Nouvelles de l'environnement

Quelle estla plus grande menace pour les forêts humides : la destruction de l’habitat ou le changement climatique ?


Des scientifiques de renommée discutent des menaces pour les forêts tropicales dans un colloque
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Un colloque organisé par le Smithsonian Institution a lancé un débat sur le degré de menace posée par la déforestation dans les forêts tropicales, un thème un peu délaissé étant donné que les scientifiques s’étaient plutôt penché sur quelle est la menace la plus grave pour les forêts tropicales et leurs espèces : la destruction de l’habitat ou le changement climatique?



Joseph Wright, un éminent biologiste qui s’est retrouvé sous le feu nourri des critiques en ayant déclaré que les avertissements à propos de la destruction de l’habitat dans les forêts tropicales sont exagérées, a vivement affirmé que le changement climatique constitue la plus grande menace pour les forêts tropicales.



Montée de brume dans la forêt de Borneo. Cette forêt survivra-t-elle à cette double attaque de la déforestation et du changement climatique ?

« Je pense que le changement climatique constitue la plus grande menace pour la biodiversité des tropiques plutôt que la destruction de l’habitat », a déclaré Wright au début de sa présentation devant un auditorium à peu près complet au Musée National d’Histoire Naturelle.



Pour Wright, les prévisions actuelles des «conservateurs» ont montré que les températures sous les tropiques augmenteraient de 3 degrés Celsius d’ici la fin du siècle. Bien que cela semble beaucoup, surtout par rapport aux prévisions pour l’Arctique, Wright a déclaré que “les espèces tropicales sont beaucoup plus sensibles à de petites augmentations de température que les espèces tempérées ». En outre, il a présenté des informations comme quoi les espèces tropicales auraient à voyager sur de plus longues distances par rapport aux espèces tempérées avant de trouver un habitat conforme à leur plage normale de températures. Wright a qualifié ces deux facteurs de – une plus grande sensibilité aux variations de température et de grandes migrations pour un habitat convenable – une “double malédiction” pour les espèces tropicales.



En attirant l’attention sur de récentes études, Wright a dit que la hausse des températures dans les tropiques est déjà liée à la baisse du taux de croissance des arbres dans les forêts tropicales du Panama et de la Malaisie. En même temps, la hausse de la température a entraîné une plus grande production de lianes, de fruits et de fleurs dans la forêt. En théorie, les températures plus chaudes incitent les plantes à dépenser plus d’énergie pour la production de fruits et de fleurs et moins pour la production de bois et la croissance. En retour, les plantes séquestrent moins de carbone. À la fin du siècle, Wright prédit que l’ensemble de tels processus fera des forêts tropicales un “climat original”, avec des températures similaires à celles observées dans les déserts, mais avec les mêmes précipitations requises pour des forêts tropicales.



Le changement climatique a déjà causé plusieurs extinctions dans les tropiques, disait Wright, citant ainsi la perte de nombreuses espèces de grenouilles due à la maladie infectieuse et létale causée par des champignons, la chytridiomycose. La maladie a été liée par certains scientifiques au changement climatique. En qualifiant « d’extinction de masse des grenouilles des montagnes tropicales » l’extinction de 165 espèces de grenouille à l’état sauvage à cause de cette maladie, Wright insistait sur le fait que le réchauffement planétaire affectera les tropiques plus que n’importe quel écosystème.



Une par une, les populations de grenouille dorée du Panama ont été attaquées par la Chytridiomycose. En 2008, les scientifiques ont pris des mesures draconiennes et retiré toutes les grenouilles survivantes de leur habitat naturel, les rendant ainsi éteintes à l’état sauvage. Leur seul espoir réside dans les individus en captivité et dans un éventuel traitement contre la maladie fongique.

« Je ne comprends pas le grand intérêt dont l’ours polaire fait l’objet » déclara-t-il avant la fin de sa présentation. « L’ours polaire est encore parmi nous ; 160 espèces de grenouilles ne le sont plus ».



Le biologiste tropical, William Laurance, était d’accord avec Wright sur les dangers posés par le changement climatique, toutefois, il a souligné à maintes reprises que les scientifiques, les conservateurs et les dirigeants ne pouvaient ignorer la perte de l’habitat à leurs risques et périls.



« Je dirais que nous devrions nous concentrer sur la destruction de l’habitat » a déclaré définitivement Laurance.



D’autres scientifiques, comme Gregory Asner de l’Institut de Carnegie et Thomas Rudel de l’Université de Rutgers, se ralliaient à Laurance en démontrant que la déforestation est toujours à la hausse et que les principaux moteurs de la déforestation ont changé allant de l’agriculture de subsistance à des intérêts d’entreprises mondiales et industriels, empêchant les forêts de repousser convenablement.



« Les pressions sur les terres ne diminueront pas » a conclu Laurance, tout en considérant la menace causée par le changement climatique. En fait, Laurance affirmait que préserver l’habitat de la déforestation pourrait s’avérer être le moyen le plus efficace pour combattre le changement climatique. La protection de l’habitat vise essentiellement deux objectifs : atténuer le changement climatique et préserver les écosystèmes vitaux. A la fin, Laurance a déclaré qu’à l’avenir, de grandes réserves d’habitat primaire seraient nécessaires pour les espèces tampon contre les pires impacts du réchauffement planétaire. La création de telles reserves doit continuer et faire l’objet de suivi.



Ironiquement, Wright, accusé par certains de naïveté et d’optimisme dangereux en raison de son point de vue sur la perte des forêts tropicales, s’est révélé le plus pessimiste du groupe quand il parla de l’avenir de la forêt tropicale. En présageant que le changement climatique altèrerait à jamais l’écosystème des forêts tropicales, Wright a déclaré que “nous n’avons aucun moyen de prédire à quoi il ressemblera” ou « comment certaines espèces seraient en mesure de s’adapter même à une toute petite augmentation de température dans la région ». Wright a dit à l’audience qu’ils doivent penser aux forêts tropicales d’aujourd’hui comme à la perte des écosystèmes d’Amérique telles que les vastes forêts que les Européens ont trouvé à leur arrivée au 16ème siècle ou les Grandes Plaines autrefois remplies de bisons, d’antilopes, et de grands prédateurs.



« Aujourd’hui, il est encore possible de voir de tels écosytèmes [intacts] dans les tropiques », disait Wright, encourageant ainsi l’audience à se rendre dans les forêts tropicales d’abord. Comme les forêts tempérées de l’Amérique du Nord et les Grandes plaines, elles ont irrémédiablement changé et la plupart sont perdus.
Wright ne voyait aucune possibilité pour préserver les forêts tropicales à leur état actuel : « ça va venir – ça va changer ».



Cristian Samper, directeur du Musée National d’Histoire Naturelle et modérateur du colloque, a tenté d’insufler un peu d’optimisme en notant que les humains « ont la capacité de changer leur comportement “et que selon lui un début dans de tels changements de comportement s’est déjà opéré. “Je pense que nous avoisinons un point critique en tant que société”, a déclaré Samper encourageant.



Bien que Laurance et Wright ne fussent d’accord sur la question la plus urgente ou la meilleure façon d’aller de l’avant, plus tard, plusieurs membres de l’auditoire ont déclaré que le colloque a montré que ni le changement climatique ni la destruction de l’habitat ne peuvent être ignorés si les forêts tropicales doivent survivre.




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