Nouvelles de l'environnement

Les actions d’une ONG pour sauver les grands singes des hauts plateaux de Lebialem au Cameroun

  • La région escarpée des hauts plateaux de Lebialem, au sud-ouest du Cameroun, est encore habitée par le gorille de la rivière Cross, en danger critique d’extinction, le chimpanzé pan troglodytes ellioti, en danger, et l’éléphant de forêt d’Afrique, vulnérable.
  • Bien que le gouvernement camerounais ait pris des mesures en protégeant de larges zones de forêt de la région, il reconnaît son incapacité à protéger intégralement cet habitat des incursions des communautés environnantes, qui se rendent dans les zones protégées pour cultiver, récolter de la viande de brousse, chasser, couper du bois et miner.
  • La Fondation pour l’environnement et le développement rural (ERuDeF), une ONG, est intervenue pour aider à la protection des zones préservées des hauts plateaux, notamment la réserve naturelle des collines de Tofala et celle de Mak-Betchou, encore en cours de création.
  • Avec le soutien du Rainforest Trust États-Unis, ERuDeF travaille également à l’amélioration des conditions économiques et des moyens de subsistance des villages locaux, afin de réduire la pression pesant sur la faune sauvage.
Une vue de la réserve naturelle des collines de Tofala. Photo par Aminateh Nkemngu

Les hauts plateaux de Lebialem, situés au sud-ouest du Cameroun, sont un haut-lieu de la biodiversité, longtemps à l’abri du progrès en raison de leur difficulté d’accès et de leur faible densité humaine, bien que cela ne soit plus le cas à l’heure actuelle. Ils s’étendent du flanc occidental du mont Bamboutos à travers le plateau de Bamilike, et s’élèvent quasiment du niveau de la mer dans la zone de Bechati jusqu’à 2500 mètres d’altitude dans la zone de Magha, dans le village de Bamumbu.

Les denses et luxuriantes forêts tropicales de Lebialem jouissent de quatre espèces emblématiques, trois d’entre elles des primates : le gorille de la rivière Cross (Gorilla gorilla deilhi) en danger critique d’extinction, dont moins de 300 individus demeurent à l’état sauvage, le chimpanzé Pan troglodytes ellioti, en danger d’extinction, la plus menacée de toutes les sous-espèces de chimpanzés, dénombrant probablement moins de 6000 individus, le mandrill (Mandrillus leucophaeus), ainsi que le vulnérable éléphant de forêt d’Afrique (Loxodonta cyclotis).

Le gouvernement camerounais reconnaît ces richesses biologiques ainsi que le danger dans lequel elles se trouvent, et a cherché à protéger les grands singes et d’autres espèces en conservant les terres forestières. « Ces espèces sauvages sont menacées par le braconnage, la destruction de l’habitat, sa fragmentation par l’implantation humaine et sa conversion en terres agricoles cultivées, » explique Nono Joseph, chef régional de la protection de la faune sauvage au ministère de l’exploitation forestière et de la faune sauvage (MINFOF). Il admet toutefois que le gouvernement manque souvent de ressources nécessaires à la protection intégrale de la biodiversité des hauts plateaux de Lebialem.

C’est là que la Fondation pour l’environnement et le développement rural (ERuDeF), une OGN nationale, intervient.

« Actuellement, ERuDeF et ses partenaires assistent le gouvernement du Cameroun afin de créer un système de zones protégées dans le complexe des hauts plateaux de Lebialem, » explique Louis Nkembi, président d’ERuDeF. « Les trois projets en cours sont la réserve naturelle des collines de Tofala, la réserve écologique intégrale du mont Bamboutos, et le corridor forestier de Tofala-Mone. »

Un chimpanzé et son petit surpris par un piège photo dans la réserve naturelle des collines de Tofala. Photos fournie par ERuDeF.

