Nouvelles de l'environnement

Nouvelles entités chimiques : Sommes-nous en train de transgresser aveuglément une limite planétaire ?

  • La limite planétaire des "entités nouvelles" désigne toutes les substances toxiques et à longue durée de vie d'origine humaine présentes dans l'environnement, que ce soient les métaux lourds, les déchets radioactifs, les produits chimiques industriels, les pesticides ou encore les organismes vivants nouveaux, qui peuvent menacer la stabilité du système terrestre.
  • L'homme a inventé plus de 140 000 produits chimiques synthétiques et nous en produisons en grandes quantités, à savoir environ 2,3 milliards de tonnes par an. Pourtant, seuls quelques milliers d'entre eux ont été testés pour leur toxicité sur les humains ou d'autres organismes. Nous sommes donc, pour la plupart, inconscients des interactions et des effets possibles des produits chimiques.
  • Les traités mondiaux tels que les Conventions de Stockholm, de Minamata et de Bâle limitent la production et/ou le commerce de certains produits chimiques persistants toxiques et dangereux pour l'environnement. Mais les progrès sont lents. Des décennies après que les effets du DDT ont été signalés, ce produit est encore régulièrement utilisé dans les pays en développement.
  • Les ONG appellent à une taxe internationale sur la production de produits chimiques de base, dont les fonds serviraient à soutenir les pays qui élaborent et mettent en œuvre des réglementations visant à protéger la santé humaine ainsi que l'environnement. Une taxe internationale de 0,5 % pourrait rapporter 11,5 milliards de dollars par an, ce qui dépasserait largement le financement mondial actuel de la gestion des produits chimiques.

Hinkley, Californie, États-Unis, 1952-1966 : Une centrale nucléaire de la société Pacific Gas and Electric rejette 1,4 milliard de litres d’eaux usées contaminées par du chrome VI cancérigène dans des bassins sans revêtement, polluant les eaux souterraines des 2000 habitants de la ville, ce qui a conduit à un recours collectif de 333 millions de dollars (et à un film récompensé par un Oscar).

Minamata, Japon, 1956 : L’usine chimique Chisso déverse des eaux usées contaminées par du méthylmercure dans la baie de Minamata. Ce dérivé extrêmement actif et toxique de mercure, qui provoque de graves lésions neurologiques chez les adultes et les fœtus en développement, provoque 600 décès et laisse plus de 3000 personnes handicapées à vie.

Niagara Falls, New York, États-Unis, 1978 : La Hooker Chemical Company se débarrasse de manière illégale de 21 000 tonnes de produits chimiques dangereux et cancérigènes, dont la dioxine, dans la décharge de Love Canal. La dioxine remonte à la surface dans les maisons environnantes, ce qui augmente le risque de fausses couches et de malformations congénitales, forçant des centaines de familles à déménager.

Bhopal, Inde, 1984 : Une fuite dans une usine de pesticides de l’Union Carbide India Limited libère 40 tonnes de gaz mortel, l’isocyanate de méthyle (MIC), provenant d’un réservoir de stockage. Plus de 20 000 personnes sont tuées et des centaines de milliers sont blessées. Au cours des années suivantes, les survivants avaient deux fois plus de chances de mourir d’un cancer, d’une maladie pulmonaire ou de la tuberculose.

Pripyat, Ukraine, URSS, 1986 : Le réacteur numéro 4 de la centrale nucléaire de Tchernobyl explose, libérant plus de 6 tonnes d’éléments radioactifs. On compte 28 morts du syndrome d’irradiation aiguë et des milliers de personnes souffrent d’effets à long terme. Les radiations persistantes créent une zone d’exclusion humaine perpétuelle de 2600 kilomètres carrés.

Flint, Michigan, États-Unis, 2014 : La municipalité puise de l’eau de rivière non traitée et contaminée au plomb qui remontera jusque dans les robinets de la ville, exposant 100 000 résidents, dont pas moins de 12 000 enfants, à des niveaux dangereux de plomb, une neurotoxine qui peut altérer l’intelligence.

Manifestation à Bhopal, en 2010, pour demander aux États-Unis de se porter garants des victimes et des séquelles de la catastrophe causée par la Dow Chemical Company. Image de Yann Forget via Wikimedia Commons (CC BY-SA 3.0).

Quel est le rapport entre ces tragédies qui, en apparence, n’ont aucun lien? Elles représentent toutes des exemples de la transgression dangereuse et irresponsable par l’humanité de la limite planétaire des “entités nouvelles”. Cette limite à l’apparence inoffensive désigne toutes les substances toxiques et à longue durée de vie d’origine humaine présentes dans l’environnement et qui, individuellement ou collectivement, menacent la stabilité du système terrestre.

