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Mali : L’insécurité et le militantisme menacent les chimpanzés

  • La réserve du Bafing abritait jusqu’en 2013 au moins 2000 chimpanzés dont l’espèce en voie  de disparition dénommé chimpanzé occidental.
  • Des groupes armés qui sévissent au Mali depuis 2012 et des guerres en Libye ont favorisé les trafiquants dont le nombre n’est pas connu mais qui occupent actuellement la forêt du Bafing, l’un des principaux habitats des chimpanzés au Mali.
  • Les Gardes forestiers ont dû fuir et ont trouvé refuge à au moins 70km de leurs postes d’attaches, vivant dans la peur et panique de se voir exécutés par les djihadistes et les trafiquants qui opèrent ensemble dans cette région.

Le militantisme et l’insécurité sont à la base de la destruction de l’habitat des chimpanzés et de diminution même de la population de ceux-ci selon un garde forestier Karim Kamisoko, rencontré à une dizaine de kilomètres de la forêt de Bafing.

Tandis qu’il devrait être à son poste à l’intérieur même de l’habitat de ces animaux qu’il est censé protéger, Karim Kamisoko a été rencontré plutôt à 70km de son poste d’attache, déplorant avoir perdu son poste d’attache, sa familiarité avec les chimpanzés et d’autres animaux qu’il était pourtant le protecteur.

Depuis un certain temps, des hommes armés liés notamment aux groupes terroristes ont envahi cette forêt de Bafing, pourtant riche en espèces comme les derniers des chimpanzés occidentaux, une faune et une flore uniques de la région du Sahel dénommés soudaniennes par son climat.

Selon lui, tous les animaux, les chimpanzés inclus, sont laissés à eux-mêmes suite à la présence des djihadistes dans la forêt de Bafing.

«  L’habitat des chimpanzés est devenus le nid des Djihadistes, et les animaux sont laissés à eux-mêmes », dit-il avec angoisse et surtout avec peur des représailles de la part de trafiquants et des djihadistes.

Selon lui, nulle ne doute qu’aujourd’hui, les trafiquants et les djihadistes collaborent dans la chasse des animaux qui étaient dans cette forêt de Bafing.

Depuis début 2015, un groupe d’une centaine de combattants dénommé Katiba Macina a vu le jour au Mali et se dit affilié à un autre groupe terroriste Ansar Dine connu pour ses exactions au Sahel depuis 2012.

Ce groupe, qui est considéré comme organisation terroriste par le Canada depuis février 2015 met en danger la vie des animaux qui vivent dans les forêts qu’il occupe, notamment le Bafing, véritable habitat des chimpanzés au Mali.

En 2013, la Direction Nationale des Eaux et Forêts avait recensé 2.000 chimpanzés dans la réserve du Bafing d’une superficie de 176.469 hectares. Aujourd’hui, selon Moussa Samake, un autre agent des eaux et forêts, il est difficile de savoir combien il en reste après des années de militantisme et de djihadisme au Mali.

Les deux convergent sur le fait que l’habitat des chimpanzés dans le Bafing est en voie de disparition parce que cette zone se trouve entre les mains de ceux qui n’ont pas la mission de la protéger mais plutôt ceux qui la détruisent.

Craignant l’insécurité dans le bassin du Bafing, même les communautés locales ont dû fuir la région et d’autres ont préféré se ranger du côté des groupes armés juste pour sauver leurs peaux ou protéger leurs richesses.

Des communautés menacées aussi

Par ailleurs, estime-t-il, même les missions de contrôle et de sensibilisation à l’endroit des populations riveraines du Bafing par elles-mêmes ou par des agents de l’Etat, des ONG ou autre, ont été pratiquement arrêtées à cause des attaques répétitives dont ils font l’objet très fréquemment.

Les défendeurs de l’habitat des chimpanzés dans cette partie du Mali se sont vus attaqués par des djihadistes et par voie de conséquences, ils ont dû se taire ou prendre le large. Cet état de choses, selon Samake, décourage le personnel et des communautés de base qui étaient pourtant l’une des pierres angulaires dans la protection de cet habitat naturel de plus de 2000 chimpanzés.

La réserve du Bifang est caractérisée par une succession de plateaux cuirassés, des plaines alluviales et de bas-fonds. Le climat est de type soudanien au nord et soudano-guinéen au sud, ce qui la rend habitable par ces groupes armés.

Alors que l’ensemble des cours d’eau du Parc appartient au système du bassin versant du fleuve Sénégal, les conditions de vie des trafiquants souvent liés aux djihadistes – si ce n’est pas d’ailleurs eux-mêmes- deviennent faciles surtout qu’ils y trouvent à manger facilement.

Une logistique djihadiste importante

Les trafiquants et djihadistes se sont multipliés après le début de la guerre de Lybie.  Cette guerre civile qui a suivi la chute du Guide Libyen Mohamar Kadafi a permis la circulation des armes entre les mains, non seulement des djihadistes, mais aussi des trafiquants des animaux dans cette région.

Selon l’adjudant-chef Djibrilla Maiga de la Gendarmerie qui a eu a effectué des missions dans la zone, à part de « rares patrouilles qui sont organisées dans la zone, les agents de sécurité ont du mal à les suivre car ils évoluent à moto et tendent souvent des embuscades à ces derniers ».

Par ailleurs, l’usage des fusils d’assauts ou des armes aux munitions permet aux djihadistes de chasser comme bon leur semble, déplore l’adjudant-chef, tout en visant n’importe quel animal.

 

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