- Le gouvernement de la République démocratique du Congo (RDC) a annoncé, début mai 2025, qu’il ouvre une cinquantaine de blocs pétroliers aux explorations.
- Ces zones se situent dans la cuvette centrale du Congo, dense en forêts primaires.
- Kinshasa annonce l’exclusion des zones concernées par les aires protégées, en réponse aux critiques des ONG sur les risques environnementaux.
Après l’échec d’une vente aux enchères de blocs d’exploration pétrolière fermé en 2024, le gouvernement congolais se prépare de nouveau à attribuer des blocs pétroliers pour des explorations. Cette fois, le conseil des ministres du 2 mai 2025, a entériné la délimitation de 52 blocs situés plus à l’ouest du pays, et trois autres ont été attribuées aux sociétés privées par le gouvernement Sama Lukonde (2020-2023).
Le 14 octobre 2024, le ministre des hydrocarbures, Aimé Sakombi, avait annoncé la mise en place des mécanisme pour relancer la procédure d’attribution des blocs pétroliers suspendue. Parmi eux, 27 sur 48 — d’une superficie de 277 954 km², plus grande que le Ghana ou le Royaume-Uni — posaient problèmes pour empiètement sur les aires protégées.
Le gouvernement parle « de meilleurs blocs ouverts à l’exploration basés sur le contrôle des données techniques respectant ainsi les limites des airs protégées, qui, autrefois, avaient fait l’objet des critiques des organisations non-gouvernementales et de la société civile ». Cette décision relance ainsi les « activités de la manne pétrolière », a indiqué le porte-parole du gouvernement, Patrick Muyaya, citant son collègue des hydrocarbures.

Booster l’économie de la RDC
« La RDC étant un état souverain, est invité à tout mettre en œuvre pour valoriser son potentiel en hydrocarbures et pour ainsi donc booster son économie », dit à Mongabay, Pepito Sakasaka, responsable de Focus Hydrocarbures, une plateforme consacrée à la promotion du secteur énergétique et analyses sur les défis environnementaux majeurs en RDC. « Ceci est fait en mettant de côté tous les blocs qui chevauchaient les aires protégées. Cela ne nous pousse qu’à réfléchir sur certains aspects techniques que les décideurs doivent prendre en compte pour bien conduire ce projet ».
Selon Sakasaka, il y nécessité de mieux redynamiser la société publique de gestion des hydrocarbures SONAHYDROC, et associer également les communautés locales au début du processus d’exploration.
C’est ce que pense aussi Omer Kabasele, Président national de la plateforme GTCRR (Groupe de Travail Climat REDD+ Rénové). « Il n’y a aucune exploitation des ressources naturelles qui peut se faire de manière à développer les communautés, si ces dernières, ne sont pas impliquées. Ces communautés doivent donner leur consentement libre et sans contraintes de manière avisée, de manière préalable ».
La cuvette centrale, les forêts vierges, les tourbières et les aires protégées
Le périmètre de la Cuvette centrale abrite des forêts primaires équatoriales humides et des tourbières, des écosystèmes d’une grande importance dans la captation du carbone et la régulation du climat. On y trouve également des parcs nationaux, notamment Salonga Nord, ainsi que le Couloir vert instauré par le président Félix Tshisekedi cette même année.
Même si les riverains des seules installations pétrolières existantes en RDC accusent l’opérateur Perenco, de polluer l’environnement, affectant la pêche et l’agriculture, ainsi que la santé des résidents, (la société fait actuellement l’objet d’un audit sur sa pollution environnementale et sa déclaration de bénéfices) la société civile congolaise est globalement favorable à l’annonce de nouveaux blocs d’exploration.
« Nous militons depuis plusieurs années pour une exploitation rationnelle de nos ressources naturelles en tenant compte de piliers du développement durable. Cela est possible », explique Sakasaka.
Il y a lieu, cependant, de redouter même des effets indirects de l’exploitation pétrolière, au-delà des garanties d’exclusion des zones situées des espaces de la conservation, explique Kabasele. Il rapporte, à ce propos, un débat encore chaud au sein de sa plate-forme.
« Pour la première tendance, [on se demande, Ndlr] à quoi bon avoir des aires protégées qui servent à l’humanité, à quoi bon avoir des blocs pétroliers inexploités pendant que les communautés riveraines croupissent dans la misère, dans la pauvreté, et si à travers les blocs pétroliers, à travers l’industrie pétrolière, [on peut aider les gens, Ndlr] », rapporte Kabasele.
D’autres acteurs, poursuit-il, excluent toute exploitation de blocs pétroliers liés directement ou indirectement aux aires protégées. Dans ce cas, explique Kabasele, la communauté internationale devrait offrir au Congo des compensations lui permettant de développer ces contrées, où l’on peut exploiter du pétrole et bâtir des écoles, des hôpitaux ou encore des routes.
Image de bannière : Vue aérienne de la rivière Monboyo et de la forêt tourbeuse du Parc national de la Salonga, au sud-est de Mbandaka, en RDC. Image de © Daniel Beltrá/Greenpeace.
Carbone sur carbone : le pétrole et les tourbières du bassin du Congo
Prospection pétrolière : quel avenir pour les tourbières du bassin du Congo ?
Feedback: Utilisez ce formulaire pour envoyer un message à l’éditeur de cet article. Si vous souhaitez publier un commentaire public, vous pouvez le faire au bas de la page.