Le dilemme le plus terrifiant lié à cet héritage toxique peu connu mais vaste et bouillonnant est le fait que nous n’avons pratiquement pas conscience que nous sommes proches du franchissement catastrophique de cette limite invisible, car nous continuons à déverser régulièrement dans l’environnement des produits chimiques synthétiques, des pesticides, des métaux lourds, des déchets radioactifs, des organismes génétiquement modifiés et des nanoparticules.

« La plus alarmante des agressions de l’homme sur l’environnement est la contamination de l’air, de la terre, des rivières et de la mer par des substances dangereuses, voire mortelles » – Rachel Carson, Printemps silencieux (1962)

Mieux vivre grâce à la chimie moderne

Pendant 20 ans, le dichlorodiphényltrichloroéthane a été l’enfant prodige de la chimie moderne. En tuant les insectes pendant la Seconde Guerre mondiale, le DDT a ralenti la propagation de maladies telles que la malaria et le typhus, sauvant ainsi un nombre incalculable de vies. Il est par la suite devenu un pesticide agricole populaire. Cependant, dans son livre phare, Printemps silencieux, Rachel Carson a listé et attiré l’attention sur les effets dévastateurs du DDT et d’autres pesticides sur les populations sauvages. À la suite de manifestations, le produit chimique a été interdit aux États-Unis en 1972, mais est aujourd’hui toujours vendu dans les pays en développement.

La mise en garde de Carson a été considérablement ignorée, et cela s’est répété au fil des décennies avec d’autres entités nouvelles dans le monde entier. En effet, des entreprises pressées de commercialiser de nouveaux produits, ou des municipalités ainsi que des pays déterminés à contourner les règles, ont commis des agressions inattendues sur l’environnement et les citoyens.

Qu’il s’agisse des pesticides organochlorés toxiques comme le DDT, de l’amiante cancérigène dans l’isolation des bâtiments, des chlorofluorocarbures (CFC) destructeurs d’ozone présents dans les aérosols, du plomb dans l’essence ou de la peinture radioactive à base de radium dans les montres lumineuses, il semble que dès que nous découvrons un nouveau produit chimique miracle, le compte-à-rebours démarre et avance jusqu’au jour où nous constatons les effets toxiques sur l’homme, la faune et les systèmes de survie de la Terre.

Lorsqu’un produit chimique est interdit, des centaines ou des milliers d’autres prennent rapidement sa place. Le DDT lui-même est devenu populaire en tant que produit de remplacement de l’arséniate de plomb, un pesticide toxique. Après Printemps silencieux, le DDT a progressivement été remplacé par le chlorpyriphos, qui a depuis été substitué par les pesticides néonicotinoïdes, qui sont aujourd’hui interdits dans l’UE en raison des dommages causés aux abeilles et autres pollinisateurs.

L’utilisation généralisée de pesticides ainsi que la surconsommation d’antibiotiques accélèrent également l’émergence d’une autre entité nouvelle mortelle, les organismes résistants aux biocides. Nos méthodes de traitement de l’eau et nos systèmes agricoles ont créé un avantage solide et sélectif pour les agents pathogènes, les mauvaises herbes et les insectes résistants, engageant l’humanité dans une course aux armements évolutive avec les ennemis des cultures, les micro-organismes et les maladies infectieuses.

“Lorsque les organismes deviennent résistants à tous les biocides possibles, c’est ce que nous appelons la zone de danger”, a déclaré Peter Søgaard Jørgensen, un chercheur qui étudie la résistance aux antibiotiques au Stockholm Resilience Centre (SRC) en Suède. “Le fait de rester [dans la zone de danger] pendant une longue période augmente le risque de propagation des organismes très résistants”, a-t-il ajouté.

En 2018, une analyse réalisée par Søgaard Jørgensen a révélé qu’un groupe de bactéries, dites à Gram négatif, se trouve déjà dans la zone de danger pour une résistance totale aux biocides, ce qui menace la santé humaine, la biodiversité ainsi que la sécurité alimentaire.

L’Organisation mondiale de la santé (OMS) a déclaré que la résistance aux antimicrobiens était l’une des dix plus grandes menaces pour la santé publique mondiale.

Publicité de Pennsalt Chemicals dans le Time du 30 juin 1947. En tuant les insectes pendant la Seconde Guerre mondiale, le DDT a ralenti la propagation de maladies telles que la malaria et le typhus, sauvant ainsi un nombre incalculable de vies. Il est par la suite devenu un pesticide agricole populaire. Image de Crossett Library via Flickr (CC BY-NC-SA 2.0).

