- Après avoir traversé une situation critique à partir de 2014, un nouvel espoir renaît depuis la reprise du parc animalier de Ziniaré au Burkina Faso, par une association locale, en 2020.
- Plusieurs mesures ont été prises pour redonner vie au site et sauver les animaux de ce lieu touristique situé à une trentaine de kilomètres de Ouagadougou.
- Désormais, les animaux ont retrouvé un meilleur cadre de vie, selon les guides locaux.
Il est un peu plus de 7 heures lorsque le Ranch animalier de Ziniaré nous ouvre ses portes, à une trentaine de kilomètres de Ouagadougou, la capitale du Burkina Faso. Sur ce site touristique de 120 hectares, soit près de 168 terrains de football, la nature et la faune reprennent peu à peu leurs droits après plusieurs années d’agonie.
Créé en 1990, le site était à l’abandon après le départ du pouvoir en 2014 de l’ancien président, Blaise Compaoré, son promoteur. « À notre arrivée, on a trouvé les animaux presque dans un état de mort. Ils étaient dans un état de santé assez catastrophique. Je pense notamment aux lionnes qui étaient très affaiblies du fait qu’elles n’étaient pas bien nourries », se souvient Shanaz Husseini, présidente de l’association pour la Protection de la faune et de la flore au Burkina Faso, qui a repris la gestion du site en février 2020.
Pour les habitants de Ziniaré, le parc animalier est chargé de souvenirs. Apollinaire Nikiema, habitant de la localité, raconte avec émotion et nostalgie comment cet endroit était un « lieu paradisiaque » pour la faune et la flore, mais aussi pour la localité. « Le parc a été une des vitrines qui a donné l’envie à certaines personnes de venir connaître Ziniaré. Il y avait la coupe du parc animalier, une compétition qui regroupait les disciplines comme le basket-ball. Chaque année, des personnalités se retrouvaient ici. Quand on disait parc animalier de Ziniaré, ça faisait un grand écho, parce qu’il avait beaucoup d’animaux. C’était le lieu où on pouvait voir ces animaux de façon naturelle, physique. C’est là que j’ai vu un éléphant pour la première fois. Avant, on ne les voyait qu’à la télévision ».
Boureima Sawadogo, guide touristique du parc animalier de Ziniaré depuis 1999, a connu la période glorieuse du site, mais aussi son déclin. « Avant l’arrivée de l’association, plusieurs espèces comme les éléphants, les girafes, les tigres, les buffles, les zèbres sont morts », confie-t-il, d’une voix triste.

Depuis la reprise du site, l’association multiplie les efforts. Elle a fait appel à des vétérinaires pour soigner les animaux affaiblis, elle a agrandi les enclos, a creusé des points d’eau et amélioré l’alimentation des pensionnaires.
En ce mois de mai, Sawadogo est venu de la ville avec un sac de fruits et légumes pour nourrir les singes. « L’espace est devenu plus grand. Les singes sont plus à l’aise », dit-il, pendant qu’il nettoie le repas avant de servir ses « protégés ».
Un peu plus loin, deux hippopotames, les seuls du parc, sortent d’une mare pour « passer à table ». « Quand je regarde les hippopotames, je vois un grand changement. Ils ont repris la forme », se réjouit Boureima Sawadogo pendant qu’il donne à manger aux herbivores.
Dans un autre espace du parc, Husseini observe les trois lionnes du site, couchées à l’ombre des arbres. En cette période de saison sèche au Burkina Faso, où le soleil descend du ciel comme une pluie de feu, les arbres ont presque perdu toutes leurs feuilles. Tout comme d’autres animaux fuyant la canicule, les reines du parc se réfugient sous les arbres qui offrent encore un ombrage précaire. « Quand nous sommes arrivés, l’urgence était de nourrir les animaux et de les sortir de leur détresse. Nous avons aussi compris que pour participer à leurs mieux être, il fallait aussi améliorer leurs conditions de vie. Tous les enclos ont été agrandis, des points d’eau créés. Certaines espèces ont été déplacées pour vivre dans des environnements plus adaptés », explique-t-elle.
À en croire cette passionnée des animaux, les tortues étaient elles aussi dans un cadre inadapté. Il a fallu, ajoute-t-elle, les « déménager dans un enclos plus grand et propice à la pondaison » et qui offre de meilleures conditions de vie aux 39 tortues qui peuplent désormais le site.

