Nouvelles de l'environnement

RDC : Le projet de Colruyt Group soulève des questions

Des habitants en train de préparer une pépiniere au Congo

Des habitants en train de préparer une pépinière au Congo/ Photo du Groupe Colruyt

  • Deux projets de reboisement sont en cours en République Démocratique du Congo. Il s’agit d’un côté, le projet du Gouvernement de planter 1 milliards d’arbres d’ici 4 ans et le Colryut Group qui, à son tour, veut planter 12 millions d’arbres, de l’autre côté.
  • L’objectif du Group est de réduire les émissions CO2 par la plantation de ces 12 millions d’arbres en RDC, un pays qui abrite la grande partie de la cuvette du Congo, deuxième poumon respiratoire de l’humanité après l’Amazonie.
  • Le projet de plantation d’arbres sera exécuté dans la province de Kwango qui compte plus de cinq millions d’habitants et s’étend sur environ 90.000 km². L’objectif est de développer le potentiel de la province du Kwango en réalisant ce projet sur 100 km² dans deux localités : Swa-Kasongo et Swa-kahumba.

En marge de la Journée Mondiale de l’Environnement, en juin 2019, le Président Congolais Félix Tshisekedi a lancé le projet de planter au moins 1 milliard d’arbres en 5 ans.

Ce projet gouvernemental en cours d’exécution est actuellement secondé par un autre projet cette fois-ci, privé et exécuté par une société commerciale étrangère de droit Belge.

Basé à Hal en Belgique, ancienne puissance coloniale de la RD Congo, Colruyt Group vient d’annoncer récemment par le biais de son CEO, M. Jef Colruyt, un nouveau projet écologique de plantation de 12 millions d’arbres.

Jef Colruyt a annoncé que le dit projet a déjà  bénéficié de la caution scientifique du climatologue, Jean Pascal van Ypersele de l’Université Catholique de Louvain connu en Afrique Centrale et équatoriale pour ses études climatologiques.

Estimé à 8 millions d’euros, ce projet sera exécuté dans la province du Kwango dans le sud-ouest de la RDC, selon la communication officielle de cette organisation.

Il vise notamment à réduire pratiquement 120.000 tonnes d’émissions CO² par la plantation de plus de 12 millions d’arbres sur 10.000 hectares selon la note explicative du projet, disponible sur le site internet de Colruyt Group.

 Seul le Parlement en a les compétences 

La société civile congolaise, notamment celle impliquée dans la lutte pour la protection de l’environnement pose des questions, qui visiblement tardent d’avoir des réponses.

Bien que des questions sur le travail envisagé par le Groupe Colrypt sont posées, celui-ci n’est pas un organe nouveau dans  ce pays de l’Afrique Centrale.

Depuis plus de 5 ans Colruyt Group soutient certaines initiatives du Gouvernement congolais en rapport avec l’environnement.

Ses interventions sont notamment localisées à l’est de la République Démocratique du Congo où le Groupe collabore avec Rikolto et la Fondation Collibri respectivement dans la culture du café et le renforcement des capacités des jeunes agriculteurs.

Parlant au nom de la communauté des membres des activistes environnementaux, Me. Prince Lungungu trouve que l’attribution des 10.000ha à la société Colrypt est illégale.

Lungungu est membre de  l’ONG Action pour la Promotion des Personnes et Espèces Menacées, APPEM  qui est une structure de la plateforme Réseau Ressources Naturelles. D’un air déçu, il raconte :

« (…) déjà quand on parle de près de 10 000 ha, au regard de la loi en la matière, il faudrait que cet espace soit attribué par le parlement, parce que c’est au-delà de 2.000 ha ».

Ici, selon la loi congolaise en vigueur, nul ne peut octroyer une superficie de plus de 2.000ha. Seul le Parlement en a les compétences, à en croire les dires du Me Lungungu.

Mais pour la chargée de la presse au sein du groupe Colrypt, le choix de la RDC n’est pas un hasard. La RD Congo abrite « la deuxième plus grande forêt tropicale du monde » qu’il faut venir en aide.

Selon  Nathalie Roisin, son groupe veut renforcer cet écosystème qui est lui-même sous pression grâce à l’activité humaine.

Quid de la représentativité

Le Colruyt Group pense avoir convaincu les communautés locales car, estime la responsable de la presse, il y a eu des échanges ces derniers mois avec la population des deux localités.

L’objectif, semble-t-il, est de convaincre la population locale des deux localités.

« L’attribution de la concession de 25 ans est en cours de finalisation. Ce qui est important aussi dans ce cadre, c’est que nous avons eu de nombreux échanges avec les communautés de Swa-Kasongo et Swa-Kahumba ces derniers mois » esquisse Nathalie Roisin.

Mais, un autre activiste soulève une question de représentativité. Par ailleurs, les deux représentants des deux communautés de Swa-Kasongo et Swa-Kahumba ne semblent pas suffire pour une affaire aussi délicate que ces concessions.

Floribert Masani, Directeur Technique du réseau CREF, une plateforme de la société civile environnementale regroupant près de 31 ONGs s’indigne :

Même « si la procédure (serait, Ndlr) respectée, est-ce qu’on est passé par des consultations, parce qu’il s’agit  seulement des deux chefs de groupement représentant les communautés pour dire que la procédure a été respectée ? ».

Pour lui, il faudrait plutôt un monitoring sur le terrain pour se rendre compte de la véracité de ce qui se trouve sur les papiers brandis par le groupe belge.

Mais un officiel du Gouvernement lève le voile, soulignant que la procédure n’est pas encore terminée. Céline Pembele  est cadre de la Direction de Reboisement et horticulture en RD Congo.

Elle raconte que « La procédure d’acquisition de la concession foncière pour cette entreprise belge est encore en cours ».

Par ailleurs, il semble qu’à ses oreilles, le projet du groupe Belge est encore officieux.

« Au ministère de l’environnement, nous avons officieusement appris de ce projet », raconte-t-elle, avant d’annoncer qu’une conférence de presse serait conjointement organisée pour annoncer le début si les choses sont toutes réglées.

Ici, elle annonce que « la procédure (…) au niveau du ministère des affaires foncières » n’est pas encore terminée, après quoi il y aura alors une communication conjointe sur cette affaire. .

Il sied de signaler également qu’actuellement, une collecte intensive de graines des espèces d’arbres   souhaitées est en cours.

Ils sont préparés dans les pépinières à Swa-Kasongo et Swa-Kahumba et soignés jusqu’à ce qu’ils soient assez grands et forts pour être plantés, estime notre source.

 

 

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