Nouvelles de l'environnement

Le Lac Tchad et son bassin menacés, crainte pour le bassin du Congo

Vue aérienne d'une riviere dans le bassin du Congo à Mbandaka, en République Démocratique du Congo. Photo de GreenPeace.

Vue aérienne d'une riviere dans le bassin du Congo à Mbandaka, en République Démocratique du Congo. Photo de GreenPeace.

  • Plus de 40 millions de personnes sont menacées suite à l’avancée du désert du bassin du Tchad. Ici, l’autre bassin, situé plus au sud, c’est-à-dire le bassin du Congo est plus que menacés suite à l’instabilité du premier.
  • Des gens fouillant des conflits liés à l’eau se déplacent vers le Cameroun dans le but de trouver pâturages pour les bêtes et se mettre à l’abri des conflits du Lac Tchad et son bassin, ce qui accentue la pression sur bassin du Congo, considéré comme le poumon de l’humanité après l’Amazonie.
  • Le Cameroun, le Tchad, le Nigeria, sont entre autre quelques pays au monde avec des réfugiés dus aux conflits de l’eau. La rareté de l’eau au Tchad pour satisfaire les besoins des personnes, des besoins agricoles et pastorales principale demande en eau ; est à l’origine des conflits intercommunautaires depuis 2007 jusqu’à 2022 plus précisément entre Arabes Shoa et les Boulala dans plusieurs régions notamment à Batha au village d’ Ambassatna, la région du Moyen Chari….
  • La coupe illégale de bois est rigoureusement réprimée au Tchad, ce qui n’est pas le cas au Cameroun où à 40 kilomètres du parc de Waza des populations riveraines avec la complicité de certains chefs, des réfugiés dévastent des arbres pour en fabriquer du charbon, ou pour vendre comme bois de chauffe par les populations.

Dans son rapport annuel de suivi du bassin du lac Tchad, la commission observe qu’en 2017 et 2018 « le volume d’eau total enregistré dans le lac en 2018 est de 31,59 kilomètres cubes […] environ 2500 kilomètres carrés ».

Cette statistique comparée à la superficie du bassin du lac Tchad qui est de 2397420 kilomètres carrés montre une baisse en  pourcentage de 0,10% du volume d’eau. En 2022, quatre ans plus tard le volume d’eau a continué à baisser  en tenant compte de la faible pluviométrie observée pendant les 4 dernières années.

« Si en  2018 le volume d’eau du bassin du lac Tchad doit être largement au-dessous aujourd’hui, nous devons déjà être dans le 1000 kilomètres carrés. A cause de la rareté des pluies qui joue énormément sur la quantité de l’eau », explique Felix Yanda ingénieur environnementaliste de l’association ASGARA (Association Garaïtouaya de Dana-Yagoua) joint par téléphone en juin 2022.

Le bassin du Lac Tchad est un bassin endoréique. C’est-à-dire qu’il est situé au tour d’un lac qui ne coule pas.

La montée du niveau de sable causé par l’érosion, l’apparition des plantes parasites dans le lac Tchad entre autres font croire que la superficie du lac Tchad reste la même ou augmente, bien au contraire le niveau des eaux diminue du jour au lendemain.

L’Évapotranspiration (ET)

L’évapotranspiration est un phénomène « biophysique de transfert d’une quantité d’eau vers l’atmosphère, par l’évaporation au niveau du sol et par la transpiration des plantes » selon Wikipedia.

C’est un autre phénomène qui fait que le niveau des eaux diminue au niveau du Lac Tchad. En effet, l’évapotranspiration qui se dégage après les rares pluies, augmente la chaleur et les vents secs qui balaient les pays riverains du lac Tchad.

« Ce vent est plus fort que l’alizé du nord » réagit un autre Aboubakar Sadik activiste et environnementaliste contacté par Mongabay.

Les dernières études faites sur le bassin du lac Tchad datent d’au moins 5 ans. Les résultats tirent la sonnette d’alarme selon laquelle, le Lac et le Bassin du Lac Tchad, non loin du bassin du Congo sont en danger.

La République du Tchad abrite environ 43,9% du bassin du lac Tchad et apparait comme un des pays les plus touchés par ces aléas climatiques.

