- Le gouvernement de la République démocratique du Congo (RDC) a lancé deux audits pour évaluer la la production du pétrole et les normes environnementales de la multinationale franco-britannique Perenco.
- Le cabinet Alex Stewart International (ASI) basé au Royaume-Uni est chargé de mener les enquêtes sur les activités de production pétrolière de Perenco, tandis que la société Environmental Resources Management (ERM), est mandatée pour enquêter sur les conséquences des activités de Perenco sur l’environnement.
- Les responsables de Perenco tentent de défendre la bonne gestion de la production et le respect des normes environnementales en dépit des incidents environnementaux et des biais liés aux investissements.
Le gouvernement de la République démocratique du Congo (RDC) a commandé deux audits d’une durée d’un an pour évaluer la production réelle de pétrole de la multinationale franco-britannique Perenco, ainsi que ses conséquences sur l’environnement.
Un journal local indique que le ministère des Hydrocarbures a mandaté le cabinet Alex Stewart International (ASI) établi au Royaume-Uni pour enquêter sur les activités de production pétrolière de Perenco, sur les plans à la fois technique et opérationnel, et pour examiner notamment les volumes de production déclarés par la multinationale.
Une autre société, Environmental Resources Management (ERM), est chargée d’enquêter sur les conséquences des activités de Perenco sur l’environnement.
« Perenco RDC a été informée des audits en décembre 2024 et collaborera avec le ministère tout au long du processus », a déclaré un porte-parole de l’entreprise dans un courriel adressé à Mongabay.
Perenco est le seul producteur de pétrole en RDC. L’entreprise exploite des champs à la fois sur terre et en mer dans la région côtière de Muanda, située dans la province de Kongo Central. L’entreprise est en activité à Muanda depuis 2001, non loin de la seule aire marine protégée du pays. Les habitants locaux et diverses organisations non gouvernementales (ONG) accusent l’entreprise de polluer l’environnement par les déversements de pétrole, l’enfouissement des déchets toxiques dans des fosses non aménagées et le torchage du gaz naturel qui entraînent des conséquences désastreuses sur l’environnement et la santé des habitants, rapportait Mongabay dans un précédent article paru en 2023.
En 2013, une commission d’enquête approuvée par le gouvernement de la RDC a constaté une forte pollution des sols à Muanda et un nombre de cas de maladies respiratoires signalés dans les établissements de soins de santé locaux, deux fois plus important, depuis l’arrivée de Perenco en 2001. La commission a recommandé au gouvernement « de faire appliquer les lois en matière de protection de l’environnement et d’exiger que Perenco effectue une nouvelle étude d’impact social et environnemental », soulignait Mongabay dans son article.
Face à l’absence d’action, les ONG françaises Sherpa et Les Amis de la Terre France, soutenues par Environmental Investigation Agency (EIA-US), ont engagé une action en justice contre Perenco en novembre 2022. Les ONG ont demandé au tribunal civil de Paris (siège de la société) que Perenco soit tenue responsable des dommages environnementaux causés en RDC.
« Le fait que le Gouvernement congolais ait cherché à mandater des audits sur les activités pétrolières de Perenco met bien en lumière le manque de transparence dans les activités du groupe, que Sherpa et ses partenaires dénoncent depuis des années », expliquait Théa Bounfour, responsable de contentieux et de plaidoyer à Sherpa, dans un courriel adressé à Mongabay.
Le porte-parole de Perenco a, quant à lui, déclaré à Mongabay que la société « reconnaît que des incidents [environnementaux] liés à ses activités se sont produits dans le passé », mais a ajouté que ces incidents « sont très localisés, mineurs et peu nombreux ». Il a rapporté des « actes de malveillance assez fréquents » sur les infrastructures pétrolières du groupe, telles que les oléoducs, et a souligné que ces actes étaient « systématiquement signalés aux autorités locales ».
Le porte-parole d’ERM a refusé d’apporter ses commentaires sur l’audit environnemental, invoquant le respect du principe de confidentialité.
Le cabinet britannique se penchera, quant à lui, sur les opérations de Perenco, notamment sur sa production qui plafonne, depuis longtemps, à 20 000-25 000 barils par jour, selon les volumes déclarés par l’entreprise.
Le porte-parole de Perenco est revenu sur le fait que les déclarations de production journalière de l’entreprise aient été remises en question par les autorités de la RDC et a confirmé que cette production avait varié entre 15 000 et 25 000 barils, au cours des cinq dernières années, soit une moyenne de 19 500 barils par jour. Il a précisé que les variations étaient dues, soit aux investissements engagés lorsque la production augmente, soit au déclin naturel des réservoirs matures, qui se produit lorsque la production diminue.
Image de bannière : Infrastructures pétrolières de Perenco à Muanda, par papagaio-pirata via Flickr (CC BY-SA 2.0).
Cet article a été publié initialement ici en anglais le 28 janvier, 2025.