- Madagascar abrite une richesse exceptionnelle en biodiversité. Mais le pays, classé le deuxième le plus pacifique de l’Afrique subsaharienne, est devenu de plus en plus dangereux pour les défenseurs de la nature.
- Le Vice-président d’une association locale, qui protège la forêt à Beparasy, a été odieusement tué le 22 juin dernier. Un autre drame similaire a frappé, en juin 2022, le président d’une association analogue de la même localité.
- Les protecteurs de la nature à Madagascar en général font de plus en plus face à des défis de taille liés aux intimidations, représailles, violences et manque de protection juridique. L’Etat doit prendre des mesures drastiques pour endiguer le fléau.
- Les communautés, sur le front, sont faiblement armées pour résister aux destructeurs de l’environnement. La cohésion de tous, sans exception, dans le but de faire sauter les barrières, est nécessaire.
ANTANANARIVO, Madagascar — Les défenseurs de l’environnement, les militants écologistes et les lanceurs d’alerte environnementaux à Madagascar – un des hotspots de la biodiversité mondiale – sont de plus en plus à la merci des agressions et des tracasseries de tout acabit. De temps à autre, l’effort de conservation de la nature et de gestion durable des ressources vire au drame pour certains, tandis que d’autres sont en proie à des ennuis potentiels de façon permanente.
Plus souvent, les membres de la communauté à la base ou VOI et les agents sur le terrain sont les plus exposés dans le pays qui, selon la dernière édition de l’Indice mondial de la paix, est le deuxième le plus pacifique d’Afrique subsaharienne. A la longue, la recherche sur sa riche faune et flore, dont le résultat aide à mieux la connaître pour mieux orienter les stratégies de conservation au profit du développement durable, pourrait être compromise si la tendance actuelle perdure.
En effet, le 23 juin dernier, le corps sans vie de Raymond Rakotoarisoa, Vice-Président de la VOI Manampisoa à Ankazondandy Beparasy, district de Moramanga, sur les hautes terres orientales malgaches, a été retrouvé dans la forêt. Le cadavre, gisant auprès de celui d’un zébu, a montré une dizaine de coups de couteau. Selon le rapport de la gendarmerie, la victime aurait eu affaire à d’impitoyables voleurs de zébus, semant la terreur en brousse.
La plateforme Tafo Mihaavo (Réseau des communautés gestionnaires des ressources naturelles à Madagascar), fédérant 657 des VOI sur l’île, nuance. Selon cette entité, Rakotoarisoa s’est absenté de son domicile, samedi 22 juin, au motif de patrouiller dans la forêt avec d’autres hommes. Puis, il a été porté disparu. « C’est là qu’il a été sauvagement tué », dit Louis de Gonzague Razafimanandraibe, Président national de Tafo Mihaavo. La recherche active des criminels s’est enclenchée dans l’immédiat.

Le drame de 2022
C’était toujours à Ankazondandy Beparasy que le Président de la VOI Mialo Henri Rakotoarisoa, 70 ans, a été odieusement assassiné le 2 juin 2022. Le crime a fait réagir l’ambassade des Etats-Unis et l’Agence de développement USAID, l’ambassade du Royaume-Uni, la délégation de l’Union européenne, la Coopération allemande GIZ, l’Agence française de développement (AFD) et le Programme des Nations-Unies pour le développement (PNUD), qui forment ensemble le groupe de partenaires techniques et financiers de l’environnement.
« Le crime environnemental à Madagascar est monté d’un cran en violence, puisqu’un des leaders des communautés de base, menant les combats au front de manière incessante contre les trafics des ressources naturelles et des espèces sauvages, y a perdu la vie. Nous condamnons vivement ces crimes, violences et toutes formes d’intimidation à l’encontre des personnes et groupements œuvrant pour la préservation des ressources naturelles de Madagascar », a alors déclaré le groupe de partenaires techniques et financiers de l’environnement dans un communiqué conjoint du 13 juin 2022.
« Nous soutenons la voix des communautés et faisons appel aux autorités compétentes malagasy à mener une enquête approfondie et transparente sur cette odieuse affaire, traduire en justice les criminels, leur donner des sanctions exemplaires, et, surtout à renforcer la protection des personnes et groupements menant le combat noble, contre les trafics des ressources naturelles dans la Grande île », a insisté le groupe cité plus haut.
