- La désertification n’est pas un concept lointain, elle a un impact réel sur notre quotidien, notre alimentation, notre santé, et notre avenir. Et la Convention des Nations Unies sur la Lutte contre la Désertification (CNULCD) mobilise tous les acteurs, dont les sportifs, pour accélérer les actions de lutte contre la désertification.
- L’athlète togolaise, Noami Akakpo, porteuse du drapeau national lors des Jeux Olympiques de Paris 2024, a été nommée, au cours de la COP16 (Conférence des Parties) sur la lutte contre la désertification, tenue en 2024 à Riyadh, « Championne de la CNULCD, avec pour, entre autres mandats, de sensibiliser sur les questions de désertification, de l’alimentation et de la santé.
- À travers des ateliers de sensibilisation, notamment auprès des jeunes, en partenariat avec d’autres acteurs dont l’association Apevia basée à Lomé au Togo, elle développe des actions pédagogiques incitant à des actions utiles de préservation de l’environnement.
- Pour elle, les sportifs ont un rôle essentiel à jouer dans la lutte contre la désertification et le changement climatique, en montrant l’exemple, en transmettant des messages forts, et en sensibilisant leur communauté, en particulier les plus jeunes.
Porteuse du drapeau national togolais lors des Jeux Olympiques de Paris 2024, Noami Akakpo, a été nommée, au cours de la COP16 (Conférence des Parties) sur la lutte contre la désertification, tenue en 2024 à Riyadh, en Arabie Saoudite, Championne de la Convention des Nations Unies sur la Lutte contre la Désertification (CNULCD), avec pour, entre autres mandats, de sensibiliser sur les questions de désertification, de l’alimentation et de la santé.
Mongabay s’est entretenu avec Naomi Akakpo, qui annonce le lancement le 5 juin prochain, d’une initiative de mise en terre de 2028 arbres, chaque année, d’ici à 2028, au Togo, en référence aux prochains Jeux Olympiques.

Mongabay : Vous avez été récemment nommée « Championne de la Sécurité Alimentaire » de la CNULCD. Que signifie ce titre pour vous ?
Naomi Akakpo : C’est un immense honneur pour moi d’avoir été nommée Championne de la Sécurité Alimentaire par la CNULCD. Ce titre a une résonance toute particulière, car au-delà de mon parcours d’athlète, je suis également diététicienne-nutritionniste. Transmettre mon savoir, sensibiliser et former à une alimentation saine et durable, c’est bien plus qu’un métier pour moi, c’est une véritable vocation. Être reconnue par une instance comme la CNULCD, c’est une chance de faire entendre ma voix sur des sujets qui me tiennent profondément à cœur et de pouvoir agir concrètement pour un meilleur accès à l’éducation nutritionnelle. Cela donne encore plus de sens à mon engagement quotidien.
Mongabay : Parlez-nous de votre mission en tant « Championne de la Sécurité Alimentaire ».
Naomi Akakpo : Ma mission, en tant que Championne de la Sécurité Alimentaire, est avant tout de sensibiliser aux liens profonds entre la désertification, l’alimentation et la santé. La dégradation des sols affecte directement la qualité et la disponibilité des ressources alimentaires, avec des conséquences majeures sur la santé des populations, en particulier les plus jeunes. Concrètement, j’interviens à travers des ateliers de sensibilisation, notamment auprès des jeunes, en partenariat avec l’association Apevia. Ensemble, nous développons des actions pédagogiques qui relient sport, environnement et santé. Nous organisons notamment un grand événement autour de ces thématiques, incluant une course, des ateliers éducatifs et un temps fort symbolique : la plantation de 2028 arbres, en référence aux prochains Jeux Olympiques. C’est une manière concrète et collective d’agir et de faire passer le message que chaque geste compte.
Mongabay : Comment est née votre sensibilité aux questions environnementales et de sécurité alimentaire ?
Naomi Akakpo : Ma sensibilité aux questions environnementales et de sécurité alimentaire est née très naturellement, au fil de mes études pour devenir diététicienne. En apprenant à comprendre le corps humain, grâce à une base solide en médecine, physiologie et nutrition, j’ai rapidement eu envie de remonter plus loin dans la chaîne : comment nos aliments sont produits, cultivés, transformés… et surtout, d’où viennent-ils ?
En creusant ces questions, j’ai pris conscience de l’impact direct qu’ont nos choix alimentaires, non seulement sur notre santé, mais aussi sur la santé des sols, des écosystèmes et des populations. On ne peut pas parler de nutrition sans parler d’agriculture, ni de santé sans parler d’environnement. C’est cette prise de conscience qui a façonné mon engagement d’aujourd’hui.
Mongabay : Vous prévoyez une action de reboisement de 2 028 arbres au Togo. Pourquoi avoir choisi ce chiffre et comment comptez-vous assurer la survie ainsi que la croissance de ces plants ?
