent désormais parties prenantes et gardiens de la production de la mine.
  • Les organisations locales et les chercheurs prévoient toutefois de garder un œil attentif sur les impacts environnementaux de l’exploitation minière en Nouvelle-Calédonie, en particulier à l’heure du processus de gestion des déchets proposé par Prony Resources et des intérêts de la Chine pour la région.

GORO, Nouvelle-Calédonie – Au sud de Grande-Terre, la plus grande et principale île de Nouvelle-Calédonie, au sud du Pacifique, les montagnes s’élèvent telles des épines dorsales au-dessus d’un vaste lagon turquoise qui fait partie de la plus longue barrière continue de récifs du monde.

Territoire français d’outre-mer, la Nouvelle-Calédonie, située à environ 1 470 kilomètres au nord-est de Brisbane, en Australie, abrite le peuple autochtone kanak depuis des milliers d’années et possède une histoire et une culture aussi riches que son écologie.

« La majorité de la végétation du sud de l’île est endémique et c’est une région qui compte de nombreuses plantes médicinales », a déclaré Raphaël Mapou, chef kanak et directeur de l’organisation environnementale locale, Rhéébù Nùù. « Les légendes du peuple kanak parlent de l’importance des rivières [et] des océans. Le récif corallien est une source d’alimentation cruciale pour les Kanaks. »

Shallow coral reef in New Caledonia. Image courtesy of Jeremy Bezanger on Unsplash.
Récif corallien de faible profondeur en Nouvelle-Calédonie. Image de Jeremy Bezanger sur Unsplash pour Mongabay.

L’immense mine tentaculaire à ciel ouvert se trouve à seulement quelques kilomètres des célèbres lagons. Tenant son nom de la ville environnante, le site de Goro et son usine de traitement s’avèrent être un véritable test de résistance pour un pays qui est estimé détenir un quart des réserves mondiales de nickel.

L’arrivée de nouveaux propriétaires et investisseurs, dont le géant américain Tesla, constructeur de véhicules électriques, devrait permettre aux Kanaks et aux spécialistes de l’environnement de déterminer si les problèmes du passé pourront ou non être surmontés.

Les difficultés écologiques et financières ont affecté Goro dès le début de la production en 2010, lorsque le site était encore sous la direction du géant minier brésilien, Vale, son ancien propriétaire.

Au cours de la décennie précédente, cinq déversements de produits chimiques ont été enregistrés, entraînant la mort et la contamination de poissons. Pour les Kanaks, l’activité minière est également étroitement associée à leur désir de souveraineté et d’autonomie locale sur leurs ressources

Daniel Goa, dirigeant du plus important parti indépendantiste du territoire, a déclaré en 2019 le besoin pour la Nouvelle-Calédonie de « reprendre le contrôle de [ses] ressources naturelles et des secteurs clés contrôlés actuellement par les entreprises multinationales françaises » pour assurer une distribution plus équitable des richesses provenant de l’exploitation du nickel.

Deux ans plus tard, Goro était vendu à Prony Resources – un consortium local – et recevait des fonds d’investissement de Tesla. Avec plus de la moitié des parts de Prony Resources détenues par les actionnaires calédoniens, dont les communautés locales, les Kanaks se considèrent désormais parties prenantes et gardiens de la production de la mine.

Goro est le fournisseur exclusif de Tesla dans la région pacifique pour son marché des batteries rechargeables.

La décision de Tesla de s’engager dans un « partenariat technique et industriel » avec Prony vient se rallier au mouvement mondial d’abandon de la production fossile au profit des batteries lithium-ion pour les véhicules électriques. Les batteries lithium-ion, nécessaires à une transition énergétique « propre », sont extrêmement dépendantes de l’exploitation minière du nickel – appelée à croître.

Tesla charging station in San Jose, California. Image courtesy of Wolfram Burner via Flickr (CC BY-NC-ND 2.0).
Une station de recharge Tesla à San Jose, en Californie. Image de Wolfram Burner via Flickr (CC BY-NC-ND 2.0) pour Mongabay.

Avec un tel nom associé à la mine et le niveau d’attention et de surveillance qui pourrait être accordé par les organisations de défense de l’environnement et des droits humains à la production du site, l’espoir renaît parmi les militants kanaks et les membres des communautés en matière de protection de l’environnement et de création de futures opportunités d’emploi pour les travailleurs autochtones.

D’autres, qui se souviennent du bilan écologique et des violentes manifestations, préfèrent rester sur leurs gardes.