Les entités nouvelles persistent dans l’environnement

L’homme a inventé plus de 140 000 produits chimiques synthétiques, auxquels s’ajoutent environ 2000 autres produits chaque année. Nous en produisons également de grandes quantités, à savoir environ 2,3 milliards de tonnes par an. Pourtant, seuls quelques milliers d’entre eux ont été testés pour leur toxicité sur les humains ou d’autres organismes. Et très peu font l’objet d’un suivi tout au long de leur chaîne d’approvisionnement, depuis l’origine jusqu’à l’élimination.

Le cadre d’étude des limites planétaires créé par l’équipe scientifique internationale du CRS tente d’appréhender la myriade d’impacts environnementaux de cet assaut chimique. Il définit les entités nouvelles par leur persistance dans l’environnement, leur mobilité dans l’eau et l’air, et leurs effets néfastes sur la santé humaine et les écosystèmes vivants.

“La Terre a une capacité d’assimilation limitée pour les produits chimiques présents dans l’environnement d’origine humaine, en particulier les produits chimiques toxiques, persistants, bioaccumulables et facilement mobiles”, a expliqué Sunday Leonard, responsable de programme pour le Groupe consultatif pour la science et la technologie du Fonds pour l’environnement mondial du Programme des Nations unies pour l’Environnement (PNUE).

Les chercheurs sont sûrs d’une chose : plus nous rejetons de substances nouvelles dans de nouveaux environnements, plus nous poussons l’ensemble du système terrestre vers l’effondrement.

Le DDT, par exemple, fait partie des nombreux polluants organiques persistants (POP). Ces produits chimiques à longue durée de vie mettent du temps à se dégrader et peuvent s’accumuler dans les écosystèmes ou dans les tissus des organismes vivants jusqu’à atteindre des niveaux dangereux. Les POP comprennent également les CFC, les polychlorobiphényles (PCB) ainsi qu’une longue liste d’autres substances toxiques aux noms imprononçables, couramment utilisées dans l’électronique, le textile, les ustensiles de cuisine, le papier et le plastique. Les PCB, par exemple, ont fait la une des journaux en raison de la menace qu’ils représentent pour les mammifères marins, mais aussi pour leur lien avec les cancers chez l’homme, les maladies immunitaires, les problèmes de thyroïde et les effets neurologiques.

Ces produits chimiques ne sont pas les seuls à persister dans l’environnement, les pollueurs eux-mêmes ont également fait preuve d’une persistance incroyable en évitant de payer la facture du nettoyage. General Electric, par exemple, a déversé environ 590 000 kilogrammes (1,5 million d’euros) de PCB (principalement fabriqués par Monsanto) dans le fleuve Hudson sur une période de 30 ans, jusqu’en 1977. GE a ensuite esquivé le nettoyage pendant des décennies. Des traces de PCB à un niveau dangereux sont encore présentes aujourd’hui dans les poissons et les sédiments du fleuve Hudson.

En 2004, la Convention de Stockholm sur les polluants organiques persistants a été ratifiée par 127 États ainsi que l’UE, qui se sont engagés à réduire progressivement, voire éliminer 12 des polluants organiques persistants les plus nocifs. Depuis lors, de nouveaux POP ont été identifiés et ajoutés à la liste. Par exemple, les polyfluoroalkyles et les perfluoroalkyles (PFAS) constituent un groupe polyvalent de plus de 5000 produits chimiques, dont certains ont été mis au point dès les années 1940, qui contiennent des liaisons carbone-fluor extrêmement fortes et presque impossibles à rompre. Les composés PFAS sont utilisés dans les emballages alimentaires (certains sont même commercialisés comme “compostables”), les ustensiles de cuisine, le textile, les cosmétiques, l’électronique et les émulseurs anti-incendie industriels. Ces produits chimiques extrêmement toxiques se répandent facilement dans l’air, la poussière, les aliments, le sol et l’eau.

Les PCB s’accumulent dans le lard des mammifères marins tels que les orques (voir photo ci-dessus), les grands dauphins et les phoques gris. Bien qu’ils aient été interdits dans les années 1980, les niveaux de PCB restent élevés dans les populations méditerranéennes. Image de Mick Thompson via Flickr (CC BY-NC 2.0).

Les produits chimiques antiadhésifs adhérents

L’un des premiers produits chimiques PFAS à avoir été découvert et commercialisé est l’acide perfluorooctanoïque (APFO), connu dans l’industrie sous le nom de C8. Il était utilisé dans l’usine de téflon, DuPont, pour fabriquer des poêles antiadhésives, et malgré les preuves de ses effets dévastateurs sur le corps humain (maladies cardiaques, colite ulcéreuse, maladies de la thyroïde, cancer des testicules et du rein) apparues dès les années 1960, le produit chimique a été utilisé sans restriction aux États-Unis jusqu’en 2016. Selon les experts, la limite actuelle recommandée par l’Agence de protection de l’environnement aux Etats-Unis (EPA), qui est de 70 parties par billion, est encore bien trop élevée.

