- Près de 20 000 espèces menacées ou protégées ont été saisies lors d'une opération mondiale contre les réseaux de trafic d'espèces sauvages et forestières.
- On compte aussi 41 tonnes de bois exotique envoyées en Asie par fret maritime depuis le Kenya et 4472 kg d'écailles de pangolins saisies au Nigeria.
- Les pangolins africains font l'objet d'un trafic continu vers l'Asie à des fins de médecine traditionnelle, le Nigeria étant considéré comme une importante plaque tournante.
- Au cours de l’opération, 365 suspects ont été arrêtés. Six réseaux criminels transnationaux soupçonnés de trafic d'animaux et de plantes protégés et 100 entreprises impliquées dans le trafic d'espèces protégées ont également été identifiés.
Dix-huit grands chats et félins, 7608 reptiles, 5193 tortues à oreilles rouges, 12427 oiseaux, 33 primates, 12 pangolins : au total, près de 20000 espèces menacées ou protégées. C’est le butin d’une opération mondiale contre les réseaux de trafic d’espèces sauvages et forestières. La Convention sur le commerce international des espèces de faune et de flore sauvages menacées d’extinction (CITES), a annoncé ces saisies, dans un communiqué de presse publié sur son site internet.
2213 saisies ont été effectuées dans le monde entier pour sauver ces animaux. L’opération conjointe de sauvetage a été menée par l’Organisation internationale de police criminelle (INTERPOL) et l’Organisation mondiale des douanes (OMD), du 11 novembre au 6 décembre 2024, dans 138 pays et régions. Les autorités ont également arrêté 365 suspects et identifié six réseaux criminels transnationaux soupçonnés de trafic d’animaux et de plantes protégés. « Ces espèces font l’objet d’un trafic illégal pour répondre à des demandes spécifiques du marché, que ce soit pour l’alimentation, pour des vertus médicinales supposées, pour des objets « de luxe » et de collection ou pour servir d’animaux de compagnie et de compétition », a indiqué la CITES.
En plus des animaux vivants, des centaines de milliers de parties et de produits dérivés d’animaux protégés, d’arbres, de plantes et d’organismes marins ont également été saisis. Il s’agit entre autres de 4472 kg d’écailles de pangolins saisis au Nigeria et de 41 tonnes de bois exotique envoyées en Asie par fret maritime depuis le Kenya. Des cornes de rhinocéros, des ailerons de requins séchés, des morceaux de peau de python réticulé, des cornes et parties d’éléphants ont également été retrouvés dans divers pays.
« Les réseaux de criminalité organisée tirent profit de la demande de plantes et d’animaux rares, exploitant la nature pour alimenter la cupidité humaine. Les conséquences sont considérables : elles entraînent une perte de biodiversité, détruisent des communautés, contribuent au changement climatique et alimentent même les conflits et l’instabilité », a indiqué Valdecy Urquiza, Secrétaire Général d’INTERPOL, cité dans le communiqué de presse.

La CITES affirme que des experts en médecine légale ont prélevé des échantillons d’ADN des animaux sauvés et les ont transférés dans des centres de conservation.
Ce n’est pas la première fois que le Nigeria est cité dans une affaire de trafic de pangolins. En 2021 déjà, une équipe de conservationnistes a réalisé une étude qui a démontré que le Nigéria joue un rôle central dans le trafic mondial de pangolins, servant de point de transit majeur vers l’Asie. Cette étude a mentionné que les saisies liées au Nigéria ont concerné au moins 799 300 pangolins, dont la majorité étaient des pangolins à ventre blanc. Entre janvier 2010 et septembre 2021, près de 80 saisies ont été enregistrées, totalisant 190 407 kg de dérivés de pangolin. Les écailles constituaient la majeure partie de ces saisies, bien que d’autres produits comme des carcasses de pangolin aient également été trouvés.

L’étude a aussi démontré que les saisies ont fortement augmenté en 2018 et 2019, avec une prédominance des saisies maritimes allant jusqu’à 65 % du poids total. Les produits saisis étaient principalement destinés à l’Asie, notamment au Vietnam, en Chine et à Hong Kong, avec le Nigéria jouant un rôle clé de source, de transit et, parfois, d’importation dans le trafic international. Le Nigéria était aussi présenté comme un centre de transit pour des produits en provenance d’autres pays africains, principalement le Cameroun, le Gabon et le Congo.
« La Convention sur le commerce international des espèces de faune et de flore sauvages menacées d’extinction (CITES) interdit le commerce transnational des spécimens de pangolins. Cependant, les pangolins africains font l’objet d’un trafic continu vers l’Asie à des fins de médecine traditionnelle, le Nigeria étant considéré comme une plaque tournante essentielle », avait conclu l’étude.
Image de bannière : Image1/légende1 : Léopard d’Afrique, Afrique du Sud. Image de Rhett A. Butler / Mongabay.
Citation :
Charles, A. E., Daniel, J. I., Lauren, C. et al. (2021). The scale of Nigeria’s involvement in the trans-national illegal pangolin trade: Temporal and spatial patterns and the effectiveness of wildlife trade regulations. Biological Conservation, Volume 264. doi.org/10.1016/j.biocon.2021.109365
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