- British International Investment (BII), l’organisme britannique d’aide au développement, a récemment annoncé qu’il investirait jusqu’à 35 millions de dollars dans un projet controversé de port, en République démocratique du Congo (RDC).
- Les défenseurs de l’environnement ont exprimé des inquiétudes, quant aux impacts environnementaux potentiels du projet, notamment les impacts sur les habitats des espèces ménacées, comme le lamantin d'Afrique.
- BII insiste que DP World avait réalisé une évaluation des impacts environnementaux et sociaux en 2017, conformément aux exigences juridiques de la RDC, laquelle n’avait identifié que des « impacts directs et indirects limités sur la flore et la faune.
British International Investment (BII), l’organisme britannique d’aide au développement et investisseur à impact, a récemment annoncé qu’il investirait jusqu’à 35 millions de dollars dans un projet controversé de port en eau profonde, en République démocratique du Congo (RDC). Des défenseurs de l’environnement ont déjà averti que ce projet pourrait porter atteinte à des habitats côtiers critiques et des zones de nidification des tortues au Congo.
Le projet du port de Banana, dans la petite ville du même nom de la province du Kongo-Central, deviendrait le premier port de RDC capable d’accueillir les plus grands navires porte-conteneurs de marchandises. Le projet est une collaboration entre le gouvernement de la RDC et DP World, une entreprise de logistique et d’exploitation portuaires basée à Dubaï, et son coût est estimé à plus d’un milliard de dollars. Il fait l’objet de plusieurs polémiques.
En 2018, les « Banana Port Papers » de la PPLAAF (Plateforme de protection des lanceurs d’alerte en Afrique) détaillaient de sérieuses allégations de corruption autour des premières négociations entre le gouvernement de la RDC et DP World. Celles-ci incluaient le manque de transparence, ainsi que des tractations qui enrichiraient des politiques comme l’ancien président Joseph Kabila.
Les défenseurs de l’environnement et les gardes de la nature ont également exprimé des inquiétudes, quant aux impacts environnementaux potentiels du projet, notamment l’érosion côtière liée à la construction du port et les impacts sur les habitats d’espèces menacées. Le port se trouve à proximité du parc marin des mangroves, qui abrite des espèces comme le lamantin d’Afrique (Trichechus senegalensis). La zone comprend également des sites de ponte des tortues olivâtres (Lepidochelys olivacea).
« Il est vraiment déplorable, que de l’argent britannique destiné à l’aide au développement soit versé dans un projet, qui bénéficiera au bout du compte à une entreprise très problématique et très prospère », a écrit Nick Dearden, directeur de l’organisation caritative Global Justice Now basée au Royaume-Uni, dans un courriel à Mongabay. DP World et sa filiale, P&O, ont été accusés de pratiques préjudiciables aux travailleurs.
« Malheureusement, cela ne me surprend pas », a ajouté Dearden. « Le modèle entier de BII confond “développement” et “favorisation des profits des grandes entreprises”. Bien sûr, la réalité est bien différente, les grandes entreprises tirent souvent abusivement bien plus de profits que la valeur qu’elles investissent dans un pays. »
Un porte-parole de BII a dit à Mongabay que l’institution avait fait des « vérifications préalables sur les questions d’intégrité, notamment sur les allégations formulées dans les Banana Port Papers, qui, selon BII, contenaient de nombreuses lacunes et de nombreux défauts évidents ».
Il a ajouté qu’en 2017, DP World avait réalisé une évaluation des impacts environnementaux et sociaux (EIES), conformément aux exigences juridiques de la RDC, laquelle n’avait identifié que des « impacts directs et indirects limités sur la flore et la faune ».
« Compte tenu du temps écoulé depuis cette étude initiale, DP World a commencé à réaliser un ensemble d’études environnementales et sociales supplémentaires, en collaboration avec un consultant international de premier plan », a dit le porte-parole.
Toutefois, Dearden a déclaré que les modèles d’investissement de BII devaient être réévalués.
« La RDC est un pays qui a été saigné à blanc par les pays occidentaux et leurs entreprises. Il est indispensable de briser les relations néocoloniales, et je doute que cela se produise en versant de l’argent destiné à l’aide au développement dans les projets de grandes entreprises ».
Image de bannière : Une tortue olivâtre, par Brad Flickinger via Wikimedia Commons (CC BY 2.0
Cet article a été publié initialement ici par l’équipe de Mongabay Global le 30 août 2024.