“Une entreprise américaine a produit ces substances et a pollué le monde entier en vendant les brevets de manière irresponsable. Ces produits chimiques ne se décomposent jamais”, a déclaré Björn Beeler, coordinateur international du Réseau international pour l’élimination des Polluants Organiques Persistants (IPEN), un réseau mondial regroupant plus de 600 ONG qui a joué un rôle clé dans l’élaboration de la Convention de Stockholm et d’autres traités internationaux.

Ces produits chimiques dits éternels sont omniprésents et dangereux. L’Environmental Working Group (EWG) estime que l’eau du robinet de 200 millions de personnes aux États-Unis est contaminée par des PFAS. Les chercheurs travaillent sans relâche pour mettre au point des technologies permettant de remédier à la contamination par les PFAS.

“Les technologies traditionnelles de traitement des eaux souterraines sont [déjà coûteuses]. Cependant, en raison de la récalcitrance unique des PFAS, certaines de ces nouvelles approches [de nettoyage] sont encore plus chères car elles consomment beaucoup d’énergie”, a déclaré Michelle Crimi, professeure d’ingénierie civile et environnementale à l’université Clarkson de New York.

L’EWG a détecté une contamination par les PFAS sur plus de 700 sites militaires américains, où ces produits chimiques étaient utilisés dans les émulseurs anti-incendie. Les scientifiques sont perplexes quant aux rapports de l’armée indiquant se débarrasser des stocks restants en les incinérant. Ils soulignent que rien ne prouve que le feu puisse briser les liaisons fluor-carbone quasi indestructibles qui rendent les produits chimiques PFAS persistants.

L’Environmental Working Group (EWG) a découvert une contamination par les PFAS sur des milliers de sites à travers les États-Unis. Image d’Environmental Working Group – Contamination par les PFAS aux États-Unis.

L’ensemble du corps humain chamboulé

Les PCB et les PFAS peuvent attaquer les organes de l’ensemble du corps humain car il s’agit de substances à action endocrine (SAE), c’est-à-dire qu’ils imitent ou interfèrent avec le système hormonal qui régule tous les principaux systèmes du corps. En fait, les SAE ont été associées à certaines des plus importantes épidémies de santé non transmissibles du XXIe siècle, notamment l’obésité, l’endométriose, les maladies cardiaques, le cancer et le diabète. Elles ont également été liées à la baisse du nombre de spermatozoïdes et à l’infertilité féminine, les effets néfastes des SAE peuvent même être transgénérationnels. Elles ont également un impact sur le système immunitaire. L’exposition aux PFAS a été liée à une moindre efficacité des vaccins en général et à une plus grande gravité des maladies, notamment le COVID-19.

Pete Myers, fondateur et responsable scientifique d’Environmental Health Sciences (EHS), une ONG non partisane, déclare qu’on peut trouver des SAE partout : “dans la fosse des Mariannes, sur les glaciers, dans la neige de l’Arctique et chez les humains”.

Depuis que Myers a inventé ce terme en 1991, des dizaines de milliers d’articles scientifiques ont été publiés sur les SAE, informant de leur toxicité et établissant des cartes d’exposition. Depuis, des centaines de SAE ont été identifiées, y compris des ingrédients et additifs plastiques toxiques désormais tristement célèbres, tels que les phtalates et le bisphénol A (BPA).

“Des troubles autrefois rares sont le résultat de l’interférence des produits chimiques dérivés des combustibles fossiles avec notre système endocrinien, c’est-à-dire le système général qui englobe toutes les glandes de notre corps telles que le pancréas, la thyroïde, les glandes surrénales, les organes sexuels et certains segments du cerveau” – Theo Colborn, TEDxMidAtlantic (2012).

On récolte ce que l’on sème

Le plastique constitue une nouvelle entité à part entière. Omniprésent, mobile et particulièrement lent à se dégrader, il pourrait représenter la menace qui se développe le plus rapidement pour les systèmes terrestres. “Le plastique arrive en deuxième position après le changement climatique en ce qui concerne [la menace qui pèse sur] notre capacité de survie en tant qu’espèce sur cette planète”, a déclaré Sherri Mason, professeure de chimie à l’université Penn State en Pennsylvanie.

Des microplastiques ont été détectés sur les pentes de l’Everest, dans la fosse des Mariannes dans l’océan Pacifique, dans l’eau du robinet ainsi que l’eau en bouteille, dans les boissons gazeuses et la bière, et ils se trouvent à l’intérieur des êtres vivants, y compris nous.

