- Le gouvernement guinéen a délivré un permis à une entreprise australienne pour extraire de l’or dans une zone abritant des chimpanzés d’Afrique de l’Ouest en danger critique.
- Le rapport d’évaluation des impacts du projet prévoit qu’il aura des impacts durables sur la faune du Parc national du Haut-Niger.
- Un agent a confié à Mongabay que le ministère de l’Environnement avait poussé l’entreprise à abandonner ses ambitions d’extraire dans la zone tampon du parc.
- Même si la limite du cœur du parc se situe à 18 kilomètres du site d’extraction prévu, il y a des signes que la prospection minière a déjà perturbé les chimpanzés.
Le gouvernement guinéen a délivré un certificat de conformité environnementale à une entreprise australienne, donnant le feu vert à son projet d’extraction d’or dans une zone abritant des chimpanzés d’Afrique de l’Ouest en danger critique.
En janvier, le ministère de l’Environnement et du Développement durable guinéen a accepté l’évaluation des impacts environnementaux et sociaux que Predictive Discovery a commandée, pour son projet Bankan Gold, situé dans le coin nord-est du Parc national du Haut-Niger (PNHN).
L’entreprise minière qui négocie sous le nom de PDI à l’Australian Securities Exchange, estime que la zone recèle 3,05 millions d’onces d’or, ce qui selon elle ferait de Bankan la plus grande découverte d’or, en Afrique de l’Ouest, de ces dix dernières années.
Le rapport d’évaluation des impacts de 1 767 pages mentionne, toutefois, que les opérations d’extraction prévues auront des impacts durables sur la faune, comme le chimpanzé d’Afrique de l’Ouest (Pan troglodytes verus), même au-delà du cycle de vie de la mine. Il indique que les chimpanzés sont largement présents dans la région, le cœur de la zone de conservation du PNHN, appelé « forêt de la Mafou », constituant un refuge.
Même si le cœur du parc se situe à environ 18 kilomètres environ (11,16 miles) du site d’extraction prévu, le rapport précise qu’il y a des preuves que les activités de prospection minière menées, depuis le début du projet Bankan, en 2020, ont déjà entraîné le déplacement de sept à quinze chimpanzés et perturbé d’autres chimpanzés.
D’après le rapport d’évaluation, les activités minières devraient aggraver la perte d’habitat et les perturbations pour les chimpanzés, au-delà de la zone du projet, et avoir un impact sur le niveau des eaux souterraines pendant des décennies à venir.
La zone initiale du projet Bankan s’étendait jusque dans la zone tampon du parc, mais la porte-parole de PDI, Sandra Bates, a dit à Mongabay, par courriel que, lors des discussions concernant le certificat de conformité environnementale, l’entreprise a déclaré au ministère de l’Environnement qu’elle « renonçait à toute la partie du permis du projet située à l’intérieur de la zone tampon du parc ».
L’exploitation minière aura lieu dans une zone marquée comme la « zone périphérique », sur la carte de PDI.
Selon le plan de développement 2006-2010 du PNHN, deux zones tampons entourent la zone centrale de la Mafou. Dans la première, directement à côté de la zone centrale, il existe des restrictions strictes aux activités humaines. Elle est suivie de la deuxième zone tampon ou zone de transition, qui autorise certaines activités de développement. Ce que PDI désigne comme la « zone périphérique » semble être cette zone de transition.
Aboubacar Samoura, l’agent du ministère de l’environnement chargé de la faune et des parcs nationaux, a dit à Mongabay qu’il y avait initialement des inquiétudes sur l’emplacement des activités, mais que le ministère avait poussé l’entreprise à se retirer de la zone tampon. « Il est vrai que parler d’un gisement dans une aire protégée est inquiétant, mais d’un autre côté, nous devons être positifs ».
Immédiatement, après avoir reçu son certificat de conformité environnementale, PDI a déposé sa demande pour une licence d’exploitation minière, le 31 janvier. Si celle-ci est accordée, l’entreprise commencera l’exploitation dès 2026.

Image de bannière : Un chimpanzé d’Afrique de l’Ouest . Image de Christoph Wurbel via Flickr (CC BY-NC-SA 2.0).
Cet article a été publié initialement ici en anglais le 26 février, 2025.