Nouvelles de l'environnement

Trump retire les États-Unis des Accords de Paris sur le climat. La réponse des scientifiques

  • Le 1er juin 2017, Donald Trump a décidé de retirer les États-Unis des Accords de Paris, rejoignant ainsi la Syrie et le Nicaragua qui étaient jusque là, les deux seuls pays dans le monde à ne pas avoir adhéré au pacte pour le climat.
  • Des critiques du monde entier affluent contre Trump et son action précipitée, l'accusant de menacer la stabilité du climat, l'économie des États-Unis et du monde entier, les écosystèmes et jusqu'à la civilisation.
  • Dans cet article de Mongabay, des scientifiques du monde entier répondent à cette prise de position de Trump. Cette actualité sera développée et mise à jour régulièrement afin d'ajouter d'autres réactions de la communauté scientifique.
L’enjeu. La Terre vue de l’espace. Avec l’aimable autorisation de la NASA

Donald Trump, qui a qualifié le réchauffement climatique de « canular » lors de sa campagne électorale, a annoncé le retrait des États-Unis des Accords de Paris sur le climat, rejetant ainsi un accord signé par plus de 190 pays.

Les États-Unis ont signé cet accord sous la présidence de Barack Obama. Cet accord est également largement soutenu par les sociétés américaines et internationales, notamment des compagnies pétrolières comme ExxonMobil, BP et Royal Dutch Shell.

Les États-Unis sont le deuxième pays responsable des gaz à effet de serre derrière la Chine. Lors de la signature des Accords de Paris, le pays s’était engagé à réduire les émissions de carbone de 26 à 28% par rapport aux valeurs de 2005 d’ici 2025.

Trump a justifié son choix de désengager le pays des Accords des Paris en se basant sur l’allégation que cet accord nuirait aux affaires et travailleurs américains.

Les Accords de Paris ont pour objectif de freiner la progression dramatique du réchauffement climatique et de limiter à 2°C (3,6 degrés Fahrenheit) l’augmentation de la température par rapport au niveau de l’époque préindustrielle. Des études ont prouvé que malgré l’engagement des pays signataires des Accords de Paris à réduire les émissions de carbones, c’est loin d’être suffisant pour atteindre cet objectif. Et la prise de position de Trump ne fera que nous éloigner encore un peu plus de cet objectif.

Il est impossible de déterminer précisément l’ampleur des conséquences du retrait des États-Unis des Accords sur la planète et ses habitants, comme il est impossible de prédire les conséquences de ce retrait sur les autres pays ; certains pourraient décider de pendre leur distance avec les Accords de Paris. La Turquie et la Russie par exemple, ont signé le pacte mais ne l’ont pas ratifié. Jusqu’à présent, le monde a maintenu sa position ferme par rapport aux Accords de Paris. Dorénavant, seuls les États-Unis, la Syrie et le Nicaragua ne font pas partie de ces Accords.

Au cours des prochains mois, les scientifiques vont devoir évaluer l’impact de la décision de Trump sur le climat, l’environnement, les écosystèmes mais aussi les pays et les populations de la planète.

Mais pour le moment, les scientifiques ont surtout fait part de leurs inquiétudes. Les réactions suivantes ont été émises par des scientifiques travaillant dans des disciplines diverses aux États-Unis et dans le monde entier. Au cours des prochains jours, Mongabay continuera de mettre à jour cet article, et publiera les réactions de la communauté scientifiques au fur et à mesure.

–  introduction par Glenn Scherer, rédacteur en chef de Mongabay. Réactions recueillies en collaboration avec l’équipe de Mongabay.

Analyse de la température de la surface de la Terre par le GISS de la NASA. Avec l’aimable autorisation de la NASA

Le retrait des États-Unis des Accords de Paris pourraient avoir des conséquences dramatiques sur la nature, accélérant l’extinction de certaines espèces à travers le monde.

— Edward O. Wilson, professeur-chercheur émérite à l’Université d’Harvard.

Il y a environ 20 ans, l’impact du réchauffement climatique est devenu visible partout dans le monde. En général, je voyage dans des zone littorales tempérées et tropicales, sur des récifs coralliens ou dans des régions polaires. J’habite dans le nord-est des États-Unis et les changements climatiques sur la population marine sont également visibles.

Les États-Unis ont toujours été un peu lents pour chercher des solutions, ils se contentaient de laisser à l’Europe et surtout à la Chine, le soin de prendre les décisions en matière de technologie de production d’énergie verte. C’est une chose que notre pays échoue dans son rôle de leader ou qu’il avance à pas d’escargots dans le domaine des sciences dominantes. Mais c’est tout autre chose qu’un homme ne disposant d’aucune qualification et étant aussi peu informé vienne à la fois ébranler un accord mondialement accepté et abandonner le leadership mondial.

Je ne trouve pas les mots pour décrire l’horreur qui s’empare de moi quand je vois mon pays se mettre ainsi dans l’embarras sur la scène mondiale et sérieusement écorcher son statut face au monde. Je voudrais qu’on arrive à rendre sa grandeur à l’Amérique.

—  Carl Safina, Docteur et professeur doté en nature et humanité à l’École des Sciences marines et atmosphériques

Les Accords de Paris représentent un pas en avant considérable unanimement approuvé par 190 pays. L’ONU cherche à obtenir une unanimité totale, et c’est un sérieux problème. Ce qui veut dire qu’il est impossible de mettre en place des objectifs contraignants. Le principe même des accords de Paris repose sur une base de volontariat. Aucune sanction ou obligation d’adhérer n’ont été mises en place. Le volontariat inclut également le Fonds vert pour le climat, auquel les États-Unis ont déjà versé 1 milliard de dollars sur les 3 milliards promis. Mais il semble peu probable que Trump respectera cet engagement jusqu’au bout. Cette décision pourrait à elle seule mettre un coup de frein à cet élan de bonne volonté. Cela pourrait également devenir un sujet délicat dans tous les petits États insulaires et dans les pays en développement, qui eux, sont innocents.

Le leadership américain était capital à Paris. Si les États-Unis n’assurent pas leur rôle d’exemple, et en tant que plus grand émetteur, nous avons une responsabilité morale et éthique de le faire, pourquoi les autres devraient-ils suivre cet accord ? Tant qu’une taxe carbone universelle n’est pas instaurée, les carburants fossiles semblent être la source d’énergie la moins chère. Bien sûr, c’est entièrement faux car ils ont de sérieuses répercussions en aval sur la qualité de l’air et les changements climatiques. Donc, soit une sorte de guerre commerciale s’installe et des tarifs très lourds sont appliqués aux États-Unis et dans d’autres pays réticents, soit tout s’écroule et nous tombons dans une spirale destructrice où il n’y aura plus qu’à attendre de voir qui détruira la planète en premier.

Bien sûr, des mesures positives sont également prises, mais cela ne suffit pas : demandez à l’Inde ce que le pays fera s’ils n’obtiennent ni aide ni transfert technologique.

