- Les solutions solaires sont de plus en plus proposées à Lubumbashi, deuxième ville de la République démocratique du Congo, pour pallier le déficit d’électricité.
- Des privés, des entreprises, parfois même des services publics, recourent aux panneaux solaires pour s’alimenter en électricité.
- De petites sociétés et des individus investissent dans cette activité, mais ils doivent faire face à la concurrence de sociétés étrangères dans le même secteur.
Le mercredi 3 mars, le ciel est bleu, dégagé, le soleil brille fort sur Lubumbashi, ville du sud-est de la République démocratique du Congo (RDC). Germain Mukalay, la trentaine, diplômé en génie électrique de l’université de la ville, décharge son matériel électrique, puis s’empresse de fixer sur le toit d’une maison une structure métallique rectangulaire. Elle portera des panneaux solaires. « Il faut vite finir cette étape avant que le soleil ne surchauffe la toiture en tôles », dit-il.
Près d’une heure après, six panneaux solaires sont fixés et l’installation se poursuit à l’intérieur de la maison. Installation du régulateur, connexion des câbles, test de tension à partir des panneaux photovoltaïques et fixation d’une batterie unique, faite au lithium et importée de Chine, tout comme les panneaux : l’opération se déroule rapidement. Un coup d’allumage et la maison est éclairée, une pompe à eau remonte de l’eau, les enfants regardent la télévision.
« Cette installation va subvenir aux besoins énergétiques, fournir la lumière pour toute la maison, deux ou trois télévisions, un congélateur, et pomper aussi de l’eau. Toute cette puissance ne doit pas dépasser les 3000 watts », explique à Mongabay Germain Mukalay, Responsable de TAT, une petite entreprise proposant des solutions électriques aux ménages.

Le coût du solaire reste dissuasif pour plusieurs
Les demandes de centrales domestiques sont fréquentes, selon Mukalay. Mais le défi majeur est le pouvoir d’achat. Il faut au moins 3500 USD pour s’offrir une telle capacité, ce qui n’est pas à la portée de tous, reconnaît-il.
« Le grand problème, c’est le coût d’investissement qui est très élevé. Les Congolais moyens ne peuvent pas facilement s’en procurer », explique Mukalay. Il poursuit en disant que s’il décidait des exonérations sur les matériels solaires, le gouvernement pourrait contribuer à faciliter la généralisation des centrales solaires domestiques. « Il faudrait que le gouvernement puisse investir dans le secteur pour faire baisser les coûts des matériaux : panneaux solaires, régulateurs, convertisseurs, batteries », dit-il.
Ces différents matériels électriques sont importés de la Chine et de l’Inde. Il est cependant difficile de trouver des statistiques sur ces importations, ni sur le niveau d’intégration du solaire au niveau local. Toutefois, les coûts de l’électricité solaire sont en baisse dans le monde, constate pour sa part, Jean-Paul Katond, professeur à l’université de Lubumbashi et spécialiste en hydroélectricité. « Tout le monde devrait basculer vers le solaire et garder l’énergie électrique et hydro-électrique de la SNEL [Société nationale d’électricité] pour d’autres besoins secondaires », dit Katond, ajoutant que cela va libérer le réseau national surchargé à ce jour.

Des initiatives locales et des investissements étrangers
Seulement, 19 % de Congolais vivant dans les villes ont accès à l’électricité, d’après l’Agence nationale de l’électricité de des services énergétiques en milieux rural et périurbain (ANSER), pour qui, ce chiffre baisse jusqu’à 1 % dans les zones rurales.
À Lubumbashi, tout comme à Kinshasa ou à Goma, dans les principales villes de la RDC, les coupures d’électricités sont fréquentes. À certains moments, elles se répètent jusqu’à une dizaine de fois par jour, perturbant ainsi les activités économiques et le quotidien des populations.
En outre, les offres de centrales solaires domestiques font face à une concurrence de plus en plus importante des entreprises étrangères. « Je peux même dire que sept sur dix sont des étrangers. Ils viennent avec de grosses sommes d’argent pour investir dans ce domaine et ils monopolisent le marché », dit Mukalay. Il explique que beaucoup de nationaux se sont formés dans ce domaine et ont commencé à investir aussi dans ce secteur. « Il faut que le gouvernement intervienne pour sécuriser le domaine qui commence aussi à nourrir les Congolais », précise-t-il.
S’ils se généralisent en RDC, selon Katond, les systèmes solaires domestiques pourraient contribuer, à décharger le réseau de la SNEL et permettre à l’État de connecter ceux n’ayant pas la possibilité de s’offrir le solaire.
Image de bannière : Installation de panneaux solaires sur le toit d’une maison à Lubumbashi. Image de Didier Makal pour Mongabay.
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