Nouvelles de l'environnement

Les impacts environnementaux de la cocaïne

  • La cocaïne est l’une des drogues illicites les plus utilisées dans le monde, consommée par environ 20 millions de personnes en 2019, principalement en Amérique du Nord et en Europe.
  • La production, le transport et la consommation de la drogue imposent un lourd tribut à l’environnement, avec des effets sur les forêts tropicales et les écosystèmes d’eaux douces et d’estuaires. Certains de ces effets, comme les impacts de la pollution sur les anguilles et d’autres espèces aquatiques ont été documentés, mais la plupart sont encore mal compris, beaucoup étant inexplorés.
  • Les peuples autochtones sont souvent en premières lignes des activités des gangs criminels dans les pays de production et de trafic. Souvent, lorsque de nouveaux itinéraires de trafic de stupéfiants sont établis, comme ceux qui existent en Amérique centrale, ces mêmes itinéraires sont utilisés pour d’autres activités criminelles comme le trafic d’espèces sauvages et le trafic d’armes.
  • Les chercheurs affirment qu’il n’est pas possible de détacher les dommages environnementaux occasionnés par le commerce de la cocaïne de la longue guerre contre la drogue. Les solutions mises en œuvre pour s’occuper du problème de la drogue, comme l’épandage aérien des cultures de coca, qui peut être localement efficace pour freiner la culture illégale, entraînent également de la déforestation et des dommages à la biodiversité.

Les impacts environnementaux de la cocaïne sont connus depuis longtemps. Des études ont sonné l’alarme dans les années 1990 sur la déforestation, la dégradation des sols et la pollution entraînées par le trafic de stupéfiants en Amérique latine. Aujourd’hui, les impacts tout le long de la chaîne d’approvisionnement des drogues illicites sont encore mieux compris et documentés, mais ils restent sous-estimés et sous-déclarés.

En attendant, la lutte titanesque continue entre ceux qui sont déterminés à freiner la consommation de drogues illicites et les forces de l’ombre déterminées à produire, trafiquer et consommer la drogue de la fête par excellence reniflée par des millions, qui participent à la perte de biodiversité, le changement indésirable d’utilisation des sols, la contamination des cours d’eau par des produits chimiques toxiques, et les industries criminelles voisines, comme le trafic d’espèces sauvages et l’orpaillage, contribuant même au changement climatique.

Des pays de production aux pays de consommation, la tristement célèbre poudre blanche, aussi appelée coke, laisse un sillage de dévastation qui contribue à la déstabilisation de « l’espace de fonctionnement sûr de la Terre », vital pour que notre planète reste habitable.

An estimated 20 million people used cocaine in 2019. Image by Jernej Furman via Flickr (CC BY 2.0).
Environ 20 millions de personnes ont consommé de la cocaïne en 2019. Image par Jernej Furman via Flickr (CC BY 2.0).

À la poursuite de la coca : en chiffres

En 2019, environ 234 200 hectares de coca ont été cultivés en Bolivie, au Pérou et en Colombie. Une surface de culture en baisse de 5 % par rapport à l’année précédente, mais qui a tout de même eu des impacts environnementaux importants. En 1985, le Pérou était la plaque tournante mondiale de la production de coca, cultivant près de 65 % du total mondial, la Bolivie en cultivant 25 % et la Colombie seulement 10 %. Des années d’efforts de lutte contre le trafic au Pérou et en Bolivie ont forcé le passage de la culture vers la Colombie, l’un des pays les plus riches en biodiversité, abritant plus de 10 % de la biodiversité mondiale.

Les derniers chiffres publiés par l’Office des Nations unies contre la drogue et le crime (ONUDC) et le programme de surveillance du gouvernement colombien montrent 143 000 hectares de coca en Colombie en 2020, une baisse pour la troisième année consécutive. Mais, malgré la baisse des cultures de coca, la production de cocaïne a augmenté de 8 %, avec un total d’environ 1 228 tonnes. Une gestion des cultures plus efficace, ainsi que de super labos qui produisent d’énormes quantités de pâte de coca et de cocaïne semblent être à l’origine de cette augmentation.

Les statistiques de l’U.S. Office of National Drug Control Policy des États-Unis brossent un tableau différent et plus inquiétant, estimant la culture de coca à 245 000 hectares dans la même année.

Mais la production de coca et de cocaïne ne représente qu’une partie d’un réseau complexe de problèmes qui menace les richesses de la Colombie. Parmi les plus graves se trouve la déforestation : en 2020, près de 13 000 hectares de forêts colombiennes ont été abattus pour soutenir la culture de la coca. Cela représente 7,54 % du total des 171 685 hectares d’arbres disparus en raison de toutes les activités, y compris l’élevage de bétail et l’expansion agricole.

La même étude a observé que 22,4 % supplémentaires de déforestation (38 449 hectares) se sont produits à une distance de 1 kilomètre de plantations de coca et étaient dus à des activités liées, notamment la construction de pistes d’atterrissage clandestines, et à des activités indirectement connexes, comme la contribution de la production de coca à l’avancement des frontières agricoles.

