Nouvelles de l'environnement

Nouveau coup porté au projet minier de terre rare à Madagascar

  • Des tentatives d’intérêts commerciaux allemands et singapouriens ont visé à exploiter une mine de terre rare au nord-ouest de Madagascar, dans la péninsule d’Ampasindava.
  • Selon des scientifiques, la réalisation du projet pourrait représenter une importante menace sur le long terme pour les populations locales et la forêt tropicale environnante, notamment pour une zone protégée qui est l’habitat de lémuriens en voie de disparition et d’une faune exceptionnelle.
  • Le projet a été confronté à des incertitudes en matière de propriété, ainsi qu’à une enquête toujours ouverte sur l’inconduite financière de l’un des dirigeants et à des retards de permis.
  • Et maintenant sa concession, tout d’abord estimée à plus de 1 milliard de dollars, vient d’être réévaluée à seulement 48 millions de dollars.

Un projet minier de terre rare qui évolue dans la tourmente depuis deux ans a pris un nouveau coup en septembre dernier lorsque sa concession, d’abord estimée à 1 milliard de dollars, a été réévaluée à seulement 48 millions de dollars. L’entreprise Tantalum Rare Earth Malagasy (TREM), propriété d’une société basée en Allemagne et à Singapour, détient les droits d’une concession de 238 kilomètres carrés (92 miles carrés) située sur la péninsule d’Ampasindava au nord-ouest de Madagascar, juste en face de l’île de Nosy Be, principale destination touristique du pays.

La demande pour certains éléments de terre rare, parfois appelés « métaux de technologie », a augmenté ces dernières décennies à cause de la production de smartphones et autres outils modernes. La Chine domine le marché de terres rares depuis quelques décennies avec une production de plus de 85 pourcent de l’approvisionnement mondial. Mais les impacts de l’extraction minière sur l’environnement et la santé ont forcé le gouvernement chinois à restructurer l’industrie et fermer, ou tenter la fermeture de plusieurs mines. Maintenant les investisseurs regardent ailleurs.

Le projet de TREM serait la première extraction minière de terre rare à Madagascar. Jusqu’à maintenant, il a été retardé par l’absence de permis et l’instabilité de ses gérants. Selon des scientifiques, poursuivre ce projet représenterait une importante menace sur le long terme aux populations locales qui s’y opposent, ainsi qu’à la forêt environnante, notamment pour une zone protégée qui est l’habitat de lémuriens en voie de disparition et d’une faune exceptionnelle.

« Ce sera un cauchemar pour tout les êtres vivant ici : les humain, les animaux, ou les plantes, » a expliqué à Mongabay un géologue expert de l’argile ionique des mines de terre rare. « Ce sera un véritable désastre, une destruction de toute la péninsule, » a-t-il ajouté, demandant à ne pas être nommé compte tenu de la nature sensible de la situation.

Maps show Madagascar’s Ampasindava Peninsula, with its marine protected area (blue writing), terrestrial protected area (green writing), and TREM rare earth mining concession (red writing). Background map courtesy of Google Maps; Ampasindava Peninsula map by Association Famelona.
Ces cartes montrent la péninsule d’Ampasindava à Madagascar, avec sa zone marine protégée (en bleu), sa zone terrestre protégée (en vert) et la concession minière de terres rares de TREM (en rouge). Fonds de carte par Google Maps et carte de la péninsule d’Ampasindava par l’association Famelona.
A farmer inspects vanilla plants near his home on the Ampasindava peninsula. Coffee beans, nearly ripe, are on the trees just behind the vanilla. Cash crops such as these are the main livelihood for Ampasindava families. Photo by Edward Carver for Mongabay.
Fermier inspectant des plants de vanille sur ses terres de la péninsule d’Ampasindava. Ces cultures de rente constituent les principaux moyens d’existence des familles de la région. Photo par Edward Carver pour Mongabay.