Nickel : une histoire conflictuelle

La France exploite le nickel en Nouvelle-Calédonie depuis la moitié du 19e siècle. Ce dernier joue un rôle si crucial au niveau de l’économie locale qu’il est devenu l’une des sources principales de revenu de l’archipel.

La Nouvelle-Calédonie a un PIB par habitant comparable à celui de l’Union européenne. Toutefois, si le territoire d’outre-mer et la France ont tous deux largement bénéficié des exportations minières, des différends subsistent autour de la reconnaissance des terres coutumières ou traditionnelles kanakes et des revenus financiers qui en découlent.

Le taux de chômage kanak officiel de près de 40 % sur une île pourtant riche en ressources naturelles est l’une des raisons principales de l’amertume locale à l’égard de la direction actuelle des mines de Goro.

Ces dernières années, les versements de redevances des exploitants de nickel aux communautés kanakes n’ont pas été encouragés par les autorités provinciales ; à la place, les fonds provenant de l’industrie minière ont été investis dans des entreprises et activités commerciales dans le cadre d’une stratégie de développement économique.

A burnt out car which was torched in protest during the controversial attempted sale of the Goro mine. Prony Resources, with shares majority owned by New Caledonian stakeholders, now manages Goro. Image courtesy of Lachie Carracher.
Une voiture incendiée en signe de protestation envers la tentative de vente controversée de la mine de Goro. Prony Resources, dont les parts sont majoritairement détenues par des actionnaires néo-calédoniens, dirige désormais l’exploitation. Image de Lachie Carracher pour Mongabay.

Le territoire d’outre- mer français a connu une longue, et parfois violente, lutte pour son indépendance au cours des cinquante dernières années. Sur les trois provinces du territoire, seul le Sud – qui abrite à la fois Goro et la capitale Nouméa – est gouverné par les loyalistes. Au cours des trois référendums d’autodétermination en Nouvelle-Calédonie, les Kanaks ont massivement voté en faveur de l’indépendance.

Le récent vote pour l’indépendance a été extrêmement controversé et la mine de Goro semblerait alimenter les tensions latentes.

Selon Séverine Bouard, géographe et agronome à l’Institut agronomique néo-calédonien au sein duquel elle dirige l’équipe de recherche « Territoires, Acteurs et Usages », l’ouverture de l’usine de traitement du nickel de Goro a été très politique dès le départ.

« L’usine de Goro a été établie au tournant du millénaire, juste avant Koniambo, une autre usine du nord de la Nouvelle-Calédonie », a-t-elle indiqué à Mongabay. « La création de Koniambo a été soutenue par la communauté et le mouvement pro-indépendantiste kanaks, car le projet était censé contribuer à l’indépendance économique du territoire et devait permettre de recouvrer une certaine souveraineté sur la gestion des ressources minières. »

En 2020, après des années de difficultés financières, Vale a tenté de vendre la mine à l’entreprise suisse Trafigura. Les contre-tentatives faites par les entreprises locales pour acheter la mine ont été deux fois rejetées par Vale et abandonnées par le ministère français des Outre-mer. En décembre de cette année-là, de violentes manifestations ont éclaté à Nouméa et autour de Goro, où l’accès à la mine a été bloqué et les véhicules ont été incendiés par des habitants en colère. On continue aujourd’hui de trouver des carrosseries de véhicules brûlés sur la route qui mène à la mine.

Nouméa, New Caledonia. Image courtesy of Laurent Gass Photographie via Flickr (CC BY-NC-ND 2.0).
Nouméa, Nouvelle-Calédonie. Image de Laurent Gass photographie via Flickr (CC BY-NC-ND 2.0) pour Mongabay.

En signe de riposte à la violence, un accord alternatif a été conclu et l’usine a été rachetée par Prony Resources, l’entreprise nouvellement établie et majoritairement détenue par des actionnaires locaux.

Cinquante-et-un pour cent des parts de Prony sont désormais la propriété des actionnaires néo-calédoniens, dont les employés de Prony Resources et les communautés locales kanakes, avec Trafigura détenant maintenant près de 19 % des parts. Les 30 % restants sont répartis entre la direction de Prony Resources et l’entreprise d’investissement international Agio Global.

Prony promet des investissements au niveau local et une inclusion sociale aux Kanaks, désormais parties prenantes au niveau de la production minière.

Un bilan écologique à reverdir

Après une décennie de négociations continues, la production à Goro n’a débuté qu’en 2010, avec, à la clé, le respect de certaines conditions exigées par le gardien de l’environnement local Rhéébù Nùù, comme la formation d’un comité environnemental visant à garantir l’établissement de recommandations et de rapports d’enquêtes.