Two women harvesting coca in South America. Image by RioPatuca Images via Adobe Stock.
Deux femmes récoltant de la coca en Amérique du Sud. Image de RioPatuca Images via Adobe Stock.
Une équipe colombienne chargée de la destruction manuelle de champs de coca en 2018. Image du Government Accountability Office des États-Unis via Wikimedia Commons (domaine public).

La coca, une cause de déforestation

L’analyse des causes précises de toute cette déforestation supplémentaire est compliquée, dit Liliana Davalos de l’Université Stony Brook, qui étudie les liens entre coca et déforestation depuis 20 ans. « Je voulais savoir si cela se produisait dans des endroits où la déforestation ne se serait pas produite autrement », dit-elle. « La réponse est, cela dépend. »

La mesure dans laquelle la production de coca provoque directement de la déforestation dépend particulièrement de l’emplacement, explique-t-elle. « Dans la région des Andes colombiennes, par exemple, que nous avons étudiée de près, dans des endroits comme San Lucas, nous observons que la coca joue un rôle disproportionné là où il n’y a pas d’autres cultures, ou d’autres pâturages, ou un niveau de pâturage beaucoup plus bas… Il y a d’énormes effets dans la région des hauts plateaux des Andes et un très grand risque de dommages à la biodiversité selon la base de données géographiques que nous avons. »

Mais à des altitudes moins élevées dans la région amazonienne, le tableau est moins clair. « Nous observons qu’une fois que nous prenons en compte les facteurs sociaux de la migration [humaine], de la croissance [et] de la construction… nous ne trouvons pas vraiment d’impact de la culture de coca… dans l’Amazonie, la coca est plus un passager qu’un moteur du processus, qui est un processus de déforestation frontalière, incorporant de vastes étendues de terre dans le système financier. »

La production de cocaïne provoque d’autres dommages. Elle relâche des produits chimiques toxiques dans l’environnement par l’intermédiaire des laboratoires de transformation. Les produits chimiques couramment utilisés par les super labos incluent le toluène, l’acide sulfurique, l’acétone et l’essence. Il faut 284 litres d’essence pour fabriquer 1 kilogramme de cocaïne, et une part importante des réserves d’essence de la Colombie est vraisemblablement détournée pour produire de la cocaïne. Et il suffit d’une partie d’essence déversée pour contaminer 750 000 parties de nappe phréatique.

Par ailleurs, des estimations suggèrent que 3,5 millions de tonnes de produits chimiques par hectare par an sont utilisées dans le traitement de la cocaïne entraînant une dégradation des sols et plus de pollution de l’eau. Une enquête de 2014 a déterminé que 98,7 % des exploitations de coca utilisaient également des insecticides ou des fongicides, que 92,5 % appliquaient des engrais chimiques, et que 95,5 % utilisaient des désherbants. Avec la cocaïne elle-même que l’on trouve dans les cours d’eau du bassin de l’Amazone, l’impact toxique potentiel de la production est vraisemblablement important, même s’il est mal compris ou surveillé.

Police officers burn a coca laboratory in Tumaco, Colombia, in 2008.
La police brûle un laboratoire de coca à Tumaco, Colombie, 2008. Image fournie par la police nationale colombienne via Flickr (CC BY-SA 2.0).

L’épandage aérien soulève encore des questions

La lutte contre les cultivateurs de coca a également été préjudiciable à l’environnement. L’épandage aérien du désherbant controversé, glyphosate, plus connu sous le nom de Roundup, a, selon les critiques, entraîné des séquelles sur les écosystèmes et la santé humaine.

Longtemps encouragée et financée par la lutte antidrogue américaine, la pratique qui a commencé en Colombie en 1994 y a été interdite en 2015 en raison des inquiétudes concernant son rôle cancérigène. Mais, le gouvernement actuel du Président Iván Duque pousse pour réintroduire l’épandage pour lutter contre le problème de la drogue. En mars, il a même autorisé l’utilisation de drones volant à basse altitude dans ce but. Bien que considéré potentiellement efficace à court terme pour réduire les cultures de coca dans des zones particulières, un tel retour ne se contenterait pas de polluer, mais pérenniserait d’autres problèmes.

« L’épandage aérien [chante] le chant des sirènes qu’il élimine la culture de coca rapidement », explique Vanda Felbab-Brown, qui est chargée de recherche au Brookings Institute. « Mais, il y parvient par des moyens qui sont problématiques d’un point de vue environnemental et de santé publique. »

Elle compare la prolifération de la culture de la coca en Colombie à la situation ailleurs. « Nous avons des pays [comme le Pérou et la Bolivie] qui n’ont pas appliqué cette politique, et qui voient leurs parts de coca… inchangées », dit-elle. Ensuite, « Nous avons un pays [la Colombie] qui, en utilisant cette technique de fumigation aérienne, semble être associé à cette explosion géante [d’impacts] dans tous les écosystèmes. »

L’année dernière, les gouvernements américain et colombien ont annoncé une nouvelle stratégie de lutte contre les stupéfiants, qui inclut un objectif de protection environnementale parallèlement à des objectifs de réduction de l’approvisionnement en drogue, de sécurité rurale et de développement. « Les États-Unis aideront le gouvernement colombien dans ses efforts visant à surveiller et contrer ces crimes environnementaux qui soutiennent et alimentent les groupes de trafiquants de drogue qui ont un impact profondément négatif sur l’environnement de la Colombie », déclare un communiqué de presse de la Maison-Blanche.