Impact potentiel

Le dépôt de terre rare d’Ampasindava est une forme atypique d’argile connue sous le nom d’argile ionique ou d’adsorption d’ions. La majorité des dépôts similaires se trouvent près de Ganzhou, au sud-est de la Chine, bien qu’ils ne composent que 3 pourcent des réserves totales de terre rare du pays. Contrairement aux autres dépôts de terre rare, l’argile ionique ne contient pas de taux élevés d’éléments radioactifs tels que l’uranium ou le thorium. Cependant, l’extraction d’argile ionique continue à provoquer d’importants dégâts sur l’environnement et la santé.

TREM n’a pas encore décidé quelle méthode d’extraction serait utilisée à Ampasindava. Trois techniques sont envisageables : la lixiviation en tas, en cuve ou « in situ ». Les deux premières impliqueraient une extraction à ciel ouvert à la surface du sol. Lorsque ces techniques ont été utilisées dans les mines d’argile ionique en Chine, les conséquences ont été dramatiques pour les écosystèmes locaux. Pour chaque tonne d’oxyde de terre rare extraite, 300 mètres carrés de végétation et de terre végétale ont été enlevés, 2 000 tonnes de résidus déversés dans les vallées ou les ruisseaux environnants, et 1 000 tonnes d’eaux usées hautement polluées en ont découlé, selon une étude de 2013 publiée par des chercheurs chinois.

« L’extraction de minerais de terre rare pour l’adsorption d’ions en surface/sommet de montagne est devenu le facteur principal du changement d’occupation des sols et de leur dégradation au sud de la Chine, entraînant des disparitions définitives d’écosystèmes, une grave érosion du sol, de la pollution atmosphérique, une perte de la biodiversité et des problèmes de santé publique, » écrivent les auteurs.

Il y a des centaines de millions de tonnes de résidus extraits des mines d’argile ionique dans la région de Ganzhou, et les coûts environnementaux, mesurés seulement à partir des coûts de restauration des terres, ont dépassé les revenus produits par les terres rares, comme l’a reconnu la presse gouvernementale chinoise.

En fait, si le projet se concrétise, TREM n’aura peut-être pas le choix que d’utiliser une technique d’extraction à ciel ouvert sur la majorité de la concession, selon le géologue expert de l’extraction d’argile ionique. L’alternative, une méthode in-situ ostensiblement moins dangereuse, requiert un sol plat et poreux, ce qui n’est pas le cas des résidus d’argile ionique.

Même si la méthode de lixiviation in-situ est utilisée, elle ne sera probablement pas meilleure pour l’environnement. Cette méthode n’implique pas d’extraction à ciel ouvert extrêmement préjudiciable, mais elle requiert que de grandes quantités de solution de sulfate d’ammonium soient déversées dans le sol à haute pression. Les oxydes de terre rare ruissellent alors à travers le sol jusqu’à une tranchée de collecte, d’où la nécessité d’un sol poreux. Cette méthode, si elle n’est pas appliquée avec soin, peut mener à la contamination des eaux, l’effondrement des mines, ou aux glissements de terrain.

La contamination de l’eau pourrait créer des difficultés pour la santé publique d’une part, mais également pour l’économie locale. Les ruisseaux qui se trouvent sur la concession minière de TREM servent à alimenter des cultures marchandes telles que celles du cacao, du poivre, du café et de la vanille. Jusqu’à maintenant, aucune étude sur l’impact environnemental du projet n’a été menée, donc il est difficile de savoir quelles pourraient être les conséquences sur le site et en aval.

