- Une demande des consommateurs grandissante, particulièrement en Asie, permet aux trafiquants d’espèces sauvages d’équiper leurs hommes de main d’armes et de matériel d’une qualité souvent supérieure à ceux dont disposent les gardes forestiers locaux.
- Les braconniers les plus destructeurs en Afrique sont aujourd’hui ceux employés par des organisations professionnelles de trafiquants. Ils bénéficient d’un soutien logistique et financier inimaginable lors des crises passées liées au braconnage.
- L’arsenal des braconniers comprend un usage de plus en plus généralisé de matériel de qualité militaire tel que mitrailleuses, hélicoptères, lunettes infrarouges et véhicules blindés lourds.
Le 29 janvier, Roger Gower, Anglais de 37 ans et ardent défenseur de l’environnement, était aux commandes d’un hélicoptère survolant la Réserve naturelle de Maswa, en Tanzanie, quand il aperçut le cadavre. Gower, qui travaillait pour l’ONG Friedkin Conservation Fund, était accompagné de Nick Bester, guide de safari. Les deux hommes volèrent lentement en cercle au-dessus de la carcasse d’éléphant sanglante et entaillée. Des gardes forestiers au sol leur avaient indiqué avoir entendu des coups de feu la veille, et ils en avaient trouvé là l’horrible conséquence. Ils ne pouvaient pas voir les braconniers, mais les défenses de l’éléphant abattu étaient encore intactes ; les braconniers ne pouvaient pas être loin.
Tandis qu’ils planaient au-dessus du cadavre, des tirs de mitrailleuse en provenance des arbres alentour s’abattirent soudain sur leur hélicoptère. Une volée de tirs traversa le plancher de l’hélicoptère, avant de perforer la jambe et l’épaule de Gower, puis de trouer le plafond de l’engin. Bien que mortellement blessé, Gower parvint à poser l’hélicoptère avant de mourir et permit ainsi à Bester de trouver refuge dans la brousse. Neuf suspects furent plus tard arrêtés, et quatre d’entre eux inculpés de meurtre. Les autres auraient été inculpés de sabotage économique et de possession illégale d’armes à feu ; quatre d’entre eux ont été condamnés à des peines de prison allant jusqu’à vingt ans de réclusion.
Roger Gower n’est qu’une des victimes les plus visibles de la montée récente de la violence causée par le trafic illicite d’espèces sauvages. Chaque année, des dizaines de gardes forestiers sont tués par des braconniers de mieux en mieux armés et organisés dans le conflit sanglant qui a pour enjeu la faune du continent. Cet accroissement de violence implique l’usage de plus en plus répandu par les braconniers de matériel de qualité militaire tel que mitrailleuses, hélicoptères, lunettes infrarouges et véhicules blindés lourds qui leur permet d’exterminer les derniers survivants de la mégafaune pour le marché noir asiatique.
Selon la Thin Green Line Foundation, ONG australienne qui apporte aide et soutien aux familles de gardes forestiers morts dans l’exercice de leurs fonctions, « on estime que [dans le monde], plus de 1000 gardes forestiers ont été tués dans l’exercice de leurs fonctions au cours des dix dernières années ; 75% ont été tués par des braconniers professionnels et des milices armées. Les gardes forestiers souffrent en général d’un manque de matériel et de revenus insuffisants, et souvent d’un manque de reconnaissance de leur travail. »
Dans le même temps, en mai, le World Wildlife Fund (WWF) a publié un sondage réalisé auprès de 570 gardes forestiers dans 12 pays africains qui met en lumière leurs conditions de travail difficiles. Le sondage montre que 82% des gardes forestiers interrogés ont dû faire face à des situations qui ont mis leur vie en danger ; 59% pensent qu’ils sont trop mal équipés pour faire leur travail correctement ; 42% pensent qu’ils ne sont pas adéquatement formés ; 75% ont fait l’objet de menaces et 77% ne voient leur famille que pendant 10 jours ou moins chaque mois.