Cet accent mis sur le crime environnemental s’est déjà manifesté au cours de l’Opération Artémis, une opération militaire en Colombie destinée à réduire la déforestation. Par ailleurs, un projet de loi adopté récemment promet des sanctions plus dures en matière de production de drogue, incluant des peines d’emprisonnement. Toutefois, il y a des inquiétudes que de telles mesures aient principalement un impact sur les petits producteurs colombiens.

Aerial spraying of pesticides. Aerial spraying with the controversial herbicide glyphosate, popularly known as Roundup, is argued by critics to have left a legacy of ecosystem and human harm. Image by amissphotos via Pixabay.
Épandage aérien de pesticides. L’épandage du désherbant controversé, glyphosate, plus connu sous le nom de Roundup, a, selon les critiques, entraîné des séquelles sur les écosystèmes et la santé humaine. Image par amissphotos via Pixabay.

Un fléau pour les parcs, les espèces sauvages et les peuples autochtones

Les parcs nationaux colombiens sont affectés par la culture de la coca, avec environ 7 214 hectares dans 12 réserves écologiques fédérales en 2020, une augmentation de 6 % par rapport à 2019. Le parc Catatumbo Barí est le plus touché par la déforestation, le non-droit et une foule de problèmes liés au trafic de cocaïne. D’autres parcs et zones protégées touchés incluent la Sierra de la Macarena, la réserve de Nukak, et le parc de Paramillo.

« Avec la coca dans les parcs nationaux, la production n’est pas si importante, » explique Ana Maria Rueda, qui est directrice de recherche à la Fundación Ideas para la Paz, un think tank colombien. Mais, « ce qu’ils voient [c’est un] contrôle territorial [par des criminels], par exemple, lié aux itinéraires de trafic qui font sortir la cocaïne de Colombie. »

Cette expansion de la culture de la coca et de la transformation de la cocaïne sur des terres protégées présente un risque pour la biodiversité. Une mise à jour de l’Indice liste rouge de la Colombie en 2020 a impliqué la culture de la coca et sa participation à la disparition de forêts et à la fragmentation des habitats dans l’augmentation du risque d’extinction d’espèces d’oiseaux, notamment le Hocco de Daubenton (Crax daubentoni), le Carnifex plombé (Micrastur plumbeus), le Dacnis à poitrine rouge (Dacnis berlepschi), et le Toucan montagnard (Andigena laminirostris). Parmi les 13 espèces qui ont vu leur statut de conservation se détériorer, huit ont été touchées par l’expansion de la coca illicite, note le rapport.

Drying of coca leaves in Cruz Loma village near Coroico, Bolivia. Image by Matyas Rehak via Adobe Stock.
Séchage des feuilles de coca dans le village de Cruz Loma près de Coroico, Bolivie. Image par Matyas Rehak via Adobe Stock.
Paramillo National Park in Colombia. While coca grown in 12 protected areas in 2019 represents only a fraction of the nation’s total crop, penetration into national parks poses a biodiversity threat and opens up conserved areas to further exploitation.
Le parc national de Paramillo en Colombie. Même si la coca cultivée dans 12 aires protégées en 2019 ne représente qu’une fraction de la récolte totale nationale, la pénétration dans les parcs nationaux représente une menace pour la biodiversité et expose les aires protégées à plus d’exploitation. Image fournie par l’Agencia Prensa Rural via Flickr (CC BY-NC-ND 2.0).

Les terres et les peuples autochtones sont également gravement touchés. Près de 50 % de la coca colombienne est cultivée dans des zones de gestion particulières, y compris des terres autochtones, des communautés traditionnelles afro-caribéennes, des parcs nationaux et d’autres zones d’importance environnementale.

Cette activité criminelle a fait de la Colombie l’un des endroits les plus dangereux sur Terre où être un défenseur de l’environnement, avec 17 attaques fatales dirigées contre des activistes soutenant les programmes de remplacement de la culture de la coca en 2020. Dans l’Amazonie péruvienne, la production et le trafic de cocaïne menacent la vie et les moyens de subsistance des peuples autochtones, y compris les Shipibos-Conibos menacés le long de la rivière Ucayali.

« Ces dernières années, nous avons observé une augmentation des menaces et des meurtres de chefs de communautés dans l’Amazonie péruvienne. Je ne dirais pas que tous sont directement liés à des mafias de la drogue », dit Andrew Miller de Amazon Watch, une ONG. « Mais, je pense qu’un certain nombre semble à l’évidence lié à ce combat plus large pour le contrôle sur le territoire. »

D’après le gouvernement péruvien, la région de la Valle de los Ríos Apurímac, Ene y Mantaro (VRAEM) représentait 43 % de la coca cultivée dans le pays en 2020, sur un total de cultures illégales de 61 777 hectares. D’autres régions péruviennes ont également vu une augmentation. « [N]ous travaillons avec les communautés, d’Ucayali et de Huanaco. Les groupes autochtones là-bas disent que « nous » sommes la nouvelle VRAEM… où la production de coca explose », dit Miller. L’année dernière Mongabay Latam a identifié 16 communautés autochtones menacées par la déforestation due au trafic de drogue au seul Ucayali.