L’une des principales actions entreprises par Rhéébù Nùù a été d’empêcher l’installation de pipelines transportant des déchets, y compris les métaux dissous, dans le canal de la Havannah, haut lieu de pêche de la population locale. Cette action de protestation a permis aux spécialistes de l’environnement locaux et aux communautés kanakes d’élever les thèmes de la sécurité et de la santé à un niveau de préoccupation majeure.

Nickel mining in Goro, New Caledonia, in 2007. Image courtesy of Sekundo via Flickr (CC BY-NC-ND 2.0).
Mine de nickel à Goro, en Nouvelle-Calédonie, en 2007. Image de Sekundo via Flickr (CC BY-NC-ND 2.0) pour Mongabay.

L’une des préoccupations clés en matière d’exploitation minière concerne la gestion des déchets, ou des résidus, créés lors du processus d’extraction. Si un pipeline transportant les déchets n’est pas installé, un barrage de retenue des résidus peut, lui, être envisagé. Une planification et une gestion solides sont requises pour empêcher les fuites d’acide, voire, dans des cas très sérieux, l’effondrement des barrages de stockage des résidus. Le barrage de retenue des résidus de Goro contiendrait près de 40 millions de tonnes de déchets.

Au cours de la décennie qui a suivi le début des opérations de Vale dans la mine de Goro, cinq fuites de produits chimiques ont été enregistrées. Celles-ci ont tiré la sonnette d’alarme sur la contamination de l’eau potable de la région et les dommages sur les récifs coralliens environnants. Comme en 2014, lorsqu’une fuite d’acide avait causé la mort d’un millier de poissons dans le cours d’eau de la baie nord.

Le rapport annuel sur le développement durable de Vale publié cette année-là, indique que la fuite n’aurait pas engendré d’effets à long terme sur l’environnement ou sur les communautés autochtones environnantes.

Les organisations kanakes, telles que Rhéébù Nùù, sont toujours dans l’attente de rapports supposés examiner l’impact que tout cela aurait entraîné sur l’environnement marin et la santé humaine.

Raphaël Mapou de Rhéébù Nùù estime qu’on ignore encore toutes les répercussions des opérations de Vale – en particulier celles concernant les déversements d’acide.

La Nouvelle-Calédonie possède l’un des plus grands parcs marins de la planète et est située dans l’océan qui abrite le projet de raffinerie de Goro. Ses récifs coralliens sont également reconnus comme patrimoine mondial par l’UNESCO.

Les fuites étaient liées à l’utilisation de techniques de lixiviation acide sous haute pression (HiPAL). Séverine Bouard explique qu’au lieu d’utiliser exclusivement la chaleur et la pression, différents produits chimiques sont ajoutés à l’HiPAL, pouvant générer des fuites de substances toxiques. À Goro, les sols en latérite, riches en oxyde de fer, ont une plus faible teneur en nickel. Cela incite à l’élaboration de nouvelles techniques d’extraction du minerai par des processus chimiques, menant ensuite au déversement et à l’entreposage de déchets potentiellement toxiques pour les écosystèmes.

A nickel processing cente in Noumea, New Caledonia's capital and largest city. Image courtesy of Lachie Carracher.
Un centre de transformation du nickel à Nouméa, capitale et plus grande ville de Nouvelle-Calédonie. Image de Lachie Carracher pour Mongabay.

« Le minerai dans le sol aux alentours de Koniambo est plus concentré qu’à Goro, ce qui facilite le recours aux techniques de pyrométallurgie maîtrisées depuis longtemps [bien qu’elles] émettent énormément de gaz à effet de serre », a-t-elle précisé.

Raphaël Mapou a créé Rhéébù Nùù en réponse, en partie, à l’utilisation suggérée des techniques HiPAL à Goro et aux menaces causées par les fuites d’agents polluants sur les récifs. Les défenseurs de l’environnement kanaks craignent depuis le début que cette nouvelle technologie ne présente des risques lorsqu’elle est stockée sous forme de déchets.

« Nous avions surtout peur de l’impact de la mine et de l’usine sur les forêts et l’environnement marin et des conséquences des fuites d’acide », a rapporté Raphaël Mapou.

Les craintes sur l’aptitude de Vale à poursuivre la gestion de la mine ont augmenté lors des effondrements de barrages survenus au Brésil lorsque l’entreprise était encore propriétaire du site de Goro.

L’effondrement du barrage de Fundão en 2015 a causé des dégâts particulièrement massifs à l’environnement lorsque 50 millions de tonnes de minerai et de déchets toxiques se sont déversées dans le Rio Doce, polluant le fleuve et les terres cultivées. Dix-neuf personnes ont trouvé la mort dans ce qui est devenu la pire catastrophe environnementale du Brésil.

