- Le léopard de Barbarie simplement connu comme le léopard d’Atlas (Panthera pardus panthera) est caractérisé par une fourrure très épaisse, adaptée à un environnement montagnard plus froid selon Wikipedia.
- Depuis plusieurs années, cette sous-espèce de léopard avait été reconnue extincte par l’Algérie. Cependant, entre 2000 et 2007, le Panthera pardus panthera avait été aperçu dans les pays du Maghreb comme l’Algérie, le Maroc et l’Egypte.
- C’est une bonne nouvelle qui ne manquera pas de soulager les amoureux de la vie sauvage en Algérie, selon des réactions qui ont suivi l’annonce de la nouvelle.
- Le léopard de l’Atlas ou léopard de Barbarie vient de signer son retour en Algérie après une disparition de près de 60 ans.
Vers la fin de 2022, Redouane Tahri, réalisateur de documentaires sur la vie sauvage en Algérie, a fait part de la réapparition du léopard de Barbarie dans la Saoura, une région du sud-ouest de l’Algérie, à la frontière avec le Maroc.
Il y a eu « le filmage du léopard de l’Atlas, aussi appelé le léopard de Barbarie, pour la première fois en Algérie, après sa disparition pendant plus d’un demi-siècle. Après la publication de l’article scientifique, la carte biologique mondiale sera modifiée », a-t-il écrit dans un post sur sa page Facebook.
Une partie de ce documentaire montrait d’une façon moins nette ce félin que le pays avait perdu de vue depuis 60 ans.
Selon lui, il a rencontré par pur hasard l’animal et il n’a pas eu le temps de le filmer avec une vraie caméra.
« C’est mon accompagnateur qui l’a filmé avec son portable. Le temps que je repars ramener une caméra, le léopard s’est volatilisé. Mais la vidéo est plus longue que la séquence du documentaire et je n’ai fait ni étalonnage ni réglage pour que le léopard soit plus visible », a-t-il confié dans une interview avec Mongabay.
Il reste que cette fortuite rencontre avec le fauve constitue une bonne nouvelle pour tous ceux qui s’intéressent à la faune sauvage, les scientifiques au premier chef, raconte le réalisateur.
L’agence du Gouvernement algérien réagit
Après cette découverte, un cadre de l’Agence nationale pour la conservation de la Nature s’est félicité.
« L’information sur le léopard de l’Atlas dans le sud-ouest du pays est une très bonne nouvelle qui vient couronner un suivi assuré depuis deux décennies », a déclaré Mme Fellous-Djardini Amina, cadre à l’Agence nationale pour la conservation de la Nature (ANN).
Fellous-Djardini Amina travaille sur la faune menacée depuis 1991 et a à son compte une contribution sur le guépard saharien (Acinonyx jubatus) publiée en 2006 et intitulée « Données préliminaires sur la distribution du guépard (Acinonyx jubatus) dans le sud-ouest algérien ».
Elle n’est pas totalement d’accord avec certains scientifiques qui pensent que le léopard de l’Atlas (Panthera pardus panthera), qui vit en Afrique du nord, s’est éteint à jamais dans cette république algérienne.
Cadre à l’ANN, Fellous-Djardini Amina n’a aucun doute sur la véracité de l’information sur la réapparition du léopard d’Atlas :
« Les proies sont là. Son habitat naturel n’est pas très perturbé. C’est un grand prédateur. En plus de la vidéo de M. Tahri, des indices confirment la présence du félin en Algérie», a-t-elle soutenu.
De son point de vue, le léopard n’a pas du tout disparu en Algérie même si, jusqu’ici, on ne l’avait pas observé.
« Ne pas être observé ne signifie pas qu’il a disparu, surtout si dans une région voisine, voire le pays voisin, il subsiste encore », a expliqué Mme Fellous-Djardini.
Sur cette thèse de la non disparition du léopard de l’Atlas dans le sud-ouest algérien, M. Tahri est sur la même longueur d’onde que Mme Fellous-Djardini.
« Le léopard vit dans le désert en se cachant. On n’a pas pu le voir depuis longtemps car il vit dans une région escarpée, difficile d’accès pour l’homme et très dangereuse. C’est pour ça qu’il s’y était caché pendant des années sans qu’on se rende compte de sa présence », a-t-il expliqué.
Des traces et des signes
Tahri ne s’est pas contenté de poster la courte vidéo montrant le léopard qui, à ses yeux, n’est pas très solide sur le plan scientifique. Depuis 2012 sur les traces de ce fauve, il a réussi à collectionner un certain nombre d’indices attestant de sa présence dans la Saoura.
Il y a d’abord les empreintes de la bête et, selon Mme Fellous-Djardini, certaines d’entre elles sont fraîches. Pour être sûr, M. Tahri a envoyé une empreinte au scientifique belge, qui, à son tour, la fait parvenir à des scientifiques d’Afrique du Sud et ceux-ci ont confirmé qu’il s’agit bel et bien d’un léopard.
Ensuite, il a trouvé des carcasses de gazelle perchées sur des arbres. Selon lui, seul ce genre de félin le fait.
« C’est un comportement propre au léopard », a-t-il soutenu.
Enfin, il a recueilli pas moins de 50 témoignages de personnes dont 03 en 2022 assurant avoir observé le félin.
« Il y a aussi une recherche en matière d’ADN, pour être sûr qu’il s’agit d’un léopard de l’Atlas », a ajouté M. Tahri.
Sur un autre registre, ce dernier dit regretter le fait que les animaux sauvages jouissent de peu de protection en Algérie.
« Les animaux menacés de disparition sont protégés sur du papier. Il y a certes des lois qui les protègent, mais leur application est difficile car l’Algérie est un très vaste pays où il est difficile d’assurer la garde de toutes les zones », a regretté le réalisateur.
En outre, « il y a des lois anciennes qui ne sont pas adaptées à la réalité d’aujourd’hui. Même les amendes sanctionnant les infractions commises dans des zones protégées ne sont pas assez élevées », a déploré M. Tahri.
Selon lui, la solution est dans la réalisation de réserves pour que les animaux sauvages ne s’éteignent pas.
Image de bannière : Un léopard d’Afrique (Panthera pardus pardus) dans le parc national Kruger, Afrique du Sud. Image par Derek Keats via Wikimedia Commons (CC BY 2.0).