- Le développement de l’économie bleue au Togo passe par la connaissance de la mer.
- Le Togo connaît très peu son potentiel maritime et ne dispose pas suffisamment d'infrastructures de recherche en la matière.
- La recherche scientifique peut être mise au service du gouvernement dans ses prises de décisions relatives à l'économie bleue.
- Les chercheurs doivent s'intéresser au domaine maritime pour combler le gap en termes du manque de connaissances scientifiques sur les enjeux maritimes.
Le développement de l’économie bleue au Togo passe par la maîtrise de la connaissance du secteur maritime. C’est la conclusion d’une étude qui a exploré la façon dont les recherches, dans le domaine maritime, peuvent contribuer au développement de l’économie bleue au Togo.
Réalisé par Dr Laré Batouth Penn, Maître de conférences en sociologie du travail et des organisations à l’université de Lomé, au Togo, le travail a consisté à faire une analyse bibliographique et à réaliser des entretiens individuels approfondis avec des personnes impliquées dans l’action de l’État en mer.
L’auteur explique que le Togo n’a pas assez de connaissances scientifiques et d’infrastructures de recherche dans le domaine maritime, ce qui rend difficile la prise de décisions dans ce secteur par le gouvernement.

À l’en croire, à peine 10 % des ressources de la mer seraient connues. Le pays manque d’instituts, de centres ou de laboratoires où se rassemblent les savoirs et les compétences en matière de recherche, de technologie, d’innovation et d’expertise sur le milieu marin pour promouvoir l’économie bleue.
« La promotion de l’économie bleue au Togo est associée à la maîtrise de la connaissance scientifique des filières comme la pêche, l’aquaculture, le transport maritime, l’industrie maritime, le tourisme, de l’océan et des fonds marins, et cetera, et à la mise en place d’un dispositif d’infrastructures de recherche », écrit-il dans une étude publiée dans la revue Vertigo.
Identifier les ressources exploitables
L’économie en général est basée sur l’exploitation des ressources disponibles, et l’une et l’autre vont de pair.
Selon Professeur Gabriel Hoinsoude Segniagbeto, Zoologiste spécialisé en écologie et biologie de la conservation à l’université de Lomé, la première chose à faire serait d’identifier les ressources exploitables à travers la recherche scientifique et de voir ensuite comment cette économie peut être organisée.
Penn et Segniagbeto soutiennent que la recherche pourrait permettre de se réapproprier la mer, afin de mieux connaître son potentiel et d’en tirer pleinement profit. Les deux chercheurs pensent qu’elle permettrait également de produire des connaissances scientifiques pour aider le gouvernement dans ses prises de décisions en matière d’économie bleue, et contribuer ainsi à l’action publique.

« Nous ne sommes qu’à l’étape embryonnaire dans la connaissance de l’écosystème marin. Ce que nous faisons à l’université, nous n’arrivons pas à atteindre la profondeur de nos espérances. Nous travaillons beaucoup sur l’aspect côtier, mais l’aspect marin, ça nous échappe », dit à Mongabay, Professeur Segniagbeto, auteur de plusieurs études sur les tortues marines au Togo.
Selon lui, l’absence d’une cartographie des ressources marines constitue également un frein pour l’exploitation du potentiel maritime du pays.
Dr Penn pense, quant à lui, qu’il faudrait davantage intensifier les activités de recherche et de formation dans le domaine maritime. Le chercheur a fait savoir qu’il a organisé, en 2024, à l’université de Lomé, le 1ᵉʳ colloque scientifique international sur l’économie bleue en Afrique, qui a été une occasion d’éveiller l’intérêt des chercheurs pour les sujets maritimes. Car-dit-il, « il faut s’organiser pour sécuriser et stabiliser le secteur maritime ».
Il a aussi fait savoir qu’un centre de recherche océanographique sera bientôt érigé à Aného, une ville côtière du sud-est du pays, située à environ 50 km de la capitale Lomé.
Image de bannière : L’économie bleue au Togo est un secteur à développer. Image de Akissa-Yotou Assenouwe pour Mongabay.
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