- Les services de sécurité ont tiré à balles réelles pour disperser des manifestants autour d’une mine dans la province congolaise du Lualaba.
- Les paysans réclamaient leurs indemnités à la société minière Kamoa dans un processus de délocalisation qui n’avance plus, selon eux.
- L’entreprise fait face à l’augmentation frauduleuse du nombre de personnes concernées et ne semble plus intéressée par l’idée de délocalisation.
Lubumbashi, RD CONGO — Le 27 avril, à 4 heures du matin, les habitants d’un village situé à environ 25 kilomètres à l’ouest de Kolwezi, une ville dans une région minière au sud-est de la Démocratique République du Congo, sont réveillés par des soldats. Ces derniers entrent dans des maisons de Munjenje et arrêtent des occupants, y compris des femmes, indique la plate-forme de la société civile “ Comprendre et Agir dans le Secteur Minier Industriel et Artisanal (CASMIA) ”.
« Il y a eu crépitement de balles. Il y a eu l’intervention d’abord de la police », explique Chadrack Mukad, coordonnateur de CASMIA, contacté par Mongabay. « Après c’est [l’armée] les FARDC qui sont arrivées, la garde républicaine. Ils sont allés poursuivre les gens dans leurs villages, dans des maisons. Et un jeune a reçu une balle dans sa jambe et l’autre au cou. Celui qui a reçu la balle dans la jambe, on lui a amputé sa jambe à Lubumbashi ».
Selon CASMIA, les personnes arrêtées sont conduites à quartier général de la police congolaise à Kolwezi, la capitale du province de Lualaba. Contacté par Mongabay, le ministre de l’Intérieur de la province du Lualaba, Roy Kaumba, a indiqué que les personnes arrêtées ont été jugées et condamnées, certaines à 3 ans de prison, pour vandalisme et association de malfaiteurs, notamment.

Depuis la manifestation d’il y a semaine, au cours de laquelle des habitants de Munjenje ont bloqué la route menant conduit à l’entreprise Kamoa copper SA, ces arrestations avoisinent une soixantaine de personnes. Selon un communiqué de CASMIA, des manifestants ont détruit des biens de Kamoa copper SA, une société détenue par les groupe canadien Ivanhoé (39.60 %), le chinois Zijin mining (36.60 %) et l’Etat congolais (20 %), depuis 2020.
Kamoa a entrepris les démarches d’extension de sa mine (la 3e mine de cuivre au monde), en septembre 2024. Elle a ainsi identifié une dizaine de villages à délocaliser, conformément au code minier de la RDC. Lors de l’identification, chaque propriétaire de maison ou de champ avait reçu une somme d’argent et avait été photographié.
Mais, en janvier 2025, l’entreprise a été surprise de faire face à une forte augmentation de personnes en possession d’un jeton indiquant qu’ils devaient être indemnisés. Kamoa a demandé aux paysans de retourner chacun à ses activités d’avant septembre 2024. L’annonce a été faite en présence des autorités provinciales, notamment le ministre de l’agriculture, indique un document de CASMIA.
« Les gens attendaient de l’argent en guise d’indemnisation. Il y a eu beaucoup d’opportunistes. Ils ont découvert qu’il y avait même des personnes [venues] de Kinshasa, de Lubumbashi, qui avaient déjà des jetons. On a estimé qu’il y a eu des jetons frauduleux », explique Mukad.

Cette situation aurait conduit Kamoa à envisager de développer une mine souterraine, au grand mécontentement des habitants de Munjenje. « Certains champs manioc et autres cultures vivrières ont été volés par des gens qui disaient d’ailleurs que ça ne revenait pas aux propriétaires mais à Kamoa », explique Mukad. « Aujourd’hui, comment les gens vont-ils vivre ? », se demande Mukad.
Mais en guise de règlement de ce différend, « on a relancé le processus de délocalisation. On va suivre ça de près », dit le ministre Kaumba, à Mongabay.
Mongabay n’a pas reçu de réponse de Kamoa. Cet article sera mis à jour lorsque l’entreprise répondra aux questions.
Image de bannière : Des proches des victimes des coups de feu des forces de sécurité près de Kamoa. Image fournie par CASMIA.
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