Le double meurtre lié à la protection des biens communs à Beparasy depuis 2022 est tout de même une partie émergée de l’iceberg. Le 23 mai dernier, Sidany, Président de la VOI Ravinala à Andramy Matsakabanja, district de Mitsinjo, nord-ouest de l’île, a reçu un coup de machette en pleine figure et tête, alors qu’il était sur le chemin de retour du marché hebdomadaire.
Son organisation fait partie d’une plateforme de sept VOI côtières dédiées à la protection et à la gestion durable des ressources naturelles dans le cadre de l’extension d’un projet trisannuel baptisé « Côte verte dans l’ouest de Madagascar » de l’ONG Asity Madagascar, gestionnaire de l’aire protégée baptisée Complexe Mahavavy-Kinkony ou CMK (268 236 ha). « La plateforme a établi un pacte interdisant formellement l’utilisation de sennes de plage. A cet effet, Sidany s’est chargé lui-même de sensibiliser les pêcheurs au niveau de chaque village », explique Tahina Razafindralambo, Coordonateur de cette aire protégée.
La victime, maintenant en convalescence, est loin d’être en mesure de retourner au travail alors que son agresseur est toujours en cavale. Un tel incident s’est, pour la première fois, produit sur les sites gérés par l’ONG Asity Madagascar, qui s’oblige à réviser son plan de gestion de risques, afin de prévenir toute autre éventualité.
Le refus d’obtempérer, transformé en violence physique, a fait des dégâts matériels à Andranokoditra Ambinaninony, district de Brickaville, sur le littoral Est. Le 6 juin aux environs de minuit, des inconnus ont incendié la cuisine de l’hôtel d’un couple franco-malgache qui, de concert avec la communauté, protège, depuis des années, la forêt classée de Vohibola (environ 2 000 ha), qui jouxte sa propriété privée dans un coin d’une beauté de rêve.
Véritable sanctuaire de la nature en raison de sa grande richesse biologique, le site naturel subit continuellement de fortes actions anthropiques à cause de la coupe illicite de bois, de la carbonisation, du braconnage, de la chasse des animaux sauvages et des squatters intrépides. La Présidente de l’association Razan’ny Vohibola, Angélique Annie Razafindrazoary, à la fois propriétaire de l’établissement hôtelier visé, est aussi une activiste environnementale réputée pour son courage et sa détermination. L’organisation basée à Andranokoditra Ambinaninony gère, depuis des années, la forêt de Vohibola avec le ministère de l’Environnement et du Développement durable (MEDD).
Au fil des années, l’équipe de Razafindrazoary et elle-même essuient des intimidations et des menaces de mort, outre les harcèlements judiciaires et les iniquités en dépit de l’appui des organisations comme l’Initiative pour le développement, la restauration écologique et l’innovation (INDRI), la Transparency International-Initiative Madagascar (TI-MG), la Front Line Defenders, l’Amnesty International, l’Alliance Voahary Gasy (AVG) – la plateforme des organisations de la société civile (OSC) malagasy œuvrant pour l’environnement – et même du gouvernement.
Les trafiquants et leurs complices mènent la vie dure aux membres de l’association. Le 24 juin 2022, le jeune agent de patrouille Mickaël Stenor, a été assassiné au bord d’un plan d’eau, sans que ses bourreaux aient été arrêtés pour répondre de leur acte. Quatre autres collaborateurs ont aussi été injustement jetés en prison en 2023. Avant eux, deux notables, tous responsables directs de l’association, étaient en juillet 2019 à deux pas de franchir la porte de la prison.

L’impunité, dont ont joui les auteurs des infractions et crimes à Vohibola, a amené Amnesty International à adresser une lettre en faveur des défenseurs des droits humains à la Ministre malgache de la Justice, Landy Mbolatiana Randriamanantenasoa, le 21 juillet 2023. Moins d’un mois plus tôt, un atelier sur la protection des lanceurs d’alerte environnementaux à Madagascar s’est tenu, à Antananarivo, le 29 juin 2023.
Mongabay a demandé au ministère la suite donnée au courrier d’Amnesty International. Mais il est difficile d’en trouver les traces. Les ennuis de Razafindrazoary et son équipe continuent. Les pilleurs de la forêt de Vohibola agissent toujours en toute impunité. L’activiste partagera son expérience et parlera au monde entier sur ce qui se passe sur la Grande île à la Plateforme de Dublin 2024 pour les défenseurs des droits humains en danger, qui se déroulera dans la capitale irlandaise, du 23 au 25 octobre prochain. Front Line Defenders l’a invitée à ce rendez-vous important. Avant cela, elle participera également au forum dédié, entre autres, à la protection des lanceurs d’alerte et des défenseurs de l’environnement que la TI-MG organisera à Antananarivo du 13 au 14 août prochain.
