- D'après une étude récente, les plastiques bien que pratiques, affectent l’environnement notamment au Ghana.
- La mauvaise gestion des déchets plastiques cause des inondations et des problèmes de santé dans les pays de l’Afrique de l’ouest dont principalement le Ghana.
- Les chercheurs recommandent des mesures urgentes pour pallier à ce défi environnemental.
Une étude dirigée par Dr Amin Hosseinian-Far de l’université de Hertfordshire en Angleterre, publiée le 30 mai 2024 dans la revue Cambridge University Press, met en lumière les conséquences étendues de la pollution plastique en Afrique de l’Ouest, notamment au Ghana.
Les chercheurs ont constaté un manque crucial de données sur les effets de la pollution plastique en Afrique de l’Ouest, particulièrement au Ghana. Bien que des études aient été menées ailleurs, le Ghana nécessitait une analyse plus poussée. « Nous avons rassemblé les informations sur les principaux impacts de la pollution plastique et les avons alignées sur les trois aspects de la durabilité : environnemental, économique et social. Ensuite, nous avons utilisé une approche qualitative pour établir un cadre décrivant ces impacts spécifiques au Ghana », explique Hosseinian-Fa dans un entretien par courriel.
Les plastiques sont des matériaux utiles offrant des applications variées dans différents secteurs. Cependant, la production non durable de divers types de plastiques, en particulier les plastiques à usage unique, et leur faible valeur ont entraîné une quantité considérablement élevée de déchets plastiques. Ces déchets ont des effets négatifs énormes sur l’environnement, affectant à la fois le sol et l’eau, ainsi que sur l’économie et la société au sens large. Au Ghana, la pollution plastique a des répercussions profondes sur la santé publique, l’agriculture et les écosystèmes marins, tout en augmentant les coûts de nettoyage et en réduisant la productivité des pêcheries.
Les résultats de cette étude sont cruciaux pour l’élaboration de politiques efficaces visant à atténuer la pollution plastique au Ghana et dans l’ensemble de l’Afrique de l’Ouest.
Dr Mawaki Amanah, Sociologue environnemental et Directeur général du Centre d’enfouissement technique des déchets d’Aképé, situé à 5 km de Lomé, une structure étatique, fait le lien avec la situation actuelle de la gestion des déchets plastiques au Togo. Joint par téléphone, Amanah souligne que les déchets sont produits par plusieurs acteurs, tels que les ménages, les commerces, les industries et les administrations, avec les emballages plastiques (bouteilles, sachets d’eau, sachets des commerces) étant les plus visibles. Ces déchets, souvent jetés dans la nature par incivisme et manque de savoir-vivre en société, causent une pollution environnementale et sociale considérable.
Défis et impacts au Togo
Dr Tcha-Tom Mag-Adjoint, Expert en déchets et environnement au laboratoire Gestion Traitement et Valorisation des Déchets (GTVD) de l’université de Lomé, indique qu’au Togo, la gestion des déchets plastiques est un défi majeur. « La mauvaise gestion, le manque d’informations sur les effets négatifs et l’utilisation irresponsable de ces plastiques conduisent à leur rejet dans la nature. Le plastique pollue non seulement nos routes, nos forêts, mais aussi nos océans », dit-t-il dans un entretien à Mongabay au téléphone. Il évoque les impacts environnementaux et sanitaires des déchets plastiques au Togo, tels que le bouchage des caniveaux, le brûlage à l’air libre, les inondations, l’accentuation des crises asthmatiques chez les personnes sensibles et les maladies hydriques (choléra, paludisme, etc.).
Des solutions urgentes
Pour atténuer les impacts des déchets plastiques, la réglementation de 2011, qui interdit la production et l’importation des plastiques non biodégradables, ainsi que la décentralisation avec les directions des services techniques de chaque commune, constituent des mesures importantes.
Tcha-Tom souligne la nécessité de renforcer les capacités des méthodes et technologies existantes de traitement des déchets plastiques, telles que le recyclage et la transformation pour produire d’autres objets. « Il est essentiel de mettre en place des plans stratégiques pour atténuer les dommages liés à la mauvaise gestion de ces déchets », dit-t-il.
Hosseinian-Far et son collègue co-auteur de l’étude, Dr Oluwaseyi Omoloso, recommandent des initiatives politiques visant à interdire les plastiques à usage unique tout en encourageant le développement d’infrastructures, de systèmes et de politiques solides pour la gestion des déchets plastiques.
Tcha-Tom ajoute également qu’il est un impératif de donner aux communautés locales les moyens d’assurer un changement de comportement positif et d’accroître la sensibilisation. « En outre, la promotion de partenariats solides et l’engagement des parties prenantes avec les acteurs clés peuvent ouvrir la voie à une réduction significative des causes profondes de la pollution plastique et à la promotion de pratiques circulaires et de la gestion des déchets plastiques », dit-il.
« En adoptant une approche systémique et intégrée, le Togo peut non seulement réduire la pollution plastique mais aussi améliorer la santé publique, protéger l’environnement et stimuler l’économie locale », précise-il.
L’étude offre une feuille de route pour des actions concrètes, notamment l’interdiction des plastiques à usage unique et des collaborations régionales pour partager des solutions visant un avenir plus durable pour l’Afrique de l’Ouest.
Image de bannière : La production non durable de divers types de plastiques génère à terme beaucoup de déchets plastiques dont la gestion pose des défis énormes dans les pays ouest-africains notamment au Ghana. Image de Muntaka Chasant Via Wikimedia commons (CC BY-ND-4.0)
Citation :
Hosseinian Far, A., Laryea, E., Uba, C., Sarwar, D., Derrick, S., & Omoloso, O. (2024). Macro Impacts of Plastic Pollution in Ghana, Cambridge University Press, 1-19. https://doi.org/10.1017/plc.2024.18.