- Bitini Ndiyanabo Kanane est le chef coutumier de la communauté de Mudja, près du parc national des Virunga en République Démocratique du Congo, depuis 2001. Il a accédé au pouvoir par héritage familial et assume le rôle de protecteur à la fois de sa communauté et de l'environnement, qui abrite de nombreuses espèces rares et menacées.
- Au fil des décennies, les communautés autochtones ayant leurs foyers ancestraux dans les Virunga ont été expulsées du parc. Aujourd’hui, un conflit vieux de plusieurs décennies a éclaté dans la région, avec une recrudescence de la violence des rebelles M23 qui a déplacé plus d'un million de personnes depuis le début de l’année 2025.
- Le chef déclare à Mongabay que culture et nature ne font qu'un, et que la culture joue un rôle crucial dans les efforts de conservation de la communauté dans et autour du Parc National des Virunga.
- De nombreuses traditions de la communauté de Mudja œuvrent à préserver, plutôt qu'à exploiter, les espèces végétales et animales, explique le chef.
Virunga est le premier Parc national d’Afrique, créé par le décret royal belge en 1925. Nommé d’après la chaine des montagnes qui se trouve en son sein, Virunga s’étant sur trois pays : la République Démocratique du Congo, l’Ouganda et le Rwanda, et cela sur une superficie de 790 000 hectares (près de 2 millions d’acres). Virunga est un hotspot de biodiversité qui abrite des espèces animales menacées et vulnérables tel que le lion (Panthera leo), l’hippopotame (Hippopotamus amphibius), le gorille de montagne (Gorilla beringei beringei), le chimpanzé (Pan troglodytes), l’okapis (Okapia johnstoni) et bien d’autres.
C’est également le foyer ancestral des peuples autochtones qui, au fil des décennies, ont été expulsés de ces terres, remontant à l’époque coloniale.
En 1994, le Parc national des Virunga, site du patrimoine mondial de l’UNESCO, a été inscrit sur la Liste du patrimoine mondial en danger, en raison de la guerre au Rwanda, pays voisin, et de l’afflux massif de réfugiés en provenance de ce pays, qui ont entraîné une déforestation significative, du braconnage et la présence de milices armées. Aujourd’hui, des groupes rebelles ont infiltré la région, alors que des conflits vieux de plusieurs décennies se poursuivent.
Cependant, des dizaines de communautés autochtones continuent de vivre juste à l’intérieur et près du parc. Actuellement, au sud, Virunga est bordé par une chefferie appelée Bakumu, qui comprend un total de 58 villages répartis en sept groupements distincts. L’un de ces groupements s’appelle Mudja, qui compte actuellement huit villages avec 4862 habitants qui retracent leurs origines à deux villages, appelés Kishari et Toro, au centre du parc. Selon le chef Mudja, les gens y ont vécu jusqu’à ce qu’ils soient expulsés il y a plus de cinquante ans.

Bitini Ndiyanabo Kanane est le chef coutumier du groupement de Mudja depuis 2001. Il a accédé au pouvoir par héritage familial de père en fils. Aujourd’hui, marié et père d’enfants, il vit des champs et des fermes animales situés sur le bord sud des Virunga, sur des terres qu’il a héritées.
Alors que la ville voisine de Goma est actuellement sous le contrôle des rebelles M23, le 13 mai, le chef Bitini a accepté de répondre aux questions de Mongabay sur un sujet sensible : le rôle de la culture dans la conservation du Parc national des Virunga. Cet entretien a été traduit du swahili et édité pour plus de clarté et de concision.
Mongabay : Pouvez-vous nous parler un peu de vous ? Depuis combien de temps êtes-vous le chef traditionnel du groupement de Mudja ?
Bitini Ndiyanabo Kanane : Je suis le chef coutumier du groupement de Mudja depuis 2001. Dans notre culture, le pouvoir se transmet de père au premier fils, ainsi qu’au premier petit-fils, ce qui signifie que j’ai hérité de cette responsabilité. Dans notre culture, les femmes n’accèdent pas au pouvoir; elles deviennent plutôt des sages-femmes ou des conseillères pour les autres femmes des villages.
