Plusieurs reconstructions de la Lucihormetica luckae. Images fournies par Vršanský et al.
On découvre de nouvelles espèces tous les jours, cependant la découverte en Equateur par Peter Vršanský et compagnie de la Lucihormetica luckae, une blatte qui émet de la lumière, est remarquable pour plusieurs raisons, notamment parce que cette espèce pourrait déjà avoir disparu.
Cette nouvelle espèce est le seul cas connu d’imitation par bioluminescence chez un animal terrestre. Les motifs bioluminescents sur le corps de la Lucihormetica luckae imitent ceux d’un coléoptère venimeux avec lequel elle partage (ou partageait) le même habitat; il s’agit du même style de mécanisme que le serpent roi, non venimeux, qui frétille sa queue pour imiter le bruit du serpent à sonnette et impressioner ses adversaires.
La bioluminiescence est une réaction chimique qui rend certains organismes capables de produire de la lumière. Elle se rencontre essentiellement dans les fonds marins, là où elle est tout d’abord apparut. D’autres espèces utilisent la luminescence pour communiquer, attirer des partenaires sexuels, échapper à des prédateurs, ou encore pour faire de la lumière autour d’eux.
La Lucihormetica luckae qui pourrait avoir disparu pour toujours ressemble bizarrement à un jawa de Star Wars. Photo fournie par Vršanský et al. |
D’après des recherches publiées dans la revue Naturwissenschaften, Lucihormetica luckae serait le premier cas ressensé de bioluminescence asymétrique. Elle arbore en effet sur son dos deux tâches qui resemblent à des yeux et une troisième plus petite sur le côté droit seulement. Vršanský nous explique que ces tâches lumineuses sont recouvertes d’une pélicule qui réfléchit la lumière à la manière des phares d’une voiture. La luminosité ainsi produite permet à l’insecte de rester “invisible”.
Il est cependant possible qu’aussitôt découverte, cette espèce ait été éradiquée par l’éruption du volcan Tungurahua ou elle vivait. Cette découverte n’a été publiée qu’en juillet mais en fait il semblerait qu’aucun spécimen de l’espèce ne soit réapparu depuis l’éruption qui a eu lieu en 2010.
Vršanský, inspiré par la beauté du parc national de Poloniny qui se trouve à cheval sur l’Ukraine, la Pologne et la Slovaquie, a étudié les conséquences de l’éclairage urbain sur l’écosystème des étangs. Il affirme que son travail montre que même des créatures telles que les blattes “peuvent être magnifiques si l’on est suffisamment sensible”.
Le volcan Tungurahua vu par Google Earth.
CITATION: Vršanský, P., & Chorvát, D. (2012). light-mimicking cockroaches indicate tertiary origin of recent terrestrial luminescence. Naturwissenschaften, 99(9), 739-749.