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Le cyclone de 2016 a nui à la pêche aux crabes aux Fidji

  • D’après des recherches publiées dans la revue Climate and Development, le cyclone tropical de 2016, appelé Winston, a ébranlé l’industrie de la pêche aux crabes de palétuviers aux Fidji.
  • Les sondages réalisés avant et après le passage du cyclone Winston, l’une des plus violentes tempêtes jamais enregistrées dans l’hémisphère sud, auprès des personnes, majoritairement des femmes, pêchant le crabe dans la province de Bua ont révélé que les crabes de palétuviers étaient plus petits et moins nombreux depuis le cyclone.
  • Ces recherches pourraient aider les organismes publics à faire face aux effets durables des catastrophes naturelles sur l’industrie locale de la pêche.

Selon une étude récente, les ravages causés par les ouragans et les cyclones, que les changements climatiques actuels rendent de plus en plus fréquents, peuvent engendrer des répercussions pour les communautés dont la subsistance dépend des ressources halieutiques.

Il n’est pas rare que, face au montant des dégâts matériels causés par une tempête, les conséquences sur la vie quotidienne passent inaperçues.

« Il faut absolument prendre conscience du fait que les cyclones tropicaux peuvent avoir des conséquences immédiates sur la sécurité alimentaire et le bien-être économique des petits villages qui dépendent des ressources naturelles », a déclaré Sangeeta Mangubhai, une chercheuse en écologie marine qui dirige le programme fidjien de Wildlife Conservation Society (WCS).

Une maison détruite par la tempête tropicale Winston aux Fidji. Photo du Ministère australien des affaires étrangères et du commerce via Wikimedia Commons (CC 2.0).

En 2016, le cyclone tropical Winston a balayé le sud du Pacifique, avec des vents atteignant 280 km/h, ce qui en fait l’une des tempêtes les plus violentes jamais enregistrées. Winston est également l’un des cyclones dont le bilan économique est le plus élevé, en particulier aux Fidji. D’après le Gouvernement fidjien, le coût des dommages s’élève à environ 943 millions de dollars. Des dizaines de milliers d’habitations et des centaines d’écoles ont été ravagées et 44 personnes ont péri dans la tempête.

Mme Mangubhai et ses collègues de Wildlife Conservation Society ont cherché à comprendre pourquoi une tempête d’une telle ampleur pouvait avoir des répercussions sur la pêche qui est essentielle pour les locaux. En 2015, quelques mois avant que Winston ne frappe les côtes fidjiennes, l’équipe a rencontré plus d’une centaine de pêcheurs et de pêcheuses de crabes de palétuviers, dont la plupart étaient des iTaukei, de la province de Bua. Bua est située sur la deuxième plus grande île de l’archipel, Vanua Levu.

Les crabes de palétuviers constituent une prise appréciée des mangroves de la région côtière de Bua, en raison de leur belle taille et du goût sucré de leur chair. Ils sont le plus souvent pêchés avec des filets ou simplement ramassés à la main par des femmes. Il est ressorti des entretiens conduits par les chercheurs que les crabes étaient une source importante à la fois de protéines et de revenus pour la plupart des habitants.

Une pêcheuse de crabes de palétuviers de la province de Bua aux Fidji. Photo prise par Yashika Nand/WCS.

Dans les mois qui ont suivi le cyclone, l’équipe est retournée dans 16 villages de la province de Bua et s’est entretenue avec beaucoup des personnes qu’elle avait rencontrées en 2015 et elle a publié les résultats de ses recherches le 29 novembre dans la version en ligne de la revue Climate and Development.

Les chercheurs ont découvert que plus de la moitié des personnes avec lesquels ils ont discuté avaient cessé d’aller à la pêche aux crabes pour diverses raisons. D’aucunes ont signalé qu’il leur a fallu consacrer leur temps à reconstruire leur maison après le passage de la tempête. D’autres ont indiqué que le mauvais temps persistant ou les arbres tombés au milieu du chemin les empêchaient de se rendre dans les mangroves.

Celles qui ont continué à pêcher les crabes de palétuvier ont fait savoir que leurs prises n’étaient pas aussi belles qu’avant le passage du cyclone. Alors qu’auparavant elles pouvaient attraper jusqu’à 30 crabes en une seule sortie, désormais elles rentraient souvent de la pêche avec moins de 10 crabes. Nombre d’entre elles ont également affirmé que les crabes qu’elles parvenaient à attraper étaient de plus petite taille. En outre, elles avaient plus tendance à vendre les crabes qu’à les manger afin de compenser les coûts de reconstruction après le cyclone.

Une image MODIS du cyclone tropical Winston prise par le satellite Aqua de la NASA. Crédit : NASA via Wikimedia Commons (Public domain).

La plupart des recherches menées à la suite de catastrophes naturelles s’intéressent au bilan matériel, souvent à une échelle nationale. En revanche, avec l’étude susmentionnée, les chercheurs visaient à aider les dirigeants du pays à voir au-delà du bilan chiffré des dégâts causés par une tempête telle que Winston et à essayer de comprendre les ramifications d’un tel événement sur les personnes affectées.

« Le fait de savoir que les pêcheurs de crabes sont particulièrement vulnérables est essentiel pour aider les services de l’État à trouver des solutions efficaces afin d’atténuer les effets des catastrophes naturelles », a affirmé Mme Mangubhai.

Image en bannière représentant le cyclone tropical Winston prise par le satellite Aqua de la NASA via Wikimedia Commons (Domaine public).

Citation

Thomas, A. S., Mangubhai, S., Vandervord, C., Fox, M., & Nand, Y. (2018). Impact of Tropical Cyclone Winston on women mud crab fishers in Fiji. Climate and Development, 1-11.

Article original: https://news.mongabay.com/2019/01/cyclone-harmed-fijian-crab-fishery-in-2016-research-finds/

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