- Des acteurs non-étatiques ont adopté la « Déclaration de Cotonou » au sommet de Climat chance Afrique 2025.
- Des engagements ont été pris en faveur des énergies renouvelables, outre une feuille de route, pour faire de l’adaptation l’un des leviers face au changement climatique.
- Le Bénin se positionne comme un exemple de résilience climatique, à travers ses actions menées pour anticiper et mieux affronter les défis climatiques.
À quelques jours de la COP30, à Bélem, au Brésil, des acteurs non-étatiques ont adopté une déclaration mettant l’accent sur le rôle essentiel des énergies renouvelables dans le développement durable et l’adaptation climatique en Afrique.
Au 6ème sommet « Climate Chance Afrique », tenu du 27 au 28 octobre, à Cotonou, au Bénin, les acteurs non-étatiques ont convié la communauté internationale à faire des énergies renouvelables un levier de résilience, de préservation de la biodiversité, de renforcement de la résilience climatique, pour un développement équitable.
La « Déclaration de Cotonou », qui s’inscrit dans la continuité de la Déclaration d’Addis-Abeba, adoptée le 10 septembre 2025, souligne que l’accès à une énergie propre, abordable et suffisante est essentiel pour lutter contre la pauvreté énergétique et atteindre les Objectifs de développement durable.
Elle indique que les énergies renouvelables sont un outil central d’adaptation climatique, capable de sécuriser l’accès à l’énergie pour les communautés vulnérables, de renforcer la résilience alimentaire et d’améliorer la santé des populations.
La déclaration regrette la baisse des budgets de l’Aide publique au développement et appelle à maintenir un haut niveau d’investissement public des pays développés, notamment pour les projets climatiques.
Elle propose de réinvestir une part des revenus des marchés du carbone dans des projets africains à impact positif, tout en veillant à respecter les droits des communautés locales.
Les fonds publics devraient davantage servir de garanties pour attirer les financements privés, notamment africains, et réduire les coûts d’emprunt qui freinent les projets d’énergies renouvelables, souligne la déclaration. Des initiatives comme l’Africa Climate Innovation Compact ou l’Accelerated Partnership for Renewables in Africa (APRA) sont saluées, mais leur succès dépend d’une meilleure inclusion des acteurs non-étatiques et des mécanismes financiers accessibles aux microprojets communautaires.

Luc Gnacadja, vice-président de Climate Chance, citant le président béninois Patrice Talon, a déclaré à l’ouverture du sommet que « l’énergie est le sang de l’économie ».
Pour que cette métaphore prenne tout son sens et ouvre la voie à la prospérité de nos territoires, explique-t-il, ce sang doit être renouvelable, propre, au cœur de la résilience et de l’’équité et protecteur de la biodiversité en particulier dans ses modes de production et de distribution.
Alors que la « Déclaration de Cotonou » évoque le fait que les énergies renouvelables favorisent également l’autonomisation des jeunes et des femmes, grâce à la création d’emplois décents et à la participation communautaire, pour Luc Gnacadja, ces énergies « ne sont pas seulement une option d’atténuation, elles sont aussi au cœur de l’adaptation, elles sécurisent la continuité des services vitaux (santé, eau, éducation, sécurité) et renforce la résilience de nos communautés face au choc climatique ».
Approuvant la « Déclaration de Cotonou », les experts non-étatiques estiment qu’il y a nécessité de mener des politiques intégrées impliquant les collectivités, les entreprises et la société civile, ainsi que des financements adaptés, pour accélérer leur déploiement.

