- La République Démocratique du Congo (RDC), pays d’Afrique Centrale, est la maison de pas mal de primates. Des amis des animaux comme le couple Chantereau y ont érigés des sanctuaires pour sauver le peu qui reste de ces animaux.
- Jeunes Animaux Confisqués au Katanga, JACK en sigle, est un centre de réhabilitation pour chimpanzés créé le 06 avril 2006 à Lubumbashi par Franck Chantereau après plus d’une décennie d’investigations sur la vie des primates à Lubumbashi.
- Franck Chantereau est un passionné des primates de façon générale, de même que sa femme Roxane Couttenier-Chantereau. Cette dernière est née en République Démocratique du Congo et a décidé d’y rester pour la cause des primates.
- Cependant, il y a quelques jours, JACK a été attaqué par des malfaiteurs qui ont confisqués trois jeunes chimpanzés. Depuis, la solidarité à travers le monde, avec cette initiative des Chantereau, ne cesse d’augmenter après cet incident.
Arrivés à Lubumbashi en 1994, Franck Chantereau a été choqué de voir des bébés chimpanzés en vente dans les rues et détenus comme animaux de compagnie par certains habitants. Son épouse Roxanne elle est née en RD Congo. Les années 90 étaient des années dures pour toute la région du bassin du Congo. Des conflits armés faisaient rages. Ces conflits n’ont pas cependant empêché le couple d’aller de l’avant dans son aventure de protection des primates. Aujourd’hui, malgré l’accalmie, le groupe regrette l’attaque du sanctuaire par des inconnus, suivi par l’enlèvement de trois chimpanzés du sanctuaire.
« La plupart des bébés en vente étaient dans un état pitoyable. Nous ne pouvions imaginer ce qu’ils venaient de vivre », se rappelle Roxanne Couttenier-Chantereau qui raconte ce calvaire d’une voix émotionnelle.
Ces jeunes animaux qui perdent tôt la famille vivent le calvaire de perdre la famille, le groupe, la compagnie et manquent des soins appropriés, selon Madame Chantereau.
« Il faut savoir que pour un bébé sorti de la forêt, en moyenne 10 perdent la vie », poursuit-elle, insistant sur le fait que les braconniers doivent tuer une dizaine de chimpanzés au moins pour casser leur résistance.
Par ailleurs, ces bébés chimpanzés connaissent un « hécatombe quand on sait qu’il faut d’office tuer la mère pour lui enlever son petit et que ce n’est pas seulement le mâle dominant qui défend le groupe des braconniers mais l’ensemble des adultes qui tentent de sauver les petits de la troupe ». Ceci justifie que sur un bébé primate arraché à sa famille, il faut noter qu’au moins 10 membres de sa famille et de son groupe sont tués avant lui, à commencer par sa mère et le mâle dominant.
Une enquête non officielle initiée par Franck Chantereau
Après le constat selon lequel les jeunes gorilles étaient victimes du commerce illégal, Franck Chantereau a mené une enquête non officielle sur plusieurs années à partir de 1994 sur le commerce illégal des chimpanzés à Lubumbashi. Et à l’issue de cette enquête il a tiré la sonnette d’alarme suite aux conclusions alarmantes.
En effet, ces petites créatures arrivaient à Lubumbashi pour combler la demande du commerce illégal d’animaux exotiques de compagnie où elles transitaient dans la ville cuprifère avant de partir frauduleusement en Zambie, en Afrique du Sud et ailleurs dans le monde.
Un autre constat, et pas n’importe lequel, était que par mois en moyenne trois bébés chimpanzés arrivaient à Lubumbashi. Et si l’on considère le massacre de 10 individus pour en arracher un bébé de la forêt, cela signifie que 30 vies tombaient chaque mois et donc environ 400 par an, estime Monsieur Chantereau.
À cette époque, Lubumbashi, située au sud-est de la République Démocratique du Congo, était une vraie plaque tournante du commerce illégal de chimpanzé :
« Le trafic via Lubumbashi a représenté à lui seul l’extermination de plus de 4000 chimpanzés sauvages, pathétique ! », raconte l’activiste, ajoutant que c’est « la raison pour laquelle en 2006, nous avons créé (…) un centre de réhabilitation pour les chimpanzés confisqués » explique Franck Chantereau
Ce centre avait pour mission d’une part de faire pression sur le gouvernement d’appliquer les lois congolaises en matière faunique car la RDC (Le Zaire à l’époque, Ndlr) avait ratifié le CITES en 1976 en pratiquant des confiscations de chimpanzés auprès de trafiquants et des privés. Ce centre situé dans un zoo de Lubumbashi permettait d’autre part d’héberger et de réhabiliter des bébés chimpanzés saisis des mains des malfaiteurs.
Plus tard, le gouvernement congolais avait confié à JACK au moins cinq bébés chimpanzés confisqués, mais le problème était que même des organisations internationales sollicitées pour l’aide ne répondaient pas favorablement à cet appel.
« Il a fallu fort malheureusement un acte criminel le 5 septembre 2006 lors duquel deux bébés chimpanzés ont été assassinés et brulés vifs pour que des gens s’intéressent à nous. Deux vies perdues à cause de l’ignorance et de la cupidité humaine ! Le premier bébé mort était JAK, soit le premier bébé par lequel toute notre histoire a commencé », raconte XX selon Roxanne.
Un commerce illégal transfrontalier
Au début, le centre du couple Chantereau ne sauvait que les bébés chimpanzés. Mais il s’est avéré que lutter efficacement contre cet ignoble trafic de grands singes demeurant permanent à Lubumbashi demande un arsenal plus ou moins élargi et une vision qui va au-delà des frontières.
Ainsi le centre est passé de celui de Réhabilitation pour Chimpanzés confisqués à celui de Réhabilitation pour Primates de façon générale en février 2021 avec comme ambition d’organiser le plus grand sauvetage de primates d’Afrique.
En septembre 2020, les autorités zimbabwéennes, ZIMPARKS, avaient arrêté des membres d’un réseau de trafiquants et les primates volés en RDC confiés à une ONG zimbabwéenne dénommée Hemmersbach Rhino Force.
Après jugement, et sur permission de l’Institut Congolais pour la Conservation de la Nature, les 25 primates ont été confiés à JACK après 5 mois de procédures, mais 20 seulement avait survécu la traversée difficile vers la Zambie, se rappelle Roxanne Chantereau.
JACK est une association sans but lucratif et ne vit que de dons des personnes et organisations charitables. Cette organisation écologique selon la famille Chantereau ne reçoit aucune aide de l’État congolais et son soutien financier provient essentiellement d’associations internationales.
« Nous recevons très peu d’aide localement. Beaucoup de nationaux ne comprennent pas l’importance de leur biodiversité, de leur patrimoine faunique qu’il faut à tout prix protéger », déplore-t-elle.
Roxanne Chantereau constate avec amertume que « Les gens ne pensent pas à demain et négligent le présent de toutes ces espèces incroyables, voire uniques de la RDC ».
Image de bannière : Les jumeaux Inganda et Inguka, jeunes gorilles des plaines occidentales sur le dos de leur mère à l’âge de un an, à Bai Hokou, République Centrafricaine. Image de Terence Fuh Neba/WWF République Centrafricaine”