Au moment de la publication de cet article, Vale n’avait pas donné suite à la demande de Mongabay sollicitant ses commentaires.

A defaced sign leading into the Goro minesite which references its former owner, minerals giant Vale. There were five reported acid leaks during its tenure. Image courtesy of Lachie Carracher.
Un panneau en piteux état menant à la mine de Goro et indiquant toujours le nom de son ancien propriétaire, le géant minier Vale. Cinq fuites d’acide ont été signalées au cours de son mandat. Image de Lachie Carracher pour Mongabay.

L’accumulation de déchets toxiques exige la construction d’une infrastructure qui permet de garantir la retenue des résidus, avec une attention particulière sur la proximité de la mine avec le bassin.

« La priorité numéro un [en matière de gestion des déchets] est probablement le système hydrologique », a fait observer Séverine Bouard. Elle a expliqué qu’en cas de fuite d’acide, ces substances peuvent être acheminées par l’eau et peuvent affecter les écosystèmes environnants. Elle a ajouté que comme l’eau contaminée traverse toutes les sphères de l’environnement, la propagation de la pollution peut avoir des effets catastrophiques sur l’écologie.

L’héritage de Vale pèse lourdement sur la mine de Goro, et la population locale attend maintenant de voir si Prony Resources parviendra à résoudre le problème de gestion des déchets.

L’entreprise prévoit de répondre à cette préoccupation numéro un à l’aide d’un projet appelé « Lucy », à savoir un procédé technique qui assèche les résidus humides des déchets d’acide utilisés dans l’exploitation minière.

Prony assure que le procédé Lucy réduit la concentration chimique de résidus miniers en maintenant l’eau de traitement stockée à un niveau minimum. Le consortium néo-calédonien affirme que cette technique « minimise le niveau de risque » associé à la technologie du barrage et réduit également le besoin de défrichements futurs, contribuant à la sauvegarde des habitats et de la biodiversité dans la région.

Au moment de la publication de cet article, Prony Resources n’avait pas donné suite à la demande de Mongabay sollicitant ses commentaires.

A waterfall near the mine of Goro running through the Gondwana-era forest towards New Caledonia's UNESCO recognized coral reef lagoons. Image courtesy of Lachie Carracher.
Une cascade située à proximité de la mine de Goro et coulant dans la forêt du Gondwana en direction des lagons et des récifs coralliens néo-calédoniens inscrits au patrimoine mondial de l’UNESCO. Image de Lachie Carracher pour Mongabay.

Fanny Houlbreque, chargée de recherche spécialisée dans les coraux tropicaux à l’UMR Entropie, Institut de recherche et de développement, a indiqué que les mines à ciel ouvert situées sur les collines de la Nouvelle-Calédonie ont également engendré des modifications importantes du paysage et de l’habitat. L’érosion naturelle du sol a augmenté et les métaux se sont déversés dans le lagon des récifs coralliens depuis les mines de nickel comme celles de Goro.

Le climat tropical de la Nouvelle-Calédonie et les alizés peuvent transporter de larges quantités de sédiments vers les récifs. Ce phénomène peut augmenter la turbidité de l’eau, avec des eaux troublées par les sédiments et enrichies en métaux qui viennent impacter la santé des coraux.

« Les récifs frangeants sont particulièrement sensibles à l’augmentation de dépôt de sédiments et à la diminution de pénétration de la lumière – surtout d’une telle ampleur », a-t-elle expliqué.

Selon Raphaël Mapou, ce qui est primordial, c’est que le peuple kanak puisse avoir son mot à dire dans toutes les procédures mises en place pour la protection de leurs terres.

« Au sein du nouveau projet à Goro, nous sommes parties prenantes et par conséquent acteurs », a-t-il précisé. « Mon espoir est que nous obtenions, grâce à un contrôle quotidien, des réponses objectives sur le suivi environnemental et que cette usine chimique soit totalement maîtrisée. »

De nombreux intérêts en jeu

« La Nouvelle-Calédonie assure le rôle de meneur régional dans le Pacifique sur les questions sociales, mais ceci, uniquement parce que nous avons des politiques publiques solides », a fait observer Séverine Bouard. « Si vous consultez les politiques relatives à la reconnaissance des droits des autochtones en Nouvelle-Calédonie, vous vous apercevez que la syndicalisation est plutôt forte. En matière d’emploi local, Prony a déclaré qu’il allait employer des milliers de travailleurs locaux. »

Séverine Bouard estime être confiante quant aux résultats positifs que pourront engendrer le rachat de Goro par Prony et les fonds d’investissement de Tesla sur à la fois la communauté et l’environnement.