Un nouveau modèle commercial
Ce qui se passe en Afrique aujourd’hui est bien différent de la crise antérieure liée au braconnage, dans les années 1980 ; à l’époque, des braconniers largement sans ressources étaient souvent armés de vieilles carabines à verrou sans lunette de tir à longue distance. Du fait de l’explosion de la demande des consommateurs, à la fois sur le marché asiatique friand de produits de toutes sortes, depuis l’ivoire jusqu’aux écailles de pangolin, et sur le marché domestique africain de viande d’animaux sauvages, les trafiquants d’espèces sauvages disposent aujourd’hui des ressources nécessaires pour équiper leurs hommes de main d’armes et de matériel de qualité souvent supérieure à ceux dont disposent les gardes forestiers des parcs locaux.
La corne de rhinocéros a désormais une valeur comparable à celle de l’or, et peut atteindre des prix allant jusqu’à environ 65 000 ou 75 000 dollars le kilo sur le marché noir. Le trafic criminel international d’espèces sauvages terrestres atteint 10 milliards de dollars chaque année. Les sommes qui peuvent être engrangées incitent les trafiquants à faire usage d’une violence de plus en plus extrême et les réseaux de braconniers à rendre leurs armes et matériel toujours plus sophistiqués. Chaque rhinocéros ou éléphant abattu contribue en retour à faire monter le prix des individus survivants, puisque ceux-ci deviennent de plus en plus rares.
Cette nouvelle sorte de braconnier dispose d’armes de qualité militaire souvent acquises grâce à des organisations criminelles qui profitent du chaos social et politique qui règne dans des pays tels que la Libye, la République centrafricaine, le Nigeria, le Mali et la Somalie. Des groupes terroristes comme l’Armée de résistance du Seigneur (Lord’s Resistance Army ou LRA) en Afrique centrale financent souvent leurs abjectes activités grâce au braconnage et certaines unités militaires nationales corrompues ont même activement participé au trafic illégal d’espèces sauvages.
Les Forces armés de la République démocratique du Congo « ont été identifiées par des observateurs indépendants comme faisant partie des braconniers d’ivoire les plus impitoyables en RDC où l’on rapporte que l’armée d’état est responsable de 75% du braconnage qui a lieu dans neuf des onze régions étudiées parmi les régions du pays qui abritent des éléphants », précise un rapport publié en 2015 par l’organisation Small Arms Survey, basée à Genève et subventionnée par divers gouvernements.
La conséquence : des bijoux environnementaux tels que le Parc national Kruger en Afrique du Sud en sont réduits à l’état de quasi-zones de guerre. Kruger abrite sur ses 20 000 km2 la grande majorité des rhinocéros encore existants. Le parc partage une frontière poreuse avec le Mozambique, où la corruption gouvernementale et l’incompétence économique ont créé les conditions d’existence d’une pauvreté désespérée qui forme le terreau idéal pour le développement du trafic illicite d’espèces sauvages. L’année dernière, 1175 rhinocéros ont été abattus à Kruger par des braconniers pour beaucoup mozambicains. Les gardes forestiers du parc, désormais obligatoirement formés aux techniques militaires, ont abattu environ 500 braconniers entre 2011 et 2015; presque tous venaient du Mozambique voisin.