Naomi Akakpo : Le chiffre 2028 a une valeur symbolique très forte pour moi : il représente les prochains Jeux Olympiques, un objectif personnel et professionnel vers lequel je me projette. Planter 2028 arbres chaque année d’ici à là, c’est à la fois un engagement environnemental concret et un rappel quotidien de ma trajectoire, de ce que je construis et des efforts, que je choisis de faire pour moi, pour les autres, et pour la planète. Pour assurer la survie et la croissance de ces arbres, nous avons mis en place un plan précis avec l’association Apevia, qui nous accompagne dans l’entretien à long terme. Une partie importante de notre budget est dédiée à cet entretien, et nous avons lancé une cagnotte pour réunir les fonds nécessaires à l’organisation de l’événement et au suivi des plantations. Sur place, l’implication est collective : les enseignants, les élèves, ainsi que le comité de développement du quartier de Tsévié joueront un rôle actif pour prendre soin des plants au quotidien. C’est un projet qui fédère, qui donne du sens à l’action locale.
Mongabay : Après, la mise en terre des 2 028 arbres, est-ce que vous envisagez d’autres actions pour sensibiliser les communautés, notamment les jeunes et les femmes, aux enjeux climatiques et alimentaires ?
Naomi Akakpo : Bien sûr. La mise en terre des 2028 arbres n’est pas une fin, mais bien la continuité de ce que nous avons déjà mis en place. La sensibilisation est un travail de fond, un engagement de chaque jour. Je poursuivrai ce que nous avons initié cette année avec l’association Apevia : organiser des ateliers d’éducation et de prévention, notamment à destination des jeunes et des femmes, qui sont souvent en première ligne face aux enjeux climatiques et alimentaires.
Je souhaite également développer de nouveaux formats et imaginer d’autres événements ambitieux, accessibles à toutes et à tous, pour que chacun puisse se sentir concerné et devenir acteur du changement.
À travers mes réseaux sociaux, je continuerai à partager, à informer et à mobiliser ma communauté autour de ces enjeux essentiels. Et dans chaque grande compétition ou événement médiatisé auquel je participerai, je ferai en sorte de porter haute cette voix : celle d’un engagement qui va au-delà du cadre du sport, au service de la planète et de ses habitants.

Mongabay : Quel message souhaitez-vous transmettre à la jeunesse africaine et togolaise en particulier à travers vos engagements sportifs et environnementaux ?
Naomi Akakpo : Nous sommes toutes et tous concernés ! La désertification n’est pas un concept lointain, elle a un impact réel sur notre quotidien, notre alimentation, notre santé, et notre avenir. Plus nous apprenons tôt les bons gestes, plus nous les partageons autour de nous et plus nous avons de chances d’inverser la tendance. C’est une responsabilité collective, mais surtout une opportunité pour chacun de devenir acteur du changement. Je veux aussi leur dire que rien n’est impossible. Qu’il ne faut jamais cesser de rêver grand, ni laisser qui que ce soit nous faire douter de notre potentiel. Chacun d’eux a la capacité de réaliser de grandes choses. Il faut croire en soi, persévérer, et ne jamais lâcher même quand les obstacles se dressent ou que d’autres essaient de décourager. Quand on croit en soi et en son projet, rien ne peut vraiment nous arrêter.
Mongabay : Comment alliez-vous désormais vos responsabilités sportives avec ce nouveau rôle d’ambassadrice pour la sécurité alimentaire ?
Naomi Akakpo : J’essaie de concilier au mieux mes responsabilités sportives et mon rôle d’ambassadrice pour la sécurité alimentaire. C’est vrai que mon rythme de vie est intense, entre les entraînements, les compétitions et les engagements sur le terrain, mais pour moi, ça vaut vraiment la peine.
Ces deux dimensions de ma vie sont désormais profondément liées. On m’a fait l’immense honneur de me nommer porte-drapeau du Togo lors des derniers Jeux Olympiques, un moment fort, chargé de symbole, que je n’oublierai jamais. Depuis, je m’efforce chaque jour d’être à la hauteur de cette confiance. Représenter mon pays, sur la piste comme dans mes engagements, c’est une responsabilité que je prends très à cœur, et qui donne encore plus de sens à tout ce que je fais.
Assumer ce nouveau rôle auprès de la CNULCD fait pleinement partie de cet engagement. Il me permet de contribuer concrètement à la santé de ma communauté, de sensibiliser, d’agir et de montrer qu’on peut allier performance, engagement et impact positif à son échelle.
Mongabay : Pensez-vous que les sportifs ont un rôle à jouer dans la lutte contre la désertification et le changement climatique ?
Naomi Akakpo : Oui, je pense que les sportifs ont un rôle essentiel à jouer dans la lutte contre la désertification et le changement climatique.
En tant qu’athlètes, nous bénéficions d’une visibilité, d’une audience et d’une influence qui nous donnent une vraie responsabilité. Nous sommes suivis, écoutés, parfois admirés, et cela nous donne une voix qu’il est important d’utiliser à bon escient.
Nous avons le devoir d’être un exemple, de transmettre des messages forts et de sensibiliser notre communauté, en particulier les plus jeunes. Chaque geste compte et si nos prises de position peuvent inspirer d’autres à agir, alors nous avons déjà commencé à faire une différence.
Image de bannière : Noami Akakpo, porteuse du drapeau national togolais lors des Jeux Olympiques de Paris 2024, a été nommée, au cours de la COP16 (Conférence des Parties) sur la lutte contre la désertification, tenue en 2024 à Riyadh, « Championne de la CNULCD ».
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