Les grands singes sous pression

Nono Joseph expose la série de problèmes à laquelle est confrontée l’une de ces zones protégées, la réserve naturelle des collines de Tofala : « L’existence de mesures gouvernementales concernant la conservation des grands singes n’a pas garanti une gestion efficace de cette réserve, » concède-t-il. « Ses espèces sauvages pourraient même s’éteindre en raison de l’augmentation des activités humaines [par plus de] 30 communautés indigènes adjacentes à la réserve. »

Les villageois (fermiers, braconniers et chasseurs) mènent toujours des activités de déboisement, de minage, d’agriculture, et de construction d’infrastructure, autour et au sein même des zones protégées. Les communautés environnantes dépendent toujours de la chasse et de la viande de brousse pour se nourrir et vendre cette dernière sur les marchés locaux et urbains. De plus, la majorité des fermiers de la périphérie ou dans la forêt elle-même pratiquent l’agriculture sur brûlis et l’exploitation non durable des produits forestiers non ligneux (PFNL). Le surpâturage a également aggravé la perte d’habitat.

Il en résulte, selon le site internet d’ERuDeF, « un conflit d’intérêt entre la conservation des grands singes et les besoins de subsistance des communautés dépendantes de la forêt. Les choses sont encore aggravées par l’appât du gain et la négligence des communautés locales et l’échec de les [inciter] au dialogue. L’engagement des communautés locales est donc essentiel afin de s’assurer de la gestion effective et de la conservation de la réserve naturelle des collines de Tofala. »

Un don de ruches d’abeilles par ERuDeF à une communauté locale des hauts plateaux de Lebialem. De tels projets favorisent la pérennité économique tout en aidant à réduire la pression sur la faune sauvage. Photo fournie par ERuDeF

La naissance de la réserve naturelle de Tofala

M. Nkembi se souvient de l’arrivée de son ONG dans la région des hauts plateaux : « Afin d’accompagner les efforts du gouvernement pour réduire la pauvreté et gérer durablement l’environnement pour le développement au long terme de l’économie camerounaise, ERuDeF et ses partenaires ont lancé en 2003 le programme de gestion des ressources naturelles des hauts plateaux de Lebialem et du mont Bamboutos. »

Le programme de conservation des hauts plateaux de Lebialem, qui constituait la première phase de cet effort, s’est terminé en 2010 avec la désignation par le gouvernement de plusieurs importantes zones protégées dans les hauts plateaux. En septembre 2014, un décret signé par le Premier ministre du Cameroun Philemon Yang a tracé les limites de la réserve naturelle des collines de Tofala, recouvrant 8087 hectares dans les districts de Wabane et Alou, administrés depuis le village de Bechati. Les collines de Tofala sont la troisième zone protégée spécifiquement conçue pour protéger les gorilles de la rivière Cross dans la région, après la réserve de gorilles de Kagwene et le parc national de Takamanda.

ERuDeF est « focalisée sur le sauvetage des dernières espèces de gorilles et de chimpanzés à travers les hauts plateaux de Lebialem, à Banyang et dans les collines de Nkingwa. […] Notre travail sur les grands singes a conduit à la création du complexe de conservation des hauts plateaux de Lebialem et du paysage forestier de Lebialem-Mone. ERuDeF assiste également le gouvernement dans la protection des singes dans la forêt de Mak/Betchou, les collines de Nkingkwa et le corridor forestier de Tofala-Mone. Les principaux blocs forestiers comprennent la réserve naturelle des collines de Tofala, la forêt de Mak-Betchou, les collines de Nkingkwa et le corridor forestier de Tofala-Mone, » d’après un document de l’ONG.

Au cœur de la réserve naturelle des collines de Tofala. Photo par Aminateh Nkemngu

Annoncer la création de ces nouvelles réserves est une chose ; les gérer efficacement, et rallier les villages locaux au processus de conservation en est une autre. M. Nkembi est d’accord : « C’est pour cela que depuis 2001, ERuDeF a organisé d’importantes réunions consultatives locales [avec les communautés de la région] afin de chercher régulièrement un soutien continu dans le développement et l’implantation de son programme à travers les hauts plateaux de Lebialem. »

Un compte-rendu des collines de Tofala

Tankoh Solomon Tayem, an ERuDeF field assistant who has been Tankoh Solomon Tayem, assistant de terrain pour ERuDeF ayant mené la bio-surveillance de la faune sauvage dans les forêts des collines de Tofala depuis cinq ans, estime qu’entre 20 et 25 gorilles demeurent dans le secteur. « Je les ai surveillés, leurs traces, ce qu’ils mangent, où ils dorment, et ce qu’ils font, » explique-t-il avec enthousiasme.

