Nouvelles de l'environnement

La Russie et la Chine accusées d’empêcher la création de réserves marines en Antarctique


An Antarctic krill. Photo by: Uwe Kils.

Un krill antarctique. Photo par : Uwe Kils/Creative Commons 3.0.


Une nouvelle année, et un nouvel échec des tentatives de protection d’une grande partie de la mer de Ross, au large des côtes de l’Antarctique. Selon les observateurs, les efforts qui visaient à créer l’aire marine protégée la plus grande à ce jour furent anéantis par la Russie et la Chine lors d’une réunion de la Commission pour la conservation de la faune et la flore marines de l’Antarctique (CCAMLR) à Hobart, en Tasmanie. La zone protégée ne pourrait voir le jour qu’à la suite d’un vote unanime des 24 membres de la CCAMLR et de l’Union Européenne.



« Depuis 1959, l’Antarctique a été reconnue comme un endroit privilégié pour la paix et pour la science. Il est regrettable qu’à cause des objections de la Chine et de la Russie, la CCAMLR ne puisse pas être à la hauteur de cette promesse », a exprimé Andrea Kavanagh avec l’organisation Pew Charitable Trusts. « Une autre année sans rien faire signifie que pendant une année de plus, ces eaux presque cristallines et leur remarquable biodiversité seront menacées par la pêche industrielle.»



Certains observateurs ont émis l’hypothèse que les tensions géopolitiques avec l’Ukraine pourraient être l’une des raisons derrière l’échec de cette proposition, et non pas les mérites du projet lui-même.



Little is known about the Antarctic toothfish, this one was captured and photographed underwater in McMurdo Sound, Antarctica. Photo by: Paul Cziko, supported by US-NSF through the DeVries-Cheng Lab at the University of Illinois, Urbana-Champaign.
La légine antarctique est une espère encore méconnue. Celle-ci fut capturée et photographiée sous l’eau au détroit de McMurdo, en Antarctique. Photo par : Paul Cziko, soutenu par la NSF au travers des laboratoires DeVries-Cheng de l’université de l’Illinois, à Urbana-Champaign.

Jusqu’alors relativement inexploitée, la mer de Ross a été surnommée « le dernier océan ». Ses eaux abritent de nombreuses espèces, dont des pingouins, baleines, phoques, oiseaux marins et la moitié des orques de la planète. Cependant, la pêche s’y est développée depuis les années 1990, notamment celle de la légine antarctique (Dissostichus mawsoni). Cette pêche a été l’objet de nombreuses controverses auprès des scientifiques et des défenseurs de l’environnement. En effet, nous ne savons presque rien de cette espèce, si ce n’est qu’il s’agit d’un grand prédateur à la croissance lente capable d’atteindre près de 140 kilogrammes. Elle est souvent décrite comme le requin de l’Antarctique.



Souvent vendu sous le nom de légine australe, il est l’un des poissons les plus chers au monde, et est ainsi principalement destiné à une clientèle aisée. Malgré cela, les pêcheurs doivent faire face à des conditions très dangereuses et sont souvent mal payés.



Au total, la mer de Ross s’étend sur 3,6 millions de kilomètres carrés. La proposition actuelle permettrait de protéger 1,34 millions de kilomètres carrés, soit environ 37% de sa surface totale. La proposition interdirait la pêche commerciale dans la plupart des eaux protégées, mais autoriserait la pêche scientifique dans certains endroits. Elle mettrait aussi en place une interdiction d’y exploiter des carburants fossiles ou des mines pendant cinquante et quarante ans, respectivement.



Map of the proposed Ross Sea Region marine protected area, as submitted by the United States and New Zealand for consideration by CCAMLR. The Ross Sea protected area would set aside around 37 percent of the whole. Map by NOAA.
Carte suggérée d’une aire marine protégée dans la mer de Ross, soumise par les Etats-Unis et la Nouvelle-Zélande afin d’être considérée par la CCAMLR. L’aire marine protégée de la mer de Ross s’étendrait sur 37% de sa superficie totale. Carte par NOAA.

La proposition de protection de la mer de Ross a été initiée par les Etats-Unis et de la Nouvelle-Zélande (cette dernière pêche déjà dans des eaux plus éloignées).



C’est la quatrième fois que cette proposition est rejetée, alors même que les pays ont déjà réduit de façon significative la taille de la zone à protéger et qu’ils ont assoupli les réglementations.



La mer de Ross n’a pas été la seule perdante lors de cette réunion. Une deuxième proposition visant à créer quatre zones protégées le long la côte Est de l’Antarctique a aussi été rejetée. Ces réserves marines se seraient étendues sur près d’1 million de kilomètres carrés. La région a aussi vu se développer la pêche du krill antarctique. Bien que le krill soit à la base de la chaîne alimentaire marine, ce minuscule crustacé est pêché pour devenir de la nourriture à poisson ou des suppléments oméga-3.



Le seul point positif à la réunion, selon Kavanagh, a été la restriction sur l’industrie du krill pour mieux protéger les pingouins.



« Nous sommes heureux que la CCAMLR ait pris des mesures afin d’éloigner la pêche du krill des zones d’habitat et de nidification des pingouins, mais déçus que des questions politiques l’aient emporté sur les conseils du Comité Scientifique, qui avisait d’accroitre la surveillance par des observateurs pour tous les navires de pêche, » a expliqué Kavanagh.



A l’heure actuelle, on ne trouve d’observateurs (qui contrôlent de façon indépendante les pratiques piscicoles et les prises des navires) que sur la moitié des bateaux utilisés pour la pêche du krill.



Coulman Island in the Ross Sea. Photo by: Michael Van Woert/NOAA.
L’île Coulman dans la mer de Ross. Photo par : Michael Van Woert/NOAA.


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