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Des microplastiques retrouvés dans des placentas humains, les scientifiques s’avouent « extrêmement inquiets »

  • Une nouvelle étude a mis en évidence la présence de microplastiques dans des placentas humains. Les résultats suggèrent que ces microparticules pourraient nuire à la santé et au développement du fœtus.
  • Selon les chercheurs, ces microplastiques ont probablement été ingérés ou inhalés par les femmes enceintes avant de s'infiltrer dans leur placenta.
  • Même si des études complémentaires s’avèrent nécessaires sur le sujet, le monde scientifique estime d’ores et déjà que ces microplastiques peuvent venir perturber le système immunitaire en développement des bébés.

Le plastique est partout – littéralement partout. De plus en plus d’études indiquent que le plastique n’envahit pas uniquement nos océans et nos régions sauvages, mais il s’infiltre également dans notre corps à travers l’air que nous respirons, l’eau que nous buvons et les aliments que nous consommons. Et maintenant, une toute nouvelle étude révèle que les microplastiques – des minuscules particules, d’une taille plus petite que 5 millimètres mais plus grosse qu’un micron – sont même présents dans les placentas humains, se posant alors comme un risque potentiel pour le développement et la santé du fœtus.

Publiée ce mois dans Environmental International, l’étude a analysé six placentas de femmes ayant vécu des grossesses et des accouchements sains, normaux et sans complications. Durant l’accouchement, les obstétriciens et les sages-femmes ont suivi un « protocole zéro plastique », c’est à dire qu’ils ont troqué leurs gants en plastique pour des gants en coton et n’ont utilisé aucun instrument en matière plastique afin d’éviter toute contamination croisée.

Au total, ce sont 12 fragments de microplastiques qui ont été détectés dans quatre des six placentas étudiés. Trois de ces particules ont été identifiées comme du polypropylène, un plastique fréquemment utilisé dans les contenants et les emballages alimentaires. Bien qu’il ait été plus difficile d’identifier les autres fragments, d’après les chercheurs, ils pourraient provenir de « revêtements artificiels, peintures, adhésifs, pansements, vernis à ongles, polymères, produits de soin et cosmétiques ».

Des microplastiques retrouvés dans un ruisseau de Floride en 2017. Image de Florida Sea Grant / Flickr (CC BY-NC-ND 2.0).

Si les effets des microplastiques sur la santé demeurent encore très méconnus, les scientifiques soulignent néanmoins que la présence de ces particules constitue « un sujet extrêmement préoccupant » en raison du rôle crucial du placenta dans le développement du fœtus.

Antonio Ragusa, auteur principal de l’étude et directeur du service de gynécologie obstétrique de l’hôpital San Giovanni Calibita Fatebenefratelli de Rome, a déclaré qu’il était probable que ces microplastiques soient également présents dans le corps des bébés, tout en insistant que des études complémentaires seraient nécessaires pour le vérifier.

« Je ne peux pas apporter de preuves scientifiques à tout cela puisque notre étude est la première qui ait été menée sur le sujet, [mais] je pense que si nous recherchions ces microplastiques, nous pourrions en retrouver dans les organes des nouveau-nés, car le placenta est un organe temporaire du fœtus, et non un organe maternel », a expliqué Ragusa à Mongabay dans un e-mail. « Bien sûr, il ne s’agit que d’une supposition. »

Bien que tous les bébés soient nés en bonne santé, Ragusa estime que les microplastiques présents dans le placenta pourraient « altérer la régulation du cycle cellulaire… comme le déclenchement des réponses immunitaires. »

Des particules de polypropylène identifiées dans des placentas humains. Image de Antonio Ragusa.

« La présence de MP [microplastiques] dans le tissu placentaire nous oblige à reconsidérer le mécanisme de la tolérance immunitaire – un mécanisme qui peut être perturbé par la présence de microplastiques », fait observer Ragusa. « En fait, il a été rapporté qu’une fois présents dans le corps humain, les microplastiques peuvent s’accumuler et exercer une toxicité localisée induisant et/ou renforçant les réponses immunitaires et, par conséquent, réduisant potentiellement les mécanismes de défense contre les pathogènes et altérant l’utilisation des réserves d’énergie. »

D’après les scientifiques, les particules microplastiques ont probablement été ingérées ou inhalées par la mère, et véhiculées ensuite dans le placenta.

Steve Allen, un chercheur en microplastiques de l’université Strathclyde de Glasgow qui n’a pas participé à l’étude, a déclaré ne pas être surpris par ces résultats : « Je suis certain qu’avec des études complémentaires et plus ciblées, nous les retrouverions dans toutes les parties du corps humain. »

Une étude similaire menée sur des rates gravides forcées d’inhaler des nanoplastiques a indiqué la présence de ces particules dans leur placenta, mais aussi dans le foie, les poumons, le cœur, les reins et le cerveau des fœtus.

Microplastiques. Image de 5Gyres, crédit photo de l’université de l’Oregon / Flickr (CC BY-SA 2.0).

« Étant donné que ces particules peuvent se déplacer dans le corps des rates de cette façon, je ne serais pas surprise que le même phénomène se produise chez les humains », fait observer Deonie Allen, une autre scientifique de l’université de Strathclyde.

Ragusa a rapporté qu’il allait entreprendre des recherches complémentaires sur les microplastiques avec ses collègues afin d’observer leur impact sur la santé de la mère et du nourrisson.

« Nous devons maintenant comprendre si ces microplastiques sont présents dans le corps du nouveau-né à sa naissance, c’est pourquoi nous analyserons le cordon ombilical à la naissance », explique-t-il. « Une autre étape importante consistera à déterminer si les microplastiques sont présents ou non dans le lait maternel. »

Citations:

Fournier, S. B., D’Errico, J. N., Adler, D. S., Kollontzi, S., Goedken, M. J., Fabris, L., … Stapleton, P. A. (2020). Nanopolystyrene translocation and fetal deposition after acute lung exposure during late-stage pregnancy. Particle and Fibre Toxicology, 17(55). doi:10.21203/rs.3.rs-39676/v1

Ragusa, A., Svelato, A., Santacroce, C., Catalano, P., Notarstefano, V., Carnevali, O., … Giorgini, E. (2021). Plasticenta: First evidence of microplastics in human placenta. Environment International, 146, 106274. doi:10.1016/j.envint.2020.106274

Image de bannière : Des microplastiques retrouvés dans un ruisseau de Floride en 2017. Image de Florida Sea Grant / Flickr (CC BY-NC-ND 2.0).

Elizabeth Claire Roberts est journaliste pour Mongabay. Suivez-la sur Twitter @ECAlberts.

 
Article original: https://news-mongabay-com.mongabay.com/2021/01/great-concern-as-study-finds-microplastics-in-human-placentas/

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