Les États-Unis ne peuvent pas décider de se retirer de ces accords sans causer de sérieuses répercussions.

Sans les États-Unis et Paris, le seuil de 2°C (3,6 degrés Fahrenheit) volera en éclats avant 2060, peut-être même avant, et ce sera uniquement dû au retrait des États-Unis. Cela impliquera une croissance des problèmes liés au dérèglement des écosystèmes par rapport aux climats, à l’agriculture des produits de saison mais aussi à une augmentation des pénuries de nourriture et d’eau.

Cependant, si les Accords de Paris sont entièrement appliqués et s’auto-alimentent grâce à une nouvelle économie énergétique, il est possible de retarder cette augmentation de 2°C de 40 ans. À mon avis, nous atteindrons inévitablement ces 2°C au plus tard en 2100. Mais nous pouvons mieux nous adapter à la situation. Même en élaborant les meilleurs scénarios, la situation restera assez mauvaise, mais le retrait des États-Unis des Accords de Paris pourraient bien accélérer la fin du monde de 50 à 100 ans.

—  Kevin Trenberth, scientifique senior renommé au Centre national de recherches atmosphériques (CNRA).

Glacier en Alaska. À travers le monde, les glaciers fondent à causent de la montée des températures. Crédit photo : Rhett A. Butler

Président Trump devrait se souvenir que les accords de Paris restent l’une de nos meilleures chances de protéger les emplois de millions d’agriculteurs, propriétaires de ranchs, gardes forestiers et ouvriers à travers l’Amérique rurale, emplois qui sont menacés par les changements climatiques dans le monde entier.

L’agriculture américaine et ses industries associées représentent environ 11% des emplois à l’échelle nationale, ce qui représente 21 millions d’emplois. Chaque année, nous produisons pour près de 330 milliards de dollars de produits agricoles, sans compter l’industrie des produits forestiers qui représente 282 milliards de dollars. Pour comparer, l’industrie du charbon compte moins d’employés que la chaîne de fast food Arby’s (76 572 employés en 2014).

Des signes de tension sur les marchés agricoles américains liés aux changements climatiques mondiaux se font déjà ressentir. Vagues de chaleur et de sécheresses, inondations, fortes tempêtes et autres changements climatiques accentuent les tensions amenées par les mauvaises herbes, les insectes et les maladies.

En 2015, des sécheresses dramatiques ont coûté près de 2,7 milliards de dollars et sont responsables de la perte de 10 000 emplois en Californie. C’est un énorme coup porté à l’économie agricole dans un seul État. L’augmentation du nombre et de la gravité des feux de forêts menace nos forêts et puise dans nos ressources financières en contraignant les contribuables à débourser plus d’argent pour lutter contre les incendies.

Et comment fait-on pour se nourrir ? À une époque où nous devons trouver le moyen de produire 70% de nourriture en plus d’ici 2050 qu’en 2006, nous ne pouvons nous permettre de diminuer les récoltes dans le Midwest des États-Unis qui est l’un des plus grands producteurs de pain dans le monde.

Les secteurs agricoles et forestiers jouent un rôle complexe et déterminant dans la production sociale et économique du pays. Les États, les villes, les entreprises comme les citoyens (républicains et démocrates) doivent s’allier pour soutenir nos agriculteurs et faire pression pour que les États-Unis passent à l’action pour le climat.

—  Nancy Harris, Docteur, Responsable de recherches, Programmes pour les forêts, Institut des ressources mondiales.

Donald Trump semble déterminer à passer d’un mandat présidentiel bancal à, comme certains observateurs l’ont fait remarqué, un mandat catastrophique.

Trump semble capable de se mettre des œillères dans pratiquement toutes les situations. Il arrive à s’auto-convaincre que c’est lui qui a raison, et ce, peu importe le nombre de preuves qui prouvent le contraire.

Mais en tirant les États-Unis toujours plus vers le bas, dans son monde rempli d’illusions étranges sur le réchauffement climatique, il pousse le vice bien trop loin. Il est impensable d’admettre que les États-Unis fassent partie des trois seuls pays au monde refusant d’adhérer aux Accords de Paris. Les choses vont trop loin, même pour Trump.

Les américains sont en train de payer le prix fort pour avoir choisi ce mégalomane des plus étranges comme président.

—  William F. Laurance, Docteur, Membre de l’Académie australienne pour les sciences, Membre de l’Association américaine pour l’avancement des sciences, FRSQ, Professeur de recherche émérite, Lauréat australien et président Prince Bernhard pour la conservation de la nature à l’international (Émérite), Directeur du Centre for Tropical Environmental and Sustainability Science (TESS).

 

Le reste du monde devrait ignorer cet homme vénal qui a temporairement pris la tête de notre grande nation.

Les États-Unis souffrent d’une maladie politique qui empêche le reste du monde de voir ce qui est bon chez nous. Nous guérirons de cette maladie. L’Amérique retrouvera sa grandeur.

Il faudra du temps pour réparer tous les dégâts causés par l’administration Trump et ses co-conspirateurs au Congrès dans notre pays et dans le monde. Mais soyez rassurés, nous réparerons leurs erreurs. Les États-Unis travailleront avec le reste du monde pour créer un monde où les pauvres s’enrichissent et où l’environnement est respecté et protégé.

Le reste du monde doit poursuivre sur sa lancée vers un avenir meilleur. Aujourd’hui, nous sommes à la traîne, nous faisons même un pas en arrière, mais demain, nous retrouverons le droit chemin et montrerons la voie.

L’administration Trump et ses co-conspirateurs au Congrès représentent une aberration historique, le dernier souffle d’une idéologie qui a échoué. Les futurs historiens verront dans l’administration Trump et ses co-conspirateurs au Congrès des figures tragiques d’un mouvement réactionnaire qui a échoué face à inéluctabilité du progrès. Tout ce qui est bon en Amérique finira par triompher.

—  Ken Caldeira, Membre de la Carnegie Institution for Science, Département de l’écologie mondiale.

Le réchauffement climatique accroît la vulnérabilité de certaines régions face aux sécheresses.

La décision du Président Trump de retirer les États-Unis des Accords de Paris est une catastrophe pour le pays et pour les 194 pays signataires comme le Brésil.

Au Brésil, la sécheresse et les inondations devraient s’intensifier si la température de la planète augmente, mais c’est déjà le cas. Le Brésil est l’un des pays qui devrait souffrir le plus du réchauffement climatique. L’Amazonie, où les feux de forêts provoqués par la sécheresse augmentent rapidement, est le territoire d’un immense stock de carbone ; c’est une véritable bombe à retardement qui vise le climat de la planète si les émissions contenues.

— Philip M. Fearnside, Docteur et Professeur de recherches, Institut national pour la recherche en Amazonie (INPA), Manaos, Brésil.