« C’est une guerre que nous menons », a déclaré à Africa Geographic en 2014. Johan Jooste, ancien général militaire et aujourd’hui commandant en chef de la lutte contre le braconnage. La guerre autour de la corne de rhinocéros a atteint une telle intensité qu’elle a de fait remplacé ses autres responsabilités. « En ce moment, mon travail, c’est Kruger et les rhinocéros », a-t-il déclaré dans cette interview. « Les rhinocéros de Kruger sont la cache de capital environnemental la plus précieuse du monde. La corne de rhinocéros surpasse en valeur l’or ou le platinum. Au gramme, c’est la denrée la plus chère sur Terre. A travers toute l’Afrique, les gardes forestiers accomplissent des tâches d’ordre militaire pour combattre les braconniers. Nous devons militariser notre corps de gardes forestiers. Ce problème ne va pas simplement disparaître. »
La loi sud-africaine interdit aux gardes forestiers d’être les initiateurs d’une force mortelle ; ils sont donc obligés de tenter l’arrestation des braconniers, ce qui accapare leur temps et leurs ressources, ce dont tirent profit d’autres braconniers. Avec 500 gardes forestiers seulement dans les rangs que dirige Jooste, les patrouilles ne peuvent inspecter à la fois qu’une infime fraction d’un parc de l’ampleur de Kruger.
Un grand nombre des braconniers qui sévissent à Kruger ne sont pas simplement des gens pauvres motivés par le désespoir à trouver l’argent nécessaire à leur survie. Ce sont souvent des criminels professionnels formés aux techniques de survie en milieu naturel et à l’utilisation d’armes lourdes. « J’ai beau les mépriser, confie Jooste, les braconniers peuvent très bien survivre dans la brousse, et leurs talents y sont remarquables. Ils sont de bons pisteurs, et leur ténacité est tout à fait notable. Ils sont des adversaires redoutables et n’obéissent à aucune règle. »
Les braconniers qui causent aujourd’hui le plus de dommages en Afrique sont employés par des organisations professionnelles de trafiquants. Ils bénéficient d’un soutien logistique et financier inimaginable au temps des crises passées liées au braconnage.
Et Jooste d’enjoindre : « N’oublions pas que ce à quoi nous faisons face ici est du crime organisé à l’échelle internationale, soutenu par des criminels étrangers. Ces organisations sont si riches que chacune pourrait être une entreprise sur la liste des “Fortune 500”. Elles n’ont aucune conscience, loi ou règle, et elles ont de bons systèmes de renseignements et des ressources illimitées. Alors elles apportent leur soutien aux braconniers, par le financement de cautions et de défense juridique. »
Un manque de soutien
Des conflits surviennent quasiment dans tous les territoires africains qui abritent encore des espèces sauvages. Un autre champ de bataille majeur existe au milieu du chaos qu’est la République démocratique du Congo (RDC). En avril, des braconniers d’éléphants ont tués trois gardes forestiers et en ont blessé deux autres dans le Parc national de Garamba ; l’année dernière, des braconniers ont tué cinq gardes forestiers et trois militaires dans ce même parc. Et dans le bastion assiégé des grands singes du pays, au Parc national Virunga, 150 gardes forestiers ont été tués dans la seule décennie écoulée par des milices cherchant à s’enrichir grâce aux espèces sauvages, au charbon de bois et à d’autres ressources naturelles. Ce parc est le plus ancien d’Afrique et abrite un quart des gorilles de montagne (Gorilla beringei beringei) encore en vie dans le monde. « Nous ne pouvons faire face à de telles pertes au sein de ce qui est toujours le travail de conservation environnemental le plus dangereux du monde », a confié au Guardian Emmanuel de Mérode, directeur du parc, qui a lui-même été blessé par balles par une milice en 2014.
Être garde forestier en Afrique est non seulement extrêmement difficile et dangereux, comme l’a démontré le sondage du WWF, mais c’est aussi un travail ingrat : les gardes forestiers du Kenya et de Tanzanie gagneraient seulement de 50 à 60 dollars par mois. Et quand ils sont abattus, leur famille se retrouve souvent sans ressources.
