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Le Bassin du Mékong a perdu un tiers de sa surface boisée en 30 ans et risque d’en perdre un autre tiers d’ici 2030

Selon un nouveau rapport publié par le WWF, le Bassin du Mékong au Cambodge, Laos, Myanmar (Birmanie), Thaïlande et Vietnam est sur le point de perdre un tiers de ses forêts restantes d’ici 2030 à moins que les gouvernements régionaux ne se décident à améliorer la gestion des ressources naturelles et à transiter vers un modèle de croissance plus vert.



Le rapport présente deux scenarios pour le Bassin du Mékong. Le premier est une approche « business-as-usual » qui repose sur la dégradation continue des forêts et des écosystèmes d’eau douce. La seconde approche est basée sur un modèle économique plus écologique qui souligne l’importance des services offerts par des écosystèmes en bonne santé, se traduisant par une baisse de 50% de la déforestation annuelle et une extension des zones protégés bénéficiant d’une gestion basée sur le développement durable.



« Nous arrivons à un tournant concernant la région du Mékong», déclare Peter Cutter, manager de la Conservation du Paysage avec le WWF-Greater Mékong. « Un des chemins mène à un déclin plus important de la biodiversité et des moyens de subsistances, mais si les ressources naturelles sont gérées de façon responsable, cette région peut suivre une voie qui assurera un avenir sain et prospère pour son peuple. »




Les rizières omniprésentes dans la région du Mékong dépendent d’abondantes ressources en eau fournies par des écosystèmes en bon état.



« L’approche d’une économie verte est la solution pour un avenir viable dans le Bassin du Mékong. Les dirigeants régionaux ont déjà affirmé qu’une croissance économique saine va de pair avec des écosystèmes sains et productifs. Cependant nous avons dès maintenant besoin de réponses rapides et efficaces afin d’éviter la dégradation permanente de l’environnement ».



Les deux prévisions diamétralement opposées sont basées sur l’analyse des tendances de la région. WWF estime qu’entre 1973 et 2009, les pays autour du Mékong ont perdu près d’un tiers de leur surface boisée. En tête, la Thaïlande et le Vietnam qui ont chacun vu disparaître plus de 40% de leurs forêts. Le Cambodge, le Laos et le Myanmar ont, eux, perdu près d’un quart de leurs forêts pendant cette période. Les plus anciennes forêts ont été presque disséminées au Vietnam tandis qu’elles sont en sérieux déclin dans d’autres pays.




La surface forestière a été réduite d’environ 140 millions d’hectares (73 % de la superficie) en 1973 à moins de 100 millions d’hectares (51 %) en 2009 (couleur verte), soit une diminution de 31 % (en rouge).
Source : WWF- Greater Mekong Programme basé sur plusieurs ensembles de données.








Parallèlement, une série de barrages prévue pour le fleuve du Mékong et ses affluents pourrait perturber la migration des poissons sauvages et le flux des nutriments. Ceci pourrait causer des ravages concernant les modes de vie locaux.



Le rapport soulève le problème suivant : «Les personnes chargées de prendre des décisions dans le Bassin du Mékong sont face à un dilemme : comment les pays qui partagent les ressources d’eau douce du Mékong peuvent profiter d’une source d’énergie renouvelable comme l’énergie hydroélectrique, sans en même temps dégrader la pêche et les services écologiques qui approvisionnent au moins 60 millions de personnes ? Pour produire de l’énergie grâce à l’énergie hydraulique, jusqu’à 11 nouveaux barrages sont prévus sur le tronçon principal de la rivière uniquement. Leur construction aura un impact négatif sur les poissons sauvages et les nombreuses personnes pour qui ces poissons sont leur principale source de protéines. »



Le rapport recense également un déclin de la biodiversité régionale, incluant plusieurs espèces phares de la région comme le tigre, l’éléphant d’Asie, le dauphin de l’Irrawaddy et la Saola endémique. Il avertit que la dégradation, la déforestation et le braconnage continus pourraient mettre en péril ces animaux sauvages dans la région. WWF ajoute que les gouvernements régionaux échouent trop souvent à maintenir les zones protégées ou à prendre des mesures efficaces contre l’exploitation forestière illégale.



« Beaucoup de zones protégées n’existent que de nom seulement » souligne Cutter. « Même les zones protégées connues pour être relativement sûres subissent de fortes pressions dues au braconnage et au vol de bois, tandis que d’autres zones ont été réduites par le gouvernement désireux de tirer profit des concessions foncières que doivent payer les compagnies minières ou les propriétaires de plantations. »




Une plantation de caoutchouc au Laos cause une forte déforestation





Ecosystems in the Greater Mekong: past trends, current status, possible futures [56MB]

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