Notre retrait des Accords de Paris pour le climat est une honte et nous devrions tous être gênés : autant nos anciens leaders que tous les américains qui se sont efforcés de mettre en avant de nombreux enjeux actuels relatifs à la santé de notre planète ; des océans à l’air, de la conservation de la biodiversité à l’éducation.

Mais il reste un espoir : les élections et la souveraineté.

—  Joel Berger, Présidence Cox pour la biologie et scientifique spécialiste de la conservation, Wildlife Conservation Society.

Le fait que le gouvernement américain décide de ne pas soutenir les Accords de Paris signifie que les États-Unis vont continuer à s’isoler des collaborations et coopérations internationales sur plusieurs fronts. Cela aura des conséquences sur la sécurité des États-Unis et sur la création d’emplois ; opérations commerciales et efforts diplomatiques.

Comme cet accord repose sur une vaste base de soutien, il restera en vigueur, avec ou sans les États-Unis. De nombreuses modalités de l’accord font avancer les intérêts stratégiques des États-Unis, des villes et des États vont se retrouver en difficulté pour mener à bien les dimensions diplomatiques de ces accords. Beaucoup de villes et d’États sont au centre de l’innovation, de la ténacité et de la prospérité aux États-Unis. Ces États et ces villes vont poursuivre leurs efforts pour respecter les objectifs des Accords de Paris. Mais ce sera plus difficile à faire sans le soutien du gouvernement américain.

Si le Président Trump accepte de soutenir les Accords, il y aura plus de respect et de réceptivité envers son gouvernement et les cercles internationaux des États-Unis. Les membres du G7 et le Pape ont encouragé le Président à envisager sérieusement de soutenir les Accords. S’il ne le fait pas, cela pourrait jeter un froid sur la bonne entente entre les partenaires établis des États-Unis et d’autres pourraient se prononcer en faveur d’un soutien et d’un engagement souligné dans les Accords de Paris. En particulier la Chine et l’Europe.

Les Accords de Paris représentent un événement sans précédent en ce qui concerne le plan d’action pour le climat. Chaque pays détermine la meilleure solution pour décarboniser et réévaluer son évolution sur cinq ans. Avec cette stratégie, les pays disposeront d’une certaine flexibilité leur permettant d’être à la fois ambitieux et inspirant. J’espère que cet élan va se poursuivre.

Le retrait des États-Unis représente une opportunité unique pour la Chine de se révéler en tant que leader mondial et bienfaiteur, un peu comme le pays l’a fait pour arriver à la signature des Accords de Paris. La Chine semble prête à relever le défi. La place de leader est donc vacante. Le nouveau leader pourrait alors prendre des mesures spécifiques et concrètes pour respecter les obligations de son propre pays, mais il pourrait aussi donner envie à d’autres de s’engager dans la démarche proposée par les Accords concernant la création d’emplois, la prospérité et pour un environnement propre qui protège les citoyens. Cette place de leader est donc imprégnée d’un sentiment de mise en action et d’inspiration.

—  Roger-Mark De Souza, Directeur de la population, de la sécurité et résistance environnementale, Wilson Center, Washington DC.

Le réchauffement climatique est déjà en marche. Le retrait d’un dirigeant mondial des Accords de Paris n’est rien de plus qu’un pari économique à court terme.

Ce qui m’a toujours surpris, c’est de voir quelqu’un se dire qu’agir contre le réchauffement climatique n’est qu’une question de protection de la planète/de la nature, alors qu’en fait, il s’agit plutôt d’une démarche capitale pour la survie des générations futures.

Ce que Donald Trump et ses partisans n’ont pas l’air de comprendre, c’est que la planète survivra à la race humaine, même s’il y aura évidemment des pertes. Mais la vie continuera sans nous… La planète n’a pas vraiment besoin de nous pour survivre.

D’un autre côté, nous sommes en train de creuser nos propres tombes.

Les êtres humains ne survivront probablement pas au réchauffement climatique et ses changements rapides vers des environnements complexes auxquels nous ne nous sommes adaptés qu’au bout de plusieurs siècles, et que nous devons apprendre à gérer.

La décision de Trump de retirer les États-Unis des Accords de Paris met avant tout la race humaine en danger.

—  Jean-François Bastin, Chercheur associé à l’Université libre de Bruxelles.

Les amphibiens sont déjà en train de périr en masse à cause des effets du réchauffement climatique et de l’impact humain. Crédit photo : Rhett A. Butler.

En 2007, avec mon équipe de recherche, nous avons émis l’hypothèse que d’ici 2050, nous pourrions perdre les deux tiers de la population d’ours polaires dans le monde si nous continuons sur la même voie en ce qui concerne les gaz à effet de serre. D’ici la fin du siècle, nous avons estimé que cette espèce pourrait entièrement disparaître. Cette hypothèse a incité le secrétaire américain de l’Intérieur, Dirk Kempthorne, a ajouté l’ours polaire sur la liste des espèces menacées. L’ours polaire a pour habitude d’attraper ses proies, des phoques, uniquement à la surface de la glace. Ses provisions en nourriture sont donc liées à son habitat qui est littéralement en train de fondre à cause de la hausse des températures, ce qui en fait le messager idéal pour représenter les dangers du réchauffement climatique et des symptômes des changements climatiques.

Les accords qui ont abouti à Paris en décembre 2015 étaient une bonne nouvelle. Plus tôt, cette année-là, nous avions découvert que la population d’ours polaires dans les régions du nord de l’Alaska, une zone que j’ai étudiée pendant presque toute ma vie, avait diminué d’environ 40% pendant la première décennie des années 2000. En réduisant les émissions pour conserver une augmentation de la température mondiale à moins de 2°C, cela signifierait que la température moyenne à Barrow, en Alaska n’augmenterait que d’environ 4°C au lieu des 10°C vers lesquels nous nous dirigeons actuellement. Une telle différence de température serait déterminante pour la survie des ours polaires.

Mais les avantages d’une adhésion aux Accords de Paris ne se limitent pas aux ours polaires. Ils ne représentent qu’une infime part des problèmes liés au réchauffement climatique. En Afrique et au Moyen-Orient par exemple, la hausse des températures et l’assèchement des sols posent déjà des problèmes pour les êtres humains et ont entraîné d’importantes crises humanitaires et crises des réfugiés. Les températures moyennes devraient augmenter de 3 à 5°C d’ici la fin du siècle.

Sachant qu’une augmentation de la température de 1°C entraîne une diminution de 4 à 6% des récoltes de blé, un monde où la température augmente de 3 à 5°C risque de poser de sérieux problèmes nutritionnels pour une grande partie de la population !

Au rythme actuel, les températures estivales sur une grande partie du monde devraient atteindre des records jamais atteints d’ici la fin du siècle. L’apport en eau, le bétail et la vie sauvage seront radicalement diminué et/ou moins stables.

Il semble évident que si nous ne parvenons pas à stopper l’augmentation des températures, le nombre de réfugiés qui viennent bouleverser les frontières à l’échelle mondiale, et les nôtres également, dépassera tout ce que nous avons pu imaginer jusque là. Cependant, si nous atteignons les objectifs fixés par les Accords de Paris, le réchauffement des régions les plus peuplées du monde ne dépassera pas les 2°C et notre avenir sera bien plus amical et réjouissant.