Mongabay : Que signifie pour vous être le chef du groupement de Mudja ? Qu’est-ce que cela vous fait ressentir ? Quelles sont vos responsabilités en tant que leader ?
Bitini Ndiyanabo Kanane : Être chef du groupement est un honneur, mais cela implique d’énormes responsabilités. Vous êtes bien accueilli, pris en charge, respecté et vous ne manquez de rien. Mais en retour, vous devez assumer cette responsabilité et prendre des décisions qui sont parfois difficiles et dangereuses pour vous et votre famille, afin de mieux gérer et protéger votre communauté. Vous devez savoir qui fait quoi dans votre communauté et où il le fait pour mieux les protéger. Je me considère comme un berger qui, à tout moment, doit veiller sur et guider son troupeau dans leurs pâturages. Mais vous devez également les défendre en temps de danger. C’est une responsabilité sacrée dans notre culture, et cela me procure une grande satisfaction.

Mongabay : Quelles sont vos tâches quotidiennes dans ce rôle important de chef du groupement ?
Bitini Ndiyanabo Kanane : Aujourd’hui, avec le règne du M23 dans la région, mes activités ne sont plus comme d’habitude. Avant, tous les sous-chefs des huit villages qui constituent notre communauté devaient venir en réunion (baraza) chez moi chaque matin pour faire le point sur la situation de notre communauté. Mais actuellement, plusieurs sous-chefs ont fui leurs villages en raison de la situation de guerre. Je suis donc obligé de me rendre dans chaque village trois à quatre fois par semaine pour m’enquérir de leur situation.
Moi-même, j’avais l’habitude d’aller dans mes champs et mes fermes lorsque la situation était bonne, mais actuellement, je suis contraint de rester chez moi et de m’occuper de ma famille et de quelques membres de ma communauté. Actuellement, tout ne se passe pas vraiment comme avant.
Mongabay : Que font les membres de votre communauté pour gagner leur vie ? Quelles sont leurs activités ?
Bitini Ndiyanabo Kanane : Avant, lorsque notre nombre n’était pas encore trop élevé, nous étions dans le parc et vivions de la chasse et de la cueillette. Nous chassions des rats, des serpents, des sangliers, des hippopotames et des girafes pour des occasions festives comme le Nouvel An, et les bonobos (Pan paniscus) n’étaient tués que pour des invités spéciaux dans le village. Cependant, actuellement, nous sommes ici à Mudja ; il n’est pas possible de chasser, puisque nous ne voyons plus les animaux ; ils se sont éloignés très loin dans la forêt à cause des groupes rebelles, mais aussi les gardes-parcs nous interdisent d’y aller.
Aujourd’hui, la majorité des habitants de Mudja sont des agriculteurs, et c’est leur principale activité. Ils cultivent divers produits tels que le chou, les haricots, le maïs, la banane et l’eucalyptus. Leur travail n’est pas seulement limité à nourrir leurs familles, mais ils contribuent également à approvisionner la ville de Goma et ses environs en produits essentiels. Grâce à ce travail, certains parviennent actuellement à envoyer leurs enfants à l’école à Goma et à prendre soin de leurs familles, ce qui est essentiel pour le développement de notre communauté.

Mongabay : Je vois, c’est vraiment une bonne chose. Maintenant, pouvez-vous nous parler un peu de vos pratiques rituelles dans la communauté de Mudja ?
Bitini Ndiyanabo Kanane : Bien sûr. À Mudja, nos pratiques rituelles dépendent des objectifs que nous poursuivons.
Pour l’installation d’un nouveau roi, le roi nouvellement élu est accueilli dans une petite maison appelée tchihanda, entourée de mirimba, une plante qui symbolise la protection et la bénédiction dans notre culture. Il y reste assis du soir jusqu’au matin. Cette durée est importante, car elle nous permet d’inviter les esprits ancestraux du village, de bénir le roi et de lui transmettre la force et la sagesse nécessaires pour diriger notre communauté. Le lendemain, assis sur une litière appelée tipoyi, le roi est porté par quatre personnes. Il traverse les huit villages de Mudja, accompagné d’autres figures notables du village, et derrière eux, les jeunes garçons qui battent des tambours tout en chantant et dansant. Cela permet aux villageois de le reconnaître officiellement comme leur roi, renforçant ainsi son lien avec le peuple.