Mason explique qu’ “il est difficile de décrire précisément à quel point ils sont omniprésents, car ils sont partout. Ils sont inévitables”.

Un bébé tortue de mer et les morceaux de plastique trouvés dans son appareil digestif. Cette quantité de plastique pourrait empêcher le passage de la nourriture dont ce bébé tortue a besoin pour grandir rapidement et devenir une proie moins vulnérable. Les effets des entités nouvelles sur la santé des animaux sauvages ont été peu étudiés. Image offerte par Jennifer Lynch/Center for Marine Debris Research de l’Université Hawai’i Pacific à Honolulu.

Les débris de plastique présents dans l’environnement peuvent absorber d’autres polluants et disperser, faisant des microplastiques “la source de nombreux autres problèmes environnementaux”, explique Mason. “Ils absorbent toutes sortes de produits chimiques vraiment toxiques et ayant un impact sur la santé humaine, comme les hydrocarbures aromatiques polycycliques et les biphényles polychlorés, et ils contiennent des retardateurs de flamme et des PFAS.”

Faute de restrictions ou de législation sur la production, l’industrie du plastique continue de se développer d’année en année. Certains pays ont pris des mesures pour limiter les plastiques à usage unique. Ils ont notamment mis en place des taxes ou des interdictions sur les sacs en plastique, mais la production mondiale s’élève à plus de 380 millions de tonnes de plastique chaque année. Seul 9% du plastique que nous fabriquons est recyclé, le reste finit en déchets. Le commerce et le transport internationaux des déchets plastiques ont fait l’objet d’un examen réglementaire ces dernières années. En 2019, un amendement visant à inclure les déchets plastiques dans la Convention de Bâle sur le contrôle des mouvements transfrontières de déchets dangereux et de leur élimination un traité international qui réduit les mouvements de substances dangereuses et exige le consentement préalable des pays pour les mouvements de déchets, a choqué le monde entier et a poussé les gouvernements occidentaux à trouver d’autres méthodes d’élimination pour faire face à l’augmentation rapide de leurs déchets plastiques.

Le cerveau ne peut pas lutter contre les polluants à l’échelle nanométrique

Un nouveau domaine de recherche sur les entités nouvelles porte sur les nanoparticules. Ces minuscules particules, dont la largeur est inférieure à un millième de celle d’un cheveu humain, sont générées par une grande variété de processus, tant naturels que manufacturés, dont les feux de forêt et les poêles à bois, la pollution due au trafic routier et de nombreux processus industriels à haute température.

Une fois inhalées, les nanoparticules peuvent atteindre nos organes vitaux. Par exemple, “étant donné qu’elles sont si petites, elles peuvent remonter directement le long des nerfs olfactifs jusqu’au cerveau”, explique Barbara Maher, professeure à l’université de Lancaster (Royaume-Uni), qui étudie les polluants atmosphériques.

Maher et ses collègues ont trouvé des nanoparticules riches en fer dans le cortex frontal et le tronc cérébral ainsi qu’à l’intérieur des cardiomyocytes, qui ne peuvent provenir que de la pollution de l’environnement. “Il est impossible qu’une gouttelette de fer récemment fondue se forme naturellement dans le cerveau, elle doit provenir de l’extérieur”, explique Maher. Selon elle, la source la plus probable de ces particules riches en fer pour les citadins est l’usure des freins des véhicules, suivie des gaz d’échappement.

Les recherches de Maher sur la pollution atmosphérique ont fait ressortir la présence de nanoparticules riches en métaux à l’intérieur des cardiomyocytes humaines. Ces images prises au microscope électronique montrent des nanoparticules riches en fer dans les mitochondries cardiaques, les organites responsables de la production d’énergie d’une cellule, d’un enfant de 3 ans vivant à Mexico. Image offerte par Barbara Maher.

Bien que les recherches concernant les effets des nanoparticules sur l’environnement et la santé soient encore peu nombreuses, l’exposition à des nanoparticules riches en métaux a été liée à des maladies cardiovasculaires et neurodégénératives telles que la maladie d’Alzheimer. “Le corps humain possède très peu de moyens de défense contre ce type d’attaque [aiguë] de millions de nanoparticules, ou contre l’exposition chronique à des milliers de nanoparticules”, a-t-elle déclaré.

En plus des innombrables nanoparticules que nous rejetons involontairement dans l’environnement en tant que sous-produit des activités humaines, les nanotechnologies créent également des types de nanoparticules entièrement nouveaux.