Les bienfaits des objectifs fixés à Paris sont peut-être encore plus clairs en ce qui concerne les océans qui représentent une source de nutrition de plus en plus importante. En respectant les objectifs fixés à Paris, la température à la surface de l’eau n’augmenterait que du quart de ce vers quoi nous nous dirigeons actuellement. De la même manière, la salinité des océans ne serait modifiée que d’un tiers, le pH ne diminuerait que du quart et l’oxygénation des océans ne serait réduite que d’un tiers. Donc les Accords de Paris devraient minimiser les impacts négatifs sur la productivité des océans, ce qui nous permettrait de continuer à profiter des bienfaits de la mer. Au final, les Accords de Paris nous offrent les moyens d’éviter les pires modifications dessinées par le réchauffement climatique. Si on essaie d’atteindre les objectifs fixés à Paris, nous pourrions sauver les ours polaires et cela aiderait toutes les formes de vie sur Terre, y compris les êtres humains.

Les plus riches pourraient bien survivre, voire même prospérer pendant un certain temps dans ce monde dystopique vers lequel nous nous dirigeons. Cependant, si le Président Trump cherche autant à nous protéger qu’il le dit, il mettra toute la puissance des États-Unis au service des Accords de Paris au lieu de se retirer.

—  Steven C. Amstrup, Docteur et chercheur en chef pour les ours polaires.

Les régions basses devraient être submergées d’ici la fin du siècle à cause de l’élévation du niveau de la mer. Crédit photo : Rhett A. Butler

La décision du Président Trump de retirer les États-Unis des Accords de Paris sur le climat seraient une honte et un acte d’auto-mutilation.

Cette décision affecterait le monde entier, et surtout les plus pauvres, rendant difficile d’éviter un avenir rempli d’ouragans et d’incendies de plus en plus puissants, où les littoraux disparaissent et où les conditions agricoles seraient de plus en plus dures. Mais les pires conséquences seraient dirigées contre les États-Unis, qui, en s’écartant des autres nations qui essaient d’empêcher les changements climatiques les plus dangereux, risquent d’altérer à jamais sa notoriété dans le monde.

Les projets mis en place avec les Accords de Paris vont se poursuivre, avec ou sans la participation des États-Unis. En effet, les accords ont été ratifiés très rapidement par les pays afin de les exécuter avant la mise en place d’une administration Trump, ce qui avec le recul, s’est avéré être une manœuvre prudente.

Et même s’il n’y a pas de substitut à une politique climatique fédérale forte, des actions pour la protection du climat auront également lieu en Amérique grâce aux politiques climatiques au niveau des États et grâce au développement des énergies renouvelables permis par les avancées technologiques et la baisse des coûts.

La décision de quitter les Accords de Paris nuirait aux États-Unis à de multiples niveaux. Les Américains souffriraient davantage des incendies et inondations causés par les changements climatiques. Les lois internationales sur le climat seraient élaborées sans l’avis des États-Unis, ce qui impliquerait que les entreprises américaines auraient nettement moins l’occasion de profiter du développement d’une économie à faible émission de carbone. Mais le plus grand perdant serait la réputation des États-Unis dans le reste du monde, où les changements climatiques sont considérées comme la menace principale.

Dans les années à venir, des millions de parents devront tenter d’expliquer à leurs enfants pourquoi Donald Trump a refusé de les laisser grandir dans un monde avec un climat stable.

La position des États-Unis sur le climat lui avait valu la sympathie du monde entier. Celle-ci pourrait bien dériver vers l’Europe et la Chine qui ont réaffirmé leur engagement à prendre des mesures pour le climat et envers les Accords de Paris malgré la décision des États-Unis. Il n’y a pas que les gouvernements qui hésiteraient à traiter à l’amiable avec les États-Unis. Les entreprises seraient plus réticentes à l’idée de faire affaire avec les États-Unis qu’avec leurs concurrents à l’international. Au niveau individuel, les gens choisiraient d’étudier, de travailler, de faire des achats mais aussi de partir en vacances ailleurs.

Quitter les Accords de Paris alimenterait la voie empruntée par l’administration Trump qui retirerait au pays sa position de leader sur des questions multilatérales bien trop importantes pour qu’un pays s’en occupe seul : la réponse aux questions de santé et de catastrophes mondiales. Le commerce. Même en ce qui concerne la défense. Chacune de ces abdications fait reculer la position des États-Unis dans le monde autant qu’elles nuisent à des alliés de longue date qui ont pu compter sur nous dans le passé.

Mais quand les historiens analyseront les faits pour déterminer le moment exact où les États-Unis ont cédé de façon irrévocable leur position de leader international à d’autres pays, c’est la décision de quitter les Accords de Paris qui ressortira.

—  Jonas Busch, Docteur, Chercheur principal, Center for Global Development (économiste environnemental). L’intégralité de la déclaration du Dr. Busch est à consulter ici.

Cliché issu de Google Earth de la Grande barrière de corail, fortement touchée par une décolorisation étendue liée à l’augmentation de la température des océans.

Les conséquences du retrait des États-Unis des Accords de Paris sont bien plus complexes que tout ce qui a pu être dit jusqu’à présent.

1)Les efforts de compensation vont forcément redoubler pour réduire les émissions du côté de l’Europe. Quand George W. Bush avait annoncé qu’il allait soumettre le Protocole de Kyoto au Sénat pour être ratifié en 2001, cela avait entraîné une accélération drastique du processus de ratification dans d’autres pays. En fait, on pourrait considérer que sa décision a aidé à garantir la mise en exécution du Protocole de Kyoto.

Les Accords de Paris ont été conçus pour encourager des ajustements efficaces pour faire face à ce genre de développement. Toutes les parties se sont engagées à faire tout leur possible pour garder le climat dans des limites de sécurité. Il y a également des procédures permettant d’en évaluer toutes les implications et de vérifier si tous les engagements cumulés remplissent l’objectif fixé. Avec la décision des États-Unis de s’éloigner de la cause climatique, plusieurs pays devront redoubler d’effort par rapport aux mécanismes mis en place à Paris.

2) Même avant l’élection de Trump, la voie prise par les États-Unis concernant les émissions était bien plus motivée par l’état du marché et par les politiques locales et régionales que par Washington. Tout ce qui se passe à Washington est important, mais au final, les conséquences de la transition Obama-Trump n’est probablement pas autant à craindre que ce qu’on imagine en ce qui concerne les émissions en Amérique.

Dans ce contexte, on peut s’attendre à un regain d’enthousiasme pour les accords infra-nationaux sur le climat, autrement dit, dans les villes. Si le gouvernement fédéral ferme la porte du climat, d’autres pays mettront en place d’autres actions pour engager l’Amérique et les accords trouvés spécifiquement avec des villes, et qui se sont déjà révélés efficaces, attireront davantage de gens.

