- La déforestation au Togo atteint des niveaux alarmants, avec une perte annuelle de 3700 hectares de forêts, principalement due à des pratiques agricoles non durables et à l'exploitation illégale du bois, compromettant la biodiversité et le développement durable du pays.
- Grâce à la mobilisation des villageois, des autorités locales et surtout des élèves du Lycée d'Amou-Oblo, 20 hectares ont été reboisés à Amou-Oblo. La création de clubs “Forestiers du Monde" a joué un rôle crucial, quant à la sensibilisation et l'implication des jeunes.
- Guidés par leur amour pour leur terre natale, des jeunes menés par un maraîcher, ont planté plus de 10000 arbres à Koutoukpa. Leur engagement a permis de transformer le paysage et de redonner vie à la région.
La reforestation est en marche à Amou-Oblo, village d’environ 40 000 habitants situé à environ 35 kilomètres d’Atakpamé dans la préfecture d’Amou, région des plateaux. L’implication des villageois, des autorités traditionnelles et locales, et surtout des élèves du Lycée d’Amou-Oblo, a permis de reboiser progressivement, au cours de l’année scolaire 2020-2021, une superficie totale de 20 hectares, soit environ 28 terrains de football. « C’est l’appui de ces jeunes, l’appui communautaire, qui a fait que nous avons obtenu ce résultat satisfaisant.
S’ils ne s’étaient pas impliqués, on va mettre les arbres en terre, mais à l’arrivée, on ne pouvait pas avoir le résultat », témoigne Dermane Wagbé Chapo, Chercheur et Chef de programme de l’ONG “Forestiers du Monde Togo”, qui estime le taux de réussite à 75 %. Démarré en 2021, ce programme, financé et exécuté par l’organisation non gouvernementale, a abouti à la création de clubs ”Forestiers du Monde” dans le lycée de la Commune de Amou-Oblo et permis de sensibiliser les jeunes à l’importance de la reforestation et de les impliquer activement dans la plantation d’arbres.
La création des clubs “Forestiers du Monde”, dans les établissements scolaires, a joué un rôle déterminant dans la sensibilisation des jeunes à l’importance de la reforestation et leur implication active dans la plantation d’arbres. « C’est sûr que ces jeunes-là peuvent encore faire 2 à 3 ans dans la localité, c’est notre force », dit Dermane Wagbé Chapo.
De jeunes maraîchers redonnent vie à la forêt disparue
Koutoukpa, village situé dans la commune d’Amlamé, dans la préfecture d’Amou et à environ 18 kilomètres d’Atakpamé, connait également une reforestation progressive sous le regard nostalgique de Essé Koffi Victor, un sexagénaire, encadreur agricole à la retraite. Il se remémore l’époque où le village était encore bien couvert par la forêt. « Toute cette partie du village était une forêt », a-t-il dit, indiquant des espaces en cours de reboisement dans le village.
Selon lui, les causes de la disparition de la forêt sont essentiellement humaines. « Pour pouvoir agrandir leurs champs, ils {Ndr : les paysans} étaient obligés de couper les arbres . Donc, ils coupaient volontairement les bois comme ça ». Une affirmation confirmée par un agriculteur de Koutoukpa qui a requis l’anonymat.
Ces pratiques agricoles non durables et l’exploitation illégale du bois, entraînant perte de biodiversité, érosion des sols et désertification, font perdre, chaque année, au Togo 3700 hectares de forêts, soit plus de 5 millions d’arbres, selon le ministère de l’Environnement. Cette déforestation, touchant 4,14 % du territoire national, menace gravement la biodiversité et le développement durable du pays.
Pour inverser cette tendance à Koutoukpa, un jeune maraîcher , confronté aux problèmes de la rareté de la pluie, a pris l’initiative de reboiser le village avec l’aide d’autres jeunes. Guidés par leur passion pour leur terre natale, ils ont planté, depuis deux ans, plus de 10 000 arbres, transformant progressivement le paysage et redonnant vie à cette partie de la montagne. « Nous avons décidé, depuis deux ans, de reboiser, non seulement notre champ, mais aussi toute la partie de la montagne dans notre village », a affirmé Komi Bosso, jeune maraîcher à Koutoukpa.
Pour une meilleure efficacité, ils travaillent aussi à entretenir les plants existants et à sensibiliser les autres agriculteurs avec l’appui du sexagénaire. « Il y a toujours des profanes qui connaissent mal l’utilité et les avantages que les bois nous apportent. Donc, on va souvent les approcher pour les sensibiliser », témoigne Essé Victor Koffi. Justement, ces actions sensibilisent des paysans qui s’engagent à planter des arbres. « Je ne savais pas qu’il ne fallait pas couper les arbres; maintenant, si je coupe, je sais que je dois planter un autre à sa place », confie l’agriculteur.
Les projets d’Amou-Oblo et de Koutoukpa montrent, non seulement, la voie à suivre pour une reforestation durable et un développement harmonieux au Togo, comme dans d’autres pays, mais essentiellement que les efforts pour une reforestation efficace peuvent aussi partir de l’engagement communautaire et de la sensibilisation éducative.
Ils mettent en exergue la capacité des populations locales à prendre en main leur avenir environnemental et à contribuer activement à l’objectif national de porter le couvert forestier à 25 % d’ici 2025. Pour garantir la pérennité de ces efforts, il semble tout aussi impératif que cette mobilisation communautaire soit soutenue et encouragée. Comme le dit Essé Koffi Victor, « Si on peut trouver encore des gens, des volontaires comme moi, pour continuer à les sensibiliser sur les avantages que les bois nous
Comment un jeune maraîcher redonne vie à la montagne de Koutoukpa au Togo
Image de Bannière : Grâce à la mobilisation des villageois, des autorités locales et surtout des élèves du Lycée d’Amou-Oblo, 20 hectares ont été reboisés à Amou-Oblo. Image de Juste Edgard Midokpè AGBANOU pour Mongabay.