The plate-billed mountain-toucan is native to Ecuador and a portion of Colombia’s Nariño department. Coca cultivation in the region is considered one of the threats to the species’ survival in Colombia.
Le toucan montagnard est originaire d’Équateur et d’une partie du département colombien de Nariño. La culture de la coca dans la région est considérée comme une menace pour la survie des espèces en Colombie. Image par Ben Tavener via Flickr (CC BY 2.0).

Le trafic de stupéfiants entraîne déforestation et dégradation

Dans les années 1980 et au début des années 1990, la cocaïne a coulé à flots de l’Amérique du Sud aux États-Unis en passant par les Caraïbes. À mesure que les efforts d’interdiction ont fermé les itinéraires de trafic là-bas, la drogue a été acheminée à travers les pays d’Amérique centrale en transit vers le Mexique. En 2011, environ 60 % de la cocaïne était transportée à travers l’Amérique centrale, par voie terrestre, maritime et aérienne, imposant un lourd tribut à ses forêts et ses aires protégées.

En 2022, une étude a observé que la Réserve de biosphère Maya a perdu jusqu’à 234 612 hectares de forêt entre 2000 et 2018. Cette réserve est l’une des zones de grande biodiversité les plus importantes du Guatemala. La disparition de forêt était particulièrement grave du côté ouest de la réserve, dit Jonathan Vidal Solórzano, un auteur de l’étude, ce qui pourrait avoir des conséquences pour des espèces menacées emblématiques comme le jaguar.

« Le scénario idéal serait d’avoir de grandes zones où ces jaguars peuvent vivre et aussi… des couloirs pour qu’ils puissent se déplacer du Guatemala au Mexique », explique-t-il. Mais, aujourd’hui « il n’y a pratiquement pas de couvert forestier ou de forêts anciennes [du côté guatémaltèque de la frontière]. Il n’y a plus autant de connexions qu’autrefois. »

Il faut noter qu’au Guatemala, 27 des 86 [aires protégées] ont perdu plus de 30 % de couvert forestier pendant la période analysée, et huit ont perdu plus de 50 % », note l’étude, le parc national Laguna del Tigre, par exemple, ayant perdu 93 858 hectares. « Quelque chose doit changer, en particulier, la manière de gérer les aires protégées qui présentent d’importants taux de déforestation », dit Solórzano.

The Maya Biosphere Reserve in Guatemala. Large-scale deforestation in the region has been linked, in part, to narco-trafficking, say experts.
La Réserve de biosphère Maya au Guatemala. Dans la région, la déforestation à grande échelle a été reliée, en partie, au trafic de stupéfiants, selon les experts. Image fournie par CIFOR via Flickr (CC BY-NC-ND 2.0).

Même si les chercheurs soulignent qu’il est difficile de lier le transport de drogue directement au changement du couvert végétal, et qu’il n’est pas toujours possible de connecter les impacts directs et indirects, des études relient ces points. Une étude de 2017 par exemple a déterminé que 15 à 30 % de la déforestation au Nicaragua, en Honduras et au Guatemala, étaient liés au trafic de stupéfiants. Ce chiffre grimpe jusqu’à 30 à 60 % dans les aires protégées. Parmi les aires concernées se trouvent la Réserve de biosphère Maya au Guatemala et la Réserve de biosphère Río Plátano au Honduras. Selon Kendra McSweeney, professeure de géographie à l’Université Ohio State et membre de l’équipe de l’étude, ces statistiques sont vraisemblablement sous-estimées.

McSweeney et d’autres scientifiques voient deux liens entre le trafic de cocaïne et le changement d’utilisation des sols, ce qu’ils décrivent comme une déforestation liée à la drogue et une dégradation liée à la drogue. Dans un premier temps, les forêts sont coupées pour faire de la place pour des pistes d’atterrissage clandestines. Ces terres sont ensuite converties en pâturage pour le bétail pour blanchir de l’argent et s’approprier définitivement le territoire. Un afflux d’argent déstabilisant peut alors suivre, qui crée une synergie pour l’apparition d’autres industries, licites et illicites. Ce phénomène augmente encore davantage la dégradation et le développement.