3) Les partisans de la géo-technologie bénéficieront désormais d’oreilles plus attentives. La géo-technologie (comme les aérosols réfléchissants dans la stratosphère) ne remporte pas un franc succès pour le moment. On préfère réduire les émissions. Mais la discussion sur la géo-technologie reste ouverte, et ce en partie car la réduction des émissions pourrait s’avérer insuffisante. La décision de Trump ne fait que renforcer l’argument que les réductions ne sont pas suffisantes.

4) L’énergie nucléaire attire également beaucoup de pays. Nombre d’entre eux ont déjà prévu de développer l’énergie nucléaire dans leur DNC (Capacité net déclarée). Mais cet enthousiasme est gardé sous silence et certains pays ont décidé de ne pas l’utiliser voire de le supprimer progressivement. Tous les projets nucléaires figurant à peine sous le seuil de l’acceptabilité sont désormais considérés comme acceptables.

5) Les gens s’inquiètent des conséquences sur les recherches et le développement aux États-Unis, mais les conséquences à long terme ne seront probablement pas aussi graves, même si les effets à court terme seront très négatifs. Au cours des batailles sur la question de la suppression progressive des CFC pour protéger la couche d’ozone, le gouvernement français s’est opposé à ces actions et les entreprises françaises ont décidé de ne pas investir dans la recherche de substituts. Lorsque la phase de suppression s’est mise en place, les entreprises françaises n’ont sensiblement pas été désavantagées. Elles se sont contentées d’accéder aux technologies développées par d’autres entreprises (en achetant toute une entreprise américaine par exemple). Il vaudrait mieux renforcer nos investissements en recherches et développements liés au climat, mais une pause n’est pas forcément synonyme de catastrophe.

6) Dans l’ensemble, je pense que nous devons envisager la chose comme faisant partie d’une stratégie impliquant plusieurs participants sur plusieurs niveaux. Trump a avancé ses pions et sa manœuvre semble catastrophique. Mais la gravité des conséquences dépendra de la réaction des autres parties. Beaucoup de réactions compenseront les effets négatifs.

La majorité des pays veulent réduire leurs émissions et contrôler les changements climatiques. Trump n’a rien changé à ce niveau-là. Et ainsi, l’innovation et le progrès ne faibliront pas. Nous verrons de nouvelles actions émerger (de nouveaux traités avec les villes, l’exploration du potentiel de la géo-technologie et du nucléaire et des voies amenant aux technologies adéquates) mais les motivations pour résoudre le problème ne sont pas du tout amoindris, et c’est ce qui amène le progrès.

—  Marc A. Levy, Directeur adjoint au CIESIN, Institut pour la Terre, Université de Columbia.

De nombreuses espèces seront obligées de migrer vers de nouveaux habitats à cause des changements climatiques, mais la déforestation et les intrusions humaines ont bloqué les couloirs migratoires traditionnels, ce qui a augmenté le risque d’extinction. Photo d’un tarsier au Célèbes. Crédit photo : Rhett A. Butler.

J’écris ce message à midi, le 1er mai 2017. Je suis nerveux d’entendre la décision du Président Trump concernant les Accords de Paris sur le climat. J’entends beaucoup de déclarations d’apaisement affirmant qu’il ne s’agit que d’un acte symbolique et que notre économie a prévu de réduire sa dépendance aux combustibles fossiles mais je ne suis pas rassuré. J’apprends que certains États et villes ont tout de même décidé de respecter jusqu’au bout l’engagement des États-Unis vis-à-vis des Accords de Paris, mais ça ne me rassure pas.

En tant que scientifique spécialiste du climat, je suis directement impliqué dans l’étude des phénomènes et mécanismes de la variabilité du climat et de ses changements, je suis certain que nous nous dirigeons vers un système climatique très différent, voire hostile pour certaines personnes et qu’il y aura des conséquences à l’échelle planétaire, y compris dans certaines régions des États-Unis. La montée du niveau de la mer va menacer beaucoup de villes plus ou moins grandes et les principales plaques tournantes du transport. Si les vagues de chaleur deviennent plus fréquentes et comme il s’agit d’une des causes principales de décès aux États-Unis et dans le monde, elles causeront plus de pertes humaines et de dégâts matériels. Les résultats seront les mêmes avec l’augmentation des feux de forêts et des inondations.

Il est très probable que tous ces changements arriveront à cause de la dépendance humaine aux combustibles fossiles. Si on prend en considération la possibilité de conséquences aussi extrêmes, allons-nous parier que le retrait des États-Unis des Accords de Paris n’empêcheront pas le reste du monde d’appliquer ces accords ? Ou est-ce que le retrait des États-Unis des Accords de Paris va entraîner le retrait d’autres pays, ce qui entraînerait de graves conséquences environnementales ?

Sommes-nous prêts à rejoindre la Syrie et le Nicaragua qui sont les deux seuls autres pays à ne pas avoir signé les Accords de Paris ?

Quelles conséquences cela aura-t-il sur la réputation du pays et sur notre économie si nous tournons le dos au reste du monde qui fait des efforts pour préserver notre avenir ? Quel héritage allons-nous laisser aux prochaines générations qui devront faire face aux conséquences ? Comment réagir face à un gouvernement qui défie les sciences et la possibilité d’assurer un développement économique intégré au développement des nouvelles technologies ?

Toutes ces questions me déroutent et m’attristent. Il faut agir pour répondre aux changements environnementaux de plus en plus fréquents et à l’intérêt global. Ne pas prendre position contre les changements climatiques n’est pas la solution à cause de la nature du problème car nous ne pouvons attendre pour agir, il faut mettre à exécution les Accords de Paris dès maintenant.

Ignorer la réalité en prétendant que ces « dégâts économiques » nuiront à l’économie américaine à court terme est une mauvaise idée. Si le gouvernement américain décide de ne plus s’engager dans les Accords de Paris, nous devrons exprimer notre inquiétude et montrer au monde qu’en tant que citoyen du monde, nous nous engageons à soutenir les principes proposés dans les Accords de Paris.

—  Yochanan Kushnir, Professeur de recherches à Lamont, Département de physique des océans et du climat, Observatoire terrestre de Lamont-Doherty, Univeristé de Columbia, New-York.

Je suis une scientifique spécialisée dans l’étude du climat et je m’intéresse à la question des énergies non fossiles. Je trouve que d’un point de vue diplomatique et économique, on ne saisit pas réellement l’ampleur d’un retrait des Accords de Paris.

En retirant et en réduisant les moyens de développer les énergies vertes et la conservation énergétique comme les normes économiques de combustibles pour les voitures et les propositions d’utilisation des énergies solaires et éoliennes, empêcheront l’économie américaine de rester aussi compétitive sur le marché mondial.

Les emplois dans les industries solaires, éoliennes et automobiles offrent des positions assez confortables, ce sont des emplois occupés par la classe moyenne. Ces postes, qui pourraient être occupés par des robots sont déjà installés.