Les fonctionnaires du MEDD ne sont pas épargnés, non plus. L’agression d’un agent forestier grièvement blessé, en pleine forêt par des trafiquants, à Mananara Avaratra, nord-est de l’île, au mois d’avril, revient régulièrement dans les propos du jeune patron du MEDD Max Andonirina Fontaine. Le haut responsable étatique appelle ainsi à la solidarité autour des protecteurs de l’environnement. « L’Etat ne tolérera jamais toute violence envers eux », a-t-il mis en garde au début de juillet.
La dangerosité de la situation sur le terrain doit pousser à des actions plus énergiques. Vers fin juin, Léon Rafamantanantsoa, deuxième Adjoint au Maire de la Commune rurale de Morarano Gare, district de Moramanga, a signalé la présence de hordes d’individus, qui défrichent de grandes parcelles de forêt naturelle, dans sa circonscription. « D’après mes informations, les délinquants menacent d’achever, sur-le-champ, quiconque viendrait les ennuyer », dit-il à Mongabay.

Des responsables ont été mis au courant de ce fait. « Il est facile de résoudre ce problème si l’Etat prend sa responsabilité. A mon avis, si les délinquants osent parler ainsi, ils se comportent comme s’ils étaient des bandits et l’armée doit sévir contre eux afin de pouvoir démanteler leurs réseaux et endiguer à temps, l’éventuelle extension de ce phénomène à d’autres régions », suggère l’éminent ornithologue, Pr René de Roland Lily-Arison, Directeur de The Peregrine Fund Madagascar.
Les défenseurs de la nature sur l’île font face en effet à la multiplication de menaces, de représailles et de harcèlements. « Je voyage beaucoup à travers l’île pour rendre visite à nos membres. Beaucoup reçoivent des menaces de temps en temps. La situation actuelle est peu rassurante à cause de l’ampleur de la pauvreté. Une explosion sociale est à craindre », raconte Razafimanandraibe. Le risque d’embrasement est élevé, étant donné le mécontentement général qui couve. Les uns protègent, tandis que les autres détruisent. « Chez nous, l’habitude est de tout brûler pour évacuer la colère », ajoute-t-il.

Le Madagascar National Parks (MNP), l’organisme étatique chargé de gérer un réseau de 43 parcs nationaux, réserves spéciales et réserves naturelles intégrales, fait le même constat. « Aucun de nos agents sur le terrain n’a été victime d’agression physique cette année. Mais ils sont constamment sous la menace », dit Ollier Andrianambinina, Chef de département communication et système d’information chez MNP. Ses agents sont équipés d’armes blanches durant les patrouilles souvent organisées avec les forces de l’ordre.
Les périodes électorales compliquent les choses. L’AVG a tiré sur la sonnette d’alarme avant le premier tour de la présidentielle du 16 novembre 2023 et, encore une fois, avant les législatives du 29 mai. A l’occasion de la COP28 en décembre 2023, l’organisation a aussi appelé à la cessation de l’oppression politique sur les activistes environnementaux à Madagascar.
L’ampleur des trafics d’espèces sauvages de ces derniers mois semble lui donner raison. Durant le premier semestre de l’année en cours, 26 cas de trafics concernant 5 383 tortues, 48 lémuriens et des centaines de baobabs nains ont pu être interceptés sur le territoire, selon un communiqué conjoint du MEDD et de l’AVG du 1er juillet. Le pays doit encore organiser les communales/municipales d’ici à novembre et la situation politique, en vue de ces scrutins, créera des circonstances plus inquiétantes, d’après Tafo Mihaavo.
Aucune reconnaissance ni appui
Aux yeux de Natural Justice, les défenseurs de la nature malgaches se battent seuls. « Le combat est dur pour eux. Mais ils n’obtiennent en retour aucune reconnaissance ni appui. Nous exhortons toujours les autorités à considérer leur contribution à la protection de l’environnement et à la conservation de la biodiversité », dit à Mongabay dans un message privé Stefana A. Raharijaona, Responsable du programme pour le hub francophone de cette organisation à Madagascar. « Nous tiendrons bientôt une réunion sur les faits récents », ajoute-t-il.