« Les gouvernements africains ne donne que de petites allocations aux familles de gardes forestiers assassinés », a confié Peter Fearnhead, co-fondateur de l’ONG African Parks, au site d’information Equal Times en janvier. « Les frais funéraires peuvent accabler les familles ; leurs besoins sanitaires s’accélèrent et les rêves des enfants de gardes forestiers sont brisés. Les familles de gardes forestiers vivent dans la peur constante de l’avenir. »
African Parks restaure et gère intégralement des parcs sous contrat avec des gouvernements qui manquent souvent de ressources pour lutter eux-mêmes efficacement contre le braconnage. L’organisation gère à l’heure actuelle dix parcs sur une superficie totale de 60 000 km2 dans sept pays différents. Elle verse aux veuves des gardes forestiers tués dans l’un de leurs parcs l’équivalent de six ans de salaire ; c’est un engagement fort en comparaison des sommes dérisoires que les gouvernements africains destinent à leurs gardes forestiers.
Les organisations telles qu’African Parks, les gardes forestiers des parcs comme celui de Virunga et les individus comme Johan Jooste n’ont rien en commun avec les agences qui gèrent la conservation de la faune en Afrique, où la corruption, l’incompétence et le manque de professionnalisme sont endémiques. Le New York Times a rapporté que l’un des hommes arrêtés dans l’affaire du meurtre de Roger Gower était « un ancien policier qui a utilisé son nouveau poste dans le renseignement pour une autorité régionale de conservation de la faune de manière à aider les braconniers à se déplacer sans être repérés. » Leur maigre salaire rend les gardes forestiers particulièrement sensibles au tentatives de corruption des riches organisations de trafic d’espèces sauvages. Selon certaines estimations, environ la moitié des gardes forestiers d’Afrique de l’Est sont corrompus, rapporte le Guardian.
Cependant, même les programmes bien gérés mettent sous pression les gardes forestiers africains d’aujourd’hui, qu’il soient homme ou femme, ainsi que leur famille. Lawrence Munro a raconté l’année dernière au site Traveller 24 comment son travail les mettait, lui et sa jeune famille, en situation de danger permanent. A l’époque, Munro était directeur de l’Unité d’opérations liées au rhinocéros pour la province sud-africaine de KwaZulu-Natal, contiguë à Kruger ; il travaille maintenant pour African Parks.
« Je garde un état d’esprit combatif en permanence », dit-il. « Ma famille et moi avons fait l’objet de menaces de mort très précises et sans équivoque. Des lettres qui me sont adressés et qui disent : on ne veut plus de toi par ici. »
Munro dit être en permanence armé et sur ses gardes ; sa famille a peur de se déplacer la nuit s’il n’est pas là pour assurer leur protection armée. Il déclare que sa journée de travail est longue et épuisante. Le jour, il détermine avec soin la localisation de braconniers présumés ; la nuit, il leur fait la chasse. Munro confie avoir le sentiment de devoir garder le gros de son travail secret, même vis-à-vis de sa famille, comme s’il était un agent secret. « Attraper un braconnier de rhinocéros ou un intermédiaire donne un sentiment de satisfaction incroyable. Mais ce travail est vraiment éreintant. »
Et c’est là ce qui se passe en Afrique du Sud, le pays le plus riche et (jusqu’à récemment, du moins) le mieux gouverné d’Afrique. Dans les pays plus pauvres, le danger que représentent les braconniers rend la vie quotidienne des gardes forestiers plus difficile encore. Certaines autorités avancent même que dans certains endroits, le braconnage est une menace pour la cohésion de la société toute entière.
« Le crime associé au trafic d’espèces sauvages est désormais une menace grave pour la souveraineté et la stabilité d’un certain nombre de nos pays », a déclaré en 2014 Ali Bongo Ondimba, président du Gabon, dans un communiqué de presse publié par l’Union internationale pour la conservation de la nature (UICN). « Les braconniers n’hésitent pas à ouvrir le feu sur nos gardes forestiers. Dans certains pays, ils sont engagés dans une guerre de brousse aussi intense que n’importe quel autre conflit moderne. »
Un rayon de soleil
En dépit de ces défis considérables existent quelques rayons de soleil. L’un d’entre eux est la PAMS Foundation Tanzania, une ONG basée à Arusha qui surveille et protège les populations de girafes et d’éléphants et qui travaille de pair avec les communautés tribales pour résoudre les conflits qui se cristallisent autour des humains et des espèces sauvages.