Si Trump veut vraiment conserver des emplois avec des salaires confortables dans le pays, il ne devrait pas se retirer des Accords de Paris.

—  Dr Dallas Abbott, Scientifique-chercheur au LDEO de l’Université de Columbia.

Les changements climatiques devraient toucher davantage les forêts tropicales déjà mises en péril par la fragmentation et la dégradation. Crédit photo : Rhett A. Butler.

Ces derniers mois, d’importantes fissures sont apparues dans un glacier du Groenland et dans un glacier en Antarctique. Elles sont en train de progresser et vont bientôt libérer d’énormes icebergs dans l’océan, dont un qui aurait la même superficie que le Delaware. Cela entraînera aussi la dérive des glaciers de l’intérieur sur l’océan, ce qui contribuera à l’augmentation du niveau de la mer. Les régions du littoral américain connaîtront une augmentation des inondations, ce qui causera des dégâts dans les ports et les aéroports. Cela aura aussi une incidence sur l’économie américaine que Trump prétend vouloir soutenir.

Aujourd’hui, une fissure importante est apparue dans les Accords de Paris. Elle menace de libérer non pas des icebergs, mais la méfiance et le désespoir, ainsi que rupture des mécanismes qui avaient commencé à ralentir la progression des émissions de gaz à effet de serre. Cette fissure apparue dans les Accords de Paris peut être colmatée grâce aux efforts des autres pays, mais aussi des États et des villes américaines, et grâce aux mesures prises par les entreprises et organisations qui voulaient que les États-Unis restent dans cet accord mondial.

Les lois de la physique montrent que les glaciers vont continuer à dériver du Groenland et de l’Antarctique tant que le réchauffement climatique ne sera pas ralenti. Mais les procédés au sein même des sociétés ne sont pas inévitables. En agissant de concert, les Accords de Paris peuvent toujours être une force vitale dans la mission de préservation de notre planète contre l’une de ses plus grandes menaces.

—  Ben Orlove, École des Affaires publiques et internationales, Université de Columbia, New-York.

Il y a dix-huit mois, le monde était rempli d’espoir quand les communautés du monde entier se sont réunies à Paris pour ouvrir une voie pour stopper les changements climatiques. Aujourd’hui, c’est avec une grande déception que nous faisons un pas en arrière.

Les scientifiques affirment que le réchauffement climatique dû aux hommes ainsi que les autres conséquences des changements climatiques menacent la population, le développement de la vie tout comme la faune et la flore, et la situation ne fera qu’empirer si nous ne faisons rien pour l’empêcher. Il n’y a pas que les scientifiques spécialisés dans l’étude du climat et les protecteurs de l’environnement qui tirent la sonnette d’alarme : grands patrons, économistes et experts en sécurité nationale veulent que des mesures soient prises à l’échelle mondiale pour contrer les changements climatiques.

Le retrait des États-Unis des Accords de Paris nous prive d’un leader mondial, une place qui sera bientôt récupérée par d’autres pays. Les États-Unis sont en train de céder leur rang historique de pays innovateur, et organisateur qui apporte des solutions aux problèmes mondiaux.

C’est une occasion ratée d’assurer notre place de leader et c’est une occasion ratée pour notre planète.

Heureusement, le reste du monde comme certains États américains poursuivront leurs efforts. Au WCS, nous travaillons avec des communautés locales dans plus de 60 pays et sur tous les océans de la planète qui dépendent d’écosystèmes sains et qui subissent les conséquences des changements climatiques dès maintenant : de la décolorisation des coraux et de la baisse de l’industrie de la pêche jusqu’aux sécheresses, maladies infectieuses et parasites nuisibles. Au quotidien, nous travaillons avec ces communautés pour trouver une solution aux problèmes de déforestation et nous aidons les espèces naturelles autant que les populations à s’adapter aux effets des changements climatiques en assurant la protection et le maintien des écosystèmes et des services qu’ils offrent pour permettre à toutes les formes de vie de survivre sur notre planète.

Nous devons tous intensifier nos efforts pour développer les énergies vertes, débarrasser nos économies des combustibles fossiles, faire reculer la déforestation et nous concentrer sur l’application des solutions pour contrer les effets actuels et futurs du réchauffement climatique. Et nous devons continuer d’insister pour trouver des solutions à l’échelle mondiale aux plus grands défis écologiques jamais vus malgré ce mauvais pas.

—  Président et Directeur de la Société pour la Conservation de la vie sauvage (WCS), Cristian Samper.

Les espèces marines devraient être particulièrement touchées par les changements climatiques. Crédit photo : Rhett A. Butler.

Les Accords de Paris représentent une collaboration inédite entre des pays qui ont décidé de travailler ensemble pour faire face aux changements climatiques dans leurs propres pays comme à l’échelle mondiale. Le Dr Jane Goodall a participé à la 21e Conférence des Parties pour le Traité sur les Changements Climatiques à Paris, et à ce moment-là, elle nous a tous appelés à agir nous-mêmes pour protéger notre planète. Malgré toutes les preuves et changements déjà à l’œuvre qui menacent toutes les espèces vivantes, dans les océans comme sur Terre, êtres humains compris, le gouvernement Trump a décidé de retirer le pays des Accords de Paris. Face à cette décision, nous devons utiliser le message de Jane d’agir nous-mêmes et d’inciter un maximum de personnes à faire de même pour prendre des décisions qui permettraient de faire reculer les changements climatiques. Un accord que nous prenons tous vis-à-vis de la planète et des toutes les autres espèces avec lesquelles nous partageons cette planète afin de protéger toutes les formes de vie.

Le climat est en train de changer, on ne parle pas ici de changements subtiles ou cycliques. D’après un Panel Intergouvernemental sur le Climat, les prévisions concernant l’accélération des changements climatiques indiquent que la moyenne des températures à l’échelle mondiale pourrait augmenter de 1,4 à 5,8 degrés Celsius d’ici l’année 2100. (IPCC). Cela peut paraître infime, mais en réalité, cela aura des conséquences sur plusieurs niveaux : modifications des écosystèmes (sécheresses et inondations), augmentation de la fréquence et de l’intensité des tempêtes, de la désertification, de la migration des espèces et extinctions, baisse des récoltes agricoles pour n’en citer que quelques-uns. En plus de cela, les réfugiés environnementaux, les pénuries, la famine et les conflits devraient également augmenter et les pertes économiques liées aux changements climatiques sont très importantes. L’économie mondiale devrait perdre 700 milliards de dollars par an d’ici 2030 (Business Insider. « L’effet de serre » est au cœur de tout cela : la combustion des énergies fossiles comme le pétrole et le charbon augmente la concentration en dioxyde de carbone dans l’atmosphère, ce qui emprisonne la chaleur (NASA). Nous devons réduire les émissions et protéger les zones naturelles consignant du charbon afin de ne pas aggraver le réchauffement climatique.