Des scientifiques qui travaillent sur la péninsule ont fait part de leurs inquiétudes à propos du projet. Si le projet prend forme, la mine réduira certainement l’habitat du lémurien de Mittermeier (Lepilemur mittermeieri) déjà menacé d’extinction. Celui-ci vit sur la péninsule. C’est ce qu’a confirmé Leslie Wilmet, doctorante en biologie de la conservation à l’Université de Liège et de Gembloux Agro-Bio Tech en Belgique qui étudie les lémuriens, auprès de Mongabay en août dernier. « Le problème est qu’une grande partie des forêts vont disparaître avec le projet de TREM » a-t-elle confié. « Nous ne savons pas si les espèces survivront si le projet se poursuit. »

The Mittermeier sportive lemur (Lepilemur mittermeieri) is found only on the Ampasindava peninsula. Researchers warn that its population could be harmed if TREM moves ahead. Photo by Leslie Wilmet.
On trouve le lémurien de Mittermeier (Lepilemur mittermeieri) seulement dans la péninsule d’Ampasindava. Les chercheurs ont averti que le projet TREM pourrait nuire à sa population. Photo par Leslie Wilmet.
A view of the Ampasindava protected area, taken from Andranomatavy Mountain. Photo by Rêve d'Ailes photographie.
Vue de la zone protégée d’Ampasindava prise du massif d’Andranomatavy. Photo par Rêve d’Ailes photographie.

Des fondements fragiles

Les délais du projet de TREM ne sont pas vraiment dus à des préoccupations écologiques, mais plutôt à des problèmes de gestion. ISR Capital, entreprise singapourienne qui tente de devenir actionnaire majoritaire de TREM, fait l’objet d’une enquête pour inconduite financière. Elle a des liens étroits avec John Soh Chee Wen, récemment accusé d’un des pires crimes financiers de l’histoire de Singapour. Aussi, David Rigoll, investisseur de haut vol basé au Royaume-Uni et principal actionnaire d’ISR, a été le premier actionnaire et dirigeant de Tantalus Rare Earth AG (TRE AG), société mère de TREM en Allemagne depuis 2009. (Monsieur Rigoll a lui-même été impliqué dans un scandale pour fraude.) TRE AG a dépensé plus de 30 millions de dollars pour le projet malgache, son unique exploitation, mais s’est trouvé à court de fonds et a déposé le bilan en 2015. Dans un accord en deux parties, TREM a été vendu à REO Magnetic, société privée de Singapour. En septembre 2017, la deuxième partie de l’accord, consacrée à l’achat des 40 pourcent restants de TREM, a été annulée. TRE AG conserve donc 40 pourcent de la propriété de TREM. De récents renseignements indiquent qu’elle tenterait encore de vendre ses parts.

Sur le papier, les 60 pourcent restants appartiennent à REO Magnetic, mais ISR Capital a passé un accord avec REO il y a plus d’un an pour lui racheter ses parts. La Bourse de Singapour n’a pas encore approuvé cet accord ; l’an dernier, elle a refusé deux estimations mandatées par ISR, qui évaluaient chacune le « patrimoine malgache » à plus d’un milliard de dollars. Behre Dolbear Australia (BDA), consultant de North Sydney chargé par ISR d’effectuer la dernière estimation, a déterminé que les deux évaluations précédentes avaient une « crédibilité limitée » de par leurs méthodologies « relativement inappropriées » et « en contradiction directe » avec les normes de l’industrie.

Le nouveau bilan indique que TREM vaut moins de 5 pourcent des estimations antérieures. Pourtant, en le révélant, BDA s’est reposé sur l’hypothèse que les suggestions du précédent reportage de Mongabay ne seraient pas corroborées. L’expertise considère que de nouveaux permis pour la prospection et l’essai pilote vont être attribués. Toutefois, à ce jour, TREM n’en a toujours pas reçu. Son permis de prospection a expiré en janvier 2017, et même si la société a renouvelé sa demande un mois avant, en décembre 2016, le gouvernement ne lui en a toujours pas délivré de nouveau.

De plus, dans son rapport, BDA reconnaît n’avoir examiné aucune étude environnementale ni conduit aucune évaluation d’incidence sociale indépendante. C’est à dire qu’apparemment BDA ne s’est pas adressé aux habitants d’Ampasindava. Le rapport ne cite que le point de vue de TREM sur ce que pensent les gens en les montrant favorables au projet. En réalité, nombreux sont les habitants qui s’y opposent. Et même si BDA est qualifié et respecté dans ce secteur, rien ne démontre qu’elle a de l’expérience en matière d’extraction d’argile ionique en terre rare – peu d’experts en ont hors de Chine. (Interrogé par Mongabay sur son expérience dans ce domaine particulier, BDA a refusé de commenter.)

