- L’installation des parcs éoliens, des centrales solaires ou encore de la biomasse nécessitent des investissements significatifs en Afrique.
- Le développement de la production des énergies renouvelables à grande échelle a connu un réel succès, pour certains pays, en Afrique. Soutenir la transition énergétique verte s’avère un impératif pour le continent.
- Pour atteindre l’objectif des 1,5 degré fixé par l’Accord de Paris, il devient impératif de transformer le secteur énergétique en Afrique.
Le financement des projets d’énergies vertes en Afrique est un casse-tête pour les acteurs du secteur privé et les décideurs politiques africains, alors qu’il urge pour mieux accélérer la transition énergétique sur le continent.
Un groupe d’experts réunis en marge de la deuxième édition du Forum d’investissement sur les énergies renouvelables (APRA 2025), tenu du 20 au 23 octobre 2025, à Freetown, en Sierra Leone, a souligné la nécessité de créer des pipelines bancables. La mobilisation des financements mixtes et l’exploitation des minerais stratégiques pour les systèmes renouvelables ont également été leurs préoccupations.
Les délégués à ce forum continental déplorent que jusqu’ici, la seule entrave à la réalisation de ces objectifs découle de ce que de nombreux pays africains ont du mal à étendre l’accès à l’énergie en respectant les objectifs mondiaux de décarbonatation et les politiques industrielles vertes.
L’Agence internationale pour les énergies renouvelables (IRENA, sigle en anglais) montre que les initiatives telles que les parcs éoliens, les centrales solaires ou encore les installations de biomasse, nécessitent des investissements significatifs, pour faire face à la transition énergétique tant attendue.
Sur le plan global, les perspectives pour les transitions énergétiques de l’IRENA appellent à une augmentation de la production d’énergies renouvelables de 1 000 GW par an d’ici à 2030, pour maintenir l’objectif climatique de 1,5 °C dans la ligne de mire.

Au plan continental africain, le Directeur général de l’IRENA, Francesco La Caméra souligne l’impératif à agir de toute urgence et de manière collaborative pour éliminer les obstacles financiers persistants sur le continent et garantir que des capitaux abordables parviennent à des projets viables.
Le Partenariat accéléré pour les énergies renouvelables en Afrique (APRA), est une alliance internationale dirigée par des pays africains déterminés à promouvoir la transition vers les énergies renouvelables et l’industrialisation verte.
Cette initiative s’appuie sur le leadership politique pour stimuler l’action, l’innovation et de nouveaux modèles de coopération. Parmi ses membres, figurent le Djibouti, l’Éthiopie, le Ghana, le Kenya, le Mozambique, la Namibie, le Rwanda, la Sierra Leone, l’Ouganda et le Zimbabwe.
Au nombre des partenaires apportant leur expertise et leur soutien financier pour l’exécution de certains projets, figurent l’Allemagne, le Danemark, les Émirats arabes unis, les États-Unis et le Japon. « Le développement des énergies renouvelables et de l’efficacité énergétique nécessite des volumes plus importants de financements abordables », a souligné La Camera, dans une déclaration, à l’ouverture de ce forum.

Vers une transition énergétique verte
Si, dans certains pays africains comme le Rwanda, les efforts visant à stimuler le développement de la production d’énergies renouvelables à grande échelle ont connu un réel succès, les experts reconnaissent tout de même qu’un long chemin reste à parcourir, pour tirer bénéfice des multiples sources de financement concessionnel et non concessionnel, ainsi que pour développer l’énergie solaire au niveau national.
Par exemple, le Rwanda s’est fixé l’objectif de s’assurer que 60 % de son énergie provienne de sources renouvelables telles que l’hydroélectricité et l’énergie solaire d’ici à 2030.
Son ministre de l’Infrastructure, Dr Jimmy Gasore, reste persuadé que ces efforts de développement des ressources énergétiques renouvelables vont permettre au Rwanda d’atteindre les Objectifs de développement durable (ODD), pour mettre fin à la pauvreté et aux inégalités d’ici à 2030.
« Nous devons certes moderniser et rénover nos infrastructures pour garantir qu’elles soient adaptées au nouveau système énergétique que nous sommes en train de créer », a-t-il dit à Mongabay.
Toutefois, Dr Kandeh Yumkella, Responsable du secteur de l’énergie, Président de l’Initiative présidentielle en Sierra Leone sur le changement climatique, l’énergie renouvelable et la sécurité alimentaire (PI-CREF) et du Groupe de coordination de la gouvernance énergétique (EGCG) en Afrique, affirme que les efforts consentis à travers l’APRA vont permettre aux pays africains de soutenir la transition énergétique verte.
Cette initiative, lancée en septembre 2023, au Sommet africain sur le climat à Nairobi, vise notamment à répondre au besoin urgent de systèmes énergétiques plus propres et résilients dans l’ensemble du continent.

La demande en énergie va doubler d’ici à 2040
D’après les estimations de l’IRENA, l’énergie verte reste la réponse aux changements climatiques et une étape clé pour la neutralité climatique, notamment en Afrique. Sans transformation mondiale du secteur énergétique, il est vain d’espérer atteindre l’objectif des 1,5 degré fixé par l’Accord de Paris.
Selon des statistiques officielles, l’Afrique comparée à sa taille et à sa population est largement à la traîne pour ce qui concerne le déploiement des énergies renouvelables. En 2018, à peine 20 % de l’électricité produite en Afrique était issue de sources renouvelables.
De plus, par rapport au reste du monde, les investissements restent faibles. En 2019, les deux tiers des capacités de production d’électricité nouvellement mises en service à travers le monde provenaient de sources renouvelables. Seuls 2 % de ces nouvelles additions provenaient d’Afrique, alors même que les projections montrent que le continent prévoit de doubler sa demande en énergie d’ici à 2040.
« Ces actions nécessitent un financement plus important et une collaboration nationale, régionale et internationale plus forte », affirme Dr Yumkella à Mongabay.
Serge Wilson Muhizi, Directeur Exécutif d’ « Energy Private Developers » (EPD), une structure regroupant toutes les entreprises privées opérant dans le secteur de l’énergie au Rwanda, souligne que le partenariat public-privé, s’avère indispensable pour que le secteur énergétique puisse contribuer à la croissance économique à long terme, à la création d’emplois et à un meilleur accès à l’énergie.
« Face à l’urgence climatique, les partenariats public-privé s’imposent comme une solution prometteuse pour accélérer le développement des énergies renouvelables au Rwanda comme ailleurs en Afrique », affirme-t-il à Mongabay.
Selon l’IRENA, le potentiel total des énergies renouvelables en Afrique atteint 2,4 millions de TWh/an, soit 50 fois la demande mondiale prévue en 2050. Pourtant, moins de 10 % de ce potentiel est exploité, en raison des barrières financières, institutionnelles et infrastructurelles.
Image de bannière : Bassin du barrage hydroélectrique d’Edea sur la Sanaga vue du ciel. Image de Simbanematick via Wikimédia Commons (CC BY-SA 4.0).
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