- Une étude publiée dans la revue Geomatics met en évidence l’importance des zones à haute productivité primaire comme facteur clé pour optimiser les crédits carbones du pays.
- Le Togo se lance pour défi de valoriser son potentiel en matière de carbone afin de participer plus activement aux mécanismes internationaux de compensation du carbone.
- Les chercheurs appellent à une promotion de l’agroforesterie comme une solution efficace pour préserver les ressources naturelles, lutter contre le changement climatique et participer au marché mondial du carbone.
Séquestrer du carbone grâce à une meilleure gestion des écosystèmes et des pratiques agricoles durables. C’est en ce moment l’un des défis majeurs du Togo. Pour y arriver, le pays peut compter sur les zones à haute productivité primaire. Leur importance comme facteur clé pour optimiser les crédits carbones du pays a été mise en évidence dans une étude, publiée le 18 septembre 2024, dans la revue Geomatics.
La productivité primaire nette (PPN), est un indicateur essentiel de la capacité des écosystèmes à capturer le carbone. Au Togo, d’après cette étude, elle est influencée par les variations des précipitations et des températures.
Selon Badjaré Bilouktime, Enseignant-chercheur au laboratoire de botanique et d’écologie végétale de l’université de Lomé (Togo), son suivi rigoureux, appuyé par des technologies de télédétection, est nécessaire pour structurer un marché du carbone résilient, basé sur des pratiques durables, telles que l’agroforesterie.
Bilouktime explique à Mongabay, qu’un suivi précis des changements dans l’usage des sols et la santé des écosystèmes aiderait le Togo à mieux mettre en valeur ses projets de captation du carbone et à attirer des investisseurs étrangers. « En adoptant ces pratiques, le Togo pourrait, non seulement réduire son empreinte carbone, mais aussi contribuer à la préservation des ressources naturelles et à la lutte contre le changement climatique à l’échelle mondiale », dit-il.
Il indique au téléphone à Mongabay, qu’un suivi précis des changements dans l’usage des sols et la santé des écosystèmes aiderait le Togo à mieux mettre en valeur ses projets de captation du carbone et à attirer des investisseurs étrangers. « En adoptant ces pratiques, le Togo pourrait, non seulement réduire son empreinte carbone, mais aussi contribuer à la préservation des ressources naturelles et à la lutte contre le changement climatique à l’échelle mondiale », dit-il.

Un cadre réglementaire en construction
Selon Bawa Demirel Maza-esso, doctorant en Écologie végétale et télédétection à l’université de Lomé, le marché du carbone au Togo est encore en phase de développement, mais plusieurs initiatives montrent des progrès encourageants. « Le Togo s’est engagé à réduire ses émissions de gaz à effet de serre (GES) et à augmenter sa couverture forestière à 25 % d’ici à 2030, un objectif soutenu par l’afforestation d’un milliard d’arbres », dit-il.
Il précise qu’en mars 2023, le gouvernement togolais a adopté un décret visant à mettre en place des mécanismes de gestion du carbone, incluant notamment le Programme d’Appui à la Lutte contre le Changement Climatique (PALCC).
« Lancé en 2017 et financé par l’Union Européenne, ce programme soutient la gestion durable des forêts et la conservation de la biodiversité, avec un accent particulier sur la réduction des émissions dues à la déforestation et à la dégradation des forêts (REDD+). Des projets de reforestation, initiés par le gouvernement et des ONG, jouent également un rôle clé dans la génération de crédits de carbone. Ces projets visent à restaurer les écosystèmes dégradés tout en contribuant à la séquestration du carbone », dit Bawa.
En renforçant ses engagements climatiques, en investissant dans des projets de reforestation et en structurant un marché du carbone transparent, le Togo se positionne comme un acteur clé dans la lutte contre les changements climatiques.

L’agroforesterie : une solution clé
Badjaré Bilouktime, indique que l’agroforesterie ressort comme l’une des solutions les plus prometteuses pour améliorer la PPN, tout en renforçant la résilience des écosystèmes face aux conditions climatiques changeantes. « La promotion de l’agroforesterie pourrait, non seulement améliorer la capacité des sols à stocker du carbone, mais aussi diversifier les revenus des agriculteurs », dit-il.
Wouyo Atakpama, ethonobotaniste à l’université de Lomé au Togo, joint par téléphone, met également en avant le système agroforestier grâce à sa capacité substantielle de séquestration du carbone. « Dans le contexte de réduction du réchauffement climatique mis en œuvre afin d’améliorer les revenus nationaux grâce à un mécanisme écosystémique écologique et propre, les systèmes agroforestiers pourraient être efficacement promus en adhérant aux mécanismes de développement propre », dit-il.

Abondant dans le même sens, Dr Folega Fousséni, Maître de Conférence en Ecologie et botanique à l’université de Lomé et co-auteur de l’étude, soutient également qu’il est indispensable de promouvoir la pratique agroforestière, les projets forestiers de reboisement pour maintenir les puits de carbone, afin de limiter les émissions de gaz à effet de serre, dans l’atmosphère et produire des données pour faciliter l’accès du Togo au marché carbone.
« Un suivi rigoureux basé sur les technologies de télédétection permettrait au Togo de valoriser ses projets de séquestration de carbone et d’attirer des investisseurs internationaux », explique Maza-esso.
« Ces mesures contribueraient à structurer un marché du carbone au Togo, basé sur des pratiques durables. Des comparaisons régionales, élargissant la recherche à d’autres zones d’Afrique de l’Ouest, pourraient également fournir des informations précieuses sur les variations régionales des réponses des écosystèmes au changement climatique », dit Bilouktime. « Ces comparaisons orienteraient les politiques de gestion environnementale dans toute la région », ajoute-t-il.
En s’appuyant sur ces stratégies, le Togo pourrait, non seulement renforcer sa participation au marché carbone mondial, mais aussi jouer un rôle clé dans la lutte contre le changement climatique tout en préservant ses ressources naturelles.
Image de bannière : Une opération de vérification des unités d’occupation des sols dans la région maritime, plus précisément dans une savane inondée située dans la préfecture de Zio. Cette opération a été réalisée dans le cadre d’une correction des données de l’occupation des terres fournies par EarthMap, une plateforme interactive développée par l’Organisation des Nations Unies pour l’Alimentation et l’Agriculture (FAO) en collaboration avec Google Earth Engine. Image de Demirel Bawa (août 2022) avec son aimable autorisation.
Citation :
Bilouktime, B., Fousséni, F., Maza-esso, B.D., Weiguo, L., Hua Guo, H., Kpérkouma, W& Komlan, B. (2024). Monitoring the Net Primary Productivity of Togo’s Ecosystems in Relation to Changes in Precipitation and Temperature. Geomatics, 4, 342-361. https://doi.org/10.3390/geomatics4030018.
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