En cas de menace, comme une éruption volcanique, il y a des mots sacrés que nous [tous les chefs locaux] prononçons pour arrêter l’éruption. Nous montons la montagne, et une fois arrivés au sommet, nous tournons le dos au volcan et nous nous accroupissons ; pour nous, c’est un signe de respect pour la nature et nos ancêtres qui sont présents sur les collines. Après cela, nous effectuons nos rituels, prononçant certains mots sacrés de nos coutumes dans notre langue maternelle. Un acte symbolique qui arrête l’éruption grâce à notre foi collective et l’aide de nos ancêtres.
Il y a aussi une ancienne pratique impliquant une fille vierge. En lui montrant simplement la montagne du volcan, nous croyons qu’il est possible d’influencer la nature pour prévenir une éruption.
Nous avons également d’autres rituels pour prévenir les malheurs. Parfois, nous préparons une boisson traditionnelle dans un récipient [nkata] à boire pendant que nous effectuons nos rituels. En prononçant certains mots sacrés, nous invoquons la paix et l’harmonie pour notre communauté et nos villages.
Ces rituels sont essentiels à notre culture et reflètent notre profonde connexion avec nos terres confisquées dans le parc, les esprits et notre communauté. Ils constituent un patrimoine que nous préservons avec soin et fierté.

Mongabay : Aujourd’hui, comme vous l’avez mentionné, les rangers du parc interdisent l’entrée ou expulsent les communautés locales du parc. Pensez-vous que les cultures jouent un rôle important dans la conservation ? Si oui, pouvez-vous donner quelques exemples ?
Bitini Ndiyanabo Kanane : Bien sûr. Dans les temps anciens, avant que les rangers ne nous chassent et que des groupes rebelles n’envahissent nos territoires, par exemple, la forêt était tout pour nous ; nous ne manquions de rien en termes de nourriture, de médicaments ou de vêtements, et nous nous sentions en sécurité sur nos terres. Alors pourquoi ne respecterions-nous pas et ne prendrions-nous pas soin de la forêt ? Elle nous a donné tout pour vivre, elle s’est occupée de nous et nous a abrités pendant des millénaires.
Laissez-moi partager avec vous une pratique culturelle plus spécifique : la récolte de l’écorce de l’arbre de mbalale [Cynometra hankei], par exemple. Le mbalale est un arbre puissant et son écorce est essentielle pour nous. Elle guérit de nombreux maux tels que les maux de tête, les fièvres, les fractures et les blessures profondes, le cancer, etc. Cependant, nos ancêtres nous ont appris qu’il ne fallait pas prendre l’écorce de mbalale sans prudence. Pendant la saison sèche de juin à août, nous ne prenons pas cette écorce, car nous ne voulons pas que l’arbre se dessèche. Notre culture l’interdit strictement.
La règle transmise de génération en génération nous enseigne que lorsque nous avons besoin de l’écorce, nous ne devons jamais l’enlever complètement autour du tronc. Nous prenons seulement une bande verticale d’un côté de l’arbre. Et même avant de toucher l’arbre, il y a un petit rituel pour demander la permission à l’esprit de l’arbre et de la forêt, pour montrer notre respect et promettre de ne prendre que ce qui est strictement nécessaire.
Mongabay : Pourquoi cette règle ?
Bitini Ndiyanabo Kanane : Nos ancêtres savaient que si quelqu’un enlève toute l’écorce de l’arbre, alors ce dernier mourra. Mais en ne prenant qu’une partie, nous permettons à l’arbre de guérir, de continuer à vivre et de nous fournir son écorce aussi longtemps que possible pour les générations futures.
Certains pourraient voir ce rituel comme une simple croyance, mais vous voyez qu’il est plus écologique et axé sur la conservation. Cela est gravé dans l’esprit de tous les membres de la communauté. Si quelqu’un transgresse cette règle, il n’est pas seulement considéré comme un déserteur, mais comme quelqu’un qui offense également l’esprit de la forêt et montre du mépris envers les ancêtres et l’ensemble de la communauté.