L’eau comme source de conflit au Tchad

En 2007 dans la province devenue région de Batha, dans le village d’Ambassatna des affrontements opposèrent des « Arabes-Shoa » et les Boulala autour des puits d’eaux. Des conflits qui ont vu le jour à cause de la rareté de l’eau et qui continuent jusqu’à nos jours. Ces conflits ont amené les populations à fuir, plus vers le nord, au Sud vers le Cameroun notamment vers le bassin du Congo du coté camerounais et au Nigéria.

« Dans la région du Moyen Chari à Sandana pour résoudre le problème d’eau entre les agriculteurs et les éleveurs ; où il a fallu l’intervention du Chef de l’Etat l’ancien président Idriss Deby Itno » évoque Oubadjimdehba Désiré Coordinateur du Centre d’Etudes pour le Développement et la prévention de l’extrémisme (CEDPE) joint par téléphone.

Quand le manque de l’eau conduit vers l’extrémisme

Les choses ne sont pas faciles chez certaines tribus de la région, réagit Oubadjimdehba, qui lutte dans la région contre l’extrémisme violent.

Selon lui, la montée de l’extrémisme est aussi liée à la mauvaise gestion de l’eau et la pauvreté. Surtout dans un pays comme le Tchad où l’eau est très rare naturellement ; à cause de sa position géographique et son climat sahélien.

Les mesures gouvernementales parmi lesquelles la formation des brigades mixtes, et des comités de « veuilles » constituées par des autorités administratives et des populations locales n’ont pas empêchés les massacre à Abéché et de Sandana respectivement en janvier et février 2022, tout cas, à cause de l’eau.

« Malgré ces mesures il est toujours déplorable que les conflits deviennent de plus en récurent dans la zone rurales dont l’exemple du massacre à Abéché, de Sandana etc… », Oubadjimdehba, ajoute.

Environ 44.000 Camerounais réfugiés d’eau au Tchad

Les affrontements entre les Mosgoums et les Arabes-Choas entre octobre et décembre 2021 sont liés à « la gestion de l’eau » comme le reconnait le professeur  Koussoumna Liba’a Géographe et chef du département de la Météorologie à l’école nationale supérieure polytechnique de Maroua. Par conséquent plus de 30.000 camerounais se sont déplacés pour se rendre au Tchad voisin.

«  Ces récents conflits [intercommunautaires] ont engendré la fuite du Cameroun de plus de trente mille personnes pour chercher refuge au Tchad » Mahamat Idriss Deby Itno Président de la République unie du Tchad sur sa page officielle Facebook déplore.

Le professeur Koussouma Liba’a dans le même enregistrement suggère que «  dans la région il faut creuser des marre d’eau pastorales pour l’abreuvement des animaux tout au long des installations des éleveurs, dans les pâturages, autour des marchés où ses éleveurs vont vendre leurs animaux » pour éviter que les éleveurs partent abreuver leurs bêtes dans les marre d’eau creusés par les pécheurs.

La déforestation et l’avancée du désert dans le bassin du lac Tchad

La législation en matière de coupe d’arbre varie en fonction des pays du lac Tchad. Le Tchad est très sévère en ce qui concerne les prélèvements abusifs des arbres.

Photo de Désiré Oubadjidehba. Il est activiste africain qui tire la sonnette d’alarme pour la protection du bassin du Tchad et celui du Congo/ Christophe Nyemeck Beat

«  Il y a la loi 14 interdisant la coupe abusive des bois au niveau national et au niveau local. Dans la région du lac Tchad le gouvernement intensifie les mesures de répression et sur le non-respect de la loi 14 […] le ministre de l’environnement est à pied d’œuvre dans le tract des personnes  qui fabriquent du charbon de bois et des vendeurs de bois dans le cadre de la lutte contre l’avancée du désert »  affirme Oubadjimdehba Désiré.

Au Cameroun à 40 kilomètres du parc national de Waza au mois de mai 2022, plusieurs personnes ont été interpelées par les agents des eaux et forêts, les inculpés avaient en possession de plusieurs sacs de charbons et aussi de morceaux de bois. La législation camerounaise reconnait le droit d’usage pour les populations autochtones, cependant ce droit d’usage s’oppose à l’exploitation de la ressource à titre commercial.

Pour certaines associations qui militent pour la protection de l’environnement et des droits humains, la coupe illégale du bois dans et à proximité du parc national de Waza à un impact environnemental important. Cependant elles reconnaissent aussi que l’exploitation du bois constitue pour une majorité de famille riveraine une source de revenue tout comme pour certains réfugiés.

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