En 2002, lors d’une conférence de la Society of Environmental Journalists organisée à Baltimore (Maryland), un journaliste a demandé à un expert en nanotechnologies si le gouvernement américain allait prendre des mesures pour réglementer les nanotechnologies. Il a répondu que “le mal était déjà fait”. Depuis lors, les nanoparticules sont rapidement devenues omniprésentes dans la culture de consommation mondiale. Elles sont utilisées dans les crèmes solaires transparentes, les tissus antitaches, les verres de lunettes antirayures, les peintures antifissures, les pneus de voiture, et même pour les outils d’administration de médicaments. Dans de nombreux pays, aucune identification ou étiquette d’avertissement n’est nécessaire.

À l’échelle nanométrique, les propriétés d’éléments et de molécules familiers peuvent changer de manière imprévisible. Leurs effets sur l’homme et l’environnement sont encore très peu étudiés.

Bien qu’ils pourraient présenter de nombreux avantages pour l’humanité, “les connaissances sur l’avenir, le transport et le comportement des nanomatériaux dans l’environnement, sur la manière dont ils peuvent altérer les écosystèmes ou sur la capacité des systèmes terrestres à réagir ou à neutraliser leur impact en cas de fuite involontaire dans l’environnement sont insuffisantes”, a mis en garde Leonard.

Le trafic routier et certains processus industriels entrainent une pollution atmosphérique particulaire riche en métaux. Grâce aux recherches de Maher, des nanoparticules riches en fer ont été trouvées à l’intérieur des cardiomyocytes d’un enfant de 3 ans et d’un jeune adulte vivant à Mexico. Des nanoparticules riches en métaux ont également été trouvées dans le cerveau et dans le placenta. Image de World Bank Photo Collection via Flickr (CC BY-NC-ND 2.0).

Le statut de la limite planétaire des entités nouvelles

Le volume considérable et la variété des polluants environnementaux expliquent pourquoi cette limite planétaire reste l’une des deux limites dont les risques ne sont absolument pas quantifiés (la deuxième étant la pollution atmosphérique par les aérosols). Mais les scientifiques ont des raisons de penser que nous sommes peut-être déjà dans la zone de danger des nouvelles entités. En effet, une analyse réalisée en 2017 a révélé que la production et la diversification des produits chimiques synthétiques ont traversé d’autres limites planétaires déjà critiques, telles que le changement climatique, l’utilisation des sols et l’érosion de la biodiversité.

“En termes de santé de l’humanité, la question de la pollution chimique se situe au même niveau que celle du changement climatique”, a déclaré Beeler de l’IPEN.

Une grande inconnue est la façon dont toutes ces entités nouvelles peuvent interagir entre elles et avec l’environnement pour infliger des dommages additifs, voire multiplicatifs, et imprévisibles aux systèmes terrestres. Maher craint que dans une dizaine d’années à peine, “nous puissions regarder en arrière et nous dire : “Wow, nous nous sommes empoisonnés à droite et à gauche””.

Les entités nouvelles déstabilisent également d’autres limites planétaires. Par exemple, le rejet (intentionnel ou accidentel) de métaux lourds, de déchets radioactifs, de POP et de pesticides dans l’environnement peut polluer l’air, le sol et l’eau, affectant directement les limites concernant l’eau douce, les aérosols dans l’atmosphère et la biodiversité.

De plus, de nombreux produits chimiques synthétiques sont fabriqués à partir du pétrole, ce qui lie de façon étroite les entités nouvelles et les limites du climat. L’industrie chimique est actuellement le troisième émetteur mondial de CO2, et cette industrie de 5000 milliards de dollars devrait doubler d’ici 2030. “Le secteur des combustibles fossiles, ou le secteur de la pétrochimie, (il s’agit d’une seule et même chose) transfère essentiellement tous ces investissements de l’essence vers les matériaux, à savoir les plastiques”, a déclaré Beeler.

À l’inverse, le réchauffement climatique peut aggraver la pollution chimique. En effet, les températures plus élevées font que les POP s’évaporent plus facilement dans l’atmosphère, alors que la sécheresse due au changement climatique concentre les polluants dans les masses d’eau. Aussi, les produits chimiques coincés dans la glace peuvent être déplacés lors de la fonte des glaciers.

Les entités nouvelles accentuent également les inégalités sociales et économiques existantes. Dans les pays riches, ce sont les communautés les plus pauvres qui ont tendance à être les plus exposées à la pollution de l’air et de l’eau. A l’échelle mondiale, la charge du nettoyage des déchets incombe aux pays en développement. Les femmes, les personnes de couleur, les communautés autochtones, les enfants, les personnes âgées et les autres groupes marginalisés sont souvent les plus sévèrement touchés.