Une étude publiée l’année dernière a observé que « les disparitions prolongées de forêt à grande échelle » de 713 244 hectares au Guatemala et de 417 329 hectares au Honduras « correspondent à des zones qui subissent des changements de contrôle en faveur de grands propriétaires, souvent liés au trafic de stupéfiants. »

« Je ne pense pas que dire que le trafic de drogue est l’une des inquiétudes relatives à l’environnement en Amérique centrale, soit une exagération », dit Jennifer Devine, de l’Université d’État du Texas, qui étudient les impacts environnementaux du trafic de stupéfiants en Amérique centrale. « Pas seulement à cause de l’élevage de bétail lié aux trafiquants, mais aussi à cause du trafic de drogue qui affaiblit les systèmes de gouvernance dans toute la région. »

L’affaiblissement de la gouvernance locale engendre une myriade de problèmes criminels, y compris les « spoliations de terres dans les aires protégées, la réaffectation de zones humides, les incendies de forêt [allumés par les accapareurs de terres], l’abattage illégal, la dégradation des mangroves, le vol de bois, le trafic d’espèces de faune et de flore sauvages, l’orpaillage et la construction de routes », ont écrit Devine et ses co-auteurs dans un article publié en 2020 examinant les répercussions généralisées du trafic de drogue en plus de la déforestation.

Drug-trafficking organizations are implicated in the trafficking of other illicit goods, such as illegal timber.
Les organisations de trafic de drogue sont impliquées dans le trafic d’autres marchandises illicites, comme le bois illicite. Image de quapan via Flickr (CC BY 2.0).

« Ce qui est vraiment inquiétant, c’est que les impacts environnementaux du trafic de drogue touchent les aires protégées », dit Devine, les fonds de la drogue blanchis et l’élevage de bétail illicite « infiltrant des forêts qui devraient être protégées comme étant écologiquement et culturellement vitales ».

Mais, les chercheuses Devine et McSweeney soulignent que la dissociation des impacts environnementaux et humains de la « guerre contre la drogue » n’est simplement pas possible. « Ce qui est le moteur du changement d’utilisation des sols, ce qui est le moteur de la déforestation, c’est le jeu du chat et de la souris de l’interdiction », dit Devine. « Il est vraiment important de se rappeler que l’approche de l’interdiction militaire est en grande partie responsable d’un grand nombre des impacts environnementaux que nous observons, y compris l’utilisation du glyphosate en Colombie [avec] des impacts sur les cours d’eau et l’élevage de bétail lié aux trafiquants en Amérique centrale. »

Aujourd’hui, le Panama et le Costa Rica sont en train de devenir d’importants centres du trafic de cocaïne ayant pour destination finale le marché lucratif en Europe. Les deux pays représentaient 80 % des saisies de drogue en Amérique centrale en 2021.

Ce changement s’est produit au cours de la dernière décennie, dit Nicholas Magliocca, qui est maître de conférence en géographie à l’université d’Alabama. Les trafiquants utilisent régulièrement comme lieu de transit la péninsule Osa au Costa Rica, sur la côte sud-ouest du pays, une région qui est connue pour le parc national Corcovado riche en biodiversité. Même si l’on pense que la plupart des drogues sont expédiées par voie maritime, des transports aériens ont également été repérés. « Nous commençons à voir apparaître plus de pistes d’atterrissage clandestines », dit Magliocca.

L’attirance des trafiquants pour le Costa Rica repose en partie sur son réseau maritime légal, qui peut être exploité pour déplacer des produits. En fin d’année dernière, par exemple, 1,2 tonne de cocaïne expédiée dans un containeur de bananes a été saisie au Royaume-Uni.

Illegal airstrips within the Rio Plátano Biosphere Reserve in eastern Honduras. Image courtesy of Planetscope/Google Earth.
Des pistes d’atterrissage illégales dans la Réserve de biosphère Río Plátano à l’est du Honduras. Image fournie par Planetscope/Google Earth.

Une question de carbone et d’équité

La déforestation entraînée par le trafic de stupéfiants et les émissions de carbone associées sont « énormes », remarque Magliocca. Mais pour lui, le problème est également un problème d’équité, car ce sont les peuples autochtones et les communautés traditionnelles qui sont principalement touchés par le jeu d’interdiction qui se joue entre les trafiquants et les forces de l’ordre.

Une étude récente menée par Magliocca a montré que lorsque les efforts d’interdiction en Amérique centrale forcent les trafiquants à changer d’un itinéraire à un autre, des terres autochtones étaient souvent le premier choix. « Les aires protégées et les territoires autochtones offrent le type de gouvernance territoriale contestée, de populations marginalisées et d’isolement qui facilite ces opérations. Ces zones seront donc toujours alléchantes.

« À moins de traiter ces problèmes d’équité, et de donner du pouvoir à ces populations, vous ne réglerez pas les questions de durabilité environnementale », soutient Magliocca.

Un scénario comparable est observé dans les pays producteurs comme le Pérou, selon Miller, avec la confiscation de territoires autochtones par des trafiquants de drogues, des éleveurs de bétail et d’autres souvent engagés dans un combat plus large pour la reconnaissance des droits fonciers et des titres fonciers. « L’argument le plus direct que [ces peuples ruraux] présentent est que les droits [des territoires ancestraux] des… communautés locales doivent être respectés », dit-il.

Ce manque de respect est également apparent dans les parcs nationaux colombiens, où la lutte antidrogue implique souvent le déplacement d’habitants ruraux établis de longue date des aires protégées, une pratique qui ne fonctionne pas, dit Rueda. Elle indique qu’une occasion existe en ce moment pour le gouvernement de passer des accords avec les communautés situées à l’intérieur, ou autour de parcs, et d’offrir aux peuples traditionnels des moyens de subsistance viables alternatifs liés à la conservation.