Un gorille de la rivière Cross tué en 2013 à Pinyin, une communauté adjacente à la réserve naturelle des collines de Tofala. Photo fournie par ERuDeF

« Nous avons encore environ 300 chimpanzés ici, » ajoute-t-il, mais d’autres espèces-clés ont diminué ou disparu de la réserve. « En ce qui concerne les éléphants, l’augmentation de l’activité humaine les a forcé à aller plus au sud, dans les forêts de Manyu. Ils ne sont plus là. Les mandrills n’existent plus à Tofala. J’avais un mandrill ici, mais il a disparu. Le problème, c’est que les mandrills n’ont pas peur des humains. Quand ils voient des humains, ils continuent à jouer. Cela en fait des cibles faciles pour les chasseurs. »

Allen Tabi, directeur de la conservation d’ERuDeF, signale que le braconnage reste un grave problème dans la réserve : « Des vidéos récemment téléchargées de pièges photographiques cachés dans la réserve […] montrent un certain nombre d’espèces sauvages avec des blessures infligées par des collets placés par des communautés adjacentes. […] La non sélectivité et la fréquence de ces pièges infligeant de graves blessures aux animaux renforce le danger pour la plupart des espèces sauvages de la région. »

M. Tabi comprend les raisons menant au braconnage : « Tant que les locaux seront pauvres et affamés, les collets continueront à être utilisés et à infliger de graves blessures, et à causer la mort de jeunes chimpanzés curieux, de petits singes, de civettes et d’autres espèces sauvages sans discrimination

Les griefs des villageois

Même si ERuDeF essaie d’ouvrir des voies de communication avec les villages locaux, un fossé et un mécontentement profonds demeurent au sein des communautés de Tofala : « Nous avons entendu dire qu’une réserve naturelle avait été créée par ici, mais ça, c’est sur la carte, » déclare un chef local avec dédain. « Nous ne comprenons pas ce que [le gouvernement] est en train de faire. Il n’y a pas de dialogue. Nous avons des sanctuaires ancestraux à l’intérieur de la réserve. Nous y allons toujours pour nos rites traditionnels. Les gens cultivent et chassent toujours là-bas. Ils sont venus ici et ont formé des comités de gestion de la forêt. Depuis, ERuDeF et le conservateur de la réserve ne sont pas revenus dans le coin. Nous ne savons pas où travaillent les comités et où ils tiennent leurs réunions. Nous, les chefs traditionnels, n’accepterons pas de décisions prises sans notre consentement. »

Un panneau d’ERuDeF à l’entrée de la réserve naturelle des collines de Tofala, prévenant des peines encourues en cas d’atteinte aux grands singes. Photo par Aminateh Nkemngu

Les conservationnistes et leurs buts laissent le chef perplexe : « Nous n’avons aucun problème avec les gorilles et les chimpanzés. Nous luttons pour survivre, et eux aussi luttent pour survivre. Nous nous rencontrons dans la forêt. Lorsque des gorilles, des chimpanzés et des humains se rencontrent, ils partent tous dans des directions différentes en toute tranquillité. Nous ne nous sentons donc pas concernés par cette histoire de réserve. »

Le chef de Bangang, un autre village, est lui aussi perplexe. Il ne voit pas l’intérêt de protéger des grands singes qui ne courent déjà aucun danger : « Bangang n’a pas de terrain à sacrifier pour une quelconque réserve. Le terrain qu’ils veulent nous retirer a été offert à la communauté par Sabis, un village voisin du district d’Upper Banyang, depuis 1978. [Les conservationnistes] parlent de protéger les gorilles. Mais nos ancêtres ont commencé à les protéger il y a bien longtemps. Nous avons protégé les gorilles parce que nous savons qu’ils sont des totems d’êtres humains. A chaque fois qu’un gorille se fait tuer, quelqu’un tombe mort dans le village. Nous savons donc que les gorilles de la brousse sont des totems. Nous ne les chassons pas, nous ne les tuons pas. Nous les protégeons parce qu’ils font partie de nous. » Il conclut avec défiance que « s’ils veulent nous imposer la réserve, nous ferons disparaître les gorilles à la place. »