En plus de la dévaluation de la concession, ISR Capital a rencontré d’autres obstacles à l’avancée de son projet. En novembre 2016, le prix des actions d’ISR a chuté à un niveau historiquement bas, ce qui pourrait rendre la levée de fonds pour ce projet difficile, d’autant plus qu’ISR n’a aucune expérience dans le domaine spécifique qu’est l’extraction d’argile ionique. En fait, la société ISR n’affiche aucun antécédent en matière d’extraction minière, comme le confirme le rapport de BDA.

ISR, REO, TRE AG, TREM, ainsi que le cabinet du premier ministre malgache n’ont pas donné suite à notre demande de commentaires.

Timeline: Singapore’s investigation of ISR Capital

La société Tantalum Rare Earth Malagasy (TREM), responsable de la prospection d’éléments de terres rares au nord-ouest de Madagascar, a régulièrement changé de propriétaire depuis la fin de l’année 2015. ISR Capital (ISR), une société cotée à la bourse de Singapour, est en phase d’obtenir une participation majoritaire. En 2016, peu avant l’annonce de son acquisition de TREM, le cours de l’action ISR s’est mis à monter de manière dramatique, et ce durant plusieurs mois. Lorsqu’il s’est ensuite effondré, la bourse de Singapour a suspendu tout échange de ces actions. Les autorités singapouriennes ont relié ISR au cerveau présumé dans une affaire de manipulation des cours de la bourse, et ont ouvert une enquête contre la société.

 

8 décembre 2015 : La société allemande Tantalus Rare Earth (TRE AG), propriétaire de TREM depuis 2009, accepte de vendre TREM à une société privée immatriculée à Singapour, du nom actuel de REO Magnetic (REO), par un accord en deux parties. ISR Capital n’a pour l’instant aucun lien avec TREM.

9 mai 2016 : David Rigoll, investisseur britannique du secteur minier, conclut un accord visant à acheter plus d’un quart des actions d’ISR Capital, et rejoint l’entreprise quelques jours plus tard en tant que directeur. M. Rigoll était jusqu’alors l’un des cadres dirigeants et actionnaire principal de TRE AG.

12 mai 2016 : La bourse de Singapour, après avoir observé une augmentation inhabituelle de l’échange d’actions ISR Capital, signe potentiel de délit d’initiés ou de manipulation des cours, demande à la société si certaines informations, concernant par exemple une acquisition potentielle, devraient être rendues publiques. ISR Capital répond par la négative.

19 mai 2016 : Le cours de l’action ISR Capital a désormais augmenté de plus de 700% pendant la période de dix jours suivant l’adhésion de M. Rigoll.

20 mai 2016 : ISR Capital annonce l’achat à REO Magnetic d’une part encore indéterminée de TREM. Après des négociations supplémentaires, l’accord comprend l’achat de 60% des parts de TREM pour un prix de 30 millions de dollars, environ sept fois plus que le prix payé par REO à TRE AG pour la même part quelques mois auparavant. La bourse de Singapour remet ensuite en question la méthode employée par ISR pour justifier un achat à ce prix.

16 juillet 2016 : ISR Capital publie une déclaration écrite indiquant que TREM a effectué une demande de permis pour un projet pilote de production. L’Office national pour l’environnement de Madagascar (ONE) a autorisé TREM à mener une étude d’impact environnemental, qui doit être soumise à l’ONE pour approbation afin que celui-ci délivre un permis. Selon l’ONE, aucune étude ne lui a été remise au moment d’écrire ces lignes, plus d’un an après.

