- Le récent passage cyclonique à Madagascar, qui a provoqué des pluies abondantes dans plusieurs régions de l'île, a causé des dégâts importants pour le centre de sauvegarde des tortues endémiques, situé dans le Sud du pays.
- Près d’un millier de tortues étoilées (Astrochelys radiata) et tortues-araignées (Pyxis arachnoides) ont été noyées et sont mortes.
- Victimes du braconnage et du trafic illégal, les effets du changement climatiques comme les fortes chaleurs, l’an passé, et les récentes inondations, continuent à réduire les effectifs de reptiles emblématiques de Madagascar.
Un refuge du sud-ouest de Madagascar, qui accueille et protège plus de 12 000 tortues en danger critique d’extinction, a été victime de violentes inondations causant la perte de plusieurs centaines de ses résidents.
Le 16 janvier, le cyclone tropical Dikeledi a balayé l’Atsimo-Andrefana, où se situe le Lavavola Tortoise Center, déversant des pluies torrentielles ayant fait monter le niveau de l’eau jusqu’à 1,4 m sur une zone de dix hectares.
Bien que la plupart des tortues aient pu flotter et être secourues, d’autres ont étépiégées sous des pierres ou emportées. Au total, ce sont 784 tortues étoilées de Madagascar (Astrochelys radiata) et tortues-araignées (Pyxis arachnoides) qui ont été retrouvées mortes noyées.
« La pluie a duré moins de 20 heures, et toute la zone a été inondée », raconte Hery Razafimamonjiraibe, directeur national de Turtle Survival Alliance Madagascar, qui gère le refuge, lors d’un entretien téléphonique avec Mongabay. « La situation est sans précédent. Nous n’avions jamais vu une inondation de ce genre ».
Les fortes pluies ont dévasté les infrastructures du Lavavola Tortoise Center, qui a estimé les dommages et les frais vétérinaires à 150 000 dollars.
La région a été confrontée à des conditions de sécheresse tout au long de l’année dernière, avec des températures dépassant 40 °C. Le sol, devenu aride et dense, n’est plus à même d’absorber les fortes pluies, exacerbant l’impact des inondations.
Presque toutes les tortues rescapées ont été déplacées vers des enclos surélevés par les employés et les bénévoles de Turtle Survival Alliance Madagascar. Elles ne sont toutefois pas sorties d’affaire, car l’exposition prolongée aux eaux de crues froides accroît le risque de pneumonie, s’inquiète Razafimamonjiraibe.
Si le niveau de l’eau recule progressivement dans toute la région, la route menant au refuge reste submergée, compliquant le transport du matériel et des personnes. Les maisons de 15 employés et de leurs familles ont aussi été gravement endommagées par les inondations. Mais aucun d’entre eux n’a été blessé.
« Les bénévoles de la communauté continuent d’aider à nourrir les animaux. Hier, ils ont apporté plus de deux tonnes de nourriture pour les tortues », a ajouté Razafimamonjiraibe.
Avec une population de plus de 12 millions d’individus, la tortue étoilée de Madagascar était autrefois considérée comme l’une des tortues les plus abondantes de la planète. Mais le braconnage et le trafic illégal d’animaux ont réduit ses effectifs de trois-quarts, a expliqué par téléphone à Mongabay Jordan Gray, responsable des relations externes de Turtle Survival Alliance.
Selon l’Organisation internationale pour les migrations des Nations unies, Dikeledi a d’abord frappé la région de Nampula, dans le nord du Mozambique, le 13 janvier, causant des crues soudaines ayant fait 11 victimes et touché 249 000 personnes.
Image de bannière : Des milliers de tortues étoilées de Madagascar (Astrochelys radiata) ont été sauvées des eaux de crue dans le sud de Madagascar. Image reproduite avec l’autorisation de Turtle Survival Alliance.
Cet article a été publié initialement ici en anglais le 23 janvier 2025.