Une rivière débordant de déchets plastiques à Kibera, Nairobi, au Kenya. Une grande partie des déchets plastiques de la planète est exportée vers les pays à revenu faible et intermédiaire d’Afrique et d’Asie. Image de GRID-Arendal via Flickr (CC BY-NC-SA 2.0).
Dans une casse d’Accra, au Ghana, des hommes trient et démontent des déchets automatiques et électroniques, pour la plupart exportés d’Europe, afin de récupérer des métaux précieux tels que le cuivre, l’aluminium et le fer. Ils travaillent sans aucun équipement de protection contre la pollution par les métaux lourds ou contre les fumées toxiques générées par la combustion du plastique sur le site. Des experts de l’IPEN et de l’ONG tchèque Arnika ont relevé une contamination par les POP sur plusieurs sites au Ghana. Image offerte par Martin Holzknecht (Association Arnika).

Les experts interrogés dans le cadre de cet article s’accordent à dire que la meilleure façon pour les autorités de faire face à ce raz-de-marée d’entités nouvelles est de respecter le principe de précaution selon lequel les nouvelles innovations ne doivent être mises sur le marché qu’après avoir été reconnues sûres.

Le Règlement de l’UE relatif à l’enregistrement, l’autorisation et la restriction des substances chimiques (REACH) a été conçu à cet effet et a permis de retirer de nombreux POP et autres substances nocives du marché européen. Toutefois, des dérogations existent pour certaines “utilisations inévitables” et de nombreux POP douteux sont encore autorisés. Cependant, les réglementations de nombreux autres pays sont beaucoup plus souples.

“Nous ne pouvons pas faire semblant d’ignorer ce problème”, a averti Maher. “Nous ne pouvons pas nous contenter de mener cette expérience [sur l’environnement] et payer les pots cassés par la suite. Ce n’est tout simplement pas correct d’un point de vue éthique” et les nettoyages sont à la fois difficiles et très coûteux.

Des sources ont déclaré à Mongabay que les organismes de réglementation ne parviennent pas non plus à mettre en place des tests scientifiques de pointe pour fixer des limites de sécurité pour les nouveaux produits chimiques. Par exemple, des décennies de recherche sur les SAE ont confirmé une relation contre-intuitive dose-effet. Ces produits chimiques ont des effets différents suivant l’intensité de leur dose. “La partie la plus sensible de la courbe dose-réponse d’une hormone et d’une SAE se situe aux doses les plus faibles. A mesure que la dose augmente, les récepteurs peuvent être désensibilisés à l’hormone” et à la SAE, a expliqué Myers.

Ce schéma toxicologique des SAE va à l’encontre des tests industriels traditionnels, qui testent d’abord la toxicité à des doses très élevées et répètent l’opération avec des doses de plus en plus faibles jusqu’à ce qu’aucun effet ne soit constaté. Ce niveau est ensuite divisé par 1000 pour déterminer quelle dose ne représente aucun danger. Mais comme le souligne Myers, avec ce régime de tests, “on ne parvient jamais à atteindre les niveaux auxquels la perturbation hormonale fonctionne réellement.”

Cela signifie que “les doses sûres qui ont été établies [pour les SAE] sont complètement frauduleuses car elles reposent sur des données scientifiques largement dépassées”, a-t-il déclaré.

L’influence des entreprises représente un autre problème. Un rapport de Sharon Lerner pour The Intercept a répertorié les échecs de l’EPA à réglementer les pesticides dangereux. Ce problème est certainement dû à l’importante pression exercée par les lobbyistes de l’industrie chimique, au sérieux manque de financement et de ressources, et à une culture pro-agroalimentaire au sein de l’Office of Pesticide Programs, qui a vu l’annulation de milliers de tests de toxicité et un arrêt de la progression de la carrière des dénonciateurs.

Les failles juridiques jouent également en faveur des entreprises chimiques américaines. Par exemple, le Federal Insecticide, Fungicide, and Rodenticide Act, adopté en 1947 stipule que l’homologation des pesticides ne peut être refusée que si les risques pour la santé et l’environnement sont supérieurs aux avantages pour le rendement et la qualité des cultures. Depuis 2000, l’EPA a annulé l’homologation de cinq pesticides uniquement, alors que des milliers d’entre eux ont été mis sur le marché.

Le changement affectant la planète est encore plus lent. Au rythme actuel, il faudrait plus de 40 000 ans aux traités mondiaux pour réglementer tous les produits chimiques PFAS, un par un. De plus, 20 ans après la signature de la convention de Stockholm, le DDT est encore couramment utilisé dans les pays en développement pour lutter contre les moustiques, vecteurs de maladies. Et au Brésil, le plus grand utilisateur de pesticides au monde, le volume d’homologation de nouveaux produits, qui se comptent par centaines par an et dont beaucoup sont fabriqués dans l’UE où leur utilisation est interdite, a dépassé toute capacité d’évaluation.

