Nouvelles de l'environnement

Cameroun : Des environnementalistes saluent la suspension des activités des sociétés aurifères chinoises illégales

Travail familial dans une mine d'or au Cameroun. Photo de CEDE Communication

Travail familial dans une mine d'or au Cameroun. Photo de CEDE Communication

  • Mongabay a publié en date du 3 août 2022 un article qui parlait de deux sociétés chinoises qui utilisaient des produits nocifs et prohibés, c’est-à-dire, le cyanure et le mercure. Cette publication avait suivi presqu’un mois d’enquêtes et d’interviews des concernés et des descentes sur le terrain.
  • Le 14 août 2022 à Kambélé III les choses s’empirent. Trois personnes trouvent la mort et quatre autres sont blessées dans les trous appartenant au site d’exploitation de madame Wang Zu. Propriétaire d’origine chinoise d’un site minier illégal à Kambélé III, ses mines sont aussi citées parmi celles qui font usage du mercure et cyanure et qui avaient fait objet de nos enquêtes.
  • Martin Antonio Takou, responsable de la coopération à Foder, estimait que « 99% des artisans miniers travaillent dans des trous béants » selon les statistiques à la disposition de cette organisation, ce qui les exposent d’avantage à des risques d’ensevelissements ou de noyades.
  • Par ailleurs l’ONG Centre pour l’environnement et le développement (CED) avait recommandé au gouvernement camerounais de « suspendre toutes les attributions de titres miniers pour l’exploitation de la petite mine et de la mine artisanale sémi-mécanisée sur toute l’étendue du territoire » dans une publication du 22 août 2022.

Trois personnes sont mortes tandis que quatre autres ont été grièvement blessées au milieu du mois d’août en 2022 à Kambélé III dans une mine artisanale.

C’est une goutte d’eau qui a débordé le vase, doit-on dire, parce que cette mort a sonné comme un son de cloche dans l’oreille des autorités qui ont par la suite pris des mesures qui s’imposent.

L’incident s’est déroulé à 400km à l’est de Yaoundé et Djadaï Yakouba, préfet du département de la Kadeï dans la région de l’Est Cameroun, a procédé à l’arrêt de toutes les sociétés minières en activités à Kambélé III, banlieue de la ville de Batouri.

Il n’existe aucune statistique officielle sur les chiffres exactes de personnes ayant trouvées la mort dans les trous miniers cette dernière décennie à Kambélé III et ailleurs ainsi que celles de la dégradation de l’environnement au Cameroun. Cependant, même en 2021, d’autres personnes avaient trouvé la mort dans des situations pareilles selon différents reportages des médias locaux.

 Des raisons

Trois raisons vont contraindre le préfet de la Kadei Djadaï Yakouba à interdire l’exploitation minière à Kambélé. Selon sa décision, les « morts récurrentes de personnes par noyade du fait de la non-fermeture des trous miniers après exploitation » sont inacceptables. En plus il y a des «  morts récurrentes de personnes par éboulement dû au fait du non-respect des normes d’exploitation minière ».

Ces deux raisons, alors, s’ajoutent à la pollution au mercure et au cyanure des cours d’eaux tels qu’apparu dans notre reportage. Il y a aussi des personnes qui en manipulent sans protections appropriées et qui mettent en danger leur santé par ignorance des dangers des deux produits nocifs et interdits.

Les associations environnementalistes tournent les pouces

Les responsables des associations environnementales implantées à Kambélé III ont été informés comme tout le monde de l’arrêté préfectoral du 27 juillet 2022 lors des enquêtes de Mongabay sur terrain. Mais, ma décision a tardé et semble avoir été appliqué à partir du mois d’août 2022.

Joint par téléphone, Marc Anselme Kamga, environnementaliste et chercheur assistant au Centre pour l’environnement et le développement (CED) actif à Kambélé III depuis quelques années, reconnait à cet arrêté préfectoral  « un pas fort » au vu des différents portefeuilles ministériels impliqués, notamment : les mines ; la faune et la forêt, l’environnement et le cadastre.

Visiblement le maire de Batouri Auberlin d’Abou Mbelessa s’est refusé de tout commentaire à propos de l’arrêté du préfet pour éviter « tout équivoque », selon ses dires. Cependant, certains des activistes croient qu’il faut aller loin dans la mise en application de la décision préfectorale.

En effet, dans les régions concernées par cette interdiction, certains des habitants essaient de braver la mesure en entrant dans les sites tard dans la nuit, ce qui pourrait être un handicap pour la mise en application effective de cette mesure.

C’est dans cette logique que des associations environnementales comme le CED ou le FODER forment les artisans miniers à l’agriculture et à d’autres sources de revenu pour les aider à diversifier leurs revenus.

En plus de cette sensibilisation s’ajoute celle destinée à convaincre les familles à laisser les enfants reprendre le chemin de l’école, car avant seulement environ 4% des enfants restaient en classe et les autres se rendaient dans les mines à la recherche de la manne aurifère.

La politique de sensibilisation semble avoir donné des fruits dans certains endroits de Kambélé III depuis l’année dernière, selon les activistes.

Certains des rescapés des éboulements de mai 2021 disent avoir pris la résolution de ne plus fréquenter les mines artisanales et de laisser les enfants aller à l’école au lieu de les utiliser dans des mines d’or.

 

 

 

Quitter la version mobile