« L’important, c’est d’aller vers l’inclusion de l’approche environnementale dans le cadre d’un développement alternatif », dit Rueda. « Il s’agit d’un problème social et nous le traitons [à tort] comme s’il s’agissait d’un problème criminel. »

Coca plantation on a hillside near Caranavi, western Bolivia. Image by Neil Palmer/CIAT via Flickr (CC BY-SA 2.0).
Plantation de coca sur un coteau près de Caranavi, dans l’ouest de la Bolivie. Image par Neil Palmer/CIAT via Flickr (CC BY-SA 2.0).

Diversification des activités

Au Mexique, les organisations de trafic de drogue ont été reliées à des crimes environnementaux comme l’abattage illégal. De même, ces organisations se sont lancées dans des activités légales pour investir et blanchir les profits illicites, y compris le marché lucratif de l’avocat, par exemple, entraînant de ce fait davantage de disparition de forêts et de pression sur l’eau douce. De récentes recherches de Felbab-Brown soulignent le renforcement des liens entre les organisations de trafic de drogue au Mexique et le trafic d’espèces sauvages vers la Chine.

« Souvent, les relations entre les cartels et le trafic d’espèces sauvages sont exagérés », indique-t-elle. Mais, d’après des enquêtes de terrain, ce n’est pas le cas au Mexique. Là-bas, elle a observé que les trafiquants sont souvent mêlés à divers systèmes d’échange, allant de la pêche commerciale au trafic illégal d’espèces menacées marines comme le totoaba et le concombre de mer et terrestres comme les jaguars.

L’infiltration du secteur de la pêche par les trafiquants de stupéfiants est un phénomène bien connu, les bateaux de pêche étant souvent utilisés pour transporter des cargaisons de drogues. En 2020, un rapport mentionnait 292 cas de saisies sur ce type de bateaux entre 2010 et 2017 dans le monde, avec un volume de 522,1 tonnes estimé à 16,5 milliards. Même si ces chiffes comprennent différentes drogues comme la marijuana et la méthamphétamine, la cocaïne représentait à peu près la moitié des saisies.

De plus, « [E]n raison des gros volumes [de drogues] vendus… les cartels ont recours au troc d’espèces sauvages comme un moyen de transférer des valeurs entre les économies illégales », dit Felbab-Brown. Les produits issus d’espèces sauvages, explique-t-elle, sont maintenant échangés contre les précurseurs chimiques utilisés pour fabriquer des drogues synthétiques comme la méthamphétamine. Le problème des drogues synthétiques continue à croître d’année en année dans la région. Les résultats complets seront publiés dans une série de rapports dans les mois à venir.

« Ce phénomène est générateur d’une grande menace pour la biodiversité au Mexique », dit Felbab-Brown, d’autant plus que peu a été fait pour freiner le trafic d’espèces sauvages vers la Chine.

A fully operational submarine built for the primary purpose of transporting multiton shipments of cocaine found near a river tributary close to the Ecuador-Colombia border and seized by the Ecuador Anti-Narcotics Police Forces and Ecuador military with the assistance of the U.S. Drug Enforcement Administration.
Un sous-marin complètement opérationnel construit pour transporter des cargaisons de plusieurs tonnes de cocaïne, qui a été trouvé près de l’affluent d’un fleuve à proximité de la frontière entre l’Équateur et la Colombie et qui a été saisi par les forces de police antidrogue équatoriennes et l’armée avec l’aide de la Drug Enforcement Administration des États-Unis. Image de la Drug Enforcement Administration des États-Unis via Wikimedia Commons (domaine public).

Dans les pays producteurs, les organisations de trafic de drogue sont également liées à des activités licites et illicites, notamment le trafic d’espèces sauvages, l’abattage illégal, et l’orpaillage. Les trafiquants de drogue ne sont pas toujours engagés dans ces activités directement, mais les infrastructures, routes et méthodes de transport qu’ils créent sont utilisées pour faciliter ces autres formes de crime, dit Daan Van Uhm, qui est maître de conférence en criminologie à l’université d’Utrecht aux Pays-Bas.

À la frontière de la Colombie et du Panama, dans la région de Darién, des groupes impliqués dans la production de cocaïne, comme le Cartel Gulf, ont étendu leurs activités dans l’exploitation aurifère ces dernières années. L’exploitation et le trafic d’or ont été nommés comme l’un des outils de blanchiment les plus simples et rémunérateurs de l’histoire du trafic de drogue en Colombie. Ils exercent également une forte pression sur les forêts et la biodiversité, et contaminent l’eau avec des produits chimiques comme le mercure.

