- Au Malawi, les technologies solaires hors réseau sont utilisées pour fournir de l'électricité aux zones qui ne sont pas raccordées au réseau traditionnel ;
- Le flux de déchets toxiques qui en résulte augmente rapidement dans les régions qui ne disposent pas de l'infrastructure nécessaire pour gérer les déchets électroniques en toute sécurité
- En Afrique en général et au Malawi en particulier, l'absence d'infrastructures formelles de gestion des déchets présente des risques majeurs pour la santé humaine et l'environnement
Dans une étude menée au Malawi sur les pratiques de gestion des déchets des technologies solaires hors réseau, les chercheurs de l’université de Manchester ont découvert des quantités de pollution au plomb potentiellement mortelles dues à des déchets de batteries mal gérés.
L’étude a découvert que : « Les activités informelles courantes de recyclage des batteries plomb-acide utilisées dans les systèmes d’énergie solaire ont été enregistrées comme libérant 3,5 à 4,7 kg de pollution au plomb pour une batterie typique, ce qui équivaut à plus de 100 fois la dose létale de plomb par voie orale pour un adulte ».
Ainsi, les technologies solaires hors réseau sont utilisées pour fournir de l’électricité aux zones qui ne sont pas raccordées au réseau traditionnel et sont essentielles pour étendre l’accès à l’électricité dans toute l’Afrique subsaharienne. Dans ces pays, les systèmes d’énergie solaire hors réseau à l’échelle des ménages dépendent principalement des batteries plomb-acide, qui constituent la technologie de stockage de l’énergie la plus abordable et la mieux établie.
C’est pourquoi, ces scientifiques avertissent toutefois que « l’absence d’infrastructures formelles de gestion des déchets présente des risques majeurs pour la santé humaine et l’environnement et demandent instamment aux gouvernements d’intervenir immédiatement ».
En effet, Dr Kinally a déclaré que le marché privé des produits solaires hors réseau est un moyen très efficace d’accroître l’accès à l’électricité, ce qui est crucial pour le développement durable. Cependant, le flux de déchets toxiques qui en résulte augmente rapidement dans les régions qui ne disposent pas de l’infrastructure nécessaire pour gérer les déchets électroniques en toute sécurité. « Si l’on ne développe pas les infrastructures, la législation et l’éducation autour de ces technologies, il existe de graves risques pour la santé publique. D’importantes interventions sociales, économiques et législatives sont nécessaires pour que ces produits solaires soient considérés comme une technologie sûre et à faible émission de carbone en Afrique subsaharienne ».
Interrogé par Mongabay, Dr Moussa Soulé, Environnementaliste, Enseignant chercheur au département de Biologie, Faculté des Sciences et Techniques, Université Dan Dicko Dankoulodo de Maradi, Niger a expliqué que « la Pollution au plomb est dangereuse sur toutes les composantes biologiques de l’environnement. Le plomb est dangereux pour la santé des humains car une fois ingéré, il peut provoquer plusieurs troubles tels que les troubles digestifs, troubles de la fonction rénale. Ce sont des batteries qui contiennent des plombes et sont utilisées pour stocker de l’énergie dans ce pays. L’étude a clairement indiqué que ces batteries sont mal gérées en Afrique. De mon côté, je la trouve intéressante en termes de contribution car elle alerte les politiques surtout que le plomb est toxique, son exposition peut affecter l’état de santé psychique des enfants ».
Pour les chercheurs, les pratiques informelles de gestion des déchets toxiques sont courantes pour les batteries automobiles et les déchets électroniques dans les pays à revenu faible et intermédiaire, mais les incidences de ces pratiques sur l’environnement et la santé ont été largement négligées. Aujourd’hui, les efforts déployés pour promouvoir le développement durable et l’accès à l’électricité viennent s’ajouter à ces flux de déchets qui mettent la vie en danger.
Il a découvert que les piles sont brisées à l’aide de machettes, que le plomb est fondu sur des fourneaux à charbon et que des piles au plomb improvisées sont fabriquées à la main. Au cours de ce processus, environ la moitié du plomb contenu dans chaque pile s’échappe dans l’environnement, libérant l’équivalent de plus de 100 doses orales mortelles de plomb provenant d’une seule pile dans des communautés densément peuplées. Il s’agit des premières données quantifiant la pollution par le plomb résultant du recyclage informel des batteries plomb-acide des systèmes d’énergie solaire.
Le plomb est une neurotoxine puissante, et l’on sait que de très faibles niveaux d’exposition au plomb ont un impact permanent sur le développement du cerveau de l’enfant. L’UNICEF a estimé que 800 millions d’enfants dans les pays à revenu faible et intermédiaire souffrent d’empoisonnement au plomb.
Mahamadou Djibrilla Alio Sanda, Docteur en Énergie et changement climatique a précisé à Mongabay que : « c’est une étude nécessaire vue son objectif et le contexte de protection de l’environnement, de l’amélioration de cadre de vie. Les conclusions sont objectives bien que les améliorations sur les données de l’étude soient nécessaires afin de tirer de meilleures conclusions et perspectives ou recommandations ». Pour lui, de tels problèmes environnementaux se passe dans le marché de katako avec les recycleurs des batteries et autres métaux (les ferrailleurs). Il serait important de conduire des recherches similaires pour le cas du Niger.
Cette pollution au plomb généralisée est en grande partie due à une mauvaise gestion des déchets de batteries automobiles et devrait avoir des répercussions sanitaires et économiques considérables dans l’ensemble du Sud, mais elle continue d’être négligée.
Des publications antérieures de l’équipe de recherche soulignent également que le marché privé de l’énergie solaire hors réseau souffre d’un manque général de responsabilité de la part des fournisseurs et que les produits solaires hors réseau de qualité inférieure, de courte durée et contrefaits se sont avérés courants au Malawi, exploitant les populations vulnérables pauvres en énergie.
Pour conclure, Dr Moussa Soulé, Environnementaliste, recommande qu’au Niger, la loi cadre réglementant les déchets plastiques, il recommande que les pays de l’Afrique de l’ouest mènent une telle étude pour évaluer comment les déchets électroniques sont gérés dans ces pays. Aussi, « il préconise d’initier l’éducation environnementale ; Créer des points pour collecter ces déchets ; il faut encadrer et former les sociétés qui font le recyclage informel et créer des sociétés formelles pour recycler ».
La pollution plastique crée des pertes de biodiversité dans le barrage de Tanghin à Ouagadougou
Image de bannière : L’absence d’infrastructures formelles de gestion des déchets présente des risques majeurs pour la santé humaine et l’environnement et demandent instamment aux gouvernements d’intervenir immédiatement. Image avec l’aimable authorisation d’Adobe stock.