- Les résultats escomptés de ce recensement en cours permettront de développer des stratégies de protection efficaces pour ces grands singes.
- Contrairement aux autres enquêtes, le recensement des grands singes focalise son attention sur les nids, notamment là où les gorilles passent la nuit.
- Huit recensements des gorilles vivant dans plusieurs localités aux pieds des hautes montagnes des Virunga ont été menés depuis 1997.
- Le tout dernier recensement des primates réalisé en 2018, révèle une augmentation de la population des gorilles des montagnes avec 1004 individus.
Un recensement des grands singes vient d’être lancé officiellement dans le Parc national des Virunga, le plus riche en biodiversité d’Afrique centrale.
C’est une initiative interétatique de la Collaboration transfrontalière du Grand Virunga (GVTC, sigle anglais), une structure regroupant trois pays ayant accès à cette aire protégée. C’est la première action du genre qui cible pour la première fois les chimpanzés.
« C’est la toute première enquête qui va combiner à la fois les gorilles de montagnes et les chimpanzés… Par le passé, les recensements ciblaient exclusivement les gorilles (Gorilla beringei beringei) », dit à Mongabay, Fidèle Ruzigandekwe, Secrétaire exécutif adjoint pour les Programmes de l’initiative interétatique de la Collaboration transfrontalière du Grand Virunga (GVTC).
Selon lui, les résultats escomptés de ce recensement en cours permettront de développer des stratégies de protection efficaces pour ces grands singes.
D’après les données officielles, au moins huit recensements des gorilles vivant dans plusieurs localités aux pieds des hautes montagnes des Virunga, une chaîne volcanique, qui s’étire le long de la frontière nord du Rwanda, de la République démocratique du Congo et de l’Ouganda, ont été menés jusqu’à ce jour, depuis 1997, avec pour objectif de promouvoir la conservation de ces espèces en danger critique d’extinction.
L’Union internationale pour la conservation de la nature (UICN) estime, dans son rapport de 2016, que quatre espèces de grands singes sur six (le Gorille de l’Est, le Gorille de l’Ouest, l’Orang-outan de Bornéo et l’Orang-outan de Sumatra), dont la plupart vivent dans les massifs du Grand Virunga, sont en danger critique d’extinction. Une menace d’extinction pèse également sur deux autres espèces, le chimpanzé et le bonobo, d’après l’UICN.

Malgré plusieurs initiatives visant à sauvegarder ces espèces vivant dans les forêts tropicales d’Afrique et d’Asie du Sud-Est, les besoins croissants des hommes en terres agricoles et en pâturages les poussent souvent à empiéter sur les réserves naturelles et les parcs nationaux.
Cinq autres recensements du genre réalisés en 1997, en 2002, en 2006, en 2011 et en 2018, par la GVTC et ses partenaires, dans la forêt impénétrable de Bwindi, situé à proximité du Parc national des Virunga, a révélé une augmentation surprenante de la population des gorilles de montagne.
Cette dernière réserve naturelle en Ouganda est classée par l’UICN comme aire protégée abritant plus de la moitié de la population de cette espèce menacée. La population totale des gorilles des montagnes est passé de 680 individus en 2008 à 880 en 2010 et à 1063 en 2017.
« La méthodologie du recensement en cours [des grands singes] a été rénovée avec une approche plus robuste, basée sur les observations individuelles le long de transects linéaires dans des zones d’intérêt et en nombre suffisant pour obtenir un échantillon représentatif de cet espèce », explique Ruzigandekwe.
Selon lui, les enquêteurs se basent désormais sur des observations directes d’animaux pour déterminer la densité et l’abondance des grands singes dans le massif des Virunga.
Par ailleurs, les scientifiques pensent que préserver et étudier les chimpanzés sauvages dans leur habitat naturel contribue à la connaissance des ressources médicinales de la forêt tropicale.
D’après une étude publiée en 2011, dans le Bulletin de l’Académie nationale de Médecine de la France, des chercheurs ont découvert de nouvelles molécules médicamenteuses, à partir de plantes utilisées par les chimpanzés sauvages en Ouganda. Il a été également démontré que l’étude sur les grands singes dans cette région, permet d’apporter des éléments de réponse à des questions de santé humaine.

Des enquêteurs bien formés
Les responsables de la GVTC affirment qu’une soixantaine d’enquêteurs déployés pour la phase pilote du recensement des grands singes d’une durée de six mois au niveau du parc de Bwindi en Ouganda, sont bien formés pour faire face à d’éventuels risques liés aux conflits violents et à l’insécurité qui sévissent à l’heure actuelle à l’Est de la République démocratique du Congo (RDC).
Il est prévu qu’une fois terminé au niveau de la forêt de Bwindi–Sarambwe, la poursuite du recensement dans le Massif des Virunga, notamment dans le Parc national des Volcans au Rwanda, ainsi que le Parc national des Virunga à l’Est de la RDC.

Contrairement aux autres enquêtes, le recensement des gorilles porte sur les nids, c’est-à-dire là où les gorilles passent la nuit.
Cette approche permet aux agents recenseurs de collecter les échantillons de crottes de gorille, de les conserver pour un examen génétique, à partir duquel ils pourront déterminer l’âge et la lignée de l’espèce identifiée.
D’après les responsables de l’Agence rwandaise de développement (RDB), cette méthodologie permet de déterminer facilement et rapidement le nombre de primates dans l’ensemble.
Parmi toutes ces familles de gorilles qui parcourent la chaîne de montagnes des Virunga, douze familles sont habituées aux hommes, alors que deux autres menant une vie sauvage, sont toujours en cours de se familiariser avec les humains.
Image de bannière : Gorilles de montagne dans le parc national des Virunga, RD Congo. Image de Cai Tjeenk Willink via Wikimédia Commons (CC BY-SA 3.0).
Citation :
Krief, S., Krief, J., Kasenene, J., Sévenet, T., Hladik, C. M., Snounou, G., & Guillot, J. (2011). Les grands singes : qui sont-ils ? Sont-ils capables d’automédication ? Bulletin de l’Académie Nationale de Médecine, 195(8), 1927–1944. https://doi.org/10.1016/s0001-4079(19)31930-2
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