- Loin de trouver une solution immédiate malgré les initiatives de paix déjà entreprises, les combats dans l’Est de la RDC se poursuivent et touchent la biodiversité.
- Des activistes écologistes s’indignent et rappellent aux belligérants que toute intrusion armée dans les aires protégées est punissable par les textes nationaux et internationaux.
- Pour des raisons de sécurité, le Parc national de Kahuzi-Biega a suspendu ses activités, observant l’évolution de la situation sécuritaire.
Alors que le conflit armé se poursuit dans la partie orientale de la République démocratique du Congo (RDC), les défenseurs de la nature dénoncent le fait que les belligérants n’arrivent plus à épargner les aires protégées dans leur affrontement.
Ils font allusion aux combats qui se sont déroulés le jeudi 10 avril 2025, non loin du quartier général du Parc national de Kahuzi-Biega. « C’est depuis ce matin, vers 5h que nous entendons des détonations d’armes au niveau du quartier général du Parc national de Kahuzi-Biega. Les rebelles du M23 s’affrontent avec les Wazalendos et nous avons peur », a confié un habitant qui habite non loin du quartier général du Parc.
Ces combats, qualifiés de « violents » par les sources locales ont opposé tôt le matin du 10 avril, les miliciens pro-gouvernementaux dits Wazalendo aux combattants du groupe armé du M23, qui selon l’Organisation des Nations unies (ONU) ont le soutien direct de Kigali. « Les combats réduisent, non seulement les efforts de conservation presque à néant, mais aussi ça aggrave la crise climatique qui s’exprime déjà de la manière la plus forte et la plus brutale. C’est une situation grave, car cela encourage la déforestation à la merci de la communauté nationale et internationale », dit Olivier Ndoole de Alerte congolaise pour l’Environnement et les droits de l’homme, à Mongabay au téléphone.
Celui-ci fustige le fait qu’après le Parc national des Virunga, celui de Kahuzi-Biega devient le théâtre des combats acharnés qui hypothèquent désormais son avenir.

Ndoole se dit « déçu et sidéré » du fait que Kahuzi-Biega devient un épicentre des combats et que les belligérants veulent le normaliser, en violation des textes nationaux et internationaux.
« On constate que les gens qui ont les armes se sentent forts et veulent piétiner les lois et d’autres conventions qui existent. Selon les lois internes en RDC, les aires protégées sont considérées comme des espaces neutres. C’est interdit, non seulement d’y pénétrer avec les armes et les utiliser, mais aussi on ne peut pas en faire des objectifs militaires », dit-il.
Le Parc national de Kahuzi-Biega est situé à l’Ouest du lac Kivu, non loin de Bukavu, en province du Sud-Kivu et est patrimoine mondial de l’Organisation des Nations unies pour l’éducation, la science et la culture (UNESCO).
Selon l’UNESCO, le parc regorge plus de 1000 espèces de plantes, plus de 350 espèces d’oiseaux et certains mammifères des forêts d’Afrique, au nombre desquels des éléphants de forêts, les buffles de forêts. Il est très connu du fait qu’il abrite une population importante des gorilles des plaines de l’Est (Gorilla beringei graueri).

Plusieurs responsables du parc contactés par Mongabay ayant préféré garder l’anonymat pour des raisons de sécurité, affirment ne plus avoir un contrôle sur cette aire, suite à la situation sécuritaire « alarmante ».
Ceux-ci révèlent que les activités sont suspendues dans le parc et ce, jusqu’à ce que la situation sécuritaire leur soit favorable. « En raison de la situation sécuritaire actuelle au Sud-Kivu, il n’y a pas d’activités au parc pour le moment », a dit un des responsables de Kahuzi-Biega, qui a préféré garder l’anonymat.
Ndoole rappelle aux belligérants qui transforment les aires protégées en zones de combats de s’abstenir de tout acte nuisible contre les écosystèmes, rappelant que les responsables seront un jour obligés à rendre des « comptes », peu importe le temps que cela peut prendre.
En octobre 2024, en marge de la COP16 sur la biodiversité, qui s’est tenue à Cali, en Colombie, la République démocratique du Congo avait manifesté son soutien à la reconnaissance de « Ecocide », comme crime dans le Statut de Rome, visant à protéger la biodiversité et à tenir pénalement responsables les acteurs de dommages environnementaux.
Image de bannière : Miliciens du mouvement rebelle congolais M23. Image de Al Jazeera English via Wikimédia Commons (CC BY-SA 2.0).
Les principaux facteurs alimentant le conflit dans l’Est de la RDC
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