Vous voyez que cette pratique culturelle est une stratégie de conservation incroyablement efficace. Elle garantit que cette ressource vitale reste disponible pour nous, pour nos enfants et pour nos petits-enfants.
Donc, pour revenir à votre question : oui, la culture est au cœur de la préservation de la forêt et de toutes ses autres ressources.

Mongabay : Existe-t-il des plantes médicinales ou des animaux totémiques qui sont très importants dans votre culture, que vous utilisiez dans vos rituels dans les temps anciens et que vous ne voyez plus aujourd’hui ? Si oui, pouvez-vous nous donner quelques exemples ?
Bitini Ndiyanabo Kanane : En dehors des mirimbas, qui nous aident dans les rituels des chefs, nous n’utilisons pas de plantes pour nos rituels ; elles ne sont utilisées que pour guérir des maladies, construire nos petites maisons et parfois pour des vêtements. Pour nos rituels, nous utilisons traditionnellement des animaux totémiques tels que le lion, le léopard et le gorille des montagnes.
Le lion, avec sa puissance et son courage, représente la force et l’autorité ; dans notre culture, un seul individu de cette espèce était tué, si et seulement si un roi était décédé. Dans ce cas, cet animal serait tué, sa peau enlevée et ensuite utilisée pour vêtir un nouveau roi. Cet animal tué n’était pas consommé par les membres de la communauté, mais plutôt enterré avec le roi décédé. Sinon, tous les membres de la communauté étaient censés respecter et veiller à la protection de chaque individu de cette espèce dans la forêt. Et, lorsque cet animal donnait naissance, tout le village se réjouissait. Pour nous, les chefs de villages, c’était une bénédiction et la preuve que nous étions en bon terme avec nos chefs précédents.
Le léopard, avec sa discrétion et son agilité, symbolise la connaissance et la sagesse. Sa peau était portée par deux ou trois sages du conseil du roi. Quant au gorille des montagnes, il incarne la présence de nos ancêtres décédés parmi nous, les vivants. Il représente également la force et la protection de la communauté.
Ces animaux portent des significations importantes dans notre culture et servent d’intermédiaires entre notre monde et le monde spirituel. Chaque membre de la communauté a le devoir de les protéger et de veiller sur eux.
Malheureusement, ces animaux totémiques sont actuellement en danger. La destruction de leur habitat due aux guerres décime leurs populations. Dans le passé, nous, les Mudja, étions les gardiens de ces animaux sacrés. Nous comprenions que leur disparition entraînerait la perte de notre culture. Cependant, depuis que les rangers nous ont expulsés du parc et que des groupes rebelles ont envahi la région, notre capacité à les contrôler et à les protéger a été compromise.
Mongabay : Qu’est-ce que cela vous fait ressentir ? Comment menez-vous actuellement vos rituels, et que peut-on faire pour arrêter leur déclin ?
Bitini Ndiyanabo Kanane : La tristesse et la douleur sont les sentiments que je porte.
Aujourd’hui, nous sommes contraints d’utiliser les anciennes peaux de lion et de léopard héritées de nos ancêtres pour perpétuer nos rituels. Ces artefacts sacrés servent de rappel poignant que nous perdons notre culture. Par conséquent, la préservation de ces animaux est une question de survie culturelle pour les Mudja.
Pour les protéger, je crois que le gouvernement congolais doit trouver des moyens de restaurer la paix dans la région. En attendant, nous devons établir des partenariats solides avec des journalistes pour exposer ces actes, ainsi qu’avec des rangers du parc et du personnel environnemental, pour réintégrer les meilleures pratiques de co-gestion du parc et de ses ressources.

Mongabay : Pouvez-vous nous parler des conflits entre les communautés locales et les rangers du parc avant l’arrivée de M23 ? Comment s’est passée votre expulsion du parc ?
Bitini Ndiyanabo Kanane : Pendant la période du Congo belge, particulièrement autour des années 1924, tous les chefs coutumiers ont été consultés par les gestionnaires pour discuter des mesures nécessaires à la création et à la préservation du Parc national des Virunga. À cette époque, les chefs de village avaient convenu de collaborer avec les gestionnaires, ce qui incluait un accord selon lequel les rangers du parc fourniraient de l’argent aux chefs pour construire des écoles et des marchés dans les villages [à cette époque, à l’intérieur du parc]. Malheureusement, vers les année 1945, cet accord a été violé par les rangers du parc, ce qui a créé des tensions entre nos communautés et les rangers.