Les Accords de Paris

Les Accords de Paris, établis en 2015, ont permis à tous les pays du monde de s’engager (à l’exception de la Syrie et du Nicaragua qui ne les considèrent pas comme assez solide), un engagement à réduire les émissions de gaz à effet de serre afin d’essayer de ralentir les conséquences liées à l’augmentation de la température mondiale. Dans l’accord initial, les États-Unis s’étaient engagés à réduire leurs émissions de carbone de 26 à 28% en dix ans (White House Archives). Briser cet engagement mettrait en péril la vie de milliards de personnes, mais cela donnera également l’image d’un pays qui recule devant le progrès et la protection des environnements, des espèces et des communautés internationales.

« Cela détruirait également notre crédibilité sur la scène internationale. Nous sommes l’un des deux pays émettant le plus carbone, avec la Chine. C’est nous qui avons mis en place cet accord. C’est le premier pas vers une solution aux changements climatiques. Le fait que le Président Trump nous retire du projet est une action anti-sciences. » – Nick Burns, ancien Sous-secrétaire du gouvernement de George W. Bush (CNN).

Dans la continuité d’actions de grande ampleur comme la Marche pour les sciences et la Marche pour le climat qui ont permis de souligner la nécessité et l’intégrité des sciences ainsi qu’une politique appuyée par les sciences, nous sommes encore plus conscients de l’importance capitale d’être informé vis-à-vis de ce problème gigantesque et d’en faire une priorité en tant que communauté internationale en ce qui concerne notre agenda, les décisions que nous prenons mais aussi dans notre politique. Le Jane Goodal Institute s’est engagé à protéger les forêts et à s’assurer que le CO2 stocké reste en dehors de l’atmosphère, mais aussi que les arbres continuent à en absorber toujours plus. En protégeant ces habitats et la biodiversité, nous pouvons nous assurer que les écosystèmes restent sains mais aussi la survie de ces forêts sur le long terme.

Nous travaillons également en collaboration avec les communautés locales dans les régions de conservation afin de bâtir des plans pour l’utilisation des sols et de trouver le meilleur moyen de protéger les forêts, de créer des réserves forestières et de mettre en place des moyens de subsistance durables. L’Institut travaille également avec une bourse de REDD+ en Tanzanie, qui permet aux émetteurs massifs de CO2 de compenser ces émissions en payant les gouvernements et habitants de pays en développement pour ne pas abattre ces forêts. Cette mesure vient s’ajouter au projet de contrôle des forêts géré par les citoyens locaux. Associés à notre programme jeunesse pour un leadership environnemental et de soutien, Roots & Shoots, présent dans environ 100 pays, à la sensibilisation du public par la parole du Dr Goodall (Le Dr Goodall et le Jane Goodall Institute sont présents sur Facebook, Twitter et Instagram), et à nos réseaux permettant de sensibiliser et de bâtir une communauté de personnes inspirées pour agir, ces efforts sont autant de moyens de faire face aux changements climatiques et aux questions liées entre elles auxquelles la population, les animaux et l’environnement doivent faire face tous les jours. Par le biais d’une association d’actions individuelles, de nos programmes et de mouvements actifs exécutés pour montrer aux législateurs que nous ne resteront pas passifs, nous pouvons modifier nos comportements afin de mieux protéger l’équilibre de la vie sur Terre.

Dans la continuité d’actions de grande ampleur comme la Marche pour les sciences et la Marche pour le climat qui ont permis de souligner la nécessité et l’intégrité des sciences ainsi qu’une politique appuyée par les sciences, nous sommes encore plus conscients de l’importance capitale d’être informé vis-à-vis de ce problème gigantesque et d’en faire une priorité en tant que communauté internationale en ce qui concerne notre agenda, les décisions que nous prenons mais aussi dans notre politique. Le Jane Goodal Institute s’est engagé à protéger les forêts et à s’assurer que le CO2 stocké reste en dehors de l’atmosphère, mais aussi que les arbres continuent à en absorber toujours plus. En protégeant ces habitats et la biodiversité, nous pouvons nous assurer que les écosystèmes restent sains mais aussi la survie de ces forêts sur le long terme.

Nous travaillons également en collaboration avec les communautés locales dans les régions de conservation afin de bâtir des plans pour l’utilisation des sols et de trouver le meilleur moyen de protéger les forêts, de créer des réserves forestières et de mettre en place des moyens de subsistance durables. L’Institut travaille également avec une bourse de REDD+ en Tanzanie, qui permet aux émetteurs massifs de CO2 de compenser ces émissions en payant les gouvernements et habitants de pays en développement pour ne pas abattre ces forêts. Cette mesure vient s’ajouter au projet de contrôle des forêts géré par les citoyens locaux. Associés à notre programme jeunesse pour un leadership environnemental et de soutien, Roots & Shoots, présent dans environ 100 pays, à la sensibilisation du public par la parole du Dr Goodall (Le Dr Goodall et le Jane Goodall Institute sont présents sur Facebook, Twitter et Instagram), et à nos réseaux permettant de sensibiliser et de bâtir une communauté de personnes inspirées pour agir, ces efforts sont autant de moyens de faire face aux changements climatiques et aux questions liées entre elles auxquelles la population, les animaux et l’environnement doivent faire face tous les jours. Par le biais d’une association d’actions individuelles, de nos programmes et de mouvements actifs exécutés pour montrer aux législateurs que nous ne resteront pas passifs, nous pouvons modifier nos comportements afin de mieux protéger l’équilibre de la vie sur Terre.

Nous sommes l’espoir en action

Alors que les États-Unis prennent de la distance vis-à-vis de leurs engagements aux Accords de Paris et que le pays cède son rôle de leader à d’autres pays, nous voulons renouveler l’appel du Dr Goodall à prendre des initiatives individuelles. Nous constatons l’impact des initiatives personnelles tous les jours ; des personnes entrent en communication et commencent à faire bouger les choses. Nous sommes témoins de l’impact de ces initiatives : les grandes entreprises prennent des mesures en faveur du climat. Des mesures à la fois demandées par les clients et en aval. Nous sommes témoins de votre puissance. Rejoignez-nous pour mettre en place nos propres accords pour le climat, pour agir et rendre ce monde meilleur pour les êtres humains, les animaux et l’environnement. Ensemble, nous sommes plus forts.

— Jane Goodall Insitute et Dr Jane Goodall.

S’ils ne sont pas contrôlés, les changements climatiques vont continuer à réduire la population naturelle, ce qui appauvrira les écosystèmes, diminuera les habitats, fera disparaître des espèces et privera les êtres humains de la beauté des espèces sauvages. Des espèces qui nous émerveillent et nous ravissent. Crédit photo : Rhett A. Butler

En 1897, l’Assemblée législative de l’État d’Indiana était sur le point de déclarer que, contrairement aux preuves mathématiques, un cercle pouvait être un carré (et, accessoirement, que la valeur de pi était exactement 3,2), quand un professeur de mathématiques de l’université de Purdue força les législateurs à reconsidérer la chose.

