- L’Afrique dispose d’un potentiel considérable en énergies renouvelables, notamment solaire, éolienne, hydraulique et géothermique.
- Ces dernières années, la capacité des énergies renouvelables sur le continent africain a quasiment doublé. L’énergie solaire a particulièrement connu une forte croissance, bien que le continent dépende encore largement des importations pour les équipements comme les panneaux solaires et les batteries.
- Les acteurs de la société civile, lors du sommet Climate Chance 2025, tenu du 27 au 28 octobre au Bénin, appellent à une accélération des investissements dans les énergies renouvelables pour garantir un accès universel aux énergies alternatives capables de contribuer à l’adaptation des effets du changement climatique.
Des acteurs de la société civile d’Afrique de l’Ouest demandent une accélération des investissements dans les énergies renouvelables pour garantir un accès universel à l’électricité pour le plus grand nombre.
Les participants au sommet Climate Chance Afrique 2025, tenu du 27 au 28 octobre 2025 à Cotonou, ont invité les dirigeants de la planète devant prendre part à la Conférence des Parties (COP30), en novembre prochain, à Bélem, à passer aux actions concrètes, pour accroître les investissements dans le développement des énergies propres, pour les rendre largement accessibles à travers le monde, notamment en Afrique subsaharienne.
Gauthier Amoussou, Coordonnateur Eco-Bénin, souhaite qu’il soit proposé aux communautés des services adéquats en matière d’énergie couvrant les besoins de production, pas seulement pour l’éclairage, mais aussi pour tous les usages susceptibles de créer de la richesse. Ce dernier insiste sur des modèles plus adaptés aux réalités du continent, et qui ne soient pas trop chers ou permettent de payer dans le temps. Dans ces conditions, il faut s’entendre avec des opérateurs ayant des services à proposer.
Selon Dimitri Sètondji Fadonougbo, responsable de la Maison de la culture, à Cotonou, qui trouve paradoxal que l’énergie renouvelable puisse coûter plus chère que l’énergie conventionnelle, « un pays sans énergie est un pays, dont le développement peut être hypothéqué ».

Des actions et solutions concrètes pour le forum de Cotonou
Selon l’Agence internationale de l’énergie, 85 % des personnes vivantes en Afrique subsaharienne n’ont pas accès à une énergie propre. Pour garantir un accès universel à l’électricité pour le plus grand nombre, l’Afrique doit investir 55 milliards USD par an, soit 3,4 % du Produit intérieur brut du continent, d’après les estimations révélées au sommet africain de l’énergie, tenu du 27 au 28 janvier 2025, à Dar-es-Salam, en Tanzanie.
Pendant ce temps, le potentiel de ressources disponibles en abondance partout en Afrique reste inexploité, comme le regrette Armand Aguidi Amoussou de l’Agence Belge de Coopération, pour ce qui est du développement de l’énergie éolienne au Bénin, qu’appelle de son vœu Ernest Tindo, Président de l’Organisation panafricaine de la jeunesse pour l’économie bleue. Ce dernier plaide pour la réalisation des études pouvant permettre de définir de façon précise le courant d’air sur la côte béninoise, afin de faire des options d’investissements dans ce secteur. D’ailleurs, Madina Idrissou Adam, présidente de l’ONG Environnement 5+, espère que le gouvernement béninois prendra appui sur la feuille de route de Cotonou pour un développement et un accès facile aux énergies renouvelables dans les années à venir.
Les acteurs de la société civile pensent que les énergies renouvelables offrent une réponse doublement gagnante aux pays de la sous-région, car elles aident d’abord à limiter la réduction des émissions de gaz à effet de serre, pour contenir la vitesse du réchauffement de la planète, et permettent l’adaptation des sociétés aux changements désormais inévitables du climat, pour limiter les dommages. Ils soulignent que chaque panneau solaire, chaque turbine, chaque projet de biomasse durable est une opportunité pour les territoires, des écoles éclairées, des centres de santé alimentés, des territoires reprenant vie, un potentiel de développement inclusif s’appuyant sur les ressources naturelles.