14 août 2016 : ISR Capital admet que Timothy Morrison, cadre dirigeant du cabinet de conseil employé pour faciliter l’acquisition de TREM, était également employé en tant que directeur de REO Magnetic, la société responsable de la vente de TREM. ISR avait omis de révéler cette information jusqu’à ce que les instances de contrôle posent des questions spécifiques sur M. Morrison. Il s’agit d’un potentiel conflit d’intérêt qui pourrait avoir permis à M. Morrison de se tenir des deux côtés de la table au cours des négociations entre ISR et REO. ISR explique qu’au moment de leurs recherches concernant REO, M. Morrison n’y était pas encore employé en tant que directeur.

Dans le même communiqué, la bourse de Singapour avait interrogé ISR Capital sur un potentiel conflit d’intérêt concernant la double implication de David Rigoll avec TRE AG et ISR Capital. ISR écrit en réponse que les investissements de M. Rigoll dans les deux sociétés ne se chevauchent pas.

Septembre 2016 : TRE AG transfère la gestion de TREM à REO Magnetic, désormais actionnaire majoritaire de TREM, selon Markus Kivimäki, PDG de TRE AG.

29 septembre 2016 : Le cours de son action montant en flèche, ISR Capital annonce un prêt de 4,5 millions de dollars à TREM. ISR devient investisseur dans le projet d’Ampasindava alors même que l’accord concernant son acquisition de 60% des parts de TREM à REO Magnetic n’a pas encore été finalisé.

Novembre 2016 : Le cours de l’action ISR Capital a désormais augmenté de plus de 4 000% depuis le mois d’avril.

8 novembre 2016 : En réponse à la requête d’un organisme de régulation, ISR Capital explique avoir prêté de l’argent à TREM afin que cette dernière puisse obtenir des permis environnementaux essentiels à la réussite du projet. Selon ISR, TREM a besoin de 7,1 millions de dollars afin d’obtenir ces permis.

ISR déclare : « Il n’y a pas de risque significatif que les permis ne soient pas délivrés, puisque [TREM] a traité chacun des 147 éléments mis en valeur par l’Office national de l’environnement dans le cadre de travaux soumis plus tôt dans l’année. [TREM] estime obtenir les permis au cours du premier trimestre de 2017. »

Après lecture de cette déclaration, le directeur responsable des évaluations environnementales de l’ONE a indiqué à Mongabay qu’il n’en avait « pas connaissance. » Au moment d’écrire ces lignes, TREM n’a pas obtenu de permis de production pilote. La société ne possède d’ailleurs même plus de permis d’exploration valide. ISR ne semble pas avoir révélé l’absence de permis aux investisseurs ni aux autorités de contrôle.

21 novembre 2016 : La bourse de Singapour remet en question les deux estimations d’ISR Capital concernant « l’actif de Madagascar » à Ampasindava. Deux consultants ont estimé la valeur de la concession à plus d’un milliard de dollars. La bourse de Singapour a toutefois rejeté ces deux estimations qui n’ont pas respecté ses normes établies : la première a été effectuée par un propriétaire individuel non qualifié, et la deuxième a réutilisé certaines données issues de la première sans avoir visité le site d’Ampasindava.

La première estimation, effectuée par Geologica Pty Ltd et rapidement préconisée par ISR après sa réalisation en juillet 2016, a sous-estimé l’opposition locale et le risque pour l’environnement. « Le risque potentiel pour la propriété foncière, notamment les titres fonciers autochtones, est considéré comme faible, de même que le risque souverain lié à la concession, » écrit l’évaluateur. Après avoir survolé l’impact potentiel sur l’environnement, il ajoute : « Geologica en conclut un faible risque environnemental lié à la concession. »

24 et 25 novembre 2016 : Jon Soh Chee Wen, cerveau présumé du crash des penny stocks de 2013, est arrêté et inculpé pour son rôle dans ce que les autorités singapouriennes appellent « la plus grande affaire de manipulation boursière de l’histoire de Singapour. » ISR Capital est un penny stock (investissement à haut risque et bon marché) lié au scandale de 2013, et le cours de son action s’effondre, perdant plus de la moitié de sa valeur en une journée. Trois jours plus tard, la bourse de Singapour gèle les transactions sur les actions ISR.