Biodiversité : la biomasse durable comme solution
La « Déclaration de Cotonou » appelle à une mobilisation accrue de la recherche pour structurer les filières durables, soutenues par des programmes de plantation-régénération et des garanties sociales et environnementales.
Elle propose la création d’une plateforme panafricaine pour partager les bonnes pratiques et renforcer la coopération. La généralisation des foyers améliorés, accompagnée de campagnes de sensibilisation et de microfinancements est jugée urgente, pour réduire la consommation de bois et préserver les écosystèmes.
Les acteurs et experts ont souligné que la gestion durable de la biomasse, notamment le bois-énergie, est un enjeu majeur, car ce bois, principalement utilisé pour la cuisson, peut être une source renouvelable à bilan carbone neutre s’il est géré durablement. Cependant, ils constatent que la surexploitation menace la biodiversité, accentue la désertification et aggrave les risques climatiques comme les inondations.
L’Agence française de développement au Bénin (AFD Bénin) estime que les difficultés rencontrées sur le continent, en ce qui concerne le climat et la préservation de la biodiversité, montre que l’Afrique peut être aussi le continent des solutions.
Laure Wesgerber, directrice de AFD Bénin soutient qu’en Afrique, « les innovations énergétiques et pratiques agricoles durables, les savoirs locaux et la jeunesse engagée démontrent qu’un modèle résilient, bas carbone et juste, est possible, mais déjà en marche ».
Elle donne, pour exemple concret, le Bénin, qui selon elle, « illustre cette Afrique de solutions… le pays a placé le climat, la résilience et la biodiversité au cœur de sa stratégie nationale de développement durable ».
Résilience climatique au cœur des priorités
La « Déclaration de Cotonou » met également en avant le rôle stratégique des territoires et des collectivités locales dans le déploiement des énergies renouvelables et le renforcement de la résilience climatique. Les mini-réseaux et l’autoconsommation, selon les experts et acteurs participant à Climate chance Afrique 2025, répondent aux besoins des communautés rurales et urbaines, notamment dans les quartiers informels, où l’accès à l’électricité et à l’eau et autres infrastructures renouvelables est crucial. Les collectivités, mobilisées via des initiatives, comme le Pacte des maires, doivent être soutenues par des financements climat accessibles et un dialogue renforcé avec les États, indique le document, ajoutant que la planification urbaine durable, intégrant les questions énergétiques, est essentielle pour améliorer la résilience des populations, en particulier les communautés les plus vulnérables.

À ce niveau, le sénateur français, Ronan Dantec, président de Climate Chance pense que « l’énergie est un socle de développement » et que les énergies renouvelables doivent servir de boussole pour l’adaptation au changement climatique.
Il a appelé à une alliance des villes côtières d’Afrique de l’Ouest pour faire des énergies renouvelables un outil central de l’adaptation au changement climatique.
Il souhaite aussi au renforcement de la coopération entre l’Europe et l’Afrique sur les enjeux de l’adaptation et de l’accélération du déploiement des énergies renouvelables, en vue d’éviter que les émissions de CO2 du continent n’augmentent. « Je voudrais dire à quel point nous sommes convaincus de l’importance de cette coopération entre l’Europe et l’Afrique. Que nos destins soient liés, et plus par notre avenir commun que par notre histoire passée », a souligné Dantec.
Le ministre béninois de la Décentralisation et des collectivités locales, Raphael Akotègnon, a précisé que le chemin de l’Afrique vers le développement durable passe par trois piliers essentiels et puissants : « L’énergie propre pour alimenter nos ambitions, la captation pour protéger nos territoires et la biodiversité pour conserver notre territoire naturel ».
Selon lui, le Bénin « est profondément convaincu de cette réalité fondamentale africaine et s’est fait depuis 2016, l’artisan d’une politique climatique pro-artisan et exemplaire ». « Notre pays a multiplié les engagements de nos projets dans les énergies propres. C’est ainsi qu’en 2017, nous avons lancé un projet solaire de 47 millions d’euros [soit 54 736 200 USD] pour éclairer 50 000 foyers à travers quatre centrales. Cette initiative illustre notre volonté d’accroître rapidement la part du solaire à notre mix énergique », a affirmé le ministre Akotègnon.
« L’Afrique n’est pas seulement victime du changement climatique, elle en est aussi la solution si elle sait, d’une part, valoriser ses politiques et potentialités régionales et continentales, et d’autre part, se reposer sur le changement climatique », a indiqué Akotègnon.
« Le Bénin s’adapte aux changements climatiques en bâtissant sa résilience », a-t-il enfin martelé.
Image de bannière : Photo de famille des acteurs non-étatiques ayant adopté la « Déclaration de Cotonou » au sommet de Climat chance Afrique 2025. Image fournie par Modeste Dossou.
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