Au fil du temps, autour de 1972, les rangers du parc ont commencé à s’approprier certains espaces que nous utilisions pour les rituels, ainsi quelques-uns de nos champs, car ils étaient situés dans la forêt, à quelques kilomètres de nos villages. Après cela, ils nous ont poursuivis dans les villages et nous ont brutalement ordonné de partir. Poussés par notre amour pour nos territoires, nous avons essayé de défendre nos terres, mais ils étaient armés de fusils, tandis que nous n’avions que des lances et des flèches. C’était la guerre, la chasse… et souvent, quand j’y pense, ce n’est pas facile à supporter…, non seulement avoir perdu certains de mes frères, mais surtout avoir perdu ces espaces qui sont nos racines, où les pères de nos grands-pères reposent. Mais bon, rien à faire.
Actuellement, nous ne pourrons jamais accéder à ces zones. Des villages comme Tamba, Kishari et Toro à l’intérieur du parc étaient des lieux où nous pratiquions nos rituels avant que les rangers du parc ne s’approprient ces terres.
Aujourd’hui, nous sommes ici à Mudja et nous avons créé des lieux, pas loin dans la forêt, où nous pratiquons nos rituels s’il y a nécessité de le faire sans assistance des nombreuses personnes. Nous nous contentons de cela et nous nous adaptons peu à peu.
Mongabay : Avez-vous des solutions que vous aimeriez proposer pour éradiquer définitivement ces conflits ?
Bitini Ndiyanabo Kanane : Je crois qu’il est essentiel de rétablir un dialogue entre les gestionnaires du parc et les chefs coutumiers. Mon souhait est que le gouvernement puisse faciliter cette rencontre pour respecter les règles qui avaient été établies auparavant.
Il est crucial de redéfinir clairement les frontières, afin de distinguer les zones contrôlées par les rangers du parc de celles contrôlées par nous, les chefs communautaires. Cela permettrait d’explorer les possibilités de retour de nos terres, champs et collines à l’intérieur du parc ou d’allouer définitivement des terres ici à Mudja. Cela garantirait que chacun ait la maîtrise de sa terre.
De plus, les rangers du parc devraient nous considérer comme des personnes normales ayant des droits sur leurs terres. Je suis convaincu que si nous parvenons à établir un cadre de respect mutuel, nous pourrions restaurer la paix et favoriser une coexistence harmonieuse entre la communauté, les rangers du parc et la biodiversité, qui est l’intérêt commun pour nous tous, sera bien protégée.
Mongabay : Quel message souhaitez-vous envoyer au monde sur les bénéfices de la culture dans la conservation des parcs ?
Bitini Ndiyanabo Kanane : Au monde entier, je ne peux que réitérer que la culture et la nature ne font qu’un. Ici à Mudja, nos cultures sont les gardiennes de la nature. Elles ne visent pas à la détruire ; elles visent plutôt à la protéger.
Prenez, par exemple, l’écorce de mbalale que je vous ai mentionnée ; de même, nos animaux totémiques, comme le lion, le léopard et le gorille, sont au cœur de notre identité et de nos rituels. Les règles strictes entourant leur protection ou la chasse d’autres espèces ne sont pas arbitraires. Lorsque nous les protégeons, nous protégeons une partie de nous-mêmes, une partie de notre culture et de notre histoire.
Mon message est que le monde devrait reconnaître et valoriser les communautés locales et leurs cultures. Car, si [d’autres] ont trouvé les forêts, qu’ils exploitent maintenant… c’est grâce à nous et les règles ultimes de nos coutumes. Ainsi, au lieu de nous chasser et de nous maltraiter, ils devraient s’approcher de nous pour mener un effort de gestion globale, car la forêt est, pour nous, une mère, et en prendre soin est notre devoir ultime.
Image de bannière : Gorilles de montagne (Gorilla beringei beringei) dans le Parc national des Virunga. Image de Cai Tjeenk Willink via Wikimédia Commons (CC BY-SA 3.0).
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