7 décembre 2016 : Afin d’enquêter sur une violation potentielle de la loi singapourienne sur les valeurs mobilières et les opérations à terme, les autorités requièrent d’ISR Capital des copies de tous les e-mails, comptes rendus de réunions et fusions récents.

20 décembre 2016 : Le parquet singapourien confirme l’existence de liens entre ISR Capital et Jon Soh Chee Wen. Il annonce également l’ouverture d’une enquête concernant ISR Capital. Les procureurs affirmeront par la suite, dans un document judiciaire, que Soh « était intimement impliqué, et exerçait une influence sur l’administration et les affaires générales d’ISR. » (Contactée par Mongabay, l’autorité financière de Singapour n’a pas souhaité commenter l’état ni la nature de l’enquête.)

6 mars 2017 : Après plus de trois mois de suspension, la bourse de Singapour réintroduit ISR Capital après avoir émis un avertissement de « trading avec prudence ». Son action s’effondre à nouveau, et David Rigoll vend une part considérable de ses actions. Il démissionne également de son poste de directeur exécutif, critiquant l’administration et devenant au moins le quatrième cadre dirigeant d’ISR à quitter ses fonctions en autant de mois.

Mars 2017 : TRE AG reprend le contrôle temporaire des opérations de TREM en raison de « difficultés avec l’acheteur », selon M. Kivimäki

28 avril 2017 : ISR Capital confirme sa poursuite de l’acquisition de TREM.

1er août 2017 : ISR Capital et REO Magnetic s’accordent sur de nouvelles modalités. Au lieu de 30 millions de dollars, ISR devra verser 3,3 millions de dollars pour obtenir 60% des parts de TREM. ISR attend toujours une nouvelle estimation de la valeur de la concession d’Ampasindava.

6 août 2017 : ISR Capital reconnaît à la concession d’Ampasindava une valeur largement inférieure à celle suggérée par les deux estimations antérieures. Dans le même document, ISR explique que « peu d’activités d’exploration ont été menées par la société d’exploitation [TREM] au cours des derniers mois. » ISR omet à nouveau de préciser que TREM ne possède plus de permis d’exploration depuis le mois de janvier. Le personnel de TREM à Ambanja a indiqué à Mongabay qu’aucune exploration n’a eu lieu cette année.

21 septembre 2017 : TRE AG annonce que la deuxième partie de son accord avec REO, consacrée à l’achat des 40 pourcent restants, a été annulé.

22 septembre 2017 : Behre Dolbear Australia communique une nouvelle estimation, sollicitée par ISR Capital, qui donne à la concession d’Ampasindava une valeur probable de 48 millions de dollars, soit moins de 5 pourcent de l’estimation antérieure.

16 novembre 2017 : David Rigoll, qui jusque-là possédait encore 17 pourcent d’ISR Capital, vend la majorité des actions qui lui restaient. Il ne possède plus que 3 pourcent de la société.

Caméléon qui habite dans la péninsule d’Ampasindava. Photo par Leslie Wilmet.

Photo de la bannière : un lémurien-souris du Sambirano (Microcebus sambiranensis), menacé d’extinction, qui existe uniquement dans deux ou trois colonies du Nord-Ouest de Madagascar, dont une se trouve sur la péninsule d’Ampasindava. Photo par Leslie Wilmet.

Bibliographie

Yang, X.J., & Lin, A., Li, X-L., Wu, Y., Zhou, W., Chen, Z. (2013). China’s ion-adsorption rare earth resources, mining consequences and preservation. Environmental Development 8 131(6).

An entrance to the TREM concession on the Ampasindava peninsula. Photo by Edward Carver for Mongabay.
Une des entrées de la concession TREM sur la péninsule d’Ampasindava. Photo par Edward Carver pour Mongabay.

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Une partie de la chronologie a été traudite par Morand Chaudeur.

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