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Construction insensée de barrages sur le Mékong : un risque de crise alimentaire

A fisherman on the Mekong River in Laos. Photo by: Rhett A. Butler.
Un pêcheur sur le Mékong au Laos. Photo de Rhett A. Butler.


Pour beaucoup de gens dans le monde le poisson est une source extrêmement importante de protéines. C’est particulièrement vrai dans le delta du Mékong où environ 48 millions de personnes dépendent directement de la rivière pour se nourrir et pour leur survie quotidienne. Mais maintenant une nouvelle étude parue dans Global Environmental Change met en garde que les projets de construction de 11 barrages hydroélectriques dans la région pourrait entrainer une baisse de 16% du poisson si vital ainsi qu’une exploitation trop grande des ressources naturelles.



Stuart Orr, coauteur de l’étude et responsable de l’eau douce à WWF (World Wide Fund for Nature) rapporte dans la presse que “les pays du Mékong aspirent à la croissance économique et voient l’énergie hydroélectrique comme nécessaire à cette croissance. Mais il faut d’abord qu’ils comprennent vraiment et prennent en considération la réelle valeur économique et sociale d’un Mékong sans barrage.”



D’un point de vue économique, le projet des 11 barrages pourrait coûter annuellement aux pays du Mékong – Thaïlande, Vietnam, Laos et Cambodge – presque la moitié d’un milliard de dollars en poisson perdu. Selon l’étude, une source alternative de protéine provenant du bétail, des cochons ou des volailles exigerait d’utiliser une surface supplémentaire de terrain de 4863 kilomètres carrés: L’irrigation des cultures nécessaires à l’alimentation du bétail exigerait aussi des besoins en eau supérieur. Par exemple, les 11 barrages exigeraient du Cambodge de consommer 29-64% de plus d’eau pour son agriculture, et 12-24% de plus pour le Laos.



Une polémique a déjà apparu à propos du coût exorbitant du barrage de Xayaburi (3.5 milliards de dollars) en cours de construction au Laos, qui enverrait 95% de son électricité produite en Thaïlande. Récemment le ministre des affaires étrangères du Laos a annoncé que le gouvernement suspendait le projet pour des recherches plus approfondies. Mais puisque le Laos n’a jamais envoyé une lettre officielle de suspension il semblerait que la construction continue. S’il est terminé le barrage de Xayaburi sera le premier sur le bras principal du Mékong.



Les projets d’énergie hydroélectriques pour le Mékong ne s’arrêtent pas au barrage Xayaburi ou aux dix autres projets. Il a été prévu 77 autres barrages d’ici 2030. Selon l’étude les 88 projets de barrages tous ensembles entraineraient une baisse de la quantité de poisson de 40%. Cela voudrait dire que pour compenser la perte de protéines due à la baisse du poisson, les terres requises pour le bétail passeraient à 24.188 kilomètres carrés, la taille de l’état du Vermont. Ces différent projets de barrages forceraient le Cambodge et le Laos à augmenter leur production d’eau de 42 à 150% pour le Cambodge et de 18 à 56% pour le Laos afin de nourrir du bétail en plus.




Selon les chercheurs, leurs résultats suggèreraient que la sécurité alimentaire élémentaire serait potentiellement à risque.



850 espèces de poissons d’eau douce vivent dans la rivière du Mékong et beaucoup d’entre elles y sont uniques.




CITATION: Orr, S., et al. Dams on the Mekong River: Lost fish protein and the implications for land and water resources. Global Environmental Change. 2012.


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