L’année dernière, le chef du Cartel de Gulf a été arrêté et le gouvernement colombien a annoncé avec optimisme la fin de la plus grande opération de drogue illégale du pays. Mais, « la majorité des réseaux sur place fonctionnent en sous-structures », explique Van Uhm, qui a réalisé des recherches de terrain dans la région de Darién entre 2017 et 2019. « Elles sont connectées les unes aux autres, mais elles peuvent fonctionner indépendamment. Je doute que [l’arrestation] aura des effets sur… l’organisation du trafic de cocaïne ou sur les crimes environnementaux. »

Recovery of bales of cocaine jettisoned off the coast of Colombia in 2018. That year, more than 130,000 hectares (321,200 acres) of coca bush were sprayed aerially and 96,000 hectares (237,200 acres) manually eradicated, according to the Colombia Coca survey. Image courtesy of Coast Guard News via Flickr (CC BY-NC-ND 2.0).
Récupérations de ballots de cocaïne largués au large des côtes de la Colombie en 2018. Cette année-là, 130 000 hectares de coca ont été pulvérisés par avion et 96 000 hectares détruits à la main, selon l’enquête colombienne sur la culture de la coca. Image fournie par Coast Guard News via Flickr (CC BY-NC-ND 2.0).

Le dilemme du côté de la demande : de la cocaïne dans l’eau

Les dommages environnementaux de la cocaïne sont moins visibles dans les pays consommateurs où aucune forêt n’est abattue pour produire ou transporter la coca, mais des dommages sont tout de même faits. Une fois que la cocaïne est reniflée, fumée, injectée ou ingérée d’une autre manière, le corps en métabolise la majeure partie. Mais, une partie est excrétée dans l’urine, elle entre directement dans des cours d’eau ou passe par les usines de traitement des eaux usées qui n’éliminent pas forcément tout ce qui reste.

L’analyse de la cocaïne et d’autres drogues illicites dans les eaux usées n’est pas nouvelle. Pendant des années, cette branche ésotérique de la science, appelée « épidémiologie des eaux usées » a été utilisée pour enquêter sur les tendances en matière de drogues dans les villes et les pays dans le monde entier.

L’Observatoire européen des drogues et des toxicomanies réalise de telles analyses dans toute l’UE depuis 2011, suivant le principal métabolite de la cocaïne, la benzoylecgonine. Les derniers résultats de 2020 ont montré une consommation parmi les plus élevées dans des zones urbaines, notamment Antwerp en Belgique, Amsterdam aux Pays-Bas et Zurich en Suisse. Des méthodes comparables ont repéré l’utilisation de drogues lors d’événements publics comme des festivals de musique et même des matchs de basket universitaire aux États-Unis.

Bien que la détection des tendances de consommation de drogues par l’intermédiaire des données des eaux usées soit bien établie, ce que ce rejet de cocaïne veut dire pour l’environnement est mal compris. Mais, un nombre croissant d’études ont commencé à clarifier cette question, avec des résultants alarmants.

L’anguille européenne (Anguilla anguilla) est une espèce en danger critique, selon la liste rouge de l’UICN. Anna Capaldo, qui est professeure à l’université de Naples Frédéric II (Italie), et ses collègues étudient l’effet de la cocaïne sur les espèces. « Les dommages induits par la cocaïne suggèrent que cette drogue affecte la physiologie de l’anguille, et potentiellement de toutes les espèces aquatiques qui y sont exposées », déclare-t-elle.

Exposure to cocaine has been found to have damaging effects on the critically endangered European eel, with potential consequences for its survival in the wild. Image by Bernard Dupont via Wikimedia Commons (CC BY-SA 2.0).
Il a été démontré que l’exposition à la cocaïne a des effets néfastes sur l’anguille européenne en danger critique, qui pourraient avoir des conséquences sur sa survie dans la nature. Image par Bernard Dupont via Wikimedia Commons (CC BY-SA 2.0).

Bien que cette étude ait été réalisée en laboratoire, elle utilisait les niveaux d’exposition qui se retrouvent dans les écosystèmes aquatiques naturels et elle montrait le danger potentiel. « Par exemple, lorsque les ouïes sont endommagées [par l’exposition à la cocaïne], la capacité de l’anguille à oxygéner le sang diminue. De la même manière, un muscle squelettique endommagé ne peut pas permettre aux anguilles de nager pendant leur migration de reproduction vers la mer des Sargasses [dans l’océan Atlantique]. »

Capaldo et son équipe étudient actuellement les effets de la cocaïne sur la reproduction et la fonction cérébrale de l’anguille. D’autres études ont montré que des espèces de moules, d’oursins et de poissons-zèbres sont affectées.

Environ 20 millions de personnes ont consommé de la cocaïne en 2019, près de 0,4 % de la population adulte mondiale. On estime que 6,9 millions de personnes en Amérique du Nord et 5 millions en Europe consomment de la cocaïne tous les ans. Même si la consommation est la plus élevée dans ces deux régions, des études trouvent des traces de cocaïne dans les eaux usées du monde entier de la Barbade au Brésil. Ce dernier retraite environ 43 % de ses eaux usées, et cela tombe à 5 % dans les zones rurales. La cocaïne et la benzoylecgonine font partie des polluants qui sont régulièrement rejetés dans le fleuve Amazone.

« La cocaïne est extrêmement néfaste, mais elle se dégrade assez rapidement dans l’environnement », explique Dan Aberg du Wolfson Carbon Capture Lab de l’université de Bangor au Pays de Galles. Toutefois, cette dégradation rapide peut être contrebalancée par le flux constant de résidus de cocaïne dans l’environnement par l’intermédiaire des eaux usées.

