Au début de l’année 2011, Conservation International (CI) a déclaré les forêts de Nouvelle Calédonie comme étant les deuxièmes forêts les plus menacées au monde après celles de la partie continentale de l’Asie du Sud-est. Aujourd’hui, CI publie les résultats d’une étude sur la biodiversité de la montagne la plus élevée de la Nouvelle Calédonie, le Mont Panié, et ce dans le cadre du Programme d’Evaluation Rapide (RAP) du groupe. Durant cette étude, les chercheurs ont redécouvert le méliphage toulou « disparu » et près de seize espèces nouvelles ou récemment décrites. La Nouvelle Calédonie est une île française à l’est de l’Australie, dans l’océan Pacifique, dont le territoire est légèrement plus grand que l’État du Connecticut (1/5 de plus).
« L’un des événements les plus frappants a été d’apercevoir le méliphage toulou, étant donné que cet oiseau n’a pas été vu depuis des décennies et se serait, selon les rumeurs, éteint en Province Nord », a déclaré François Tron, directeur de l’étude de la RAP. Le méliphage toulou, que l’on ne trouve qu’en Nouvelle Calédonie, fait actuellement partie de la catégorie des espèces en « Danger critique » de la Liste Rouge de l’UICN. Cet oiseau reconnaissable entre mille fait à peu près la taille d’un pigeon, et arbore une caroncule orange et un long bec en forme de cimeterre. Il doit son nom à une légère ressemblance avec le corbeau.
Lors de l’évaluation de 2010, les chercheurs ont également découvert 13 espèces de plantes probablement nouvelles. Parmi elles se trouvait le Pandanus taluucensis, une plante que les chercheurs qualifient d’« espèce phare » et qui ne se trouve que près du sommet du Mont Panié. Trois nouveaux reptiles potentiels ont également été découverts, y compris deux geckos et un scinque.
Vue du mont Panié. Photo : © Conservation International/photo de François Tron.
La Nouvelle Calédonie est le plus petit haut-lieu de la biodiversité au monde. Les « Hauts-lieux » sont des régions qui contiennent au moins 0.5 % des plantes vasculaires mondiales ou qui abritent au moins 1 500 espèces endémiques, c’est-à-dire des espèces que l’on ne trouve nulle part ailleurs. Malgré sa petite taille, la Nouvelle Calédonie abrite 3 700 plantes dont 80 % sont endémiques, un nombre impressionnant. L’île accueille également 114 oiseaux, 71 reptiles et six mammifères natifs, principalement des chauves-souris.
Cependant, seuls 5 % des forêts originelles de la Nouvelles Calédonie existent encore. Celles-ci ont été décimées par la déforestation pour l’agriculture, l’exploitation du nickel, et en raison de la croissance de la population. Les espèces « invasives » n’ont fait que rendre la survie plus difficile encore pour les espèces de l’île.
Selon Jean-Christophe Lefeuvre, même les forêts montagnardes, telles que celles du Mont Panié sont en danger.
« Cette étude du RAP met en évidence différentes pressions telles que les espèces invasives, les feux de brousse et le changement climatique. Ces phénomènes affectent non seulement les espèces phares, mais aussi des écosystèmes entiers et, par conséquent, les services que ceux-ci rendent à la société, comme l’approvisionnement en eau fraîche et la sécurité alimentaire »
Le méliphage toulou, gravement menacé. Photo : Frédéric Desmoulins.
Le Kauri (Agathis australis) que l’on ne trouve que sur le Mont Panié. Photo : © Conservation International/photo de François Tron.
Le Bavayia ornata, espèce endémique de la Province Nord, en Nouvelle Calédonie. © Conservation International/photo de François Tron.
Forêt en feu en Nouvelle Calédonie. Photo : © Conservation International/photo de François Tron.
Orchidées dans les forêts du Mont Panié. Photo : © Conservation International/photo de François Tron.
Au-delà de 800 mètres, la forêt est souvent enfouie dans les nuages. Photo : © Conservation International/photo de François Tron.