Le chef Robert, du village de Besali, remarque qu’ERuDeF « a promis de créer des coopératives d’huile de palme pour que les hommes puissent commercialiser leur huile de palme, tandis que des micro-crédits seraient accordés aux femmes pour lancer des petits commerces, [comme] des fermes de volaille ou des potagers. Mais jusqu’à présent, les choses qu’ils ont promises ne sont pas arrivées. Alors nous continuons nos activités dans la forêt comme d’habitude. »

Une équipe d’ERuDeF surveille les grands singes. Photo par Aminateh Nkemngu

La réponse d’ERuDeF

Malgré la résistance rencontrée dans les villages environnants, ERuDeF continue de travailler à l’engagement et à la participation des communautés locales entourant la réserve naturelle des collines de Tofala pour assurer la conservation des gorilles de la rivière Cross et des chimpanzés Pan troglodytes ellioti.

« Une amélioration de l’engagement communautaire à travers la sensibilisation et le soutien de moyens de subsistance alternatifs conduira à une réduction du déboisement, du braconnage, de la chasse et de l’exploitation des terres dans la réserve et aux alentours », estime M. Nkembi. « Par conséquent, la survie de sa riche biodiversité sera garantie. »

Pour tenter de renforcer la sensibilisation à la conservation au sein de la communauté et d’améliorer la communication avec celle-ci, EruDeF a créé un journal en 2013, the Green Vision (la Vision verte). L’ONG emploie également des villageois dans ses programmes de bio-surveillance. En septembre, elle a formé deux éco-gardes, Elebe Bessala Aldalbert Christian et Goue Mengamenya Placide, à patrouiller au sein de la réserve naturelle des collines de Tofala.

Le programme de bio-surveillance a ouvert les yeux de ces deux hommes sur l’importance de la réserve. « Avant, nos activités de surveillance se limitaient aux communautés autour de la réserve, principalement en suivant la vente de viande de brousse sur les marchés ; aucune surveillance n’avait lieu dans la réserve elle-même. Cette activité [de bio-surveillance] nous a permis, à mon collègue et à moi, de nous faire une meilleure idée de [ce qu’il se passe à l’intérieur] de la réserve, » explique Elebe.

Une broyeuse de manioc offerte par ERuDeF à la communauté de Bechati. Photo fournie par ERuDeF

ERuDeF participe également à la réduction de la pauvreté en encourageant de nouveaux moyens de subsistance. « Le projet de soutien de l’huilerie de palme a grandement réduit l’impact humain sur d’importants lieux de biodiversité de la région, » estime le directeur du développement économique et des moyens de subsistance de l’ONG. « L’introduction de produits forestiers non ligneux et [l’amélioration de] la chaîne d’approvisionnement de l’huile de palme réduira encore [la pauvreté et la dépendance au braconnage]. L’initiative Passing on the Gift d’ERuDeF a de plus encouragé l’élevage porcin et l’apiculture chez les communautés proches de la réserve.

L’ONG cherche également à étendre la protection des grands singes. M. Nkembi mentionne le soutien récent de la Fondation Waterloo et de Global Forest Watch (GFW), permettant à ERuDeF de créer quatre zones forestières communautaires depuis janvier 2016.

Ces zones « seront utilisées en tant que corridor génétique pour la faune sauvage, reliant les chimpanzés et les gorilles de la réserve naturelle des collines de Tofala à ceux des réserves de Takamanda à travers l’ancienne réserve de Mone, » explique M. Nkembi. « L’objectif à long terme est de conserver la riche biodiversité et les espèces menacées de la zone […] à travers la gestion durable de la forêt communautaire par les communautés locales. » Mais, prévient-il, le succès ne viendra que si ces dernières renforcent leurs compétences et développent leur capacité à gérer les forêts avec efficacité.

Des partenariats à l’échelle régionale

ERuDeF n’est pas seul dans sa croisade pour le sauvetage des grands singes. Cinq autres ONG ont accepté d’unir leurs forces dans le combat contre l’extinction des grands singes à travers l’Afrique centrale. Lors d’une rencontre à Nkala, en République démocratique du Congo, ces ONG ont élaboré de nouvelles stratégies de lutte contre la dégradation des forêts, la fragmentation des habitats, le braconnage et le trafic illégal d’animaux.