L’année dernière, Aberg et son équipe ont étudié la présence de cocaïne et d’autres polluants relâchés dans les eaux usées du festival de Glastonbury, l’un des plus grands événements musicaux au Royaume-Uni. Les niveaux de cocaïne relâchés pendant la vague du festival étaient suffisamment hauts pour être potentiellement dangereux pour l’anguille européenne, dit Aberg. Dans ce cas, l’exposition était principalement due aux personnes urinant en plein champ et au manque de traitement des eaux usées.

Tracing cocaine use trends in wastewater is a common practice. But how this flow impacts the environment is a topic still being explored. Initial research, however, already indicates it can be harmful to aquatic species.
Analyser les tendances de la consommation de cocaïne dans les eaux usées est une pratique courante. Mais, l’impact de ce flux sur l’environnement est en cours d’étude. Toutefois, les premières recherches indiquent que ce flux peut être nocif pour les espèces aquatiques. Image par Ivan Radic via Flickr (CC BY 2.0).

Changer la planète

La cocaïne est loin d’être le seul polluant à entrer dans les cours d’eau, les estuaires et les océans. Elle fait partie d’un cocktail toxique de produits pharmaceutiques, métaux lourds, pesticides, microplastiques et bien d’autres qui se retrouvent dans les eaux usées. Récemment, le Stockholm Resilience Centre, un consortium international de scientifiques a déclaré que la limite planétaire « d’introduction d’entités nouvelles », c’est-à-dire des contaminants chimiques introduits par l’humanité, a été franchie, menaçant les systèmes de fonctionnement de la Terre et la civilisation humaine. La cocaïne excrétée dans l’urine, ainsi que les précurseurs toxiques utilisés dans sa production, fait partie des centaines de milliers d’entités nouvelles préoccupantes.

En 2020 une étude menée par Pavel Horký à l’Université tchèque des sciences de la vie a fait les gros titres. Ses recherches ont montré que l’exposition à la méthamphétamine, une autre drogue illicite présente dans les échantillons d’eaux usées, modifiait les schémas comportementaux et provoquait des signes de dépendance chez la truite fario (Salmo trutta). À ce jour, personne ne sait l’impact que pourrait avoir la combinaison éventuelle des mélanges de drogues, comme la méthamphétamine et la cocaïne, avec d’autres polluants sur les espèces marines.

« Je suis tout à fait d’accord avec le Stockholm Resilience Centre sur le fait que la pollution chimique est l’une des plus grandes menaces pour la vie en général [alors que nous franchissons] la limite d’introduction d’entités nouvelles », dit Horký. « Il y a un grand nombre de contaminants préoccupants, pas seulement des drogues illicites, mais également des médicaments normaux sur ordonnance, comme les antidépresseurs et beaucoup d’autres qui sont surutilisés par la société humaine. Leurs risques peuvent varier avec leurs effets additifs, synergiques ou antagonistes. »

“Cocaine toothache drops,” an 1885 advertisement of cocaine for dental pain in children. The U.S. love affair with coke began in the 1800s, when it was commonly used in many “medicines” of dubious quality and efficacy and sold without prescription or regulation. While mostly illegal for cultivation, transport and sale around the globe today, some countries do allow cocaine possession for prescribed medical use, or have decriminalized possession of small amounts for private use. Image by KiloByte via Wikimedia Commons (Public domain).
« Gouttes contre le mal de dents à la cocaïne », une publicité de 1885 pour la cocaïne contre les douleurs dentaires chez les enfants. L’histoire d’amour des États-Unis avec la cocaïne a commencé dans les années 1800. Elle était alors utilisée dans de nombreux « médicaments » d’efficacité et de qualité douteuses, vendus sans prescription ni réglementation. Bien qu’aujourd’hui, sa culture, son transport et sa vente sont en grande partie illégaux partout dans le monde, certains pays autorisent la possession de cocaïne prescrite à usage médical, ou ont décriminalisé la possession de petites quantités à usage privé. Image par KiloByte via Wikimedia Commons (domaine public).

« En dépit du fait que nos connaissances augmentent, nous n’en sommes qu’au début », prévient-il.

Il existe des moyens de se prémunir contre cette forme de dommages environnementaux. Le retrait des résidus de cocaïne des eaux usées est possible, même si l’efficacité des usines de traitement varie. D’autres solutions naturelles, comme des zones humides artificielles, offrent des alternatives d’assainissement.

Selon Horký, il y a une solution plus simple et plus abordable : « Le meilleur des polluants est celui qu’on ne relâche pas dans l’environnement », déclare-t-il. « Tout le monde devrait y réfléchir et utiliser les médicaments, les drogues et les autres produits chimiques de façon responsable [et pour répondre à] un besoin réel. »

Image de bannière : Plantation de coca sur un coteau près de Caranavi, dans l’ouest de la Bolivie. Image par Neil Palmer/CIAT via Flickr (CC BY-SA 2.0).

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Article original: https://news.mongabay.com/2022/04/all-coked-up-the-global-environmental-impacts-of-cocaine/

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