De la viande saisie par la mairie lors des contrôles pour les nourrir
L’alimentation reste un défi qui perturbe le sommeil de l’association. Les membres ont dû taper à plusieurs portes pour pouvoir assurer la pitance quotidienne des pensionnaires. Pour ce qui est des carnivores, l’association bénéficie du soutien de la mairie de Ouagadougou qui fournit les viandes saisies lors des contrôles vétérinaires. « La nourriture des animaux tourne autour de 2 millions de francs CFA (3 334 USD) par mois. C’est sans tenir compte de l’aide en animaux saisis », précise Husseini.
Pour financer les besoins du parc, l’association compte aussi sur les recettes des entrées, fixées entre 500 (0,83 USD) et 1 000 francs CFA (1,66 USD). Mais cela ne suffit pas. « Le parc n’est pas totalement autonome. Les entrées permettaient de couvrir jusqu’à 70 ou 75 % des besoins. Depuis un an et demi, ce n’est plus le cas. Sans les aides extérieures, nous ne pourrons pas nourrir les animaux. Chaque jour, il faut chercher des financements. On ne sait jamais si on tiendra jusqu’à la fin du mois », confie-t-elle, déterminée à trouver les solutions pour ne pas laisser périr ces animaux qu’elle prenait plaisir à visiter quand elle était plus jeune.
Hamadou Ouédraogo, ingénieur en froid et climatisation, est venu de Ouagadougou, à une trentaine de kilomètres du site animalier, avec sa femme et son enfant de trois ans pour visiter les lieux. « Comme aujourd’hui, je ne travaille pas, on en a profité pour venir en famille voire les animaux. Mon fils adore les animaux, quand il les voit à la télévision, il est content. On s’est dit qu’il est bien qu’il puisse le voir physiquement », dit-il à Mongabay.
L’association travaille également à restaurer le couvert végétal du parc. Kader Sawadogo, forestier et responsable du suivi écologique, précise qu’à partir de 2020, chaque année, des arbres ont été plantés, parmi lesquels les manguiers et les papayers, dont les fruits servent à nourrir les animaux. « Nous travaillons à ce que le lieu soit vraiment un havre de paix pour les animaux, un lieu de conservation de la nature ».

Aujourd’hui, le parc compte plus de 35 espèces animales recensées, selon le forestier, dont des autruches, des singes, des lions, des hippopotames, des hyènes. Le site abrite aussi une cinquantaine d’espèces végétales comme le dattier du désert, dont les fruits servent aussi à nourrir les animaux. Mais, quel est le nombre d’animaux qui se trouvaient sur le site avant l’arrivée de l’association ? À cette question, notre interlocuteur répond qu’à leur arrivée, aucune donnée n’était disponible.
Les lions, symbole d’une renaissance
Pour les membres de l’association, l’un des plus grands symboles de réussite reste les lionnes qui sont devenues moins agressives et qui « impressionnent par leur transformation physique ». Selon Kader Sawadogo, cette préservation de la faune permet de faire du ranch de Ziniaré, l’un des rares endroits du pays où on peut observer cette espèce animale. « Au Burkina Faso, sur un rayon de 100, voire 200 kilomètres, on ne peut plus trouver de lion à voir si ce n’est ici. Là où ils se trouvent, tu ne peux plus aller là-bas pour des raisons de sécurité. Au parc animalier, on peut venir les voir. C’est vraiment une fierté ». « Il y a eu un vrai travail, long et patient qui est fait au niveau du parc », dit Husseini, pour qui, les lionnes symbolisent le combat de l’association, pour redonner dignité et bien-être aux animaux.
Image de bannière : Entre 2020 et 2025, le nombre d’autruches au parc animalier de Ziniaré est passé de 6 à 15. Image de Hadepté Da pour Mongabay.
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