Max Jenes, responsable du projet Ruvuma Elephant Project de PAMS a rejoint les rangs de l’organisation en 2011. Il a confié à Mongabay s’être engagé « malgré les mises en garde et les avertissements de [s]es amis les plus proches… étant donné qu’[il s]’apprêtai[t] à travailler dans un environnement difficile et dangereux. »
Pour combattre les organisations criminelles qui dominent désormais le marché illicite d’espèces sauvages dans la région, Jenes a introduit un programme pour recruter comme gardes forestiers des jeunes hommes locaux talentueux, pour améliorer le professionnalisme de ses équipes et pour perfectionner leurs stratégies. Sa méthode repose en grande part sur la collecte d’informations auprès d’informateurs locaux, la demande d’assistance policière en cas de besoin et le déploiement judicieux de gardes forestiers pour patrouiller dans les zones identifiées comme des zones à risque en termes d’espèces sauvages. Il a ajouté que tout cela a conduit à un déclin du braconnage de 93% sur trois ans dans sa zone d’opération.
« Le secret primordial du succès dans la lutte contre le braconnage est d’établir de bonnes relations avec la population locale qui vit à proximité du parc ou de la réserve, précise Jenes. De bonnes relations aident au recrutement d’informateurs honnêtes et ils sont l’élément vital des patrouilles anti-braconnage. »
Des informations fiables et une participation directe des populations locales pour prévenir et empêcher les actes de braconnage avant qu’ils ne soient commis : voilà des éléments communs aux luttes contre le braconnage qui rencontrent le succès. Un autre élément est la détermination inébranlable et le dévouement de beaucoup de gardes forestiers face à des conditions difficiles et à des armes lourdes.
James Nchimbi est l’un des gardes forestiers les plus prometteurs parmi les équipes de Max Jenes. Sa carrière a commencé avec une passion pour la faune et l’envie de devenir garde forestier, mais sans argent pour aller à l’école. Après des efforts pugnaces, il a fini par réussir à obtenir une bourse d’études pour étudier au Pasiansi Wildlife Training Institute dans la ville de Mwanza, au nord-ouest de la Tanzanie, a-t-il relaté à Mongabay.
Peu après la fin de ses études, en 2012, Nchimbi raconte avoir eu sa première expérience de la dure réalité de la guerre dans la brousse quand il s’est trouvé à la tête d’une équipe de gardes forestiers qui a été prise en embuscade de nuit par quatre braconniers armés. Après quatre minutes de combat, les braconniers se sont échappés ; c’était là une issue heureuse pour l’unité de Nchimbi, mais aussi pour les braconniers eux-mêmes. Cependant le danger n’est jamais bien loin, et Nchimbi ajoute que deux gardes forestiers ont récemment été tués dans la zone où il travaille.
Néanmoins, la fierté d’accomplir un devoir qui leur tient à cœur continue de motiver James Nchimbi et d’autres. Il affirme passer son temps à encourager des jeunes hommes de la région à poursuivre une carrière de garde forestier. « J’adore encourager des jeunes gens dévoués à nous rejoindre pour travailler à la conservation de l’environnement, et surtout dans le domaine des opérations anti-braconnage », confit-il.
Dans de nombreux endroits, des hommes comme Jenes et Nchimbi sont la seule garantie que leurs enfants et petits-enfants, ainsi que les miens et les vôtres, hériteront d’un monde qui tremblera toujours sous le pas poussiéreux des éléphants ; un monde où retentiront les rugissements tectoniques des lions ; un monde qui sera encore en mesure de nous faire entrevoir ne serait-ce qu’une bribe évanescente du monde sublime de beauté et de terreur dont nous sommes tous issus.