Toutefois, Fanny Houlbreque reste, quant à elle, sur ses gardes : même si la hausse des opérations minière représente un véritable essor pour l’économie locale, elle constitue également un risque pour l’environnement. »

Mountain range in New Caledonia. Image courtesy of Jeremy Bezanger on Unsplash.
Chaine de montagne en Nouvelle-Calédonie. Image de Jeremy Bezanger sur Unsplash pour Mongabay.

Au moment de la publication de cet article, le siège de Tesla n’avait pas donné suite à la demande de Mongabay sollicitant ses commentaires.

Dans son dernier rapport annuel sur les impacts environnementaux, sociaux et de gouvernance, Tesla affirme avoir conçu une approche pour une exploitation minière éthique se concentrant sur deux piliers : un approvisionnement direct auprès des entreprises minières et une collaboration directe avec les communautés locales.

Les communautés kanakes ne sont pas les seules à surveiller les mouvements de Tesla ; le constructeur géant des véhicules électriques opère au sein d’un territoire avec des acteurs de gros calibre et des observateurs fortement intéressés. En 2010, l’année où Goro a débuté ses opérations, la Chine achetait 4 % des exportations néo-calédoniennes. En 2020, ces dernières sont passées à 57 %. Au niveau mondial, la plupart des batteries pour voitures électriques sont fabriquées en Chine, jouant un rôle pivot dans l’économie néo-calédonienne.

Ces dernières années, la Chine a identifié la vaste Zone économique exclusive (ZEE) de la Nouvelle-Calédonie, l’espace maritime et les fonds marins de l’archipel, comme source importante de cobalt, indispensable, à l’instar du nickel, à la fabrication de batteries. La ZEE détiendrait la même richesse en matière de métaux rares que la terre émergée.

Turtle Bay, Island of Pines (Île de pins), New Caledonia. Image courtesy of Jeremy Bezanger on Unsplash.
Turtle Bay sur l’Île de pins, en Nouvelle-Calédonie. Image de Jeremy Bezanger sur Unsplash pour Mongabay.

La présence croissante de la Chine dans la région a poussé le gouvernement français à réagir. Au cours des négociations sur la vente de Goro en 2020, l’État français aurait mis son véto à une offre d’une entreprise chinoise.

En juillet 2021, le président français Emmanuel Macron a réitéré le soutien de son pays aux territoires du Pacifique tout en condamnant les incursions des « puissances hégémoniques qui viendront chercher leur poisson, leur technologie, leurs ressources économiques. »

Grâce à ses territoires d’outre-mer, en particulier la Nouvelle-Calédonie, la France possède la plus grande ZEE du monde.

Le ministre chinois des Affaires étrangères a rendu visite à huit nations du Pacifique en mai dernier, un déplacement largement vu comme une manœuvre économique pour l’appropriation de ressources dans la région. Si la liste comprenait la Papouasie-Nouvelle Guinée, les îles Fidji, Vanuatu et les îles Salomon, la Nouvelle-Calédonie n’en faisait toutefois pas partie.

À l’heure où la compétition internationale pour l’appropriation des ressources sévit à proximité et aux alentours de la Nouvelle-Calédonie, le peuple kanak et les organisations de la société civile prévoient d’exiger des comptes à quiconque entreprendrait des opérations minières sur le territoire.

« Nous préparons la nouvelle génération à être à la hauteur des nouveaux enjeux environnementaux et civilisationnels », a déclaré Raphaël Mapou. « Je peux affirmer que les jeunes d’aujourd’hui, les jeunes dirigeants kanaks ne laisseront jamais se produire des accidents tels que les déversements chimiques que l’usine a eus dans le passé.

« Nous suivons chaque étape, tout ce qui se passe. »

Raphael Mapou, Kanak leader who established the environmental organization Rhéébù Nùù. Image courtesy of Lachie Carracher.
Raphaël Mapou, dirigeant et fondateur kanak de l’organisation Rhéébù Nùù. Image de Lachie Carracher pour Mongabay.

Pour compléter cette lecture, lisez notre article consacré à notre rencontre avec Raphaël Mapou, dans lequel le leader kanak s’exprime sur le nickel, Tesla et les deux décennies de défense de l’environnement, lire notre article ici.

 

Image de bannière : La mine de Goro dans le sud de la Nouvelle-Calédonie. Image de Lachie Carracher pour Mongabay.

Article original : https://news.mongabay.com/2022/06/all-eyes-on-tesla-as-it-invests-in-a-troubled-nickel-mine/

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