- La recherche scientifique est l’une des solutions dans la lutte pour la protection des océans de la biodiversité et le changement climatique.
- Les espaces marines constituent une source de revues importante pour les communautés qui doivent faire de la protection des océans une priorité.
- Les chercheurs doivent jouer pleinement leur rôle dans la protection des espaces maritimes.
- L’importance des océans dans la vie est capitale ? d’où la nécessité de les protéger.
Dans un article intitulé « Équilibrer la protection et la production dans la conservation des océans », John N. Kittinger détermine les leviers sur lesquels il faut agir pour mieux protéger et organiser la gestion des ressources océaniques. Pour y arriver, la contribution des scientifiques s’avère nécessaire.
« La conversation des océans est une priorité de survie, les bonnes pratiques doivent être divulguées », dit John N. Kittinger, Expert en économie marine à Conservation International. Kittinger et ses collègues font le constat que la communauté scientifique était en désaccord par rapport à la contribution de la science à la protection de l’économie bleue, en particulier la pêche. Ce qui a suscité de la part de John N. Kittinger un article qu’il apprécie lui-même : « L’article cherche à jeter un pont sur un domaine de recherche polarisé au sein de la communauté scientifique. A certains égards, il a été difficile d’être publié car nous avons été critiqués des deux côtés. Mes co-auteurs et moi-même avons fait de notre mieux pour présenter une vision équilibrée de cette problématique, qui, selon nous, est de moins en moins courante dans la communauté scientifique, et de plus en plus difficile à naviguer pour la communauté des praticiens ».
L’Expert estime que la recherche scientifique est l’une des solutions dans la lutte pour la protection des océans et les chercheurs doivent alors jouer leur rôle à travers des solutions scientifiques au regard de ce qu’il a appelé « les deux crises les plus urgentes que sont la perte de la biodiversité et le changement climatique ». « Ces crises jumelles peuvent donner lieu à des menaces différentes, qui nécessitent des stratégies différentes. Par exemple, la hausse des températures dans l’océan exerce une pression incroyable sur les récifs coralliens ». A en croire Kittinger, la science peut aider à intégrer des aspects de protection des océans pour une production durable.
« A mon sens, la réalité est que chaque communauté et chaque pays de la planète doit, à la fois, protéger et produire de manière durable, pour soutenir la biodiversité qui nous soutient tous, tout en soutenant également les moyens de subsistance vitaux et la sécurité économique que nous offre l’océan. C’est encore plus important en raison des dures réalités auxquelles nous sommes confrontés avec cette double crise de la biodiversité et du climat ». précise-t-il.
Equilibrer la protection et la production dans la conservation de l’océan, c’est contribuer à une bonne rentabilité économique pour les communautés des pays côtiers. David Yermakokou est un natif de la Commune de Sémé-kpodji, au sud-est du Bénin, un pays côtier de l’Afrique de l’Ouest. Depuis sa naissance, la pêche est son activité principale. Pour lui, l’importance des océans dans sa vie est capitale, d’où la nécessité de les protéger. « Pour nous qui vivons sur les côtes, les océans sont d’énormes richesses. Nous gagnons notre vie à travers des activités de pêche et de tourisme, ce qui nous apporte beaucoup en terme économique », dit-il.
Le jeune Béninois de 25 ans est aussi conscient des actions anthropiques qui contribuent à dégrader la mer, notamment l’exploitation du sable marin qui se pratique au quotidien à So-plage, lieu où il mène ses activités. « La maison dans laquelle nous vivons actuellement est à 500 m de la mer, ce qui veut dire que la dégradation a évolué. Face à cette dégradation, le gouvernement a ordonné l’arrêt de l’exploitation du sable marin, ce qui a diminué la vitesse de la dégradation » a dit Yermakokou.
En plus des actions du gouvernement, poursuit-il, les communautés vivant sur les côtes dans cette zone ont entrepris des initiatives de protection contre la dégradation de la mer. « Nous plantons des cocotiers et des filaos, car nous pensons qu’avec ces arbres, il sera difficile pour les vagues de les arracher si vite » a expliqué Yermakokou.
Les pays sahéliens doivent s’impliquer dans la protection des océans
Dans les pays sahéliens non côtiers, des structures contribuent à la lutte pour la conservation et la protection des océans. C’est le cas du Burkina Faso, un pays sahélien situé au cœur de l’Afrique de l’Ouest et qui a créé un service national des airs protégées rattaché au ministère de l’Environnement et de l’eau.
Selon Benoît Douamba, Directeur général de l’Office nationale des aires protégées du Burkina Faso, même si on n’a pas accès à la mer, il y a des accords avec beaucoup de pays pour la protection des aires maritimes. Le Burkina a participé à plusieurs conventions en lien avec les aires protégées et s’est engagé à respecter ses conventions avec ses pays voisins côtiers sur la question, dit-il.
« Nous avons signé la convention de Washington de 1973 relative à la protection et à la lutte contre le commerce international des espèces de faune et de flore menacées d’extinction », affirme Douamba. Selon ses explications, avec cette convention, le Burkina Faso a des relations avec des pays maritimes pour conserver et protéger les espèces marines.
D’ailleurs, le pays est consulté à plusieurs reprises afin de faire des propositions à certains pays côtiers pour la protection des espaces maritimes. Pour Douamba, d’une manière ou d’une autre, les pays sahéliens doivent contribuer puisqu’ils bénéficient de façon directe ou indirecte des retombées des océans.
« Les chercheurs burkinabè doivent contribuer à la protection de toutes les espèces vivantes, y compris les espèces maritimes. Cela devra se faire à travers des actions de formation scientifique, de contrôle, de publication de revues scientifiques sur la protection des espèces de façon générale, ce qui permettra d’éveiller les consciences sur les bonnes pratiques en matière de protection des ressources maritimes », a dit Douamba.
La protection des océans doit être une priorité pour les organisations intervenant dans ce domaine
L’objectif 14 de l’agenda 2030 des Nations Unies recommande la lutte contre les pollutions maritimes, la dégradation des écosystèmes côtiers et marins et préconise le respect de la réglementation de la pêche. L’ensemble de ces actions doit être soutenu par des publications scientifiques des chercheurs. Ce que apprécie Kittinger : « Pour protéger au mieux les océans, nous avons besoin davantage de connaissances scientifiques pour comprendre ce qui fonctionne, pourquoi et comment mettre en œuvre une gamme d’outils de conservation. La science est essentielle à tout ce que nous faisons en matière de conservation des océans. Il espère que l’article pourra aider à tracer une voie différente pour la conservation des océans et les scientifiques qui le soutiennent. Il serait donc nécessaire que l’on mette à la disposition des scientifiques les moyens qu’il faut afin d’aider les pays et les différents acteurs du secteur des océans dans l’atteinte des objectifs mondiaux de conservation et de développement durable», a-t-il conclu.
Image de bannière : chaque communauté et chaque pays de la planète doit, à la fois, protéger et produire de manière durable, pour soutenir la biodiversité qui nous soutient tous, tout en soutenant également les moyens de subsistance vitaux et la sécurité économique que nous offre l’Océan. Image par Mongabay
Citation :
Kittinger, J.N., Rotjan, R.D., Hanich, Q. et al. 2024. Balancing protection and production in ocean conservation. npj Ocean Sustain 3, 24. https://doi.org/10.1038/s44183-024-00062-w.