Cependant, des accords tels que les Conventions de Stockholm, de Bâle et de Minamata sur le mercure fixent la norme internationale pour les nouvelles réglementations nationales. “La plupart des pays à revenu faible ou intermédiaire élaborent leurs politiques nationales à partir de la norme internationale”, a déclaré Beeler.

Cheminée d’une usine pétrochimique à Houston, au Texas (États-Unis). L’industrie chimique est étroitement liée aux combustibles fossiles et au changement climatique. Elle est le troisième plus grand émetteur de CO2. Le corridor sud-est aux États-Unis, où sont concentrées la plupart des usines pétrochimiques, est surnommé “l’allée du cancer”. Image de Louis Vest via Flickr (CC BY-NC 2.0).

Il est temps que l’industrie chimique paye sa part

Le succès et les profits astronomiques de l’industrie chimique ont été bâtis sur l’externalisation d’un grand nombre de ses coûts. “Tant que vous ne ferez pas payer [aux producteurs de produits chimiques] le coût [environnemental et humain] réel, c’est en réalité le public qui paie pour tout, et il le fait à travers les soins de santé”, l’élimination et le nettoyage, a déclaré Beeler. En 2019, l’OMS a estimé que 53 millions d’années de vie corrigées de l’incapacité ont été perdues à cause de l’exposition aux produits chimiques.

En 2020, l’IPEN, en collaboration avec le Center for International Environmental Law (CIEL), a proposé une solution avec la publication d’un rapport appelant à l’instauration d’une taxe internationale de 0,5% sur la production de produits chimiques de base, qui, selon eux, pourrait rapporter 11,5 milliards de dollars par an, soit 85 fois le financement annuel actuellement disponible pour la gestion des produits chimiques par les gouvernements.

“L’industrie chimique doit payer pour résoudre ce problème, elle doit payer sa part” et assumer la responsabilité de ses produits chimiques, a affirmé Beeler.

Actuellement, “les entreprises commercialisent le produit chimique, gagnent des milliards de dollars, mais c’est à moi et à vous qu’il incombe de montrer que ce produit a un impact”, ou à des gouvernements disposant de peu de ressources, a fait remarquer Mason.

Microplastiques trouvés par la scientifique Sherri Mason et ses collègues dans le lac Érié en 2013. Ce travail a fourni des données clés qui ont éclairé l’élaboration d’une nouvelle politique du gouvernement américain, à savoir la loi sur les eaux sans microbilles (2015). Image de Sherri Mason.
Les déchets plastiques pénètrent dans les cours d’eau où ils se décomposent lentement en particules plus petites. Ces plastiques ont tous été collectés dans un affluent du lac Michigan. Les gros débris de plastique peuvent constituer un problème majeur pour les poissons, les tortues et les oiseaux qui les avalent. Les petits fragments peuvent être consommés par les petits poissons et remonter la chaîne alimentaire, se bioaccumulant dans les prédateurs au sommet, y compris les humains. Image de Sherri Mason.

En 2013, la découverte par Mason de microplastiques dans les Grands Lacs américains a attiré l’attention des médias et a déclenché une série de plaidoyers qui ont finalement abouti à la loi Microbeads-Free Water Act. Cette loi de 2015 “a été adoptée à l’unanimité par le Congrès [américain]… Ce qui est rare !” s’exclame Mason, qui explique ensuite pourquoi. Dans ce cas très inhabituel, “l’industrie chimique a ressenti cette [énorme] pression de la part des consommateurs, et n’a pas fait pression contre elle.”

De tels succès pourraient se produire pour d’autres entités nouvelles si l’industrie chimique voyait une opportunité de marché dans la chimie verte et les matériaux durables. Selon Myers, une telle évolution “permettrait aux autorités réglementaires de se libérer de la pression constante des industries chimiques” et leur permettrait de plutôt soutenir les industries vertes émergentes.

À l’approche du 60e anniversaire de l’ouvrage de Rachel Carson, Printemps silencieux, l’objectif de l’IPEN d’un “avenir sans produits toxiques” semble très éloigné. Mais la science continue de nous avertir de manière urgente qu’il s’agit d’une limite planétaire que nous ne pouvons pas nous permettre d’ignorer.

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Image de bannière : Portraits de liquidateurs décédés à Tchernobyl utilisés pour une manifestation anti-nucléaire à Genève. Image de MHM55 via Wikimedia Commons (CC BY-SA 4.0).

 
Article original: https://news.mongabay.com/2021/09/novel-entities-are-we-sleepwalking-through-a-planetary-boundary/

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