Nouvelles de l'environnement

Burundi : La montée des eaux du Lac Tanganyika crée une crise humanitaire

  • Les eaux du Lac Tanganyika ont commencé à reculer après leur montée depuis mars 2020, selon Bernard Sindayihebura, expert en environnement et aménagement qui suit de près les mouvements du Lac Tanganyika.
  • Le Lac Tanganyika, deuxième plus gros lac d’Afrique après le Lac Victoria a commencé à manifester l’augmentation de ses niveaux depuis mars 2020.

Selon l’expert, les niveaux du lac ont passé de 772,7 m à 776,5 m soit une augmentation de 3.8m en une année seulement.

Les dégâts ont été énormes au Burundi, surtout dans la plaine de l’Imbo sur le littorale du Lac Tanganyika.

En 2021 les choses se sont aggravées par les inondations causées par la rivière Rusizi, grands affluent du Lac Tanganyika.

Des ménages et familles ont dû quitter les lieux, laissant ainsi derrières eux des maisons, écoles structures de soins et autres infrastructures sous les eaux.

La monté du Lac Tanganyika n’a pas épargné des infrastructures publiques tels que le port de Bujumbura et les routes, notamment la Route Nationale numéro 3 reliant Bujumbura, la capitale économique du pays et le sud du pays passant par le long du Lac Tanganyika.

Le Gouvernement du Burundi dit que son principal port, servant la Tanzanie, la RD Congo et même la Zambie a été sévèrement touché, ajoutant que le pays aura besoin de plus de 15 milliards de francs burundais (EURO 6.2 millions) pour sa réhabilitation.

Une crise humanitaire s’en ai suivi

La ville de Bujumbura et ses environs ont été durement touchés par ces inondations et montée des eaux du Lac Tanganyika.

Selon un rapport de l’Organisation International des Migrations (OIM) la ville de Bujumbura enregistre à elle seule au moins 27.000 personnes affectées par les changements climatiques et essentiellement les inondations et montées des eaux du Lac Tanganyika.

La Province de Bujumbura, elle aussi, possède un effectif de plus de 20.000 personnes affectées suivie par la Province de Rumonge, située plus au sud avec un effectif de plus de 15.000 victimes des inondations. Les trois premières régions ont en commun le fait d’être au bord du Lac Tanganyika.

Selon l’organisation internationale Save the Children, la crise humanitaire au Burundi liée aux catastrophes naturelles semble être plutôt oubliée ou négligée. Selon son communiqué du 20 septembre dernier, au moins 103.000 personnes sont actuellement déplacés internes non pas par conflit armé mais à cause des changements climatiques.

Save the Children, à travers un communiqué sur internet dit : « Alors que de nombreuses familles burundaises ont connu au fil des années des conflits et la pauvreté, la plupart avaient jusqu’à présent pu garder un toit au-dessus de leur tête et nourrir leurs familles. Maintenant, avec la montée du lac Tanganyika, nous voyons des familles qui avaient auparavant de solides foyers, tous les enfants à l’école et deux parents qui travaillent, réduits à vivre dans des tentes sans emploi, sans nourriture, et les enfants doivent travailler pour un dollar par jour pour subvenir aux besoins de leur famille. C’est une injustice flagrante pour une communauté qui a déjà connu tant de difficultés », déplore Maggie Korde, directrice nationale de Save the Children pour le Rwanda et le Burundi, a déclaré :

Selon elle,  le monde semble avoir oublié le Burundi ajoutant qu’il « porte le poids du changement climatique mondial, les enfants étant les plus touchés ».

Le Gouvernement et ses partenaires ont dû alors construire des centres d’accueil pour des familles touchés à Maramvya dans la province de Bujumbura.

Les conditions de vie des déplacés se sont détériorées ces derniers jours avec l’arrivée de la nouvelle saison des pluies.

« Quand il y a des pluies, on ne dors pas. La tente que nous avons est vieille, et les pluies nous atteignent facilement » raconte Générose Nyandwi, 40 ans, mère de 2 enfants et déplacée interne suite aux inondations de Gatumba dans la province de Bujumbura.

Sa fille, Irène Kaneza, 14 ans déplore que les conditions de vie soient devenues dramatiques depuis la montée du Lac Tanganyika.

« Depuis mon arrivée ici (dans un camp de déplacés interne, Ndlr), je ne suis pas en mesure de réviser les cours. J’ai même échoué l’année passée pour ne pas avoir été disponible en classe. En effet je suis tombé malade en plein examens l’année passée ce qui m’a couté toute une année scolaire », raconte-t-elle.

Sept ans pour le retour à la normale

Selon l’expert en environnement et aménagement, il faut au moins 7 ans pour que les eaux du Lac Tanganyika reviennent à leur ancien niveau.

Selon lui, le phénomène de montée des eaux du lac n’est pas du tout nouveau car il s’est aussi produit il y a au moins 50 ans.

Comme solution, Bernard Sindayibehura recommande aux gens et surtout au Gouvernement de ne pas autoriser la construction à moins de 150m des rives du Lac Tanganyika.

 

 

 

 

 

 

 

Quitter la version mobile