La physique relative au réchauffement climatique est aussi scientifiquement irréfutable que les propriétés mathématiques de pi. Le monde doit se réchauffer tandis que les combustibles fossiles augmentent le taux de CO2 dans l’atmosphère.

Le réchauffement ne cessera que lorsque la population agira pour réduire le CO2 ; aucune législation, aucune politique exécutive, aucune théorie politique qui n’aurait pas pour objectif de réduire les émissions de CO2 ne peut être efficace, car les lois de la physique sont irréfutables. À travers tous les États-Unis, les scientifiques doivent répéter ce message dans toutes les tribunes possibles :

Les changements climatiques ne sont pas un canular, et ceux qui le croient doivent reconsidérer leur opinion car aujourd’hui, c’est l’absence d’initiative qui met en péril les futures générations, que ce soit en Amérique ou dans le reste du monde.

— Bill Menke, Professeur des sciences de la terre et de l’environnement, Observatoire terrestre de Lamont-Doherty et Institut pour la Terre à l’université de Columbia.

Cette décision affecte tous les êtres vivants, il faut donc que chacun de nous agisse. La liste des inquiétudes relatives aux changements climatiques est longue : de l’extinction de certaines espèces animales à la montée des eaux jusqu’aux villes. Toutes ces inquiétudes ont été largement exposées sur différents médiums et par énormément de sources crédibles.

Malgré tout, un homme borné a décidé de toutes les ignorer, et ce, malgré les efforts de plusieurs grands dirigeants pour le faire changer d’avis. Pour aller au-delà des arguments, je pense que chacun de nous devrait prendre les initiatives suivantes :

 

Une situation aussi malheureuse que celle-ci, créée par un homme ignorant (et qui se trouve être le président du pays qui émet 15% du CO2 dans le monde), ne peut être inversée que si nous agissons tous. Il ne s’agit pas que d’initiatives pour modifier le cours d’une décision inconsciente, mais il s’agit également d’une opportunité de montrer qu’aucun homme n’est au-dessus des faits, mais aussi l’envie d’une population et de communautés d’assurer un avenir meilleur.

– Juan Pablo Campos, Chercheur adjoint, Columbia Water Center.

C’est une mauvaise décision pour l’Amérique et pour la planète à différents niveaux. D’abord, cette décision n’est scientifiquement pas justifiée, car les faits sont clairs ; il n’y a pas de vérité alternative. Ce choix est aussi économiquement dangereux car les changements climatiques ont déjà durement touché les État, et le gouvernement actuel a choisi de ne pas préparer le pays pour y faire face, et ce à n’importe quel prix.

La décision est une catastrophe politique car elle isole les États-Unis de façon totalement inédite ; le pays est désormais placé au même niveau que le Nicragua et la Syrie, qui sont les deux seuls autres pays à ne pas faire partie des Accords de Paris sur le climat.

Les conséquences de ce choix sur les États-Unis et sur le monde scientifique et académique restent encore à définir mais il est évident qu’il affaiblit et réduit la puissance des États-Unis. Cependant, en tant que scientifiques spécialistes du climat, nous continuerons à faire tout ce qui est en notre pouvoir pour améliorer notre compréhension des effets des changements climatiques sur l’Amérique afin de mieux préparer le reste du pays, car telle est notre devoir patriotique et notre mission en tant que scientifiques.

— Joerg M Schaefer, Professeur-chercheure à Lamont, Observatoire terrestre de Lamont-Doherty, Professeur adjoint, Département de la Terre et des Sciences environnementales, Université de Columbia, New-York.

Le gouvernement américain a délibérément décidé de fermer les yeux sur les faits scientifiques et la réalité. Il a montré la pire attitude de leader que l’on puisse imaginer, et a presque déclenché un holocauste nucléaire.

Il y a plus de 25 ans, j’ai dit au directeur du PNUE : « Si vous ne vous préoccupez pas des changements climatiques, vous pouvez tirer un trait sur la biodiversité. »

Le prix biologique à payer sera catastrophique, mais il peut être contré par des mesures efficaces dans le monde et en Amérique, à l’échelle des villes et des États.

—  Thomas E. Lovejoy, Université George Mason.

Les feux de forêts se sont aggravés à cause du réchauffement climatique aux États-Unis, en Russie et dans le reste du monde. Crédit photo : John McColgan. Édité par Fir0002 avec l’aimable autorisation de l’USDA

Dans un pays submergé par la sécheresse, les feux de forêts et inondations, la montée du niveau des eaux et la multiplication de forts ouragans, ignorer les changements climatiques ne ‘redonnera sa grandeur à l’Amérique’ en rien. Cela représente plutôt une menace pour la nourriture, l’eau et notre sécurité à tous.

— Richard Seager, Institut Géophysique de Palisades / Professeur-chercheur à Lamont, Observatoire terrestre de Lamont-Doherty, Université de Columbia.

Cette décision et son encensement par une certaine (et infime) partie de l’ordre établi aux États-Unis est un retour à un âge plus sombre et ignorant. Elle nous ramène aux temps de la révolution industrielle, mais cette fois, nous ne pouvons prétendre ignorer les dégâts sociaux et environnementaux qui en découleront en parallèle de la création de richesses et du progrès.

Le retrait des Accords de Paris est en fait, une initiative futile qui n’entrera en vigueur que le jour suivant les résultats des prochaines élections présidentielles américaines en 2020. Mais ce choix aura probablement de sérieuses conséquences et nous ralentira dans notre progression vers un nombre de perturbations acceptable (oui, acceptable) en ce qui concerne les changements climatiques. Je n’ai pas besoin d’en dire plus… si vous lisez le journal ou les commentaires d’éminents collègues, vous comprendrez.

Le plus frustrant dans tout cela, c’est que le retrait des Accords de Paris aura plus de conséquences sur les plus pauvres des pays pauvres, et ironiquement, une grosse partie de la population américaine ayant voté pour M. Trump : l’industrie du charbon décline un peu plus chaque jour, et ce n’est pas dû aux Accords de Paris mais plutôt à cause des gaz naturels. Aujourd’hui, il y a plus d’emplois et une croissance plus importante dans l’industrie des énergies renouvelables que dans celle du charbon. De plus, les agriculteurs américains ne pourront plus marchander leur compensation en carbone, ce qui causera une perte de 1,8 milliards de dollars en revenus supplémentaires. Les villes côtières du sud des États-Unis seront frappées par les tempêtes ou privées d’eau et les citadins les plus pauvres auront du mal à survivre.

Pour conclure, j’espère que l’histoire se souviendra de la décision américaine, non pas comme le choix d’un peuple, mais comme celui d’un groupe de losers vivant dans un monde utopique. Le réveil risque d’être douloureux.

— Robert Nasi, Directeur général adjoint pour la recherche, Centre pour la Rechercher Forestière Internationale (CIFOR).

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