Pr Nirhy Rabibisoa, Enseignant-Chercheur à l’université de Mahajanga, dans le nord-ouest de Madagascar, insiste sur le rôle de l’Etat, qui doit, à son avis, prendre des mesures drastiques. Les campagnes de sensibilisation s’avèrent inefficientes à ses yeux. « La loi doit stipuler que tout destructeur de l’environnement est qualifié d’ennemi de la nation et sera pourchassé comme c’est le cas au Kenya, par exemple ; car on y prend conscience de la vitalité de l’industrie du tourisme lié à la nature », dit le Biologiste qui met aussi l’accent sur l’éducation environnementale des enfants dès le bas âge et la lutte contre la pauvreté.
En 2017-2018, les OSC et la TI-MG ont élaboré un projet de loi soulevant la situation problématique des lanceurs d’alerte. La mouture a été soumise au Parlement pour son éventuelle adoption, qui tarde à se réaliser, malgré les appels insistants. Tant qu’il n’y a pas de changement notable, les défenseurs de la nature, les lanceurs d’alerte et les militants écologistes continuent de devoir faire face à des défis de taille : intimidations, représailles, violences, manque de protection juridique.
Par le passé, beaucoup ont payé un lourd tribut à la tentative d’empêcher des atteintes aux ressources naturelles. En 2017, Clovis Razafimalala, Coordonnateur de la coalition Lampogno à Maroantsetra, dans le nord-est du pays, a été condamné à 5 ans de prison avec sursis après 10 mois de détention préventive, pour avoir dénoncé un trafic de bois précieux.
Le traitement similaire, à des degrés variés, était en 2017-2018 réservé à l’activiste Raleva Rajoany, Représentant local de l’organisation d’obédience catholique Justice et Paix basée à Antananarivo, pour avoir osé remettre en cause des extractions aurifères jugées illégales à Mananjary, dans le sud-est de l’île. Il a fait face de nouveau à la justice en 2020. Les associations environnementales apprendront avec affliction le décès de ce défenseur des droits humains plus tard. Bien d’autres sont encore entre les griffes de la justice en ce moment, affirment les OSC.
Des arrestations tout de même
Le meurtre du Vice-président de la VOI, Manampisoa à Ankazondandy Beparasy, en juin dernier, a donné lieu à trois arrestations. Deux suspects ont été placés en détention préventive à Moramanga, après leur déferrement au parquet le 4 juillet. « Un autre a été sous contrôle judiciaire après la première comparution devant le juge d’instruction. La recherche de toutes les autres personnes impliquées dans le crime se poursuit », a dit à Mongabay Aina Rabearisoa, Procureur de la République près le Tribunal de première instance de la ville.
La zone de Moramanga constitue l’un des centres névralgiques du saccage de l’environnement à Madagascar. Aux dernières nouvelles, toutes les ONG œuvrant pour la protection de l’environnement dans la circonscription, les autorités publiques, l’administration forestière locale et les forces de l’ordre regroupées au sein de l’Organe mixte de conception, présidé par le Chef de district, révisent ensemble leur coopération. « Un atelier aura lieu bientôt afin d’élaborer une stratégie efficace pour lutter contre les pressions sur les aires protégées de Moramanga », a ajouté Rabearisoa.
Le manque de solidarité des protecteurs de l’environnement et la tendance à tout concentrer dans la capitale sont, quand même, pointés du doigt. « Nous sommes unis sans être solidaires. Le malheur qui arrive aux uns est devenu une opportunité de recherche de financement pour les autres. Tous les appuis se concentrent à Antananarivo et parviennent rarement aux vrais protecteurs sur le front », dit Razafimalala, dans un message privé à Mongabay.
Selon toujours ses dires, les délinquants environnementaux défient expressément les communautés à la base, quel que soit le degré de leur implication, car celles-ci ne sont pas suffisamment protégées. « Même si le projet de loi sur les lanceurs d’alerte passe, la nouvelle loi subséquente ne protégera pas. Elle sera comme toutes les autres, inappliquées sans la réelle solidarité des défenseurs de l’environnement », anticipe le militant écologiste.