Cotonou dans la ligne de mire de la COP3O
La « Déclaration de Cotonou » adoptée lors de la conférence, à seulement quelques jours de la COP 30, est un appel aux décideurs pour reconnaître les énergies renouvelables comme un vecteur d’adaptation et de développement.
Elle insiste sur la transparence, la redevabilité et l’inclusion des communautés locales dans les politiques énergétiques ; des problématiques qui seront abordées lors de la COP30 prévue à Belém, au Brésil, du 10 au 21 novembre 2025. Gauthier Amoussou, souhaiterait une COP 30 de vérité. « Il faut que les parties prenantes puissent commencer par se parler de façon véridique. Personnellement, je pense que la COP est devenue une messe économique, une opportunité d’affaires, pendant que les conséquences se multiplient et s’amplifient ».
Ce sentiment est partagé par le « Mouvement de la caravane africaine pour la justice climatique », une plateforme de plaidoyer de la société civile africaine composée de jeunes, qui, lors de la conférence, ont critiqué la manière dont les effets des changements climatiques sont gérés et invité aux respects des engagements de l’Accord de Paris sur le climat. Ce mouvement a appelé à une participation active et significative des personnes les plus touchées par le changement climatique, notamment les peuples autochtones et les personnes déplacées à l’intérieur de leur pays, au processus de décision et de mise en œuvre des décisions issues des rencontres sur le climat.
Pour sa part, c’est la situation de la jeunesse désormais à l’avant-garde du combat contre les changements climatiques, qui fait le souci d’Ernest Tindo. « Aujourd’hui, la population africaine est essentiellement jeune. Les jeunes, pour la plupart, ont moins de 35 ans. Ce que les jeunes peuvent espérer, c’est l’emploi pour se construire. Donc, il faut pouvoir valoriser les territoires aquatiques pour donner de l’emploi aux jeunes ».

De façon globale, les acteurs de la société civile attendent de Bélem des décisions concrètes suivies d’actions dans les pays pour contenir les effets du réchauffement climatique, pour une planète plus viable et vivable. Et, pour cela, il y a un besoin urgent à adapter tous les systèmes humains au réchauffement climatique. L’adaptation, était donc l’une des priorités du forum de Cotonou. Ronan Dantec, Président de l’Association internationale Climate Chance, justifie ce choix par le fait que le monde à 1,5 degré est devenu irréalisable, suivant les prévisions des scientifiques du GIEC (Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat), au lendemain de la COP 26, tenu à Glasgow.
Si on veut être réaliste, explique Dantec, il faut compter avec un réchauffement de l’ordre de 3 degrés, au mieux le climat sera stabilisé autour des 4 degrés. Dantec souligne qu’il faut donc regarder avec lucidité et se préparer, tout en rappelant que, face aux conséquences, toutes aussi violentes qu’imprévisibles, l’adaptation s’impose pour éviter un échec total, même si aujourd’hui une trajectoire de stabilisation du réchauffement climatique se dessine après la mobilisation des différents acteurs. « On entrevoit une perspective de stabilisation ; c’est vrai que ce n’est pas encore gagné, mais on y travaille. Cependant, ce n’est pas ce qu’on espérait, parce qu’on n’a pas réussi à expliquer qu’il y avait un autre modèle économique ».
Du coup, ce dernier pense qu’il serait vain de vouloir arrêter ce modèle, parce que cela ne marchera pas. Il cite l’Afrique en exemple. « Sur ce continent, les gens aspirent aussi au développement, à un mode de vie assez confortable, et si on leur parle de changement de modèle, ils ne le suivront pas. La feuille de route de Cotonou ne propose pas un changement de modèle. Elle estime que l’Afrique a le droit de se développer et a besoin des énergies pour développer ses grandes entreprises. Il s’agit donc de développer plus rapidement les énergies renouvelables ». L’heure n’est pas à un changement de mode de vie, semble souligner Dantec.
Image de bannière : Le parc éolien de Gouda, situé juste à l’extérieur de la ville de Gouda, dans la province du Cap-Occidental, en Afrique du Sud. Image de via Wikimédia Commons (CC BY-SA 4.0).
Énergies renouvelables : l’Afrique à la quête de solutions pour surmonter les obstacles financiers
Feedback : Utilisez ce formulaire pour envoyer un message à l’éditeur de cet article. Si vous souhaitez publier un commentaire public, vous pouvez le faire au bas de la page.