Nouvelles de l'environnement

La corruption au Laos pille les forêts pour en faire du mobilier

Deforestation in Laos for a rubber plantation. Raw logs from such deforestation often make their way to Vietnam. Photo by: Rhett A. Butler.
La déforestation au Laos pour une plantation de caoutchouc. Les troncs bruts issus d’une telle déforestation arrivent souvent jusqu’au Vietnam


Selon un nouveau rapport de l’Agence de Recherche Environnementale (ARE), les forêts du Laos continuent à subir une destruction généralisée, le gouvernement fermant les yeux sur un marché de contrebande du bois à la frontière entre le Laos et le Vietnam. L’année dernière, l’ARE a découvert que de puissants commanditaires, y compris l’armée Vietnamienne, dépouillaient les forêts du Laos de ses troncs d’arbres. Introduits clandestinement entre le Laos et le Vietnam, les troncs bruts sont transformés en mobilier pour être finalement exportés en Europe et aux États-Unis. Un an après, un nouveau rapport montre que la situation n’a que peu changé.



« C’est la routine habituelle», conclue le rapport. « La déforestation du Laos continue de manière incontrôlée. Une poignée d’entreprises puissantes continue à transporter les troncs à travers la frontière, aidée par des exemptions obscures qu’accorderait la hiérarchie supérieure du gouvernement Laotien sur le contrôle des exportations.»



Alors que le Laos a interdit l’exportation de troncs d’arbres, des enquêtes menées par l’ARE montrent que cette règle s’est criblée d’exceptions qui permettent à des officiels du gouvernement bien placés d’aider la contrebande.



Le rapport explique que « De telles exceptions sont publiées par un petit groupe de cadres officiels du gouvernement central, qui peuvent permettre des quotas spéciaux de troncs d’arbres à exporter, en général en retour d’investissements ou d’acquisition d’infrastructures et de projets de plantations à travers le pays. »



Le rapport indique que ce sont des compagnies ayant des relations qui perpétuent les échanges corrompus, y compris Phonesack, Nicewood et COECCO, ce dernier appartenant à l’armée Vietnamienne. Le bois est souvent payé cash, laissant peu de traces écrites, et ensuite revendu de l’autre côté de la frontière à des prix bien plus élevés.



Dans un communiqué de presse Tom Johnson, militant forestier pour l’ARE a déclaré : « Il n’y a aucune justification pour que le gouvernement du Laos continue à mettre entre les mains de ces individus des ressources, ce au détriment de son peuple. De même, le gouvernement Vietnamien, prétendu très ami avec le Laos, doit arrêter un pillage non viable des forêts du Laos par ses industries –ou bien pire par son armée. »



Le Laos est aussi devenu l’acteur principal du commerce de bois de rose. Mondialement surexploité, la coupe du bois de rose est devenue illégale dans plusieurs pays dont le Vietnam. Pourtant, son commerce se fait maintenant au Laos et au Myanmar, et ce bois de rose arrive finalement en Chine pour y être transformé en mobilier haut de gamme et autres produits de luxe.



Le rapport indique que : « Presque toutes, sinon toutes ces exportations de bois de rose sont illégales, ou impliquent de l’illégalité à une étape ou l’autre de la chaîne.



Le mois dernier, le Dr. Souvanhpheng Bouphanouvong, président de l’assemblée nationale du comité laotien sur l’organisation économique et financière, annonçait que le gouvernement laotien travaillait sur des problèmes de réformes terriennes, ce qui pourrait avoir des impacts majeurs sur les forêts du Laos.



« Une nouvelle politique nationale des terres est une priorité au Laos » a ajouté le Dr. Bouphanouvong. « Les disputes terriennes sont un soucis principal pour la population multi ethnique du Laos, et en tant que nation, nous ne pouvons ignorer cette occasion d’aborder les conflits et de soulager la pauvreté. »



L’ARE recommande que le Laos applique son interdiction actuelle sur les troncs d’arbres bruts, vérifie les failles de son système, et améliore la surveillance des déplacements des troncs dans le pays. De plus, le pays devrait solliciter l’aide de l’Application de Loi sur les Forêts, Gouvernance et Commerce (ALFGC), la florissante initiative de l’UE, qui va rendre hors la loi en Europe la vente de produits issus de la foresterie illégale, comme l’a fait la loi Lacey aux États-Unis. L’ARE demande aussi au gouvernement vietnamien d’enquêter sur les compagnies supposément impliquées dans le trafic.



En 2005, près de 70 pourcent des terres au Laos étaient boisées (16 millions d’hectares). Pourtant, tout comme la plupart de l’Asie du sud est, les forêts primaires sont devenues une rareté au Laos ; approximativement 9 pourcent de la totalité des forêts est composé de forêts primaires.


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