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Les populations locales, facteur essentiel à la conservation des terres humides de Côte d’Ivoire riches en primates

 L’une des 25 espèces de primates les plus menacées dans le monde: le singe Roloway (Cercopithecus diana roloway) photographié au Zoo de Munich.
L’une des 25 espèces de primates les plus menacées dans le monde: le singe Roloway (Cercopithecus diana roloway) photographié au Zoo de Munich.


Sauvée de la transformation en une vaste plantation d’huile de palme à laquelle la destinait la PALM-CI en 2009, les terres humides et la forêt d’Ehy Tanoé en Côte D’Ivoire abritent trois espèces de primates sérieusement menacées ainsi que plusieurs autres espèces. Depuis 2006, un programme pilote de gestion communautaire a été mis en place pour protéger la zone d’une superficie de 12.000 hectares et une nouvelle étude publiée dans la revue en libre accès Tropical Conservation Sciencede mongabay.com révèle que la conservation à long terme des terres humides et de la forêt de Ehy Tanoé est, en réalité, vitale pour les habitants de la région qui en dépendent pour la chasse, la pêche, l’approvisionnement en bois de chauffage, matériaux de construction et en plantes médicinales. L’étude révèle par ailleurs que l’écosystème de la région a une importance culturelle et spirituelle spéciale pour les habitants.



« Aujourd’hui, partout dans le monde et particulièrement dans le grand Sud, de nombreuses personnes souffrent de destructions massives des richesses forestières qui les privent de ressources naturelles dont elles ont toujours tiré leurs moyens de subsistance, » écrivent les auteurs de l’étude qui soulignent que la Côte d’Ivoire possède l’un des taux de déforestation les plus élevés au monde. En effet, le pays est passé de 15 millions d’hectares de couvert forestier au début du 20ème siècle à environ 3 millions d’hectares aujourd’hui.



“Le déclassement de certaines zones protégées est même suggéré par certaines autorités comme solution au manque de terres arables afin de répondre aux besoins d’une population dont la croissance est de plus en plus forte. Les conséquences de la déforestation et du braconnage en général est dramatique : les animaux sauvages se font rares dans les parcs et réserves nationaux” écrivent les auteurs.



L’une des dernières forêts primaires de Côte D’Ivoire, les terres humides d’Ehy Tanoé, abriterait le colobe rouge de Miss Waldron (procolobus badius waldroni)), le singe Roloway (Cercopithecus diana roloway), et le cercocèbe à collier blanc (Cercocebus atys lunulatus). Aucune documentation officielle sur Le colobe rouge de Miss Waldron n’est parue depuis 1978, toutefois il semblerait qu’une dernière population survive dans les terres humides d’Ehy Tanoé; au vu de sa rareté—et même de son éventuelle extinction—il n’est point surprenant que ses sous-espèces apparaissent comme Sérieusement en Danger sur la Liste Rouge de l’UICN. Le singe Roloway est classé comme espèce en Danger et comme l’une des 25 espèces de primates les plus menacées au monde. Quant au Cercocèbe à collier blanc, il est également classé espèce en Danger.



En examinant le programme pilote de gestion communautaire dans la région, qui comprend des données provenant d’ONG, du gouvernement, et de chercheurs, les auteurs de l’étude ont découvert que la valeur des terres humides d’Ehy Tanoé « ne se limite pas à la spécificité de sa biodiversité ». En réalité, la conservation d’une telle forêt préserve en même temps les moyens de subsistance des communautés riveraines et les valeurs essentielles à l’équilibre social et spirituel au sein de ces communautés. »



Les populations locales utilisent l’écosystème pour chasser, pêcher, en extraire des plantes médicinales, du bois de chauffage, des matériaux de construction et des outils. Elles utilisent également, mais de manière moins fréquente, les ressources naturelles pour la fabrication de l’alcool et le nettoyage des sols pour l’agriculture.



« L’étude démontre que l’agriculture et la pêche sont les principales activités économiques de la région. Pour que ces activités soient rentables, le couvert forestier doit offrir de bonnes précipitations,» écrivent les auteurs qui ont noté que 90 pourcents de la population interrogée pratiquent la pêche.



À cause de leur dépendance à l’écosystème, les populations locales vénèrent les rivières locales.



« Des cérémonies de glorification des ‘esprits protecteurs’ habitant les eaux sont organisées au moins une fois par an,» écrivent les auteurs. Cette vénération a conduit à une loi sacrée qui interdit l’accès aux rivières les mercredis, jour consacré aux « esprits et autres habitants » de la forêt. Une telle croyance illustre une manière grâce à laquelle les communautés locales ont établi des règles intégrées pour garantir l’utilisation durable des écosystèmes.



Le programme de gestion communautaire s’est également révélé efficace dans la lutte contre les principales menaces y compris l’expulsion des bûcherons hors des terres humides et l’arrêt du projet de production d’huile de palme.





CITATION: Zadou D. A., Koné I., Mouroufié V.K., Adou Yao C.Y., Gléanou K.E., Kablan Y.A., Coulibaly D., and Ibo J.G. 2011. Valeur de la Forêt des Marais Tanoe-Ehy (sud-est de la COTE D’IVOIRE) pour la conservation: dimension socio-anthropologique. Tropical Conservation Science Vol. 4(4):373-385.







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