Il déplore également le peu d’attention accordée par le gouvernement à l’environnement. « Ils vantent la beauté de la nature à Madagascar. Mais ils ne s’en soucient pas. L’environnement est juste un argument de demande de fonds étrangers », dit-il avant de lâcher : « L’absence de mesures d’accompagnement rend encore plus malaisée la tâche des VOI. On n’en savait pas trop des destinations exactes des crédits carbone, alors que les gens savent que des flux financiers existent ».
Entre autres, Razafimalala veut en venir par-là à la non réparation de vétustes infrastructures agricoles qui contribuent à l’amélioration des sources de revenus des habitants pour faire baisser les pressions humaines sur les ressources naturelles. « Cela relève de l’attribution gouvernementale et non de celle des VOI. Quand l’Etat faillit à ses missions, les VOI et les gestionnaires des aires protégées sont accusés de tous les maux et de tous les mots. De plus, les dirigeants locaux ne se sentent pas responsables vis-à-vis de l’environnement pour prendre en main la protection de celui-ci », dit-il à Mongabay.
Madagascar, qui représente 0,4 % des terres émergées de la planète, abrite environ 5 % de la biodiversité mondiale. A la protection de cette richesse unique au monde, est associée la communauté locale suivant le principe de gestion locale sécurisée (GELOSE) ou de gestion contractualisée des forêts, introduites dans la législation malgache, depuis les années 1990.
Des voix s’élèvent aujourd’hui pour en demander la révision pour plus de protection des VOI. Les participants à l’atelier sur la protection des lanceurs d’alerte environnementaux à Madagascar, organisé à Antananarivo le 29 juin 2023, ont attiré l’attention sur le besoin impérieux d’organiser un mouvement de masse autour de la loi GELOSE afin de mettre en avant les personnes qui subissent des pressions parce qu’elles militent en faveur de la nature.
Selon le MEDD, le pays a plus de 9 millions d’hectares d’aires protégées, soit 15 % du territoire, plus de 4 millions d’hectares sous l’autorité du transfert de gestion des ressources naturelles et plus de 2 millions d’hectares de zones humides, selon la Convention Ramsar. Outre la surveillance de la faune et de la flore ainsi que la conservation pure, l’appui au développement et la promotion de l’écotourisme se déploient sur ces sites.
L’implication de la communauté est indispensable pour compenser le manque de ressources humaines affectées à la gestion des sites naturels du pays, qui compte un agent pour 20 000 ha de forêt alors que la norme est de 2 000 ha de forêts pour un agent, selon la révélation du MEDD, à l’occasion de la Journée nationale des forestiers célébrée à Antananarivo le 24 juin dernier. Mais l’engagement de la communauté est parfois au péril de ses membres, face à certains agissements et faute de protection suffisante.
La situation chaotique des protecteurs de la nature à Madagascar intrigue les chercheurs, dont la contribution à l’enrichissement de la connaissance de la biodiversité est indispensable, même si aucun d’eux n’a été victime de tragédie au cours des expéditions dans les différentes localités. Seulement, ils prennent la précaution de se faire escorter par des forces de l’ordre durant leurs périples, sinon coopèrent directement avec des groupes dangereux comme les bandits et les planteurs de cannabis infestant les zones à explorer afin de prévenir les ennuis tout au long du séjour sur le terrain, à en croire le biologiste Rabibisoa. Les chercheurs, en provinces se plaignent aussi de l’impératif d’une foultitude d’avis favorables d’Antananarivo à tous les coups avant toute mission sur le terrain.
Ndranto Razakamanarina, Président de l’AVG, en appelle à la cohésion de tous sans exception, dans le but de faire sauter les barrières. L’enjeu est de taille. Le MEDD est actuellement en train de démanteler un réseau de trafic international organisé de faune et flore sauvage. « Le ministère a besoin du soutien de tous : la gendarmerie nationale, la police nationale, le ministère de la Justice, le ministère de la Décentralisation, les gardes côtes, les journalistes, etc. Il s’agit de notre richesse commune. Unissons alors nos forces pour la fierté de notre pays », a-t-il déclaré en conférence de presse le 1er juillet dans le cadre de la lutte conjointe du gouvernement et des OSC contre les trafics des espèces sauvages à Madagascar.
Image de bannière : Des membres de la communauté et des gendarmes qui ont fait le point sur le terrain à la suite du meurtre du militant écologiste Raymond Rakotoarisoa à Ankazondandy Beparasy le 23 juin 2024. Image de Tafo Mihaavo.