L’élevage porçin est préconisé par ERuDeF. Photo fournie par ERuDeF

Ces ONG incluent ERuDeF et Tropical Forest and Rural Development (TF-RD), deux ONG camerounaises, le MBOU MON TOUR et le Groupe d’Appui à la Conservation des Ecosystèmes de Basankusu et Bolomba (GACEBB), de République démocratique du Congo, l’Association Protectrice des Grands Singes de la Moukalaba, du Gabon, et Endangered Species International, de République du Congo.

Autre bonne nouvelle pour le Cameroun et les hauts plateaux de Lebialem : Rainforest Trust Etats-Unis, l’un des leaders mondiaux de la protection des espèces sauvages et des écosystèmes tropicaux, a convenu d’un projet de financement de 700 000 dollars américains sur trois ans pour la réserve naturelle des collines de Tofala et la création de la réserve naturelle de Mak-Betchou sur 14 080 hectares, un programme qui s’étendra jusqu’en 2019. Ce financement participera également au développement et à l’implémentation d’un projet de gestion de la réserve de Tofala.

« ERuDeF est redevable à Rainforest Trust de cette généreuse donation, » déclare M. Nkembi. Il ajoute que ce financement est un pas important vers la mise en place d’un refuge pour plus de 300 chimpanzés, un nombre non identifié de gorilles, et une centaine d’éléphants, ainsi que d’autres espèces sauvages menacées dans la réserve naturelle prévue de Mak-Betchou. Il permettra également d’aider à la gestion efficace de la réserve des collines de Tofala et ses 25 gorilles de la rivière Cross et 150 chimpanzés elioti.

Un récent nid de gorilles. Photo fournie par ERuDeF

Un avenir plein d’espoir

Les visiteurs à Tofala, notamment l’écologiste britannique Mike Gray, sont enthousiasmés par la réserve et le rôle que tient ERuDeF dans sa gestion. Lors d’une visite en novembre, il a remarqué qu’ « ERuDeF fait un travail globalement acceptable, malgré les obstacles et la résistance que rencontre l’organisation de la part de communautés adjacentes qui chassent et cultivent au sein de la réserve. » Il insiste sur le besoin urgent pour les autres acteurs, en particulier le gouvernement camerounais, de prendre leurs responsabilités et d’aider ERuDeF à la sauvegarde des grands singes des hauts plateaux de Lebialem.

« La création de la nouvelle réserve de gorilles de la rivière Cross est une étape majeure et un accomplissement important, » approuve Arend de Haas, directeur de la Fondation pour la conservation africaine (ACF), en partenariat avec ERuDeF dans le paysage forestier de Tofala-Mone depuis 2004. D’après celui-ci, les succès majeurs jusqu’à présent comprennent la découverte de nouvelles populations de gorilles de la rivière Cross dans le corridor forestier de Tofala-Mone, le lancement d’un programme de surveillance des grands singes, la création de structures de gestion collective, et l’efficacité des programmes d’éducation et visant à offrir des moyens de subsistance.

Sally Laahm, officier de conservation africaine chez Rainforest Trust, a récemment passé dix jours avec ERuDeF, explorant la zone prévue pour le projet de réserve naturelle de Mak-Betchou, la montagne de Muanengouba et la réserve naturelle des collines de Tofala.

Au terme de son voyage, elle a fait les louanges des richesses biologiques de Tofala : « Nous ne sommes pas restés très longtemps, mais nous avons pu observer de nombreux signes indiquant la présence de gorilles et de chimpanzés à proximité du camp. [La zone] a une très grande valeur pour la conservation, et est entourée de villages dans lesquels ERuDeF possède déjà un bon nombre de projets concernant les moyens de subsistance. » Cependant, remarque-t-elle, ces succès ne seront pas viables à long terme sans un afflux de soutiens et de financements internationaux, et l’avenir des grands singes du Cameroun en dépend.

Nyango, un gorille de la rivière Cross (Gorilla gorilla diehli) en captivité au centre de protection de la faune sauvage de Limbe, au Cameroun. Les ONG comme ERuDeF sont le dernier rempart séparant cette espèce de l’extinction. Photo par Julie Langford, permise par la licence Creative Commons Attribution-Share Alike 3.0 Unported.
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