- Riche d'une biodiversité très importante, la Guinée a perdu une importante partie de sa faune et de sa flore, par l'action de l'homme sur l'environnement.
- En 100 ans, le pays a perdu près de 200 000 espèces de chimpanzés.
- Une situation alarmante ayant conduit les autorités à mettre en place le Plan d’action national de la biodiversité (PANB).
À Kindia, une préfecture située à environ 135 kilomètres de la capitale guinéenne, Conakry, se trouve l’Institut de recherche en biologie appliquée de Guinée (IRBAG). Autrefois, véritable vivier des primates en Guinée, ce centre de recherche a perdu près de 200 000 espèces de chimpanzés en 100 ans. Une situation alarmante ayant conduit les autorités à mettre en place le Plan d’action national de la biodiversité (PANB).
Âgé de 65 ans, Nabylaye Camara a vu la perte progressive de ces chimpanzés. « Cet institut est créé en 1924, aujourd’hui il est âgé de cent ans. Selon ce que nos parents nous ont dit, il y avait assez de chimpanzés à la création de Pastoria, et moi-même, j’en ai vu quand j’étais très jeune, il en restait un lot important. Mais aujourd’hui, les singes et les babouins qui sont là ne dépassent pas 10 », dit-il.
À Pastoria, ancien nom de l’IRBAG, les chimpanzés étaient utilisés à des fins de recherche. Selon l’actuel Directeur, Professeur Mohamed Sahar Traoré, le manque de réglementation des recherches a contribué à la disparition de ces primates.
« À l’époque, je pense que les normes éthiques dans le domaine de la recherche n’étaient pas aussi rigides qu’aujourd’hui. Sinon, on n’aurait pas utilisé ces espèces, vraiment très proches de l’homme, à des fins d’expérimentation en laboratoire. Mais autre époque, autres mœurs », a-t-il expliqué.
Il renchérit : « Nous gardons ces espèces uniquement en guise de mémoire, mais nous ne menons plus de recherches sur elles ».

À Kindia, comme dans certaines villes de l’intérieur du pays, les animaux sont menacés. L’Office guinéen des Parcs nationaux et réserves de faune (OGPNRF), cite les espèces comme le chimpanzé d’Afrique de l’Ouest (Pan troglodytes verus), classé en danger critique d’extinction, et d’autres animaux comme l’hippopotame pygmée.
Dans l’institut, il reste des singes, des babouins et d’autres animaux, notamment des crocodiles, des serpents qui sont gardés. « Nous gardons encore ces primates, notamment les singes, car ils font partie de l’ADN de cette institution. Ce sont des espèces qui ont beaucoup contribué au développement de la recherche ici. Nous essayons aussi parfois de les protéger, car ces animaux s’introduisent dans les champs des populations riveraines. Ils sont parfois attrapés par les habitants, qui veulent les abattre. Dans ces cas, nous les récupérons pour les garder en captivité », dit Professeur Traoré. « Les citoyens doivent adopter des pratiques respectueuses de l’environnement et s’impliquer dans les initiatives locales de préservation », a-t-il indiqué.
Quelles perspectives pour la conservation ?
En 1993, la Guinée s’est engagée à protéger sa biodiversité nationale en ratifiant la Convention sur la diversité biologique (CDB). Elle s’est aussi engagée, suivant l’objectif d’Aichi pour la biodiversité, adopté en 2010 au Japon, lors de la COP10 de la Convention sur la diversité biologique (CDB), à accroître la superficie des aires protégées. « La Guinée a mis en place un Plan d’action national pour la biodiversité (PANB), aligné sur la Convention sur la diversité biologique (CDB). Ce plan vise à protéger la faune et la flore en renforçant la gestion des aires protégées et en favorisant la recherche scientifique sur les écosystèmes », explique le Professeur Traoré.

Malgré l’adoption des lois de protection de la biodiversité, leur application reste un défi. « La Guinée possède une législation environnementale, notamment le Code de l’Environnement et des lois spécifiques sur les aires protégées et la faune sauvage. L’application de ces lois reste un défi et des réformes sont nécessaires pour renforcer leur mise en œuvre », déclare le colonel Aboubacar Samoura, membre des forces paramilitaires de protection de l’environnement.
Son service envisage plusieurs projets : l’expansion du réseau des aires protégées pour couvrir davantage d’écosystèmes menacés et le développement de l’écotourisme pour générer des revenus tout en préservant la biodiversité ; la mise en place de corridors écologiques pour relier les habitats fragmentés et le renforcement des capacités des gardes forestiers grâce à des formations et des équipements modernes.
L’IRBAG a été fortement victime par la perte des milliers de chimpanzés. Son premier responsable propose des solutions, allant de la sensibilisation à l’action des décideurs. « La première solution est la sensibilisation de la population. L’action humaine contribue largement à la disparition des espèces animales. Il est donc essentiel d’éduquer les populations sur l’importance de la préservation de ces espèces, notamment celles en voie de disparition. Ensuite, il faut mettre en place des mesures spécifiques pour protéger certaines espèces et favoriser leur restauration ».
Les pertes de la biodiversité en Guinée représentent un danger silencieux pour certaines espèces menacées d’extinction. Le défi reste immense, car la protection de la faune et de la flore nécessite une vigilance constante face aux pressions humaines.
Image de bannière : L’un des rescapés des 200 000 espèces de chimpanzés perdus en 100 ans en Guinée, pour la plupart sacrifiés sur l’autel des recherches scientifiques. Image de Mansa Moussa Mara pour Mongabay.
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